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Chaque féance voit toujours une foule d'adhéfions au decret qui érige la France en république.

On a accordé au miniftre de l'intérieur 400,000 liv. pour le befoin urgent des Invalides, & au miniftre des contributions 300,000 livres, pour les employer à la maifon du ci-devant roi.

Une lettre des commiffaires de Châlons a confirmé la retraite des Pruffiens & la prife d'un grand nombre d'entre eux; ils recommandent à la convention les demoifelles Fernig, dont les ennemis ont brûlé la maison à Mortagne.

Des dépêches des trois généraux_Dumourier, Montefquiou & Biron, ont été lues. Nous les avons fait connoître plus haut.

Lebrun, miniftre des affaires étrangères, a inftruit la convention que la ville de Genève a demandé aux cantons fuifles feize cents hommes pour défendre fon territoire; des cafernes font préparées pour les recevoir. Le confeil exécutif provisoire trouvant la demande de la république de Genève contraire à tous les traités, à ordonné au général Montefquiou de faire marcher un corps de troupes fuffifant pour empêcher l'entrée de ces feize cents Suiffes dans le territoire de Genève, ou pour les en chaffer s'ils y étoient déjà entrés. Le confeil exécutif provifoire a de plus ordonné au réfident de France à Genève, d'affarer cette république que la nation frán-' çaife n'entreprendra rien contre fon indépendance. La convention a applaudi aux mefures prifes par le confeil exécutif.

La féance s'eft terminée par un appel nominal pour Pélection d'un miniftre de la guerre; fur 560 voix, Pache en a obtenu 424 il a été proclamé.

Jeudi 4. Le miniftre de la marine a informé la convention que le capitaine Latouche eft forti du port de Toulon avec quatre vaiffeaux. Il y a maintenant en mer neuf vaiffeaux de ligne..

Sur la propofition du miniftre de la guerre, il eft décrété qu'à la légende la nation, la loi, le roi, qui fe trouve fur les boutons des gardes nationales, fera fubftituée celle-ci République Française, furmontée du bonnet de la liberté & pour toutes les troupes françaifes.

On donne lecture de lettres de Lille, qui annoncent

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qu'elle eft canonnée à boullets rouges. Décrété que le miniftre de la guerre rendra compte

féance tenante, des mesures prifes pour donner des fecours à la ville de Lille.

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Un membre de la commiffion des vingt-quatre nommés pour faire l'examen des pièces qui conftatent les dénonciations faites par les membres du comité de furveillance de la commune, pièces auffi qui doivent démon-/ trer les crimes de Louis le dernier & les complots des fcélérats qui l'environnoient, annonce que telle eft l'immenfité de ce travail, à cause du grand nombre de pièces qu'il faut inventorier & examiner, que leur rapport ne peut être prêt que dans quatre mois, & il a demandé que toutes ces pièces, recueillies dans des cartons fcellés, fuflent apportées dans un des comités de l'affemblée, qui fera indiqué par les commiffaires de la falle, & que la commiffion des vingt-quatre fût autorifée à y continuer fon travail. Une longue & bruyante difcuffion a fuivi cette propofition: enfin les deux articles ont été adoptés ainfi qu'il fuit:

<<< La convention nationale décrète, 1o. que les pièces examinées & non-examinées, fcellées & nonfcellées, qui fe trouvent au comité de furveillance de la ville de Paris, feront tranfportées, en présence de deux officiers municipaux & de deux membres du comité de furveillance, dans une des falles voifines de la convention, pour que fa commiffion des vingt-quatre y continue fes

travaux.

» 2°. Il eft enjoint au comité de furveillance & à la municipalité, d'indiquer les pièces qu'ils croiront propres à juftifier la dénonciation que le comité de furveillance a fait à la barre de la convention ».

La féance s'eft terminée par la lecture d'une lettre du général Custine au général Biron, que la prife de Spire & que trois mille quatre cents prifonniers ont été faits. Le miniftre de la guerre a annoncé que le général Labourdonnay marchoit pour faire lever le fiége de Lille. La convention a décrété enfuite d'accufation les fieurs Lanoue & Duhoux, soupçonnés d'intelligence avec les ennemis.

On a lu une lettre des commiffaires de la convention, envoyés aux armés réunies. Nous l'avons fait connoître.

On a procédé enfuite, par appel nominal

à la no

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mination d'un préfident & de trois fecrétaires. Lacroix a été élu président; Buzot, Guadet & Syeyes, fecrétaires.

Un d'eux a fait lecture d'une lettre de la majorité des fections de Paris, qui demandent à nommer le maire & les officiers municipaux par appel nominal.: On a pafié à l'ordre du jour.

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Vendredi 5. Un grand nombre d'adhésions des départemens au décret qui abolit, la royauté, a été lu. Rewbell a obfervé que plufieurs ections de Paris avoient déjà arrêté de déroger à la loi qui ordonne la nomination des officiers municipaux au fcrutin fecre La convention décrète qu le miniftre rendra compre féance tenante de l'exécution de la loi. Peu après, Roland eit venu dire qu'il avoit fait paffer à la commune la loi relative aux élections, avec injonction d'y obéir.

Letourneur, au nom du comité militaire, a fait décréter qu'il fera envoyé au fecours de Lille un corps de gendarmerie à cheval; il a fait enfuite un rapport fur la police à établir dans les travaux du camp fous Paris. Plufieurs membres fe font oppotés à ce qu'on continuât d'y travailler, vu que l'ennemi recule au lieu d'avancer. Il s'agifloit de prendre des précautions pour affurer la retraite ou de l'ouvrage aux nombreux ouvriers qui travailloient à cé camp. L'aiiemblée a renvoyé au comité des fix, réuni à celui de la guerre, pour préfenter un projet.

acheter

pour

Décrété le miniftre de la guerre pourra que trois millions de viande falée en Hollande, en Irlande & à Hambourg. Le m niftre des affaires étrangères eft chargé, par interim, du département de la guerre, en attendant l'arrivée de Pache,

Une voiture chargée de cartouches étant fortie des Inva, lides fans un laiffez paffer, & ayant été arrêtée par les volontaires du bataillon de la Croix-Rouge, qui fe font plains d'avoir été injuriés par le citoyen Labarre, qui s'eft dit commiflaire du pouvoir exécutif, la convention a décrété qu'il paroîtroit à la barre.

Le miniftre des contributions publiques a mis fous les yeux de la convention nationale le tableau de fon départe ment. L'impreffion en a été votée au milieu des applaudisse mens. Ce travail fera envoyé au 83 départemens.

Ge 6 octobre 1792, l'an premier de la république,

PRUDHOMME.

3. de la Convention Nationale.

RÉVOLUTIONS

DE PARIS DÉDIÉES A LA NATION,

AN PREMIER DE LA RÉPUBLIQUE. QUATORZIÈME TRIMESTRE,

Avec gravures et cartes des départemens.

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Des mœurs républicaines.

Le nom d'un roi ne fouille plus le frontispice de nos établiffemens publics. Le fceau de l'état a fubftitué la pique aux lys, & le bonnet de la liberté à la couronne des defpotes: par-tout le mot de république remplace celui de monarchie, & le titre de citoyen efface toutes les autres qualifications. On penfe même à donner des No. 176. Tome 14.

A

formes plus heureufes à notre costume qui en a befoin. Mais il eft plus facile de changer d'habits que d'habitudes. Nous voilà républicains de droit; le tommes-nous de fait ? En avons-nous les mœurs; car les loix feules ne constituent pas une république ? Allons-nous redevenir, aux lumières près qu'ils n'avoient pas, ces francs Gaulois, ces fiers Germains nos premiers ancêtres dont Tacite nous a laiffé une peinture fi touchante laquelle il eft bon de recourir en ce moment?

Comme eux, nous fommes encore terribles dans un premier effort; comme nous, ils étoient incapables d'un travail long & foutenu. En cela nous ne perfilterons pas à vouloir leur reffembler; mais peut-être feroit-il à propos de nous montrer auffi jaloux qu'eux de conferver dans toute fa pureté le fang français, & de nous interdire toute alliance avec l'étranger, au moins tant que nous ferons les feuls en Europe parfaitement libres.

Les fruits de la terre étoient les feuls tréfors qui euffent du prix aux yeux des Germains ; & ils eftimoient davantage leurs vafes d'arg le que cux d'or & d'argent bien travaillés, avec lefquels on chercha plufieurs fois, mais en vain, à éblouir leurs généraux d'armée ou leurs ambaffadeurs. Rome même ne dédaigna pas d'ufer avec eux de ce ftratagême; mais fes dons furent toujours repouffés avec dédain: l'or ne vint pas à bout de dompter ceux qui ne l'avoient pas été par le fer. L'agriculture n'étoit pas fort avancée chez eux: le foin des troupeaux étoit feur principale, leur plus chère occupation en temps de paix; ce qui ne contribua pas peu à leur conferver cette heureufe fimplicité, compagne de l'indépendance, & mère des bonnes mœurs.

Leurs foldats, fans cuiraffe & même fans cafque, ne se piquoient point d'élégance fur leurs habits de combat. Des javelots bien acérés, des piques qui avoient le fil, étoient toutes leurs pa ures.

A l'armée, ils avoient un général moins pour leur donner des ordres que des exemples. Son autorité étoit fondée fur l'eftime qu'on portoit à fes vertus, & la confiance qu'infpiroient fes talens: mais ils n'euffent point mis à leur tête un capitaine de mauvaises moeurs, eût-il eu d'ailleurs toute la capacité requise.

Nous ferions invincibles comme eux, fi, comme eux, nous pouvions mener avec nous nos familles à la guerre. Du

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