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eût à Londres, Perry, auteur de l'Argus, a été obligé de s'enfuir en France, pour avoir confeillé au peuple de prendre les armes. Déjà beaucoup d'imprimeurs ont été arrêtés, & l'on inftruit leurs procès; mais avant de les laiffer exécuter, le peuple fe fouviendra qu'il y a cent mille moufquets dans la tour de Londres.....

L'inquifition la plus odieufe s'exerce fur les voyageurs & fur les livres on veut empêcher la circulation des journaux français; le gouvernement tremble; il voit approcher le moment de la crife, & tâche de l'éloigner, mais tous fes efforts font vains. L'armement très - actif, commencé fous le prétexte de foutenir les Hollandais mais en effet dirigé contre les Jacobins de France & d'Angleterre, n'aura pas feulement le temps de s'achever; tout eft prêt à Londres & en Ecoffe; il ne faut plus qu'une étincelle pour allumer l'incendie; & telle doit être la marche de la révolution anglaife, que la cour aura beau faire réfiftance ouverte ou prêter le flanc, rien ne peut empêcher cette révolution de s'accomplir; il faut au peuple anglais une repréfentation nationale, l'exclufion de tous les priviléges, l'abolition de la royauté: II, n'est qu'une manière d'être libre, & la conftitution anglaife eft un contre-fens en liberté.

Tous les aristocrates anglais conviennent bien que cette excellentiffifme conftitution eft vicieufe, qu'il y a de grands abus à réformer; mais l'exemple de la France Tes effraie, ils voudroient endormir le peuple par un rapprochement de ce qu'on appelle les deux partis. Le miniftre Pitt, & Fox, chef de l'oppofition, qui ne vaut guère mieux que lui, ne font pas éloignés de ce raccommodement: s'il avoit le malheur de s'effectuer, & qu'on

traire.

penfer, de même on ne peut faire aucune bonne loi contre la liberté d'écrire. Nous favons que cette liberté entraîne quelques abus; mais une loi répreffive en auroit mille fois davantage elle ouvriroit la porte à l'arbiN'eft-il pas étrange d'entendre le député Gorfas qualifier de libelle le pamphlet Donneznous du pain, & déclamer contre les provocateurs au meurtre, lui qui, dans fon Courrier, imprime en toutes lettres, à l'occafion de Marat: Ce feroit une bonne œuvre de délivrer la terre de ce monfire.

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s'en tint là, on réformeroit effectivement quelques abus, on réduiroit quelques penfions, on donneroit une repréfantation à telle ou telle grande ville qui n'eft pas repréfentée au parlement, & Fon diminueroit celle de tel ha-" meau compofé de fix feux, dont le feigneur envoie deux députés, &c. &c.... & le roi refteroit toujours le maître ablolu de la force civile & militaire. Autant vaudroit le contenter de faire les ongles & les cheveux d'un malade qui auroit la gangrène aux vifcères.

Non, non, il n'en fera pas ainfi. Si l'Angleterre doit être l'amie, l'alliée de la France, il faut qu'elle foit république comme elle. Il n'eft pas de nation en Europe à qui, par fes mœurs & fa pofition, le régime démocratique foit plus propre. Elle fera donc une république. Après dix-huit fiècles d'injuftice & de tyrannie, on verra donc deux peuples voifins, que la déteftable politique des cours avoit long-temps rendus ennemis, réunis à la fin pour faire triompher fur tout le globe la caufe de la liberté, de l'humanité. Français! quel exemple vous avez donné! Il est donc vrai que l'arrêt de mort de tous les tyrans eft dans l'acte qui vous conftitue répu blicains.

Sur les dépôts faits à la commune.

Le public veut être inftruit fur l'état des dépôts faits au comité de furveillance de la commune de Paris dans les journées du 2 & 3 feptembre; il veut connoître la conduite des adminiftrateurs chargés de ces dépôts: rien n'eft plus propre à l'éclairer & à lui faire diftinguer les honnêtes gens des fripons, que la publication de la pièce fuivante, que nous tenons de main fûre, & dont nous garantiffons l'authenticité.

Le 21 octobre dernier à fept heures du foir, les commiffaires examinateurs des comptes entrèrent au comité de furveillance: leur première demande aux adminiftrateurs de ce comité fut la repréfentation des regiftres fur lefquels l'on devoit avoir infcrit les différens dépôts qu'ils avoient reçus; il n'en exiftoit aucun. Ils leurs demandèrent enfuite les procès-verbaux détaillans les objets déposés ; ces procès-verbaux furent introuvables, & d'après les adminiftrateurs, il falloit tout bonnement faire, un inventaire général des objets déposés, & préfumer par lé résultat

du

du rapport l'exactitude des objets représentés en raison de ceux déposés.

Il eft bon d'obferver ici que la répugnance des adminiftrateurs du comité de furveillance failant préfumer aux commiffaires examinateurs des opérations très-difficultueufes, ils avoient, la veille de leur transport au comité de furveillance, eu la précaution de faire prendre au confeil général un arrêté dont ils étoient muais, arrêté qui portoit que les commiffaires nommés pour vérifier & examiner les comptes du comité de furveillance, ne pourroient procéder à aucunes de ces opérations qu'en préfence des différens commiffaires & individus dénommés dans les procès-verbaux de faifie, & qu'il feroit procédé à l'examen de chaque dépôt par fection, auxquelles les commiffaires écriroient à fur & à mesure que la présence de leurs commiffaires faififlans & dépofans feroit nécessaire:

Cét arrêté & l'exactitude des commiffaires à s'y conformer détruifoint entiérement les efpérances des malveillans. La préfence des commiffaires ou individus dépofans devoit néceffiter la connoiffance publique des délits, des fractures des fcellés & des objets manquans.

En conféquence de l'impoffibilité d'entraîner les commiffaires hors de leur devoir, & de la néceffité de fuivre la marche prefcrite par le confeil général, les commiffaires convinrent de fe trouver le lendemain matin, 22 octobre au comité de furveillance, pour voir dans quel état étoient les objets dépofés, & quelles feroient les fections auxquelles il conviendroit d'écrire.

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Le 22 octobre, l'étonnement des commiffaires ne pourroit s'exprimer, lorfqu'ils virent tous les différens objets dans un défordre tel que, pour commencer aucune vérification, ils ont, conjointement avec les membres du comité, employé trois jours à procéder, autant qu'il a été poffible, & que la mémoire du citoyen Dufort a pu lui fervir, au triage de ces différens dépôts; on calculera de quel avan tage peut être la mémoire d'un homme dans une quantité de dépôts auffi confidérables.

Enfin, le 25 octobre, la fection de Mirabeau & celle de la république, invitées par les commiffaires examinateurs à venir reconnoître les dépôts faits au comité de furveillance, provenans, savoir le premier des faifies faites chez le ci-devant comte d'Artois, le fieur de Polignac, & le fieur Lambertie, confiftant en argenterie & No. 178. Tome 14.

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autres effets contenus dans des malles, fur lesquelles les commiffaires de la fection avoient appofé des fcellés con fervatoires, avec d'autant plus de raifon que les effets contenus dans quatre malles n'avoient été, par les commiffaires faififfans, conftatés ni détaillés. Ces fcellés trouvés brifés, ce bri de fcellés a été conftaté dans le rapport des commiffaires, comme ayant été fait d'après la déclaration des commiflaires de la fection Mirabeau, fans la participation & fans la préfence d'aucun commiffaire de cette fection; auffi s'eft-il trouvé manquer une petite boëte dont on ignoroit le contenu, la clef n'ayant pas été remife aux commiffaires faififfans. Mais le citoyen Dufort, l'un des adminiftrateurs, a déclaré que les fcellés avoient été levés par la commiffion des vingt-quatre de la convention nationale, lors de fon tranfport à ce comité, pour, d'après le décret de la convention, s'emparer des papiers qui pouvoient être à ce comité, & relatifs à des projets de confpiration, & qu'à l'égard de la boëte en queftion, il n'en avoit aucune connoiffance. On obferve, une fois pour toutes, que la prefque totalité des dépôts qui ont été faits au comité de furveillance y ont été faits revêtus de fcellés, à l'exception de deux ou trois, dont le citoyen Fauchet étoit dépofitaire; & ces fcellés fe font trouvés brifés, & à chaque article relatif à cet objet, il a été déclaré aux commiffaires examinateurs qu'ils l'avoient été par la commiffion des 24 de la convention. Cependant, d'après le renfeignement pris à la commiffion des 24, cette commiffion n'a levé aucun fcellé au comité de furveillance 9 autres que ceux appofés fur les portes d'entrée ; il faut cependant dire ici qu'en leur préfence, ainfi que le conftate leur procès verbal, les fcellés appofés fur deux malles enfermant de l'argenterie & autres objets précieux appartenans au feur Coëtlogon, & faifis par le citoyen Va, officier municipal de la fection des Lombards, ont été levés par les membres du comité de furveillance, mais que ne s'étant trouvé aucuns papiers de confpiration, ils avoient été réappofés par les deux commiffaires de la ville, adjoints à la commiffion des vingt-quatre. Eh bien ! ces derniers fcellés n'ont pas été plus refpectés que les autres, car les commiffaires examinateurs les ont trouvés brifés, & les adminiftrateurs du comité de furveillance leur ont encore déclaré que ce bri avoit été commis par la commile fion des vingt-quatre.

Sur le dépôt fait par la fection de la république, con: fiftant en argenterie, il s'eft trouvé manquer douze four

chettes.

Le troifième dépôt fait à ce comité par des commiffaires de la fection du Contrat Social, d'une malle renfermant, entre autres, dix facs remplis d'argent- écus qui n'avoient pas été comptés & fcellés par ces commiffaires. Sur ces dix facs, les commiffaires examinateurs n'en ont trouvé que neuf, dont les fcellés n'ont pas été plus refpectés que les autres. Il faut obferver ici la déclaration de Dufort, qui dit qu'un de ces facs s'étant brifé par l'effet du bouleversement de la malle, il avoit reporté le contenu de ce dixième fac dans les neuf autres. Du moins eût-on dû représenter ce fac vide, pour plus de régularité, afin de conftater que fi les neuf autres étoient tout neufs comme le fait est vrai ce dixième fac, , par extraordiIl faut obferver auffi que la totalité des fufils & piftolets, en affez grand nombre, conftatés dans le courant des différentes reconnoiffances de dépôts ont été, d'après la déclaration de Dufort, remis au miniftre de la guerre, (non-pas fans doute pour armer des patrio tes, car c'étoient des fufils de chaffe, des fufils à vent & des fpingoles.)

naire, étoit vieux.

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Sur un quatrième dépôt, fait par la fection du Louvre, confiftant en argenterie, bijoux & autres effets, il s'eft trouvé manquer deux couverts, un cuiller à ragoût & une épée à garde d'argent. Enfuite vingt un doubles louis ont été repréfentés par 1008 liv. en affignats; de deux montres dépofees, l'une a été représentée; quant à l'autre, après laquelle étoit une chaîne, clef & cachet en or, le rapport contient la déclaration du citoyen Dufort, qui dit que le citoyen Sergent s'en eft emparé. Il s'eft trouvé manquer auffi deux petites boucles en or. Sur un quatrième dépôt d'argen terie fait par la même fection, il s'eft trouvé manquer deux cuillers à bouche & quatre fourchettes,

Viennent enfuite d'autres dépôts dont les dép fitaires font inconnus, & qu'il a fallu conftater, du moins pour l'existence.

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A la fuite de ces derniers, vient le dépôt Septer il, dont il ne fera pas parlé, d'après la connoiffance que

en a.

Vient enfuite le dépôt Coëtlogon, fait par

public

citoyen.

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