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lermann, les foldats ont mis bas les armes, font defcendus de cheval, en priant qu'on ne tirât pas fur eux; ce qu'ordonna le général.

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Armée du Nord. It eft arrivé à Lille, le 23, un bataillon de volontaires foldés: on attendoit le lendemain un plus grand nombre d'hommes encore. Nos détachemens qui fe font portés fur les bords de la Lys, ont repouffé l'ennemi jufqu'à Warneton; ils fe font rendus maîtres du Pont-Rouge & du. Bac. Les maisons qui fervoient de retraite aux Autrichiens ont été incendiées fans miféricorde ; plufieurs de ces victimes du defpotisme ont trouvé lá mort dans les flammes. Nos gens pouffoient leur conquête plus avant. A cinq heures du foir, ils attaquoient Warneton avec une valeur qui ne laiffe pas douter que ce lieu ne foit en ce moment en leur poffeffion. L'ennemi, qui occupe depuis quelque temps les poftes de Lannoy, Roubaix, Tourcoig, &c., se dispose à les éva, euer. Il commande des chariots de corvée pour emporter le pillage & les équipages, fur leur territoire,

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On femble, révoquer en doute que l'armée de M. Carles foit entrée dans la Weft Flandre, & que les villes de Menin, Ypres & Courtray foient prifes: rien d'officiel n'eft encore arrivé fur la prise de ces trois villes.

Lille eft affliégé en règle par 20,000 hommes; mais le cou rage des habitans & de la garnifon, composée de 6000 homines d'infanterie & 600 hommes de cavalerie, ne laiffe rien craindre fur le fort de cette place, d'ailleurs très-fortifiée.

Des militaires éclairés qui reviennent de l'armée de Dumourier, nous affurent que des bataillons de piquiers bien organifés feroient de la plus grande utilité dans fon armée. Tout le monde connoît l'avantage que nous avons à l'arme blanche fur toutes les troupes d'Europe. C'eft d'après cela, fans doute, qu'ils calculent l'avantage des piques, foutenues par les baïonnettes & précédées de l'artillerie.

Plufieurs citoyens nous ont demandé fr M. d'Arville, commandant à Reims, n'a pas été aide-de-camp de Lafayette.

On affure qu'un détachement Pruffien a conduit à Coblentz Lafayette, Latour Maubourg, Bureaux de Puzy, Alexandre Lameth & Jarry; que ces derniers doivent être conduits à la citadelle de Wefel, & Lafayette à Spandaw. CATA

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Extrait du registre des deliberations du confeit exécutif praż vifoire.

Du 21 feptembre 1792, l'an 4o, de la liberté, & 1. de l'égalité. « Le confeil exécutif provifaire, confidérant que les motifs qui ont déterminé l'envoi des commiffaires dans les départemens ne fubfiftent plus, après en avoir délibéré, arrête que tous les commiffaires qui ont été envoyés, au nom du pouvoir exécutif, dans les divers départemens, font dès-à-préfent rappelés, pour rendre compte au confeil de leur miffion qu'en conféquence les pouvoirs qui leur ont été délégués par le confeil font révoqués, & que le miniftre de l'intérieur donnera aux départemens l'avis de la préfente révocation. Pour ampliation. GROUVELLE, fecrétaire ».

En conféquence de cet arrêté, le miniftre de l'intérieur a adreffé aux corps adminiftratifs la lettre ci-jointe..

« J'ai l'honneur, meffieurs, de vous adreffer une délibération du confeil du pouvoir exécutif provifoire, portant révocation des pouvoirs qu'il a donnés à diverfes commiffaires qu'il a envoyés dans les départemens.

»Si quelques-uns de ces commifiaires ont rempli l'intention du confeil, qui étoit de ramener les hommes & les chofes à l'unité de principes & d'action, de juftice & d'ordre, quelques autres s'en font étrangement écartés, en provoquant, au contraire, des rumeurs, occafionnant du trouble, expofant même la sûreté des perfonnes & des biens, voulue par les loix, la juftice & la raison.

» Le calme doit fuccéder à l'orage. Il n'eft point de liberté pour les hommes en fociété, fans l'exercice tigoureux des loix il n'eft point de bonheur fur la terre, fans la paix & l'union. Je ne puis que vous manifefter ces principes que je crois de toute vérité comme de toute juftice.

» Si donc, meffieurs, il fe préfente, dans votre département, des hommes qui fe difent encore inveftis de pouvoirs du confeil exécutif, hâtez-vous de leur apprendre que ces pouvoirs font révoqués. Quant à ceux qui ne feroient pourvus que, de commiffion émanée d'un feul miniftre, ils refteront chargés d'en poursuivre l'exécution, fous la refponfabilité du ministre dont ils l'auront reçue. Le ministre de l'interieur, Signé, ROLAND.

Le confeil exécutif a fait fagement, fans doute, de rap peler les commiffaires qu'il avoit envoyés dans les départemens. Cette mefure générale étoit la feule qu'il pût prendre pour prévenir de grands maux : cependant s'il eft beaucoup de ces comm.ffaires qui aient prévariqué il en eft plufieurs auffi qui ont rendu de grands tervi ces, & qui peuvent en rendre encore. Nous avons le plaifir d'en connoître deux parmi ces derniers. A la réception de l'arrêté qui les rappeloit, nous avons vu les bons citoyens s'alarmer de leur départ, & fe difpofer à les redemander au confeil exécutif. D'après ces faits nous invitons les patriotes des villes où fe trouveroient des commiffaires zélés autant que fages non pas de ceux qui ont porté atteinte à la sûreté des perfonnes, & violé les propriétés, mais de ceux qui ont rappelé à leur devoir les corps adininiftratifs égarés ou malveillans, qui ont éclairé la conduite des chefs, qui ont prêché Punion aux citoyens, & fait aimer la difcipline aux foldats; nous invitons, dis-je, à faire connoître aux miniftres ces hommes précieux, & à demander ou la continuation de leurs pouvoirs, ou qu'il leur en foit donné de nouveaux, fi leur présence est encore utile dans les Feux où ils fe trouveront. Il feroit poffible d'abufer de ce moyen de réclamation mais l'erreur ne feroit pas de longue durée.

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Lettre du général Montefquiou au miniftre de la guerre.

Au camp des Marches, le 23 Septembre 1792, lan quatrième de la liberté, & le premier de l'égalité. « C'est de Savoie, monfieur. , que j'ai l'honneur de vous écrire ; je vais vous rendre compte des premières opérations que je vous avois annoncées; elles ont eu un fuccès plus rapide que je n'avois ofé efpérer. Je vous ai inftruit que les Piémontais faifoient conftruire, à une portée de fufil de nos limites, vis-à-vis la gauche du feul débouché qui conduit en Savoie, trois redoutes dans un lieu connu fous le nom des Abimes de Mians. Ces redoutes prefque entiérement terminées, étoient au moment de recevoir le canonqui devoit, avec celui du château des Marches, établir un feu croifé fur le débouché de Chaperillan. Il n'y avoit pas un moment à perdre pour détraire ce moyen de défenfe, avant qu'il fût porté à un point de perfection qui au

oit néceffité une attaque fanglante. En conféquence, j'at donné rdre à M. Laroque, maréchal-de-camp, de marcher dans la nuit du 21 au 22, à la tête de douze compagnies de grenadiers, de douze piquets de quatre cents chaffeurs à pied, & de deux cents dragons. Le rendezvous de ces troupes a été à minuit à Chaperillan; elles. y ont prêté le ferment de refpecter les citoyens défarmés & les propriétés du pays où nous allions entrer, & d'être généreufes envers les ennemis qui leur rendroient les armes. Le détachement s'eft inis en marche fur deux colonnes, de manière à envelopper les monticules fur te quelles étoient fituées les redoutes que je voulois détruire; & il devoit fe trouver pofté à la pointe du jour de manière à couper la retraite aux Piémontais. Ces dif pofitions ont été contrariées par le temps affreux qu'il a fait toute la nuit & la plus grande partie de la journée Cet inconvenient qu'il n'avoit pas été poffible de prévoir, a retardé la marche du détachement, qui n'a pu être rendu avant le jour aux points indiqués, & les Piémontais ont eu le temps de fe retirer avant d'être entiérement enveloppés. L'objet princ pa a cependant été rempl; les trois redoutes étoient occupées par nos troupes avant fept heures du matin; tous les ouvrages, qui effectivement n'attendoient plus que le canon, & qui étoient prêts à le recevoir, ont été détruits dans la matinée. Il a été tiré quelques coups de fufi's; perfonne n'a été blessé; mais nous n'avons pu faire que trois prifonniers, dont un lieutenant de la légion Sarde.

» M. Laroque a conduit fon détachement avec autant d'ordre que d'intelligence, & les troupes ont montré la plus grande ardeur, ont obfervé le plus grand filence, la plus exacte difcipline, & fe font conduites, vis-à-vis des Piémontais, avec la génér fité & le défi téreffement qui conviennent à un peuple libre. Il paroît que les Piémontais avoient établi tout leur fyftême de défenfive fur le pofte qui leur a été enlevé; car auffi-tôt qu'ils ont eu connoiffance de cette expédition, ils ont, avec la plus grande précipitation, évacué les châteaux des Marches de Bellegarde, d'Apremont & Notre-Dame de Mians J'ai pris poffeffion de ces différens poftes dans la journée.

J'ai porté hier au foir, en avant du château des Marckes, deux brigades d'infanterie, une brigade de dra gons, & vingt pièces de canon; j'ai fait marcher au jourd'hui deux autres brigades d'infanterie & une de ca

valerie, avec le refte de l'artillerie. La célérité de cette opération coupe en deux parties l'armée piémontaife, dont une moitié s'eft retirée fur Montmélian, tandis que l'autre eft obligée de fe replier fur Annecy. Je vais continuer de poufler tous les poftes qui garniffoient la frontière depuis Aprémont jufqu'à Saint-Geniez, afin d'ouvrir le pallage à l'avant-garde que j'avois laiffée dans cette partie aux ordres de M. Caza-Bianca; & j'ai lien d'efpérer que la première lettre que j'aurai l'honneur de vous écrire fera datée de Chambéry.)

» Au moment que fai l'honneur de vous écrire, Montmélian vient d'ouvrir fes portes. Il entre dans mon projet de porter une colonne fur la rive gauche de l'Isère, pour gagner Maurienne, & embarraffer la retra te des Piémontais; mais une crue fubite de l'Isère ayant rompu hier le feul pont que j'ai fur cette rivière, m'empêcha de remplir cette partie de mon projet, je n'y ai cependant pas renoncé, & fi, comme je l'efpère, le pont est rétabli demain, j'effaierai demain de me mettre en mesure de poursuivre l'arrière-garde de l'armée piémontaife,si, comme je le préfume, elle exécute fa retraite; j'espère auffi que bientôt je vous annoncerai la prife de poffeffion de tout le pays, au nom de la nation & de la liberté françaifes, jufqu'au bord du Lac de Genève.

J'aurai l'honneur de vous rendre compte, dans ma première dépêche, de l'état du magafin, des armes & des munitions dont je me ferai emparé. Les habitans nous ont reçus avec de grandes démonftrations de joie, & nous avons paru au milieu d'eux plus en libérateurs qu'en ennemis. Je ne pourrois trop me louer de M. Antonio-Rofey, lieutenant-général, qui avoit préparé cette opération, & qui en avoit affuré le fuccès par les précautions les plus fages.

» Je me félicite de ce qu'un feul mouvement, heureufement combiné & exécuté avec précision, a épargné un fang précieux, & nous a procuré tous les avantages d'une victoire. Je vous rends grace, monfieur, de m'avoir pro curé cette manière de répondre à la calomnie; c'est ainsi que j'aimerai toujours à la repouffer.

Signé, le général de l'armée du Midi, MONTESQUIOU ».

Chamberry, le 25 septembre.

J'avois eu l'honneur de vous mander, monfieur, que

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