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vous, qui ne voyez que vous dans l'empire, & qui; roulant dans vos cerveaux étroits de finiftres deffeins, voulez apparemment vous en allurer d'avance l'impunité. La république eft une confederation fainte d'hommes qui fe reconnoiffent femblables & frères.

Eh! fi nous fommes tous femblables, tous frères, à quoi, bon appeler de tous les points de l'empire une garde autour de nos repréfentans? Ne foat-ils pas au milieu de leurs frères à Paris, comme ils le feroient par-tout ailleurs ?

Les repréfentans appartiennent à la nation; donc la nation doit être appelée à les honorer de fa vigilance, ou à les couvrir de fon égide.

Oui fans doute, des quatre coins de la France tous les regards font tournés fur la convention, & tous les bras s'armeroient en même temps pour ele. Au premier bruit d'une invafion qui menaceroit Paris, les départemens viendroient tous fe ranger autour de cette ville comme le fang fe porte vers le cœur au plus léger choc.

Il convient de faire concourir les départemens à la garde des dépôts & des établiemens, qui, fitués dans Paris, fent cependant la propriété de la nation entière.

En ce cas Paris qui, par fa population, forme le vingt-cinquième de la république, demandera auffi à concourir à la garde de nos manufactures d'armes de Maubeuge, Charleville, &c. de nos arfenaux de Toulon, Marseille, &c. de nos hôtels des monnoies, de nos ports de mer, de nos fortereffes. Légiflatenrs graves! quel pitoyable fubterfuge! car vous n'ignorez pas qu'au cun dépôt public n'a été violé; mais vous fenti que faire venir 5000 citoyens à Paris pour vous feuls feroit auffi par trop révoltant.

avez bien

Le regard des législateurs n'a rien de commun avec le coupd'ail vulgaire de l'homme qui ne voit que le petit territoire de fa ville; il plane fur l'empire.

Buzot, vous n'êtes qu'un phrafier; mais peut-être eftce un avis que vous donnez à ceux de vos collègues qui ne voient que l'enceinte de la falle où ils s'affemblent, & qui s'imaginent bonnement qu'on les croira eux-mêmes de grands hommes du moment qu'ils auront à leur fervice des foldats de cinq pieds trois pouces au moins, fans compter le bonnet.

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On s'amufa beaucoup à la cour d'un certain petit duc de Gêvres, tout boffu, tout rachitique, qui avoit la manie de ne prendre à fon fervice que de grands laquais de cinq pieds trois pouces au moins.

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Mais fuivons le génie de M. Buzot qui plane fur l'empire.

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Paris doit voir dans votre attention pour unir les dépar temens à lui par le partage des mêmes fonctions un éclatant témoignage de bienveillance, de juftice & de reconnoiffance.

Dis, Buzot, une preuve infigne du déteftable efprit & de la mauvaife foi de la faction dont tu es l'organe. Paris ne voit dans ton projet que l'intention bien marquée de l'humilier, de le dénoncer aux départemens comme un ramas de factieux, d'infubordonnés, de qui fe mêlent de tout & aiment à fe rendre compte.

gens

Paris a fait la revolution; mais la révolution feroit anéantie fi le peuple des départemens n'avoit juré de foute

nir la révolution.

Cela eft yrai. Eh bien qu'en conclure? C'efl que Paris qui, pour nous fervir des propres expreffions du rapporteur, a honoré l'affemblée conftituante & le corps législatif de fa vigilance, & qui les à couverts de fon égide faura bien encore furveiller & garder la, convention, fans qu'il foit befoin de déplacer 5 à 6 mille de nos irères des départemens.

Buzot n'eft pas de cet avis dans fon apoftrophe oratoire à Paris. Ville fuperbe & fortunée, s'écrie notre phrafier, tu montres avec orgueil les fources de lumières qu'alimentent & groffiffent les tributs qu'on vient t'offrir de toutes parts, les vertus d'un petit nombre d'hommes qui font venus les exercer dans ton fein.

C'eft précisément à caufe de cela que la convention ne fauroit être mieux placée qu'à Paris. Paris a tout ce qu'il faut pour la furveiller & la garder. De l'aveu même du rapporteur, Paris eft comme le centre où viennent aboutir les lumières & les vertus de tous les départemens; ils n'ont pas attendu un décret pour contribuer, chacun felon fes moyens, à rendre Paris le féjour convenable à des légiflateurs qui ne fauroient être environnés de trop de forces & de facultés intellectuelles. Ainfi donc, on a prévenu le vœu de la convention. Il est vrai que les fans-culottes, s'ils remplaçoient la gendarmerie qui fait le fervice auprès de l'affemblée, & qui feroit beaucoup mieux fur les frontières, n'auroient pas tous cinq pieds trois pouces au moins fans le bonnet; mais s'il ne falloit que cela pour fatisfaire la faction qui l'exige, il ne feroit pas impoffible, en cherchant bien dans tout le département de Paris, de raffembler quatre milliers de gardes de cette taille.

En fommes-nous donc réduits à faire de tels reproches à nos légiflateurs ? Cela fait gémir.

Buzot continue fon apoftrophe verbeufe: Ne crains-tu pas que l'on découvre auffi cette corruption profonde, &c.... On vous entend, M. Buzot; Paris eft une nouvelle Babylone indigne de pofféder plus long-temps la convention dans fon fein. Que cette ville ne s'avife donc pas de réclamer contre la maifon militaire décrétée. Pour la punir, nos chaftes légiflateurs en fecoueroient la boue de leurs pieds, & porteroient leurs pénates dans une autre ville où il y auroit encore des mœurs. Que cette défaite eft miférable! Législateurs mal-adioits, que ne dites-vous tout bonnement que votre intention eft de quitter Paris pour aller vous établir dans un lieu où vous foyez moins vus & plus à votre aife. Ce n'est pas la contagion des femmes publiques, des jeux & du luxe que vous cherchez à éviter; vous favez bien que les femmes publiques, le luxe & le jeu vous fuivront partout où vous irez tant que vous toucherez 21 liv. d'indemnités par jour; avouez plutôt que vous ne cherchez, qu'un prétexte de vous éloigner du foyer des lumières, pour confommer tout à loifir vos œuvres de ténèbres. Plufieurs d'entre vous ne s'en cachent même point. Cette garde militaire n'eft mife en avant que pour piquer d'honneur les habitans de Paris, & les porter à de nouveaux mouvemens qui vous autoriferont à les fuir. Il eft encore une autre confidération.... vous aurez beau cumuler délai fur délai, tôt ou tard il faut bien que le grand jour du jugement dernier de Louis XVI arrive, & déjà les fans-culottes difent aff z haut pour que vous l'entendiez que cela devroit être fait. Que favons nous ? peut-être ne feriez-vous pas fâchés de voir le peuple perdre patience, & prendre un parti extrême! ah! c'eft alors que vous diriez adieu à Paris pour jamais.

Buzot ne fe déconcerte pas & paye d'effronterie. Il ne craint pas d'avancer que l'oppofition de Paris à une maison militaire en démontreroit la neceffité, puifqu'il feroit poffib'e de l'abufer au point de le faire reclamer contre une mesure jufle, grande & Sage........

Malheur aux loix qui n'ont d'autres panégyriftes que ceux. qui les font!...

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A qui peut être redoutable cette force compofée de tous les points de l'empire?... aux factieux ?...

En effet, s'il fe pouvoit que cette maifon militaire, fi elle fe forme, arrivée à Paris & ne rencontrant dans cette ville que des frères, vint à fe dire: mais qu'avions-nous

befoin

befoin ici n'y ferions-nous appelés que par une faction de l'affemblée conventionale?

Je ne m'arrêterai point, dit toujours Buzot, aux craintes fantastiques d'une garde prétorienne.

Pas tant fantastique; car enfin, les représentans du peu ple fe font d'abord contentés d'une garde citoyenne; ils ont enfuite voulu avoir la gendarmerie, plus richement habillée; puis on lui a donné le bonnet de grenadier auquel les volontaires avoient généreufement renoncé; & voilà maintenant la convention qui décrète une maison mili→ taire fur le même pied à peu près que celle de la ci

devant maison du roi !

Nous aimons à croire que ce décret, avant d'être mis à exécution, fer porté à la fanction des affemblées primaires; car enfin il feroit difficile de faire paffer pour loi réglementaire ou de police, qui ne regarde que l'intérieur de la falle de la convention un décret qui or donne la levée d'un corps de troupes à pied & à cheval fourni par les quatre-vingt-trois départemens.

?

Mais on dit que déjà, intimidés par l'opinion publique, qui fe manifefte de toutes parts contre l'établissement d'une maifon militaire conventionale, les vrais factieux c'eft-à-dire, la faction de l'affemblée qui propose cette mefure, commencent à en rougir, & n'infifteront plus davantage. Citoyens', le fublime Buzot & le parti dont il est l'interprète, ne lâchent peut-être prise en ce moment que pour en attendre un plus favorable. Nous vous invitons à ne pas les perdre de vue: des représentans du peuple capables d'avoir conçu l'idée d'une maifon militaire à leur ufage, à coup für font fufpects & doivent demeurer tels aux yeux des patriotes.

Mais voici de la mauvaise foi, de l'impudence & de Pabfurdité tout enfemble. C'eft toujours le fublime Buzot qui parle.

Une garde fous l'immédiate autorité d'un corps législatif ne fauroit défirer & fervir que le bien & la liberté de tous.

Il eft aifé de prévoir quel fera le produit de ce mélange adultère & monftrueux d'une affemblée légiflative. foutenue par une armée à fes ordres. Hafardons une conjecture qui affurément n'eft pas gratuite. Louis, du fond des tours du Temple, a encore de nombreux amis à Paris & dans toute la France, & ce ne font pas les fans-culottes. Or, la convention laiffe aux confeils-géné raux des départemens (voyez art. VII du projet de décret) le choix des citoyens qui doivent compofer fa garde: on exige, il eft vrai, des certificats de civifme; mais on 171. Tome 14.

N°.

C

fait comme ils s'obtiennent. Une autre condition requife, art. VIII, eft d'avoir cinq pieds trois pouces au moins. A coup fûr, la maifon militaire conventionale, d'après ces préliminaires, ne fera guère mieux compofée que celle du ci-devant roi.

On va juger celui-ci; on le doit du moins, & tous les patriotes le demandent. Au peu d'empreffement & d'énergie de la convention, il paroît qu'elle eft dominée par un parti qui favorife le criminel découronné ; mais le peuple, mais les fans-culottes, mais les fections, mais la terraffe de Feuillans! ce ne fera qu'un cri d'indignation. Que fera la convention? Pénétrée, comme le dit l'éloquent & fublime Buzot, pénétrée de fon augufte destination, forte de fes droits, fière de la puiffance nationale, elle dira avec Buzot: qu'importe le murmure ou la prévention d'un petit nombre atufé? De fon côté, la maison militaire, dont le général ( remarquez bien cela ) sera nommé par le corps conventional, art. VI, fière de fa taille & de fon bonnet, traitera avec mépris les fansculottes de toute grandeur, groupés aux portes & fous les fenêtres de la falle de l'affemblée. Il ne nous eft pas donné de prévoir ce qui peut en résulter, à la première étincelle tombée au milieu de la multitude en fermentation.

Quand on n'auroit pas à craindre d'événemens semblables, repréfentans de la nation, rappelez-vous ce que vous êtes, & les trois bafes que vous avez déjà pofées, à favoir; la république, l'égalité & la fouveraineté du peuple dans les affemblées primaires, & foyez conféquens avec vous-mêmes.

Vous voulez des gardes!... Solon, qui vous valoit bien, n'en avoit pas un ; & Athènes ceffa d'être libre du moment qu'elle permit à Pififtrate d'en avoir quatre cents.

Vous voulez des gardes!... Lycurgue, qui vous valoit bien, n'en avoit pas. Un jeune citoyen le bleffe au vifage; le légiflateur des Spartiates ne crut pas devoir profiter de de cet événement pour fe faire donner une maifon militaire. Vous voulez des gardes!... Numa, qui vous valoit bien, n'en avoit pas.

Vous voulez des gardes!... Voici ce que J. J. Rouffeau, qui vous valoit bien, écrivoit à un peuple redevenu efclave parce qu'il ne fut pas mettre à profit les leçons de l'auteur du Contrat focial. . . . « Je voudrois qu'on fentît la barbarie » & l'horrible indécence de voir l'appareil des armes profa»ner le fanctuaire des loix. Polonois! êtes-vous plus guerriers que n'étoient les Romains? et jamais, dans les plus

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