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défendre de faire la nomination de vos magiftrats à fcrutin ouvert; eux qui n'ont point été élus autrement dans l'affemblée électorale. Ce font des ingrats qui espèrent vous mettre à la raifon avec une maison militaire. Souffrirez-vous cet affront? Je vous vois indignés tous ainfi que moi, votre ami. Eh bien! mes amis! voulez-vous me füivre? Je ferai votre chef. Marchons à l'inftant à la convention. Je vous indiquerai ceux de vos repréfentans dont il faut vous affürer; d'abord vous irez droit à la rencontre de cette garde dont on vous menace; nous leur parlerons d'abord comme à des frères; s'ils ne fe rendent pas à nos raifons, alors, il le faudra bien, nous les empêcherons d'aller plus avant. Puis nous retournerons à la falle de la convention; là, moi & un petit nombre de vos députés reftés fidèles au peuple, nous vous propoferons une forme de gouvernement beaucoup fimplifiée. Il n'y fera pas queftion de roi. Nous avons juré tous l'abolition de la royauté. Mais peut-être pour le moment vous faudra-t-il, non pas un dictateur, comme Ju les-Céfár, non pas un protecteur comme Cromwel mais un tribun comme l'a été l'infortuné Gracchus, fans gardes, fans fufils, fans canons....

Il nous femble déjà entendre la multitude s'écrier! bravo! bravo! & l'on voit où tout cela peut nous mener & nous ferions redevables de cette déforganisation fociale à une poignée de petits ambitieux, jaloux d'avoir des gardes.

Lyon. Dimanche, de ce mois, entre 8 & 9 heures du foir, il y a eu ici un raffemblement de 4 à 500 hom mes. Ils font allés à la prifon Saint-Jofeph, ef font fait donner deux ci-devant nobles, qui étoient détenus pour caufe d'enrôlement pour les émigrés; ils ont été à l'inftant expédiés pour l'autre monde; lattroupement eft refforti de la prifon tomme il y étoit entré, c'est-àdire, avce le plus grand calme. Enfin cette affaire a été faite avec tant de fecret & de tranquillité que les trois quarts de la ville n'en favent rien. L'un des deux morts eft un fieur Alier, frère de madame Duphin, à Paris.

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CONVENTION

NATIONALE.

Séance du famedi 6 octobre 1792, au premier de la république.

Le général Montefquiou a écrit à la convention pour la prier d'accepter fa démiffion; il ne peut plus refter à la tête de l'armée, après le décret du 26 septembre, La convention décrète l'ajournement, tant de la démisfion que du rapport du décret adopté..

Des citoyens de la fection du Temple ont préfenté une pétition qui avoit pour objet d'inviter l'affemblée à ne pas adopter la mefure propofée de faire venir des quatre-vingt-trois départemens une force armée pour garder les repréfentans du peuple. La pétition a été renvoyée au comité des fix.

On a lu des lettres des généraux Dumoarier & Cuftines. Le premier annonce qu'il fait pafler des forces dans le Nord; le fecond envoie à la convention cinq drapeaux pris fur l'ennemi dans la journée du 30. Nous avons rendu compte de fa lettre.

Sur la motion de Camus, la convention a décrété que les fceaux de l'état le fceptre & la couronne du ci-devant roi, feront brifés avant d'être portés à l'hôtel des monnoies.

On a fait lecture d'une lettre des commiffaires de la convention à l'armée du Midi; ils rendent compte des difpofitions où ils ont trouvé les Savoifiens, qui les ont accueillis par les cris de vive la république! vive la convention nationale! N'ayant reçu aucune plainte contre le général Montefquiou, les commiffaires penfent qu'il doit refter à fon pofte.

François Neufchâteau avoit été nommé miniftre de la juftice; il a refulé.

Dimanche 7. Un prifonnier de l'Abbaye a demandé à être amené à la barre, pour communiquer des choses très-importantes. L'affemblee a décrété que deux membres du comité de furveillance iroient recevoir fa dépofition dans les prifons.

Le miniftre de l'intérieur eft tenu de rendre compte, féance tenante, de l'exécution de la loi fur la nomination du maire de Paris.

Une commune voifine de la Suiffe ayant écrit qu'elle

foupçonnoit les intentions des cantons helvétiques, l'affemblée a nommé des commiffaires pris dans fon fein, pour aller conftater l'état de cette partie de nos fronères. Le pouvoir exécutif eft chargé de prendre des mefures provifoires.

Un membre a converti en motion la propofition faite par Roland de défendre l'exportation des boeufs, vaches, chèvres, &c., & de tous les beftiaux. (Renvoyé aux comités de commerce & diplomatique réunis.)

Le miniftre de la guerre a fait paffer une lettre du général Anfelme, qui annonce la prife de la ville de Nice. Cette lettre a déterminé le rapport du décret de deftitution prononcé contre Montefquiou.

Un fecrétaire a lu deux lettres des commiffaires envoyés dans le département du Nord; elles annoncent que Labourdonnaye va entrer à Lille, qu'on bombarde toujours, & que plufieurs perfonnes, foupçonnées d'avoir des intelligences avec l'ennemi, entre autres un fieur Belfort, ont été arrêtées. Ce dernier a fait réfif tance dans fon château, & a eu le temps de brûler fes papiers. Les commiffaires demandent une augmentation de pouvoir, qui leur eft accordée.

Le département des Pyrénées orientales a informé la convention que l'Espagne faifoit un raffemblement de troupes fur nos frontières.

Lundi 8. Sur la pétition d'un citoyen qui fe plaint d'être détenu en vertu d'un ordre arbitraire, la convention a décrété, 1°. « que les perfonnes qui feroient déte»nues dans d'autres lieux que les prifons défignées par » la loi, y feront transférées dans le délai de quinze » jours. 2°. Quinze jours après la publication du présent » décret, les perfonnes détenues contre lefquelles il n'y » auroit ni mandat d'arrêt, ni décret d'accufation, fe»ront mises en liberté. 3°. Le comité de furveillance » de la convention eft autorifé à aller dans les diffé» rentes prifons pour y connoître le nombre des déte»nus & les motifs de leur détention ».

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On a lu une lettre des commiffaires conventionaux envoyés à Lille; ils annoncent la levée du fiége de cette ville comme très-prochaine. On propofoit un décret rémunératif pour la ville de Lille. Un membre demandoit qu'on l'étendit auffi à celle de Thionville. Le tout a été renvoyé aux comités,

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Une autre lettre des commiffaires aux armées réynies, a appris que l'armée pruffienne poursuivoit fa retraite, & que nous continuons à lui enlever des effets de campement & à lui faire des prifonniers.

Le rapporteur du comité des fecours propofoit de mettre à la difpofition du miniftre de l'intérieur un million pour les fecours provifoires à accorder aux citoyens dont les propriétés ont été endommagées par l'ennemi. Cambon a trouvé que cette fomme, trop forte pour un feul département, ne l'étoit pas affez pour la totalité de la république, & il a demandé qu'il fût décrété en tout cing millions pour l'emploi propofé.

Le miniftre Roland a dénoncé une proclamation faite fous le nom du confeil exécutif, quoique n'ayant point été délibérée au confeil. L'imprimeur de cette proclamation eft mandé à la barre.

L'ex-miniftre Servan a envoyé ses comptes; il a permiffion de fe retirer.

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Dès lettres de Bournonville & Labourdonnaye ont appris que le feu de l'ennemi fur Lille avoit ceffé, & qu'il travailloit à se retirer.

Mardi 9. Buzot a fait un rapport au nom du comité militaire & de la commiffion des neuf, fur la force armée qui doit être mise à la difpofition de la convention nationale. L'impreffion du rapport a été décrétée. La difcuffion s'ouvrira jeudi.

Les adhésions au décret qui abolit la royauté arrivent toujours en foule.

Le miniftre de l'intérieur a fait paffer des détails fur le vol du garde-meuble; il a appris qu'un joaillier, nommé Chérébert, avoit beaucoup coopéré, par fon civisme & fa probité, à faire arrêter une partie des voleurs. L'affemblée a fait mention honorable, dans fon procès-verbal, de la conduite du citoyen Chérébert.

Les citoyens de Bar-le-Duc ont fait décréter que cette ville s'appellera déformais Bar-fur-l'Ornin,

La loi fur les émigrés, décrétée dans la précédente féance, a été rédigée & adoptée ainsi qu'il fuit:

« 1°. En exécution de la loi qui prononce la peine de mort contre les émigrés pris les armes à la main, ceux qui feront pris feront livrés à l'exécuteur de la juftice, & mis à mort dans les vingt-quatre heures. Il fera auparavant conftaté, par une commiffion de cinq perfonnes

nommées par l'état-major, qu'ils font Français, émigrés, & pris les armes à la main.

» 2°. Il en fera de même à l'égard des militaires étrangers qui auroient quitté la France depuis le 14 juillet 1789, & qui feroient pris les armes à la main.

» 3°. Les extraits des procès-verbaux d'exécution des émigrés feront envoyés au ministre de la guerre, qui les communiquera à la convention nationale.

» 4°. Les puiffances ennemies font refponfables des violations du droit des gens, qui pourroient être commifes par une fauffe application du droit des gens ».

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Des lettres du général Cuflines ont été lues; elles apprennent que Worms eft pris & qu'on y a trouvé une grande quantité de facs de bled & d'effets de campement.

Une adreffe de Mailhe aux cantons helvétiques a été adoptée par l'assemblée, qui en a décrété l'impreffion en caractères fuiffes.

Sur la propofition du même membre, le décret fuivant eft adopté :

«La convention décrète que les ouvriers des manufactures d'armes qui ont quitté leurs atteliers pour fer-vir comme volontaires ou dans la troupe de ligne, font autorisés à y retourner, après avoir obtenu un congé; ils recevront cinq fous par lieue pour fe rendre à leurs atteliers ».

Des obfervations du maréchal Luckner fur fa conduite pendant fon généralat, ont été renvoyées au comité chargé du rapport.

Un membre du comité de furveillance fait un rapport fur les mesures à prendre fur le fort d'environ quarante perfonnes accusées de confpiration, & détenues dans le département des Bouches du Rhône. La convention nationale attribue la connoiffance de cette affaire au tribunal criminel du département des Bouches du Rhône, féant à Marseille.

On a procédé à l'appel nominal pour la nomination d'un miniftre de la juftice. Sur 344 voix, Garat jeune en a obtenu 211. Après cette nomination, le comité militaire a fait décréter que cent foixante hommes qui reftent des ci-devant gardes-françaises, après leur formation en divifions, feront organifés en compagnie de cavalerie. Leur folde fera la même que celle des gendar

mes

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