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les loix & les mœurs : or, l'inftruction; qu'il ne faut pas confondre avec les fciences & les arts qui perdenles mœurs, les avive au contraire, les dirige, les foutient & les conferve. Nous parlons ici de cette inftruction populaire, & pour ainfi dire domestique, qui n'apprend rien de nouveau aux hommes, mais qui fert à développer en eux cet inftinct moral que nous apportons tous en naiffant, & qui fuffit au bonheur individuel & à la profpérité publique.

Pour répandre cette inftruction, il n'eft pas befoin de tout l'appareil qu'on a déjà étalé deux fois (1) à nos yeux. Beaucoup de maîtres ne font pas néceflaires pour cette befogne; il ne s'agit que de s'adreffer aux chefs de maitons & aux pères & mères de famille. Ne craignons pas de donner un démenti formel à Lycurgue, à Solon & à tous leurs partitans; difons avec confiance que l'éducation domestique eft la feule capable d'infpirer les mœurs républicaines, par la raison qu'une république eft un aggrégat de familles égales en droits, ayant les mêmes devoirs à remplir, & unies par le lien 'd'un intérêt commun.

Et qu'on ne craigne pas que les mœurs & l'éducation domeftiques détruifent cet efprit public qui met l'unité & l'harmonie dans la marche des opérations de la république; car toutes ces familles font autant de petites républiques fédératives, qui à elles toutes n'en compofent qu'une feule.

On ne fauroit donc trop recommander aux chefs de maifons & aux pères de famille de fe charger eux-mêmes de cette inftruction, la fauve-garde des mœurs. Peu d'avances fuffiront pour cette tâche importante; car il ne s'agit pas de former leurs enfans ou leurs élèves à l'art oratoire ou à la logique ex profeffo: ces deux arts & d'autres encore s'apprennent fans maitre, fur- tout dans une république. Il ne faut point pour cela fonder des chaires; deux heures de leçons dans l'un des groupes de nos places publiques, fuffifent. La fcience des mœurs s'apprend encore moins dans des cours; la meilleure école

(1) Voyez les projets d'inftruction publique de Taillerand & de Condorcet.

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eft la maifdh paternelle & les affemblées populaires, la tribuneo de la convention & celle des tribunaux.

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Quant aux arts deur éclipfe doit durer encore quel que temps; c'est-à-dire jufqu'à ce que nous aytons ab batu ou enchaîné tous les ennemis de la république aux pieds de la ftatue de la liberté. Une fois affermie fun farbafe, fans doute que les artiftes, nés pour l'indépendance réveilleront leur verve à la voix de la patrie hors de danger, & enfanteront de quoi nous dédommager des chef d'oeuvres qu'on nous reproche d'avoir renversé ou mutilé d'une main barbare; mais duf fent les arts êtrertenfévelis avec la royauté, ne les reu grettons pas, tant que la nature offrita à notre admira tion des merveilles fionombreuses & trop peu connues? D'ailleurs périffent, oub, periffent les arts, s'il faut les acheters au prix de la liberté! car s'il eft vrai qu'ils font les enfans du luxevil faudra bien y renoncer, en renonçant au luxe, ce ver rongeur des vertus républicaines. Périffent donc tous les arts plutôt que la hi berté, d'égalité, la république! Poffédons de grands hommes de bons citoyens de préférence à de belles ftatuesi; montrops de belles actions, en réalité plutôt qu'en peinture; ne nous amofons pas à repréfenter fur la feène les héros du patriotisme, de l'amitié, de l'amour maternels de la tendreffe conjugale; foyons nous-mêmes ces héros ; ayons d'abord des mœurs il fe trouvera toujours bien des poëtes pour les chanter, des hiftoriens pour les redire à nos descendans. ani

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Pour ce qui regarde bles femmes, nous the confeillons pasiaunos compagnes à nos amies à nos fœurs de le modeler fur les Lacédémoniennes, lefquelles partageoient prefque tous les exercices des hommes, luttant avec eux corps à corps & comme eux, en l'absence de tout vêtement. Nous difpenfons volontiers de ces mœurs viriles un fexe deftiné à des occtipations plus paifibles & à de plus doux combats; nous aimons mieux les rappeler aux vertus moins héroïques peut-être, mais plus naturelles & non moins utiles à Ja republique, des premières citoyennes de la Gaule & de la Germanie (1). notaɛC-my saloq 7019 7 99 8 2nd 201

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(1) Un. des griefs allégués contre le ministère du citoyen Roland, c'est qu'ib confultoit fa femme. C'est Danton lui-même qui aveu de courage de fe charger de ce reproche, & qui ne craignit pas de le faire avec une ironie déplacée, dans la tribune de la convention natio nale. Nous dirons au citoyen Danton qu'une telle dénonNo. 170. Tome 14.

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Jufqu'à préfent les nôtres ont eu continuellement fous les yeux les turpitudes d'une cour qui fe permettoit tout. Les modes difpendieufes & les vices quelquefois trop aimables du château de Verfailles, étoient fidélement copiés par les Parifiennes de tout étage : celles-ci donnoient le ton aux autres villes de l'empire; des cités, ce débordement de mauvaises moeurs gagneit les hameaux; l'époufe & les filles du laboureur fe modeloient fur la dame du lieu & les femmes de fa fociété ; l'impertinence & l'immodeftie du maintien paffoit pour un air de no bleffe qui en impofoit; le gafpillage & la galanterie ruinoient les familles & multiplioient les mauvais ménages; la royauté méritoit d'être abolie, quand ce n'eût été qu'à caufe des fcandales de la cour. Bonnes gens que nous étions! Depuis trois ans nous nous difions libres en gardant au milieu de nous une pépinière d'efclaves qui vantoient les bienfaits de la fervitude & la vouloient faire aimernous parlions de régénérer nos mœurs,& nous confervions au fein de la patrie un foyer de cor ruption, un dédale inextricable de baffes intrigues. Tous les maux qui ont inondé la France font fortis de la cour, plus fatale que la boîte de Pandore, au fond de laquelle du moins fe trouvoit d'espérance..

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Plufieurs de nos voilms, qui vantent l'excellence de leur gouvernement, fouffrent chez eux des nobles & des courtifanes, entretiennent des prêtres & des; mou chards. Nous perfiftons, nous, à croire que la nobleffé & la prêtraille, le catinifme & l'espionnage font quatre élémens qui ne peuvent entrer dans la compofitionides bonnes mœurs bales premières de toute république bien conftituce, Combboud est wit tulshort 4

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ciation étoit au-deffous de lui, Sans doute il eft ridicule & dangereux qe les hommes en place fe la ffent influencer par des femmes; mais il falloit admettre quelque différence entre la citoyenne Roland & la Staël, par exemple, 3h 23 9Ɔ si sb ecos

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Dans tous les cas, ce n'étoit point au citoyen Danton à lever publiquement le voile qui couvre l'intimité fi názurelle qui exifte entre deux époux honnêtes,ne faisant rien fans fe confulter. Il ferdit à désirer que le citoyen Danton eût été auffi bien entouré dans fes bureaux que on confrère Roland. on jep 3

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Res eft facra mifer

Le malheureux eft facré. annos

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sion short Puifqu'il n'y a plus de roi en France, les uftenfiles du métier ne font plus bons qu'à faire de l'argent pour payer les frais de vacation. En conféquence, par un décret rendu à l'unanimité; il eft ordonné de porter à la monnoie, pour y être convertis en efpèces nationales, le fceptie & la couronne, le trône & la main. de juftice, &c. le tout après avoir été brifé & mis en pièces en la présence du véritable louverain. Si la motion faite par P. Manuelas la première féance de la convention avoit pris faveur, fans doute que l'ex-procureur de la commune fe feroit empreffé de revendiquer aujourd'hui tous cese menus objets pour en décorer le -préfident des Français.

La convention vient de prononcer fur l'emploi qu'il convenoit de faire de ces hochets royaux; elle eût agi fagement encore de ne pas abandonner l'homme qui les portoit à la difcrétion de la municipalité Louis XVI, du haut de fon trône, donnant l'ordre de fermer les portes de la falle d'affemblée aux repréfentans de la nation, méritoit la réponse fière & courageufe que l'aîné des Mirabeau lui fit en s'adreffant à Brezé. Louis XVI, dans la foirée du 20 juin, méritoit quelque chofe de plus ferme encore que ce que lui répliqua le maire de Paris, à qui il ofoit dire: Retirez-vous. Louis XVI, le : 10 août, venant avec baffeffe & perfidie chercher un afile au fein de la légiflature, auffi-tôt après avoir donné sle fignal du maffacre des citoyens réunis devant le château des Tuileries, méritoit tout au moins d'être transféré dans les tours du Temple pour y attendre fa fentence de mort. Mais du moment que ce lâche allaffin des patriotes fut conftitué prifonnier, la loi & l'humanité devoient le mettre à l'abri non-feulement des farcafmes ou des malédictions des citoyens prépofés à fa garde, mais encore des leçons amères & humiliantes des magiftrats chargés de veiller fur fa perionne. Le devoir de la convention étoit du moins de fe faire rendre un ́ compte exact du régime intérieur du palais du Temple, & de rappeler à la décence & aux égards dus à l'infortune less gardiens de Louis XVI, ceux qui les fortune les gardiens de infpectent..

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En conféquence d'un décret qui, après l'abolition de la royauté, en fupprime toutes les marques extérieures foit fur les chofes, foit fur les perfonnes, un arrêté de

le commune porte que les habits de Louis XVI n'étaleront plus aucune décoration. Sans examiner ici s'il ne convenoit pas plutôt de lui permettre de fe chamarrer de croix & de cordons jufque fur l'échafaud, il fuffifoit, pour l'exécution de Fárrêté municipal, de fubltituer, un foir, d'autres habits à ceux que Louis XVI endoffe en ce moment. Les fonctions du procureur de la commune étoient de fe tranfporter au Temple: & de visiter le prisonnier, feulement pour s'informer à lui-même s'il ne lui manquoit rien des chofes qu'exigent les befoins journaliers de la vie. Un magiftrat en exercice doit parler comme la loi dont il est l'organe, avec laconifme & dignité. La convention n'avoit point chargé ce magiftrat d'aller communiquer officiellement au prifonnier du Temple le décret qui abolit la royauté & fonde la républi que, comme pour lui rappeler le douloureux fouvenir de fon droit de fan&tion & de veto: cette petites mortiIfication eft indigne d'un peuple libre. L'arrêté de la municipalité ne portoit pas que P. Manuel iroit tout exprès au Temple pour dire à Louis XVI: « Vous n'êtes » plus roi, voilà une belle occafion de devenir citoyen: > au refte, confolez-vous, La chute des rois eft auffi pro» chaine que celle des feuilles, &c. ».

C'est joliment dit. Il y a de quoi fe faire applaudir par les citoyennes qui fe raffemblent fur la terraffe des feuillans. Mais que ces, jeux de mots font déplacés dans la bouche d'un magiftrat législateur, s'adreffant à un grand coupable précipité du haut d'un trône dans une tour! Il y a plus, c'eft que s'il eft vrai que P. Manuel fe foit permis ces antithèses miférables & fi peu convenables, il devroit lui être enjoint d'aller au plus vite réparer une conduite qui compromet la plus loyale de toutes les nations. P. Mannel aura-t-il toujours la vue courte ? Comment ne s'eft-il pas apperçu que de tels propos adreffés à Louis XVI dans la pofition où il fe trouve ne font que le rendre intéressant ?

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Quand viendra l'heure ( qui ne devroit pas être éloignée) de le juger avec toute la févérité de la loi, il fe trouvera des gens, peut-être même des patriotes qui diront: Eh! que peut-on lui faire fouffrir de plus que ce qu'il a enduré pendant fa détention? Bour peu que ce monarque foit fenfible, quels tourmens peut-il éprouver comparables aux farcafmes de Manuel & de tous ceux qui l'ont approché? On peut lui faire grace à préfènt, il a fubi fon fupplice d'avance. 45. songupon пã

Il feroit convenable au contraire de nous mettre: dans le cas de pouvoir nous rendre ce témoignage: 101 10.

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