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SOMMAIRE DU CHAPITRE V.

Plan des démocrates pour amener le roi et l'assemblée à Paris. -Repas des Gardes-du-Corps. Émeute à Paris. - Un rassemblement formidable de femmes se porte sur Versailles. - La garde nationale refuse d'agir contre les insurgés, et demande elle-même à être conduite à Versailles. Les femmes arrivent. - Sont introduites dans l'assemblée en présence du roi. — Effrayans désordres pendant la nuit.— La Fayette arrive avec la garde nationale. —La populace force le palais. Égorge les Gardes-du-Corps. · Danger

de la reine. rétablit l'ordre.

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La présence de La Fayette et de ses troupes Le roi et la famille royale obligés de fixer leur séjour à Paris. Description du cortége. Ce départ est conforme aux vues des constitutionnels, des républicains et des anarchistes. - Le duc d'Orléans est envoyé en Angleterre.

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VIE

DE

NAPOLÉON BUONAPARTE.

CHAPITRE V.

SUITE

DU TABLEAU DE la révolution FRANÇAISE.

Nous avons fait connaître les nombreuses restrictions successivement imposées à l'autorité royale, et sanctionnées par l'assem

blée. Mais les factions diverses, qui toutes penchaient vers la démocratie, se déterminèrent, pour renverser la puissance du monarque, à des mesures plus efficaces que les moyens jusqu'alors employés par les représentans. Dans ce but, tous ceux qui tendaient à une révolution complète imaginèrent de transférer à Paris les séances de l'assemblée et la résidence du roi. Louis XVI et les députés se seraient ainsi trouvés sous l'influence directe de cette frénésie populaire que les agitateurs avaient tant de moyens d'exciter. Ces derniers auraient pu régner par la terreur sur le corps législatif, remplir la salle des séances d'une foule tumultueuse et désordonnée, faire assiéger les portes par une populace en furie, dominer les débats et dicter les décrets. Quel sort réservait-on au roi luimême ? Les événemens qui vont suivre le diront assez. Les républicains réunirent donc tous leurs efforts pour l'accomplissement de ce grand projet, et réussirent à porter au dernier degré la fermentation populaire.

Les premiers essais furent malheureux. Une députation, formidable par le nombre de ceux qui la composaient et la violence de leurs démonstrations, s'apprêtait à partir de la capitale pour aller demander la translation de la famille royale et de l'assemblée à Paris; mais elle fut adroitement dispersée par La Fayette et Bailly. II semblait arrêté, néanmoins, que les républicains viendraient à bout de leur entreprise, moins par leur propre force, quelque grande qu'elle fût, que par les fautes des royalistes. Une imprudence (il ne paraît pas que ce fût autre chose) une imprudence commise dans l'intérieur du château de Versailles, fournit aux démagogues, probablement plus tôt qu'ils ne l'avaient espéré, l'occasion de réaliser leur projet en renouvelant les scènes violentes qui avaient déjà eu lieu.

Encore bien qu'elle dût son éclat et son bien-être au séjour du roi, la ville de Versailles comptait un grand nombre d'individus fort mal disposés pour le monarque et sa famille. La garde nationale, forte de

plusieurs milliers d'hommes, était animée des mêmes sentimens. Il ne s'y trouvait que quatre cents gardes-du-corps à qui l'on pût confier la défense de la famille royale, dans le cas d'un tumulte populaire qui éclaterait à Versailles, ou y serait apporté de Paris. Ces troupes se composaient de gentilshommes dévoués, mais trop peu nombreux pour garder les dehors du vaste château, et que leur qualité même rendait odieux au peuple, qui ne voyait en eux que des aristocrates armés.

Pour éviter tout soupçon, et inspirer la confiance, la cour avait envoyé les deux tiers de ces troupes à Rambouillet. Sur ces entrefaites, les grenadiers des gardes françaises, tout récemment en état de révolte contre l'autorité royale, se mirent en tête, par une inconséquence assez naturelle aux hommes de leur profession, de reprendre leur poste auprès de la personne du monarque, menaçant hautement d'aller à Versailles s'emparer du service ordinaire du château, privilége qui leur appartenait, à les entendre, quoiqu'ils eussent aban

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