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est-il copié? on le replace: le second est apporté et Transcrit avec le même soin. C'est ainsi que ces bon citoyens font, sans frais, une collection complète des lois de leur pays.

Puisse la Feuille Villageoise, après les fameuses tables de la loi, occuper de temps en temps les veillées instructives de ce village exemplaire!

EPINAL. (Département des Vosges.) Le rassemblement des volontaires nationaux s'est fait dans ce département; le nombre des citoyens enrôlés surpasse de plus de onze cents le nombre fixé. Tous les jours il s'en présente, qu'on est forcé de remercier. Les applaudissemens qu'on prodigue à leur zèle les consolent à peine du refus qu'on fait de leur sang et de leurs bras. Dans tous les villages, les agriculteurs qui restent se sont engagés à labourer, à soigner les terres de ceux qui partent. C'est par cette généreuse union qu'une poignée de Grecs, égaux et libres, brava et repoussa un million de Perses, esclaves du despotisme et de l'aristocratie satrapique. Les Américains nous ont donné plus d'une fois ce même exemple de services et de travaux fraternels. Puisqu'enfin nous avons leurs vertus, espérons leurs succès.

PARIS. L'assemblée nationale législative, définitivement constituée, s'organise de jour en jour; elle a démenti les sourdes calomnies dont on affectoit de noircir ses intentions. Elle venoit, disoit-on, pour tout renverser, détruire la royauté; elle vouloit une double révolution, et une constitution nouvelle... Ces bruits s'accréditoient déjà, lorsque tous ses membres ont prêté le serment individuel prescrit par la constitution. Rien de plus imposant que cette solemnité civique. L'archiviste qui, suivant la loi, ne peut un seul instant laisser sortir de ses mains la minute de l'acte constitutionnel, l'archiviste le tenoit ouvert sur la tribune. Chaque député y montoit; et là,

en présence du peuple, en présence de ses repré sentans, et sur-tout en présence du ciel, la main appuyée sur le texte sacré, il juroit à haute voix de maintenir pleine et intacte son autorité fondamentale. A voir le profond recueillement, le silence religieux de la foule spectatrice, on croyoit entendre les mêmes paroles sortir de tous les coeurs.

Le vendredi 7, le roi s'est rendu à l'assemblée, pour faire, suivant le droit que la constitution lui donne, l'ouverture de la Session. Son discours expose les grands objets que doit embrasser l'assemblée nationale; les finances, le recouvrement des contributions, la libération de l'Etat, la machine administrative, la réforme des lois civiles qu'il faut mettre en harmonie avec les principes de la liberté politique et de l'égalité constitutionnelle, l'éducation nationale, qui, créera de nouvelles mœurs pour les nouvelles lois, les encouragemens du commerce et de l'industrie, et enfin les établissemens en faveur de l'indigence; tel est le vaste prospectus des travaux législatifs auxquels le roi invite les représentans de la nation. Enfin it promet du zèle, et demande de la confiance. Devant des Français, promettre, c'est donner; aimer et croire, sont deux besoins pour nous; nous rendons vingt sentimens pour une intention. Le président par son discours et l'assemblée par son décret, ont éxprimé au monarque l'enthousiasme national. Un plein accord règne entre les deux pouvoirs. Puisse-t il n'être troublé ni par les flatteurs du prince, ni par les flatteurs du peuple!

En annonçant l'excellent ouvrage de M. de Volney, intitulé, les Ruines, nous avons omis de dire qu'il se vend 5 liv. broché.

De l'Imprimerie de DESENNE, rue Royale, Butte Saint-Roch, n. 25.

ET QUATRIÈME SEMAINE

DE LA SECONDE ANNÉE

DE LA

FEUILLE VILLAGEOISE.

Jeudi 20 Octobre 1791,

A VIS.

M. DESENNE reçoit un grand nombre de lettres non affranchies: il prévient le public qu'à l'avenir il renverra toutes celles dont le port n'auroit pas été payé.

LETTRE aux Rédacteurs de la Feuille Villageoise.

C'EST au nom de la vertu que j'invoque, Messieurs,

votre merveilleuse érudition en fait d'histoire ecclésiastique. Un des points les moins éclaircis de cette histoire, c'est l'article du Célibat. On ignore en quel temps, par quels motifs une si dure loi fut imposée au Clergé catholique et romain. On ignore même si les Papes et les conciles avoient le droit d'établir une loi qui ne paroît fondée ni sur l'évangile, ni sur la raison. Peuton justifier la loi du célibat, soit par l'exemple des anciens cenobites, soit par l'autorité de la discipline, soit par la considération des mœurs? L'assemblée nationale semble avoir jugé ces dernières questions, en Troisième Partie.

D

abolissant tous les engagemens contraires au droit na turel. Déjà plusieurs ecclésiastiques, tant de la capitale que des départemens, ont donné l'exemple de cette liberté naturelle restituée au clergé de France; mais j'en connois plusieurs autres qui, quoique persuadés que l'autorité nationale suffit pour rassurer et pour justifier tout prêtre français qui se marie, sont cependant retenus par une certaine obscurité dont s'enveloppe encore la question historique du célibat. Ils osent donc vous prier, vous presser, Messieurs, de traiter cet article avec la même clarté, que vous avez traité celui de la hiérarchie. A combien d'heureux mariages vous allez contribuer par cette instruction vraiment pastorale ! Les curés des village l'attendent avec impatience, ainsi que moi. Non que j'aspire à disposer de ma main pour aucune femme de l'univers. Pasteur octogénaire, je suis déjà mort aux passions; mais je m'intéresse à celles des jeunes pasteurs qui m'entourent, et qui, travaillant sans relâche au bonheur de leurs paroissiens, méritent que l'on s'occupe de leur propre bonheur. L'un d'eux, à qui un riche fermier du canton est venu proposer sa fille, modèle de sagesse et de beauté, a consulté mes cheveux blancs. Je n'ai osé prononcer, malgré le penchant des vieillards à diriger un monde qui les quitte; mais je n'ai pas perdu un moment pour vous demander conseil. Parmi vos lecteurs, il est plus d'un intéressé qui vous saura bon gré d'avoir été au devant de son embarras.

Signé ARNOUX, âgé de 86 ansi

༢ ་.

TRAITÉ SOMMAIRE DU CELIBAT DES PRÊTRES

Meliùs est nubere quam uri. St. Paul, Ep.

Avant de répondre à la lettre que nous venons d'insérer dans notre Feuille, et qui est peut-être la vingtième lettre que nous ont adressée des pasteurs irréprochables, pour nous engager à traiter ce sujet, aussi intéressant pour l'humanité que pour la religion; avant de peser les motifs et les scrupules des ecclésiastiques liés au célibat, et qui trembleroient d'y manquer; avant de féliciter ceux qui, conduits par un meilleur principe, ont cru pouvoir associer les vertus conjugales à celles du sacerdoce; avant de manifester notre opinion sur une si importante matière, nous l'avons étudiée à fond; nous avons médité le code évangélique, et les canons de l'église ; nous avons repassé, d'un œil attentif, les premiers âges et les premières mœurs du christianisme; nous avons examiné les conciles qui ont délibéré et statué sur le célibat; nous avons interrogé les saints - pères qui en ont parlé ; enfin il n'est aucune autorité religieuse que nous n'ayons consultée pour former un jugement qui ne soit ni hasardé, ni hétérodoxe, ni suspect de licence ou d'impiété. Après tant de recherches ettant de réserves, nous nous croyons autorisés à donner la réponse que l'on attend de nous, et qui paroîtra à tous les bons esprits, non une morale relâchée, mais une morale exacte; non une indulgence pour la foiblesse, mais un préservatif pour la vertu.

་་

Plusieurs religions, avant la nôtre, ou égarées par une fausse idée de perfection, ou entraînées par la crainte d'une population surabondante, avoient imposé à leurs prêtres le joug du célibat ; quelques-unes même avoient porté si loin leur fanatisme, que mutilant les ministres de leur culte, elles leur enlevoient jusqu'à la faculté physique de se reproduire. Ainsi, dans cette Syrie, jadis inépuisable en hommes, de de grossir un peuplé déjà trop nombreux, tous les prêtres du pays, les Corybantes, les Curètes, les Dac

peur

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