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Ce cas est celui du plus grand nombre des propriétaires dans ce district. Votre avis peut terminer bien des contestations et appaiser bien des troubles.

Signé, SAURET, administrateur du district de Cusset, département de l'Allier.

Réponse.

Cette opinion n'est qu'une vaine subtilité. La suppression de la dîme est en faveur du propriétaire, et ne profite qu'à lui; en sorte que, relativement aux fermiers ou colons, il est substitué au décimateur. En voici les raisons: 1o, C'est la terre que la loi a voulu affranchir de l'impôt, et par conséquent ce soulagement doit revenir au propriétaire à qui la terre appartient. 2. Considérez que ce propriétaire supporte toute la charge de la contribution foncière, tandis que son fermier ne paye que la seule contribution mobilière.

Dans le cas donné, la réconduction tacite s'identifie avec le bail, ne fait qu'un tout avec lui: une renonciation telle que celle dont il s'agit, ne peut ni se présumer, ni se suppléer : il ne s'agit pas ici d'induction, il faut une stipulation. Or on ne voit ici, ni stipulation, ni convention nouvelle; donc c'est au propriétaire qu'appartient l'indemnité de la dîme.

Le sage administrateur qui nous consulte, n'est sûrement point de ceux qui prétendent, par une chicane injuste, détruire un droit légitime. C'est en abusant ainsi de la loi, qu'on déshonore la cause du peuple, et qu'on justifie ses calomniateurs.

AGRICULTURE.

Quatrième Lettre aux Rédacteurs.

Préservatif contre la carie. Destruction des charansons.

Vous avez inséré, Messieurs, dans votre très-utile Feuille Villageoise, que M. Langeron croit avoir trouvé

le secret d'enlever la carie aux blés, celui de les préserver des charansons, et celui de faire, avec les grains charbonnés, un pain aussi blanc et aussi salutaire qu'avec les grains de la meilleure espèce.

Comme laboureur, je prends la liberté de vous adresser ce que je pense de cette découverte que l'auteur porte à un si haut prix.

A l'égard du premier de ces secrets, je puis vous certifier avec vérité, que la méthode de Trianon (1) (publiée en France par ordre du feu roi) a constamment préservé mes blés de la carie, et que je n'en ai point eu de cariés depuis que j'en fais usage; il me paroît très-difficile d'en trouver une moins dispendieuse, puisqu'elle ne revient qu'à sept ou huit sous de France par coupe de Genève, laquelle contient quatre mille pouces cubiques, ce qui est un peu plus des quatre septièmes du setier de Paris; d'ailleurs je ne fais usage de cette méthode que sur la cinquième partie du blé que je sème chaque année ; celui qui en provient est employé aux semences de l'année suivante, et ainsi de suite; mais je me garde bien de faire sécher le blé préparé, ni au four, ni dans une étuve, dans la crainte d'en altérer le germe ; il ne faut pas même qu'il soit sec lorsqu'on le sème, parce que la chaux s'en détacheroit et incommoderoit le

semeur.

Quant aux charansons, un de mes voisins en a entiérement purgé sa maison par un procédé facile à exécuter. Au mois de juin, que ses greniers et ses granges étoient vides, il fit ramasser dans des sacs, des fourmillières de la grosse espèce, et les fit répandre dans les pièces infectées; aussi-tôt les fourmis se jetèrent sur les charansons, et les dévorèrent jusqu'au dernier, puis elles disparurent; depuis lors cette personne n'a plus vu de ces insectes destructeurs dans sa

maison.

Pour ce qui est du troisième secret, dès qu'il n'y

(1) La méthode de Trianon consiste à laver les grains dans une eau infusée de soude.

aura plus de blé carié, ce prétendu secret sera inutile; au reste je le crois très-connu; il consiste à laver les grains charbonnés dans de l'eau claire jusqu'à ce qu'ils ne la noircissent plus, à les tremper ensuite dans de l'eau bouillante, et les faire sécher jusqu'à ce qu'on les puisse moudre: par ce procédé, on obtient un pain pour le moins aussi parfait qu'avec les grains non charbonnés.

Signé, ANTOINE ROCH. A Neydens, près Genève.

Cinquième lettre aux Rédacteurs de la Feuille Villageoise.

Méthode pour faire rouir le Chanvre.

Votre Feuille est aussi agréable qu'utile: aussi je la lis toujours avec un nouveau plaisir ; mais comme elle est faite pour instruire plus particulièrement les gens de la campagne, voici un avis que je vous invite à leur

transmettre.

Les habitans de ce pays ont la pernicieuse habitude de faire rouir le chanvre dans la première eau qu'ils rencontrent: cet usage a de grands inconvéniens.

D'abord il répand une exhalaison putride dans les endroits où il est déposé, et ensuite il rend l'eau si mauvaise, qu'elle ne peut pas même servir pour la boisson des bestiaux.

Dans cette saison où les pluies ont été rares, les rivières ont presque toutes été desséchées. Malgré cela, les habitans des campagnes ont abusé du peu d'eau qu'ils y trouvoient pour cette opération. Ils ne s'apercevoient pas qu'ils se privoient des moyens d'abreuver leurs troupeaux, et qu'ils empoisonnoient leur propre boisson. Des épidémies contagieuses peuvent naître de cette fatale habitude, à laquelle il seroit si facile de substituer une méthode aussi simple, et plus salubre. C'est celle qui se pratique en Flandres, où une culture perfectionnée fait naître tant de richesses. Là, on

ne fait jamais rouir le chanvre autrement que dans le sein d'une terre humide et grasse; la plante y gagne en souples et en qualité.

Comment se fait-il que les routines les plus nuisibles soient les plus enracinées? pourquoi le peuple des champs vit-il souvent en vrai sauvage, oubliant le passé, et négligeant l'avenir?

Signé VACHON aîné, à Lyon.

ASSEMBLÉE NATIONALE

CONSTITUANTE.

Dans les derniers momens de cette assemblée, le cours de ses travaux s'est tellement précipité, que la Feuille Villageoise n'a pu les suivre. Cependant une foule d'importans décrets ont été rendus. Il en est quelques-uns que nos lecteurs apprendront par les promulgations légales; il en est d'autres que nous aimons à leur transmettre nous-mêmes.

Assez d'écrivains joueront auprès du peuple le rôle de courtisans adulateurs. Nous nous honorons de lui présenter quelquefois les dehors austères d'un ami véridique. Nous le rappelons à ses devoirs avec la même force que nous lui présentons ses droits. Qu'il nous lise, s'il veut connoître ses avantages; qu'il nous médite, s'il veut savoir quelles sont les charges dont il doit les acheter. La liberté, comme la terre, ne nous donne point gratuitement ses fruits. Point de récolte sans culture, point de constitution sans contributions.

Voilà pourquoi nous sommes si souvent revenus sur ce sujet. C'est une maxime des cours, qu'il vaut mieux plaire que servir. Mais parce que le peuple est souvepas une raison pour le traiter en sultan.

rain,

ce n'est

Contributions de l'année 1792.

Les contributions mobilières et foncières sont fixées, pour l'année 1792, aux mêmes sommes que pour

1

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1791, c'est-à-dire, à 60 millions pour la première, et à 240 pour la seconde ; leur répartition entre les divers départemens est la même, ainsi que la somme des sous additionnels qui doivent être perçus, tant pour les fonds de réduction et de non valeurs, que pour les dépenses particulières des départemens.

Un seul point reste à régler par la législature présente. La loi du 10 avril avoit statué que tout contribuable qui se trouveroit imposé à une somme de plus du sixième de son revenu net foncier, seroit de droit réduit dans cette proportion, appelée le maximum. L'assiette des contributions de cette année prouve que ce taux est insuffisant, et il est probable qu'il sera porté au cinquième.

Le répartement fait pour 1791 ne pourra être changé pour 1792.

Le même décret proroge toutes les autres impositions; elles seront perçues en 1792, suivant les mêmes lois et dans les mêmes proportions.

Quand l'assemblée nationale a osé anéantir et reconstruire tout entier le systême des contributions, elle a donné une preuve de courage digne de cette foule de réformes hardies qui ont signalé sa carrière: car dans un grand état, dit un politique anglais, le changement d'un impôt est lui seul une révolution. Mais le moment de la prudence vient après celui du courage. Ce nouveau décret assure la fortune publique; il garantit le service national; il donne aux législateurs actuels le loisir de préparer leurs travaux, de mesurer leur marche, sans que le crédit public et le salut des finances coure aucun danger.

Secours et soulagemens accordés aux contribuables.

Du 26 septembre.

La contribution foncière étant établie sur le revenu net, sa charge doit être allégée en raison des diminutions accidentelles de ce revenu. Votre récolte a-t-elle été détruite en partie par la grêle? La gelée, les inondations, tant d'autres intempéries ont-elles détruit ves

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