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Qui va être exigé de tous les ecclésiastiques qui n'ont pas prêté le serment prescrit par le décret du 27 novembre

1790.

Vingt-quatre curés du département de la Somme, qui, sur le refus de prêter le serment ecclésiastique, avoient été déplacés, viennent de prendre unanimement la résolution de prêter le serment civique. Voici la consultation qu'ils ont rédigée sur ce sujet le 20 de ce

mois.

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Après avoir mûrement et scrupuleusement examiné et discuté, tout préjugé à part, chacune et toutes les parties de l'acte constitutionnel, nous ne pouvons nous dissimuler qu'il ne renferme rien, absolument rien qui puisse alarmer une conscience droite, fût-elle la plus timorée du monde. En conséquence nous estimons, que tout ecclésiastique pourra et devra préter le serment prescrit par l'article V du titre II de la constitution, et nous sommes déterminément résolus à le préter, aussi-tôt que nous saurons la loi publiée.

Fait et délibéré par vingt-quatre curés remplacés, à Amiens, le so novembre 1791.

Cette consultation, dictée par la bonne foi et la probité, et qui ne peut point être suspecte de la part de curés déplacés, a été envoyée aux procureurssyndics des cinq districts du département, en les suppliant de la faire connoître aux municipalités de chaque district respectif, afin, disent ces vingt-quatre curés, que ceux de nos confrères qui ne seroient pas " ou des ignorans ou des malveillans, suivent notre " exemple, et concourent avec nous au rétablissement de l'ordre et de l'harmonie ".

Les mots, maintenir la constitution, qui se trouvent dans le serment civique, sont les seuls qui semblent effaroucher les consciences ecclésiastiques. Que veulent dire ces mots ? Qu'on renonce aveuglément à sa raison, à son sentiment? ce seroit le serment d'un esclave ou d'un imbécille. Qu'on s'engage à aimer des lois qui vous contrarient? ce seroit la promesse

d'un menteur, que des tyrans seuls pourroient exiger, à laquelle nul homme sensé ne pourroit croire. Que veulent donc dire ces mots, maintenir la constitution? Qu'on lui obéira de fait, qu'on défendra les lois contre toute puissance qui ne seroit pas celle de la volonté nationale; qu'on repoussera les transgresseurs ; qu'on aidera la résistance commune des citoyens aux ennemis et aux rebelles qui voudroient renverser la constitution par la violence ou par le désordre. Enfin ces mots et le serment peuvent se traduire littéralement en ceux-ci : La constitution est devenue la "loi fondamentale des Français. Je ne dois pas lui "soumettre ma pensée; mais je déclare que je lui "soumettrai mes actions "".

Peut-on, sans se mettre en état de révolte, refuser une telle soumission? L'obéissance de fait peut-elle jamais déplaire à Dieu ? La religion ordonne-t-elle la rebellion? La fidélité du citoyen seroit-elle une hérésie ?

Il est parmi les prêtres non conformistes une foule de gens de bien, qui ne sont arrêtés que par une délicatesse sincère : amis lecteurs, hâtez-vous de leur communiquer ces réflexions simples; qu'elles dissipent leurs scrupules timorés, et qu'ils imitent l'exemple des vingt-quatre curés picards. Cesse enfin, et s'éteigne à jamais la dissidence des gens de bien ! Quant aux autres, honorons-nous d'être appelés hérétiques par eux; car, qui voudroit être de la religion des hypocrites et des factieux ?

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Je suis, Messieurs, ce vieux ex-curé, ancien maire de sa commune, dont vous avez inséré une lettre dans

votre dix-huitième Feuille. Je ne suis pas moins aujourd'hui que je n'étois alors votre féal disciple. Si, comme le disoit Bossuet des cinq propositions de Jansenius, on mettoit la constitution française à l'alambic, on n'en pourroit obtenir une quintessence plus parfaite que celle que vous nous en avez donnée.

Mais vos recettes contre les charansons ont moins de vertu que vos spécifiques contre la tyrannie et la superstition. Quoi qu'on vous en dise, l'hyèble, la rhue, l'absynthe, l'hyssope. ni par leur voisinage, ni par leurs émanations, ni par leur mélange avec la chaux, ne procureront jamais un méphitisme assez fort pour tuer tous les insectes dans un vaste grenier. Il y a bien quarante ans que, sur la foi de Pluche, et de je ne sais quel autre fatras, tel que la maison rustique, je fis toutes ces expériences avec le plus grand soin. Je vous jure que MM. les charansons ne s'en portèrent que mieux.

Ces jours-ci, j'ai essayé celle du charbon allumé, rapportée dans votre numéro 1; j'ai mis le réchaud et les charansons dans une caisse fermée seulement au point de ne pas laisser éteindre le charbon. Les insectes n'ont paru que plus animés par la chaleur.

J'ai réussi à tuer des charansons avec la vapeur du soufre, mais c'étoit dans une bouteille que j'essayois ce moyen. Mon expérience a manqué quand je l'ai tentée, même dans un très-petit cabinet très-bien clos; pas une puce, pas une punaise n'en fut malade; il restoit une trop grande masse d'air, et il se renouveloit trop; le peu qu'en respiroit chaque animal étoit à peine imprégné de la vapeur meurtrière. Que seroit-ce dans un grenier, sur-tout le tas de blé avec le charanson étant toujours sur le bas du plancher, et la vapeur montant toujours en haut ?

J'ai tué aussi des charansons eu les laissant dans un bocal, exposés aux ardeurs du soleil. La chaleur étoit au cinquantième degré du thermomètre de Réaumur. Aucun n'y a résisté plus d'un quart-d'heure. Mais coinment communiquer une telle chaleur à tout un tas de blé? M. Duhamel a donné le moyen de le faire en

détail par les étuves; mais l'embarras et la dépense sont rebutans.

Quant aux punaises dont un lit est infecté, voici un moyen facile et infaillible de les détruire, même avec les œufs : c'est de mettre la garniture et le bois du lit dans un four chaud. Deux heures après la cuisson, la chaleur est encore assez forte. Qu'on laisse le tout pendant cinq ou six heures dans le four, tous les insectes doivent périr. On sait que, pour tuer un être vivant, il n'est pas nécessaire de le brûler ou de le cuire; il suffit de lui faire respirer pendant peu de temps un air plus chaud que celui de son corps.

Telles sont mes observations. Si elles vous semblent utiles, vous pouvez en faire usage. Mais, de grace, Messieurs, n'oubliez pas de rappeler souvent à nos chers villageois combien les impôts actuels sont avantageusement compensés par la suppression de la dime et de tant d'autres extorsions qui les ruinoient. On ne cesse de leur exagérer les contributions actuelles; on les menace d'impôts plus forts. Rétablissez les faits. Ils ont confiance en vous; ils savent que vous estimeż trop le peuple pour le flatter, et que vous l'aimez trop pour le tromper.

RÉPONSE.

On nous adresse une recette; on nous dit qu'elle a réussi; nous devons la publier. Un homme éclairé en fait l'épreuve, elle manque ; nous publions aussi sa critique. Le public juge. La science est fille du temps. Pour parvenir à une découverte, il ne faut pas craindre une méprise; d'ailleurs les fausses recettes ne sont pas si fâcheuses en agriculture qu'en médecine. Les nôtres n'ont pas sauvé un seul grain de blé; soit : mais aussi elles n'ont pas fait éclore un seul charanson. C'est assez; parlons de l'impôt.

Sur les contributions de cette année.

Plusieurs administrations ont publié des calculs qui prouvent en détail ce que l'assemblée nationale avoit

démontré en masse ; que le soulagement du peuple est immense ; que ses charges sont vraiment réduites.

La répartition générale des contributions est entièrement consommée dans les départemens du Gard, dans tous ses districts et dans toutes ses communes. Cette opération faite, on a reconnu que tous les habitans payoient, en 1789, cinq millions 300 mille liv.; qu'ils sont taxés aujourd'hui à 4 millions 300 mille livres; ce qui forme une différence au profit des administrés, d'un million. Ajoutez-y la dîme, que des calculs très-bien faits portent à 1200 mille liv. par an. Ainsi, pour une population de trois cent vingt mille ames voilà une diminution d'environ deux millions deux cent mille livres.

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Il n'est pas un coin du royaume où l'on ne puisse tirer des mêmes calculs un résultat semblable. Et cependant que de soulagemens n'y sont point entrés en compte ! Plus de gabelles, plus de droits sur le tabac, sur les fers, sur les cuirs, sur les amidons : plus d'équivalent, plus de droits d'entrée, plus de taxes sur le transport des marchandises. Le fardeau de ces exactions étoit pourtant assez sensible pour qu'on s'en souvienne.

Mais a-t-on même besoin de ces calculs pour reconnoître la diminution réelle des charges publiques? Ne suffit-il pas de savoir deux faits certains, de faire deux réflexions simples?

1o. Sous l'ancien régime, la levée des impôts coutoit à l'Etat cent treize millions; aujourd'hui la perception n'en coute que trente-trois : voilà un bénéfice de quatre-vingts millions! A quoi auroit-il été employé, si ce n'est à la décharge du peuple?

2o. On sait que les capitalistes ne payoient autrefois qu'une portion infiniment foible des impôts. directs; aujourd'hui les taxes de la contribution mobilière atteignent leur fortune tout entière, et ils ne peuvent fuir la charge légitime d'une cotisation proportionnée à leurs jouissances. Or ce que paye de plus le capitaliste, il est clair que le cultivateur doit le payer de moins.

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