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ignorés ou des royaliftes, ou des intrigans ! Il faut être bien sûr de fon choix.

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Les fections de Paris avoient adopté une mesure qui femble devenir plus néceffaire depuis qu'une méditation plus profonde des principes leur interdit le choix des citoyens les plus généralement connus c'étoit de faire leurs élections par appel nominal, c'eft-à-dire à voix haute. Dans beaucoup d'endroits où un grand nombre de citoyens, d'ouvriers, par exemple, tiennent en quelque forte leur fubfiftance d'un feul, il y auroit de grands inconvéniens à adopter une mefure qui gêneroit leur liberté; mais à Paris, où aucune claffe ne domine, on n'a à redouter que l'intrigue: or, l'intrigue aime le mystère & travaille dans l'ombre. Avec un fcrutin fecret, des intrigans, des ennemis du bien public peuvent former une majorité; mais en public, mais à voix haute ils n'oferont jamais jeter en avant ni un inconnu ni un homme connu pour un mauvais citoyen.

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On ne voit pas pourquoi la convention s'entête à tracaffer fur ce fujet les fections de Paris. Plufieurs, par amour de la paix, ont repris l'ancien mode avec inquiétude. La plupart fentant que le falut de la France, & peut-être de la république, tient à la pureté de fes choix, perfiftent dans cet ufage qu'elles ont adopté & fuivi conftamment depuis la révolution du 10, & contze lequel perfonne n'avoit encore reclamé. Elles difent à la convention: Vous nommez à haute voix vos officiers & les miniftres de la république, de quel droit pouvezyous nous empêcher de nommer de la même manière les officiers & les miniftres de la cité ?

La convention est évidemment en contradiction avec elle-même. En raifonnant un peu, il ne feroit peut-être pas très-difficile de prouver qu'elle eft en contradiction avec les principes.

En fuppofant que même fans attendre la fanction du peuple, vu la néceffité d'admettre des loix ou réglemens provifoires, il faille obéir au décret qui maintient toutes les anciennes loix, ce décret ne peut avoir l'extenfion qu'il préfente d'abord ou qu'on veut lui donner, fans. être en contradiction avec les principes de la révolution du 10 août.

Une ancienne loi portoit la diftinction des citoyens actifs & paffifs cette loi n'a pas été ab ogée. Faut il la fu vre pour cela? Qu'on ne dife pas que l'affemblée légiflative a prononcé que tous les citoye is domiciliés aument vox dans les affemblées; ce décret ne concernoit

qué la nomination des électeurs pour former la convention. L'affemblée légiflative ne pouvoit ni ne devoit en dire davantage; elle ne pouvoit que propofer des mesures paffagères & non des modes fixes & conftans autrement elle auroit décrété des articles conftitutionnels; droit qu'elle n'avoit pas.

La ci-devant conftitution porte que les affemblées primaires n'ont d'autres fonctions que celle d'élire. Ce principe impie renverfe la fouveraineté du peuple. Faut-il le fuivre encore?

Ces loix & plufieurs autres qu'on pourroit citer n'ont point été abrogées par la convention elles l'étoient déjà par le fait, lorfqu'elle s'eft réunie, & la convention auroit cru ridicule & abfurde de détruire ce qui n'existoit plus ainfi le décret mal rédigé qui prolonge la durée de toutes nos loix, ne fignifie autre chofe finon que toutes les loix qui n'étoient nulle part abrogées par le nonufage, refteroient intactes jufqu'à nouvel ordre.

Quoi qu'il en foit de cette difcuffion, nous invitons & les fections & la convention nationale à ne point faire de fchifme pour des difputes de mots; nous invitons la commune entière à laiffer nos législateurs travailler à des loix, & à nommer cependant les hommes du patriotisme le plus éprouvé, de la probité la plus reconnue, & des talens les plus distingués.

Nouveaux détails fue Louis XVI & fa prifon.

Au nom du peuple français les nations voifines refpirent; mais les émigrés fe cachent, les petits princes d'Allemagne fuient, les rois battent en retraite, le pape fe figne de peur; toute l'Europe eft en mouvement & dans l'attente. Le premier auteur de cette agitation univerfelle, Louis XVI, que fait-il dans fa tour? Il dort ou dit fon breviaire. Les événemens qui fe paffent en foule autour de lui à fon occafion, & dont il eft inftruit puifqu'il voit réguliérement (en cachette de fa femme) le journal du foir & celui des décrets & des débats de la convention, n'affectent en aucune manière fon ame impaffible. Il a perdu un peu de fon embonpoint ; il ne mange & ne boit plus tant qu'autrefois; du refte, on le prendroit pour le plus ftoïque des philofophes, fi on ne favoit pas qu'il eft devenu le plus stupide, c'est-à-dire le plus dévot des hommes.

Seroit ce en conféquence de ce caractère que la commune de Paris, chargée du foin de fa perfonne, & refe

ponfable de tout ce qui peut lui arriver, femble à cet égard d'une infouciance dont nos ennemis domestiques pourroient profiter? I eft certain que Louis Capet & fa famille pourroient être beaucoup mieux gardés. Des quatre cents citoyens qui font chaque jour le fervice militaire du Temple, quarante feulement entrent dans la tour, la plupart avec des piques. On ne devroit admettre dans l'intérieur que des fufiliers, fans oublier de leur diftribuer bon nombre de cartouches; très-fouvent ils n'en ont pas une feule. Pourquoi n'y a-t-il pas du canon fur chaque tour & au pied de cette petite fortereffe; il n'y en a que deux dans la grand'cour du cidevant palais du Temple: Santerre ne vifite pas affez fouvent ce pofle important. D'ailleurs, on ne prend plus le foin dans les fections de choifir parmi les volontaires ceux fur lefquels on pourroit compter davantage. C'eft le hafard ou le fort qui envoie pour garder l'intérieur de la tour les quarante fentinelles pris parmi le détachement des 400 hommes; en forte qu'il peut s'y trouver des gens fufpects ou prêts à fe rendre à la première féduction; d'ailleurs l'efcalier eft très-étroit dans cette tour & n'a qu'une iffue. Cette garde, fur-tout fi elle n'eft compo fée que de piquiers, feroit facilement égorgée par 200 brigands bien déterminés, qui fe préfenteroient pour enlever les prifonniers.

Pourquoi ne pofe-t-on pas des fentinelles le long des murailles qu'on vient d'élever, & que des gens leftes efcaladero ent fans beaucoup de peine?

Pourquoi aufli combler les foffés qu'on avoit creusés à grands frais au pied de la tour? ils euffent été d'une bonne défente, en les rempliffant d'eau, et en y jetant un pont levis. Si Louis Capet avoit le génie induftrieux de la Tude, y auroit long gtemps qu'il feroit en liberté."

il

Nous avons à Paris une cavalerie volontaire, bien montée, & qui ne fait point de fervice. Pourquoi n'en pose-ton pas deux ou trois piquets au premier pofte de l'enceinte du Temple? On devroit y placer fur-tout les huffards de la mort; cette troupe donneroit à ce pofte le caractère qui

lui convient.

Louis XVI occupe feul un appartement dans la tour; il s'y fit dernièrement apporter deux ou trois milliers de volumes, & s'oppofa à ce qu'on les lui mît en ordre, fe réfervant le plaifir de les arranger lui-même. Il paroît que l'ennui eft le feul fentiment pénible que le ci-devant roi éprouve dans fa prifon. Il occupe le fecond étage avec Cléri, fon valet de chambre, qu'il ne gardera pas longtemps, les gages que la municipalité lui donne à préfent

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Louis Capet.safemme sa Sœur son file etra Fitto dinent ensemble dans son appartement de la Tour du Temple, le guichetier présent.ainsi que deux officiers municipaux, dont l'un annonce en lirant sa montre, qu'il est trois heures,et que sa jèmme va belle cœur etrafille dowent se retirer

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