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bonnets de poil & des canons mêche allumée, n'ont pas la force du fimple ruban de foie qui contint le peuple pendant un mois fur la terraffe des Feuillans.

Une garde armée n'eft pas feulement inutile; elle eft encore impolitique, injurieufe & attentatoire à l'égalité. Six gardes autour de la perfonne d'un député eft la diftinction la plus odieufe, la plus révoltante dont on le foit encore avifé.

Mais, diront nos députés Chaque jour à la tribune, Marat défigne à la vengeance du peuple de Paris & dest départemens, quelques uns d'entre nous dont tout le crime peut être eft d'avoir bleflé l'amour-propre de cet énergumène. Législateurs d'un jour, ne calomniez pas vos commettans; quatre années de révolution leur ont appris à ne pas juger & condamner fur parole. N'émettez à la tribune que des propofitions patriotiques ; ne décrétez que des loix juftes: on refpectera vos perfonnes, tant qu'on respectera vos décrets; &, d'ailleurs, une garde, fût-elle d'un million de sbires, ne mettra pas à l'abri de la haine publique, ou du mépris univerfel, un' député qui trahiroit fon devoir.

Mais peut-être avez-vous une arrière penfée; ce n'est peut-être pas tant une garde militaire que vous défirez en ce moment, que le prétexte & l'occafion de fortir de Paris, dont la furveillance active vous gêne, vous importune, vous bleffe. Avouez-le, vous redoutez la préfence des fans-culottes ; mais nous vous en prévcnons, vous en trouverez par-tout; comme les remords ils s'attacheront à vos pas; vous les aurez toujours en face; vous espérez peut-être encore de les mettre aux prifes avec vos gardes, & alors vous vous écrirez avec une douleur feinte, ou une fauffe peur: allons-nous-en de Paris, nous n'y fommes pas en sûreté !

Nous terminerons par une confidération dont le réfultat eft dans l'ordre des chofes poffibles.

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Qu'un Mazaniel, un Marat ou tel antre, après avoir laiffé à deffein la convention décréter qu'elle s'environnera d'une maison militaire, parcoure la ville raffemble autour de lui la multitude dans les places publiques, fur les ports, dans les halles, dans le faubourg des fans-culottes, ou dans celui du Finistère, & dite aux citoyens

Frères la convention eft un ramas de petits defpotes timides qui vous craignent, puifqu'ils s'entourent d'une force qui vous eft étrangère. Ils ont voulu déjà vous

défendre de faire la nomination de vos magiftrats à fcrutin ouvert; eux qui n'ont point été élus autrement dans l'affemblée électorale. Ce font des ingrats qui efpèrent vous mettre à la raifon avec une maison militaire. Souffrirez-vous cet affront? Je vous vois indignés tous ainfi que moi, votre ami. Eh bien! mes amis ! voulez-vous, me fuivre ? Je ferai votre chef. Marchons à l'inflant à la convention. Je vous indiquerai ceux de vos repréfentans dont il faut vous affurer; d'abord vous irez droit à la rencontre de cette garde dont on vous menace; nous leur parlerons d'abord comme à des frères; s'ils ne fe rendent pas à nos raisons, alors, il le faudra bien, nous les empêcherons d'aller plus avant. Puis nous retournerons à la falle de la convention; là, moi & un petit nombre de vos députés reftés fidèles au peuple, nous vous propoferons une forme de gouvernement beaucoup fimplifiée. Il n'y fera pas queftion de roi. Nous avons juré tous l'abolition de la royauté. Mais peut-être pour le moment vous faudra-t-il, non pas un dictateur, comme Ju les-Céfar, non pas un protecteur comme Cromwel, mais un tribun, comme l'a été l'infortuné Gracchus, fans gardes, fans fufils, fans canons....

Il nous femble déjà entendre la multitude s'écrier! bravo! bravo! & l'on voit où tout cela peut nous mener & nous ferions redevables de cette déforganisation sociale à une poignée de petits ambitieux, jaloux d'avoir des gardes.

Lyon. Dimanche, 7 de ce mois, entie 8 & 9 heures du foir, il y a eu ici un rafemblement de 4 à 500 hommes. Ils font allés à la prifon Saint-Jofeph, ef font fait donner deux ci-devant nobles, qui étoient détenus pour caufe d'enrôlement pour les émigrés; ils ont été à l'inftant expédiés pour l'autre monde; l'attroupement eft refforti de la prifon comme il y étoit entré, c'est àdire, avce le plus grand calme. Enfin cette affaire a été faite avec tant de fecret & de tranquillité que les trois quarts de la ville n'en favent rien. L'un des deux morts eft un fieur Alier, frère de madame Duplain, à Paris.

NATIONALE.

CONVENTION

Séance du famedi 6 octobre 1792, au premier de la répu blique.

Le général Montefquiou a écrit à la convention pour la prier d'accepter fa démiflion; il ne peut plus refter. à la tête de l'armée, après le décret du 26 feptembre., La convention décrète l'ajournement, tant de la démis-, fion que du rapport du décret adopté.

Des citoyens de la fection du Temple ont préfenté une pétition qui avoit pour objet d'inviter l'aflemblée à ne pas adopter la mefure propofée de faire venir des quatre-vingt-trois départemens une force armée pour garder les repréfentans du peuple. La pétition a été renvoyée au comité des fix.

On a lu des lettres des généraux Dumoarier & Cuftines. Le premier annonce qu'il fait paffer des. forces dans le Nord; le fecond envoie à la convention cinq drapeaux pris fur l'ennemi dans la journée du 30. Nous avons rendu compte de fa lettre.

Sur la motion de Camus, la convention a décrété que les fceaux de l'état, le fceptre & la couronne du ci-devant roi, feront brifés avant d'être portés à l'hôtel des monnoies.

On a fait lecture d'une lettre des commiffaires de la convention à l'armée du Midi; ils rendent compte des difpofitions où ils ont trouvé les Savoifiens, qui les ont accueillis par les cris de vive la république! vive la convention nationale! N'ayant reçu aucune plainte contre le général Montefquiou, les commiffaires penfent qu'il doit refter à fon pofte.

François Neufchâteau avoit été nommé miniftre de la juftice; il a refuté.

Dimanche 7. Un prifonnier de l'Abbaye a demandé à être amené à la barre , pour communiquer des chofes très-importantes. L'affemblée a décrété que deux membres du comité de furveillance iroient recevoir fa dépofition dans les prifons.

Le miniftre de l'intérieur eft tenu de rendre compte, féance tenante, de l'exécution de la loi fur la nomination du maire de Paris.

Une commune voifine de la Suiffe ayant écrit qu'elle

foupçonnoit les intentions des cantons helvétiques, l'affemblée a nommé des commiffaires pris dans fon fein, pour aller conftater l'état de cette partie de nos frontières. Le pouvoir exécutif eft chargé de prendre des mefures provifoires.

Un membre a converti en motion la propofition faite par Roland de défendre l'exportation des bœufs, vaches, chèvres, &c., & de tous les beftiaux. (Renvoyé aux comités de commerce & diplomatique réunis. )

Le miniftre de la guerre a fait paffer une lettre du général Anfelme, qui annonce la prife de la ville de Nice. Cette lettre a déterminé le rapport du décret de deftitution prononcé contre Montefquiou.

Un fecrétaire a lu deux lettres des commissaires envoyés dans le département du Nord; elles annoncent que Labourdonnaye va entrer à Lille, qu'on bombarde toujours, & que plufieurs perfonnes, foupçonnées d'avoir des intelligences avec l'ennemi entre autres un feur Belfort, ont été arrêtées. Ce dernier a fait réfiltance dans fon château, & a eu le temps de brûler fes papiers. Les commiffaires demandent une augmentation de pouvoir, qui leur eft accordée.

Le département des Pyrénées orientales a informé la convention que l'Efpagne faifoit un raffemblement de troupes fur nos frontières.

Lundi 8. Sur la pétition d'un citoyen qui fe plaint d'être détenu en vertu d'un ordre arbitraire, la convention a décrété, 1°. « que les perfonnes qui feroient déte» nues dans d'autres lieux que les prifons défignées par » la loi, y feront transférées dans le délai de quinze » jours. 2°. Quinze jours après la publication du préfent » décret, les perfonnes détenues contre lefquelles il n'y » auroit ni mandat d'arrêt, ni décret d'accufation, fe≫ront mises en liberté. 3°. Le comité de furveillance » de la convention eft autorifé à aller dans les différentes prifons pour y connoître le nombre des déte»nus & les motifs de leur détention ».

On a lu une lettre des commiffaires conventionaux envoyés à Lille; ils annoncent la levée du fiége de cette ville comme très-prochaine. On propofoit un décret rémunératif pour la ville de Lille. Un membre demandoit qu'on l'étendit auffi à celle de Thionville. Le tout a été renvoyé aux comités.

Une autre lettre des commiffaires aux armées réanies, a appris que l'armée pruffienne pourfuivoit fa retraite, & que nous continuons à lui enlever des effets de campement & à lui faise des prifonniers.

Le rapporteur du comité des fecours propofoit de mettre à la difpofition du miniftre de l'intérieur un million pour les fecours provifoires à accorder aux citoyens dont les propriérés ont été endommagées par l'ennemi. Cambon a trouvé que cette fomme, trop forte pour un feul département, ne l'étoit pas affez pour la totalité de la république, & il a demandé qu'il fût décrété en tout cinq millions pour l'emploi propofé.

Le miniftre Roland a dénoncé une proclamation faite fous le nom du confeil exécutif, quoique n'ayant point été délibérée au confeil. L'imprimeur de cette proclama-tion eft mandé à la barre.

L'ex-miniftre Servan a envoyé fes comptes; il a la permiffion de fe retirer.

Des lettres de Bournonville & Labourdonnaye ont appris que le feu de l'ennemi fur Lille avoit ceffé, & qu'il travailloit à fe retirer.

Mardi 9. Buzot a fait un rapport au nom du comité militaire & de la commiffion des neuf, fur la force armée qui doit être mife à la difpofition de la convention nationale. L'impreffion du rapport a été décrétée. La difcuffion s'ouvrira jeudi.

Les adhésions au décret qui abolit la royauté arrivent toujours en foule.

Le miniftre de l'intérieur a fait paffer des détails fur le vol du garde-meuble; il a appris qu'un joaillier, nommé Chérébert, avoit beaucoup coopéré, par fon civisme & fa probité, à faire arrêter une partie des voleurs. L'af femblée a fait mention honorable dans fon procès-verbal, de la conduite du citoyen Chérébert.

Les citoyens de Bar-le-Duc ont fait décréter que cette ville s'appellera déformais Bar-fur-l'Ornin.

La loi fur les émigrés, décrétée dans la précédente féance, a été rédigée & adoptée ainsi qu'il fuit:

« 1°. En exécution de la loi qui prononce la peine de mort contre les émigrés pris les armes à la main, ceux qui feront pris feront livrés à l'exécuteur de la justice, & mis à mort dans les vingt-quatre heures. Il fera auparavant conftaté, par une commiffion de cinq perfonnes

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