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ont été pris par la perfidie & la lâcheté des citoyens ; & qu'il eft inftant de prendre des mesures pour empêcher les effets de la trahifon, décrète :

» 1°. Il fera accordé à tous commandans de places fortes ou villes en état de guerre, le pouvoir de renvoyer tous les gens fufpects, toutes les perfonnes nuifibles ou inutiles.

2, Tout commandant de place forte eft autorifé à faire exécuter militairement tous les ordres.

»3°. La maifon de tout citoyen qui parlera de la reddition fera rafée; s'il n'eft point propriétaire, fes meubles feront brûlés fur le carreau de la place.

4. La préfente lettre fera imprimée à la fuite de celle du 26 août dernier, & fera envoyée de fuite aux commandans des places fortes par des courriers extraordinairés.

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Samedi 8 à 10 heures du matin. Les fections de Paris, les villages, bourgs & hameaux du département de Paris & circonvoifins, préfentent avec joie des bataillons armés qu'ils envoient combattre l'ennemi. Des frères, des filles, des époufes les accompagnent. L'affemblée applaudit à ce touchant & fublime fpectacle.

M. le préfident a communiqué des dépêches de Châlons; la plus intéreffante porte que le mandat décerné par le roi de Pruffe & par le duc de Brunswick contre deux adminiftrateurs du directoire féant à Bar-le-Duc, & auquel ces deux hommes ont obtempéré, avoit pour but de fommer, dans leur perfonne, tout le département de la Meufe, de livrer à l'armée ennemie, dans les trois jours, vingt-cinq mille facs de farine & autant d'avoine; la fommation n'a pas eu de fuccès. Le département laiffe en ôtage les adminiftrateurs qui fe font rendus auprès des chefs ennemis; à cette pièce eft jointe une notice de la marche de l'ennemi; il s'eft porté à Clermont. M. Biron, avec l'avant-garde de M. Dumourier, compofée de fix mille hommes, occupe les hauteurs de SainteMenehould, pofte très-avantageux. Les adminiftrateurs de Château-Thierry ont écrit aufli que l'affemblée électorale du département de la Meufe avoit quitté Bar-le-Duc, & éfoit venue fiéger à Château-Thierry.

Sur la propofition d'un membre du comité d'agricul ture, l'affemblée décrète le partage des communaux entre les habitans des campagnes. Le mode de ce partage eft

renvoyé

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renvoyé au comité. M. Cambon demandoit que ce par tage le fit par tête & non fuivant la fomme de propriété de chaque habitant. L'aflemblée a renvoyé le tout

au comité.

Le miniftre de la guerre a mandé qu'il venoit de recevoir quatre courriers; le premier de Luckner, qui n'apporte que des détails militaires; le fecond, de M. la Bourdonnaye, ordonnateur du camp de Sciffons, qui apporte l'heureufe nouvelle de l'arrivée au camp de toutes les farir es néceffaires à fon approvifionnement, & que celui de Châlons eft pourvu. M. la Bourdonnaye prie le miniftre d'empêcher que les citoyens fe préfentent au camp fans armes, parce que, dans ce cas, ils ne font qu'y confumer des vivres. Le troifième courrier de M. Morthon, commandant dans l'armée du Nord, annonce le départ du fecours qui doit renforcer M. Dumourier. Le quatrième courrier eft de M. Dumourier; il écrit que les Prifiens font toujours au camp d'Oudeville, fous Verdun. Le général Dumourier communique au miniftre les plans pour tomber à propos fur l'ennemi. M. Servan déclare, fans découvrir le fcret de M. Dumourier, qu'il eft fatisfait des vues de cet actif & prudent officier.

Le miniftre de la juftice a annoncé à l'affemblée que M. Adrien Duport, ex-député à l'affemblée conftituante, vient d'être arrêté à Melun: il communique à l'affemblée le procès-verbal qui lui a été adreffé à ce fujet, & il dit qu'il a été ordonné qu'on ne le transférât pas en ce moment à Paris.

Ainfi que nous l'avons dit dans le dernier numéro, page 444, l'affemblés a décrété qu'on pourroit déformais voyager dans l'intérieur du royaume, à dix lieues des frontières & de l'ennemi fans paffe-ports.

A l'occafion d'une pétition des citoyens de la fection des Lombards, qui font venus jurer l'union autant que l'égalité l'affemblée a décrété, fur la propofition de M. Briffot, que les originaux des pétitions des huit mille & des vingt mille feroient b.ûlés: elle déclare regarder comme ennemis du bien ceux qui feroient ufage de ces liftes.

M. Pétion eft venu à la tête de plufieurs cfficiers municipaux propofer à l'affemblée de changer le local de fes féances, mal fain & trop étroit; il a indiqué, comme lieu comNo. 166. Tome 13 F

mode, l'ancienne falle de fpectacle du château des Tuiferies. L'affemblée a renvoyé à fon comité d'inftruction. Elle a décrété de fuite que les fix tribunaux criminels provifoires établis à Paris étoient diffous.

Dimanche 9, à 10 heures du matin. Le miniftre des affaires étrangères a averti l'affemblée que les gardes nationaux de Béfort font allés, avec du canon, s'emparer de la ville de Montbeillard; mais comme cette ville appartient au prince de Wurtemberg, avec lequel nous ne lommes point en guerre, le directoire du Haut-Rhin vient de prendre des mefures pour la reftitution de cette pláce.

Dès citoyens font venus demander qu'il foit porté une loi qui fufpende les pourfuites pour dettes contre les citoyens qui font au fervice de la patrie fur les fron-. tières. Le comité de légiflation eft chargé d'examiner cette pétition.

Le miniftre de la guerre a écrit à l'affemblée, pour la prier d'étendre le décret qui défend aux garçons boulangers de s'enrôler, aux ouvriers en fer & en bois, C'est le befoin de faire des caiffons qui a porté le miniftre à faire cette propofition. L'affemblée l'a décrétée. Sur la demande du ministre de la guerre, provoquée par le général Montefquiou, l'affemblée a décrété le licencîment du régiment Royal-Liégeois.

Un de MM. les fecrétaires a fait lecture d'une lettre des commiffaires envoyés à Châlons. On travaille avec activité au camp fous les murs de cette ville. Des troupes arrivent de toutes parts, le maréchal Luckner a renvoyé fur le derrière tout ce qui n'eft pas armé, afin de ne pas confommer les approvifionnemens qui fe font avec activité.

Les projets des ennemis nous font inconnus; ils font femblant de vouloir attaquer Thionville & Metz. Lę duc de Brunswick, à la tête de 50 mille hommes', est placé entre Verdun & Clermont; 15 mille émigrés font derrière Longwi; 25 mille Autrichiens occupent auffi les environs de cette ville; 80 mille hommes font répandus dans la Flandre & le Brisgaw.

Le général Dumourier eft au camp de Grand-Pré avec fon armée, forte de 42 mille hommes; fon avant-garde, commandée par M. Biron, occupe Sainte-Menehould; fa pofition le rend inattaquable.

Kellermann, avec 16 mille hemmes, eft vers Bar-leDac. M. Arthur Dillon commande fon avant-garde, compofée de 7 mille hommes.

M. Luckner eft à Châlons avec fon armée. L'affemblée a renvoyé à la commiffion de furveillance générale la propofition qui lui eft faite.

Sur la propofition de M. François de Nantes, il a été décrété que le gouvernement achetera les fufils de munition de réforme, qui font dans les magafins des négocians qui font le trafic fur la côte de Guinée.

Elle décrète enfuite la formation d'une légion de chaffeurs braconniers, fous les ordres de M. Andrieu. Mais que déformais aucun corps de troupes légères ne sera formé avant un état-major particulier fur l'ancienne for

mation.

Sur la propofition de M. Rulh, l'assemblée a décrété que les pères dont les fils n'habitent pas la même municipalité qu'eux, feront tenus d'y juftifier de leur réftdence dans le royaume; à défaut de faire cette preuve, leurs enfans feront préfumés émigrés, & les pères feront tenus de payer aux receveurs de diftrict l'équipement armement & entretien d'autant de volontaires nationaux qu'ils auront d'en fans hors de la municipalité.

Le ministre de la guerre s'eft plaint que plufieurs perfonnes venoient fans ceffe lui demander l'état & la quotité de nos forces: il a'oblervé que ces détails donnés indiftin&tement pourroient compromettre la sûreté de l'état. L'affemblée, par un décret, l'a difpenfé de donner ces explications.

Sur la propofition du comité militaire, il a été décrété que tout garde national qui ira rejoindre l'armée recevra trois fous par lieue ou l'étape, & jamais l'un & l'autre.

M. Deftreim, au nom du comité d'agriculture, a propofé, & l'affemblée a décrété que les municipalités font autorifées à retenir les ouvriers néceffaires à la culture des terres; que les corps adminiftratifs pourront requérir les propriétaires des grains de les porter au marché s'ils négligeoient de le faire.

Par un décret particulier, l'affemblée a enfuite fixé des indemnités à accorder à la gendarmerie nationale, celle du département de Paris & de la ci-devant île de France n'y eft point comprise.

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Lundi 10, à dix heures du matin. Une foule d'adrelles d'adhéfion & de nominations de députés à la convention, a été lue. L'affemblée a entendu enfuite la lecture des dépêches des généraux Biron & Kellermann, qui annoncent que la jonction avec M. Dumourier va s'effectuer & que le chemin de Paris fera fermé à l'ennemi. Le miniftre de la guerre a dit qu'il étoit informé du fiége de Thionville, mais que cette place étoit bien deftinée à tenir ferme, & que les habitans avoient juré de fe défendre jufqu'à la mort; il a terminé par démentir formellement l'affertion contenue dans une lettre lue la veille à l'affemblée, & fignée ou prétendue fignée par les officiers de la garniton de Landau, portant que cette place, étoit dénuée d'approvifionnemens. Le miniftre attefte qu'il y a quatorze mille neuf cent trente fept facs de farine, & que le refte des provifions eft à l'avenant.

Un commiffaire de l'armée du Rhin a appris à l'affemblée qu'on avoit découvert fous des ferrailles, dans un des arfenaux, quinze cents canons de fufils qu'on y avoit cachés. L'affemblée renvoie au comité de surveillance le rapport de M. le commiffaire, & pour obvier aux fraudes de ceux qui voudroient cacher des armes appartenantes à l'état, elle décrète que dans huitaine tous ceux qui font dépofitaires d'armes appartenantes à l'état en donneront les détails, & s'ils en fouftraient, ils feront condamnés à fix ans de gêne.

M. Ruems, commiffaire de l'affemblée à Rochefort, a écrit qu' envoie à Paris quarante voitures chargées de fufils, & qu'il y envoie des bateaux chargés de boulets & de pièces d'artillerie.

Un citoyen de Paris qui part pour l'armée, & dont la fortune confifte en rentes viagères fur l'état, demande que ces rentes affifes fur fa tête feulement, foient réverfibles fur ceile de fon père, s'il perit en combattant. L'affemblée nationale approuve cette pétition; elle décrète, en termes généraux , que les rentiers viagers fut l'état qui périront en combattant pour l'état, tranfmettront fur la tête de leur héritier leur rente viagère.

Sur la propofition de M. le Tourneur, il eft également décrété que les toiles des chaffes du roi feront employées à faire des tentes pour les armées.

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Sur la demande de M. Torné, il est décrété auffi

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