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Des commiffaires ont été nommés pour favoir ce qui fe paffoit au Temple; ils font revenus peu après, & ont rapporté que tout y étoit tranquille, & que la famille de Louis XVI ne couroit aucun danger.

Sur la propofition de M. Thuriot, il a été décrété, 1 que tous les procès criminels intentes depuis le mois de juillet, 1789 julqu'à ce moment, pour des faits relatifs à la circulation des grains ou au partage des biens communaux, feront annihillés. 2°. Que les perfonnes détenues pour ces caufes feront mifes en liberté fans délai. 3o. Sont exceptées de cette difpofition celles qui ont répandu ou reçu de l'argent pour exciter ces émeutes.

L'aflemblée décrète aufli par fuite que les perfonnes détenues pour la manifeftation de leurs pentées, feront m fes en libe té.

Le ministre de l'intérieur eft venu fe plaindre d'être entravé dans fa marche & demander qu'on le laifsât agir.

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Celui de la guerre a notifié la prife de Verdun, & que la ganiton s'eft repliée fur Chalons. Après cette notification, le miniftre le plaint qu'on répand de faux bruits pour agiter le peuple, & demande que l'affemblée démente ces bruits par une proclamation. (Renvoyé au comité.)

Des citoyens ont demandé la révocation du décret d'acufation rendu contre Marat.

M. Genfonné, membre du comité de furveillance gé nérale, a propofé à l'affemblée un projet de décret pour cimenter l'union des citoyens & la paix intérieure, utiles pendant la guerre. L'affemblée a adopté le projet

de décret.

Art. I. «La municipalité, les corps adminiftratifs & le commandant de la garde nationale parifienne, font chargés de prendre tous les moyens de confiance que les citoyens ont mis en leur pouvoir, & de donner des ordres néceffaires pour faire refpecter les propriétés &, les perfonnes.

il.» Tous les citoyens font invités à fe rallier plus que jamais à l'afemblée nationale, & à concourir au rétabliffement de la tranquillité publique.

III. » Le pouvoir exécutif rendra compte, fous vingtquatre heures, des mesures qu'il aura prifes pour le dé

part des troupes qui doivent former le camp de Paris & occuper les poftes avancés de la capitale.

IV. » Le maire de Paris rendra compte, tous les jours à midi de la fituation de la capitale, & des melures qu'aura prifes pour l'exécution du préfent décret.

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V. » La municipalité, le confeil général de la commune, les corps adminiftratifs & le commandant de la garde nationale, fe rendront dans ce jour à l'affeinblée nationale, pour y prêter le ferment de maintenir de tout leur pouvoir la liberté, l'égalité, & de mourir en' les défendunt.

VI. Le préfident de chaque fection, & les citoyens de l'arrondiffement de la fection, font invités à prêter, dans ce jour, le même ferment.

VII. Par tout le royaume les autorités conftituées & les citoyens de chaque departement prêteront le même ferment.

VIII. » Le préfent décret fera proclamé dans le jour & porté fur le champ dans les quarante-huit fections par des commiffaires pris dans le fein de l'affemblée.

Mardi 4, à dix heures du matin. L'aflemblée nationale avoit nommé, dans le cours de la nuit, des commiffaires pris dans fon fein pour aller dans les fections de Paris défabuler les citoyens fur le projet attribué à l'affemblée nationale de rappeler Louis XVI fur le trône ou d'y placer les dues d'York ou de Bruntwick. M. Chabor a obtenu la parole. Puifque l'on cherche, a-t-il dit, à dépopularifer l'affemblée nationale, il faut que, par des actes éclatans, l'affemblée nationale impofe filence aux mal-intentionnés. Jurons que nous abhorrons la doctrine qu'on fuppofe être la nôtre; déclarons que nous avons éprouvé nous-mêmes les vices des rois & de la royauté, que nous les avons en horreur. L'affemblée fe lève toute entière, & jure la déclaration propofée par M. Chabot.

Une foule de citoyens en armes & prêts à partir défilent dans l'affemblée au bruit des applaudiffemens. Des compagnies de hullards, de chaffeurs, de volontaires.de toute elpèce, les fuivent au bruit du tambour. Les dous patriotiques fuccèdent & s'entaffent fur le bureau.

Sur la propofition du comité militaire, l'affemblée décrète qu'il fera remis aux officiers chargés de lever les différens corps de troupes les avances néceffaires, lef

quells avances feront enfuite relevées fur les paiemens faits à ces corps.

MM: les commiffaires à l'armée du Midi écrivent que tout le Midi eft dans le calme de la force & de l'union. Ils demandent que l'affemblée permetre aux tambours des régimens de ne plus porter les galons du roi, MM. les commiffaires écrivent d'Avignon à la date du 29. L'affemblée applaudit à la propofition de débarraffer de la livrée les tambours des régimens: elle l'a décrété.

Les administrateurs de Bar-le-Duc ont écrit pour confirmer la nouvelle de la prife de Verdun, & que l'ennemi fe portoit vers Montmédy. L'affemblée décrète fur la motion de M. Lacroix, que la commiffion extraordinaire fe concertera avec le pouvoir exécutif pour faire connoître au pouvoir exécutif l'état des magafins, arfenaux, &c., & les détails des plans de campagne.

Un courrier de M. Dumourier a annoncé que ce général venoit de fe pofter avec avantage dans les gorges, du Clermontois. Parmi les traits frappans qu'a rapportés› ce courrier, on a remarqué l'action d'une femme françaife qui a fait périr quatre cents Hulans, en leur faifant boire du vin empoisonné.

L'affemblée nationale avoit envoyé des commiffaires aux fections de Paris, pour diffuader les citoyens des idées défavorables qu'on avoit ef ayé de leur fuggérer contre, l'affemblée nationale. Ces commiffaires ont trouvé partout la confiance la plus entière dans l'affemblée natio-. nale. Toutes les fections leur ont fait un accueil flatteur & elles ont prêté, avec tranfport, le ferment du maintien de la liberté, de l'égalité & du maintien des loix confervatrices des propriétés & des perfonnes.

M. Merlin, commiffaire envoyé dans les départemens de l'Oife & de la Somme, pour accélérer l'enrôlement écrit à l'affemblée que celui de l'Oife a équipé & armé deux mille hommes qui font maintenant en préfence de l'ennemi. Ce département fournit auffi trois cents chariots & trois cents conducteurs. Celui de la Somme fourhit un femblable nombre d'hommes & de chariots.

Mercedis, à dix heures du matin. Les offrandes patriotiques continuent de s'amonceler fur le bureau citoyens qui partent viennent tout armés & équipés dé& les

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Aler devant l'affemblée, qui applaudit à leur dévou

ment.

Un membre a fait part de l'arrestation qui vient d'être faite fur la frontière d'une grande quantité d'espèces monnoyées d'or & d'argent, frappées au coin d'Efpagne on ufe de cette rufe pour éluder la loi qui défend l'exportation du numéraire français.

Sur la propofition de M. François, l'affemblée a dé crété que les employés des douanes qui font armés de fufils & de baïonnettes, remettront ces armes pour armer des foldats & recevront en échange des piques.

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M. le préfident a annoncé une lettre du miniftre de la guerre. M. Servant écrit que depuis hier il n'a reçu des armées aucun courrier intéreffant, mais que ce ma tin M. d'Arville, officier de Luckner, eft arrivé à Paris pour lui annoncer que ce général eft à Châlons, où il réunit des troupes à la garnifon de Verdun, qui s'y eft repliée avec armes, bagages & canons

L'un de MM. les secrétaires lit une lettre de l'adminiftration de département de la Meufe, féante à Bar-le-Duc. Ce département envoie à l'affemblée la copie de deux ordres que lui ont intimés le roi de Pruffe & le duc de Brunswick; ordres de fe rendre près d'eux à Verdun, dans le jour du lendemain, pour rendre compte de leur administration & auxquels, difent les administrateurs, nous avons été obligés d'obtempérer après en avoir délibéré avec le district & avec la commune de Bar. Ces adminiftrateurs ont été fur le champ décrétés d'accufa-tion, & déclarés incapables d'occuper aucune place. L'affemblée a décrété, en outre, 1°. que les membres de la nouvelle adminiftration qui fera formée, pourront transférer où bon leur femblera le lieu de leurs féances, & qu'il en fera ainfi de toutes les administrations menacées; 2°. que tout fonctionnaire civil ou militaire qui obtempérera à un ordre de l'ennemi, ou en recevra une commiffion quelconque, fera puni de mort; 3°. que les biens de ces perfonnes feront vendus comme ceux des émigrés.

MM. les commiffaires qui ont été envoyés à l'armée du Rhin, de retour près de l'affemblée lui rendent un compte additionnel à la correfpondance qu'ils ont tenue avec elle. Quarante-huit mille hommes difponibles compofent cette armée, indépendamment des garnifons &

des gardes nationaux qui la renforcent chaque jour da vantage, mais qui ne font point armés. MM. les commiffaires ont ordonné l'emploi de dix mille canons de fufils qui reftoient inutiles & fans montures dans un de nos arienaux. Ils déclarent que MM. Vitor & Jofeph Broglie ont cherché à égarer les foldats depuis la journée du io, & à leur faire abandonner la défense de la France, MM. Biron, Kellermann, Cultine & Ferrière font au contraire tout dévoués à la patrie.

MM. les commiffaires envoyés par l'assemblée à l'arfenal de Rochefort pour faire transporter des armes à Paris, ont écrit pour annoncer que leur miffion a eu plein fuccès. Ils ont fait charger 30 pièces de canon fur des vaiffeaux, & transporter à Paris, fur des voitures,' les armes dont l'état fuit: 103 pièces de canon, 50 mor tiers, 2000 fufils, 250 piftolets, 300 haches d'armes, 4co piques & un grand nombre d'inftrumens néceffaires au fervice de l'artillerie. L'affemblée applaudit à ce compte.

Une foule de volontaires qui vont oppofer leurs armes à l'ennemi, ont été admis à faire leurs adieux à l'af femblée.

La fection du Luxembourg eft venue apporter à l'affemblée une ftatue de la vierge en argent, de grandeur na turelle, de 266 marcs d'argent, & 37 marcs de vermeil. Ces richeffes viennent de l'églife Saint Sulpice: les citoyens qui les offrent, demandent qu'on donne en échange à cette églife une belle vierge de marbre qui fe rouve dans une églife fupprimée. L'aflemblée accède à leur demande.

Des citoyens du Bourg-la-Reine font venus demander que leur pays portât déformais le nom de Bourg de l'égalité. ( Décrété. )

Sur le rapport de M. Genfonné, l'affemblée a décrété ce qui fuit;

1. Les barrières de la ville de Paris feront ouvertes fur le champ, tous les citoyens pourront entrer & fortir librement. La commune de Paris, fi elle fait fermer" les barrières, fera tenue d'en informer le corps légiflatif. 2o. Les perfonnes qui fortiront du département de Paris, feront tenues de fe munir d'un paffe - port, conformé ment à la loi du 23 mars. 3. Les paffe-ports feront dé livrés par les affemblées de fection, & vifés par la mu

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