fiégé. (Renvoyé au pouvoir exécutif.) Le miniftre de la guerre eft venu apprendre, immédiatement après, que des lettres des généraux Biron & Kellermann avertiffent que l'ennemi fe porte für Thionville, mais que les dif pofitions militaires ne laiflent aucune crainte fur le fort, de cette place.

Le miniftre a fait part d'une idée que lui avoit fuggérée le général Kellermann d'employer à l'armement de l'infanterie lègère les fufils des dragons qui font à cheval, & de former avec les volontaires ainfi armés, des compagnies de chaffeurs. L'affemblée a fur le champ décrété cette mesure.

L'affemblée a décrété ensuite, fur le rapport de monfieur Beaupuy, que le pou oir exécutif pourra requérir, pour le fervice de l'armée, d'abord tous les chevaux de luxe, enfuite les chevaux de commerce, enfin les chevaux d'agriculture. Une foule de dons patriotiques, eft préfentée & acceptée.

L'affemblée avoit décrété que la moitié des chaffeurs & grenadiers de la garde nationale de Paris marcheroit aux frontières; mais comme un décret antérieur détruifoit les diftinctions de grenadiers & de chaffeurs, l'affemblée a interprêté fon décret, en difant que la levée fe fera indiftin&tement dans toute la garde nationale.

Le dévoûment généreux des citoyens de Verfa lles qui vont faire partir encore un nouveau bataillon, un détachement d'artillerie & deux compagnies à cheval, tous bien équipés, a été vivement applaudi par l'affemblée.

Une lettre de MM. Moineron & Logaret, commif faires envoyés dans le midi, a appris qu'ils avoient fait arrêter un fieur Molrénier, chef de confpiration, qui avoit enrôlé vingt mille hommes.

Sur la motion de MM. Cambon & Charlier, il eft décrété que les titres produits à la liquidation jufqu'à ce jour, feront. liquidés; mais à l'avenir, il ne fera plus admis de titre de créance fur, l'état.

Dimanche 2, à neuf heures du matin. Des dépêches de Verdun ont annoncé que le duc de Brunswick avoit fommé la ville de fe rendre, au nom du roi très-chrétien, légitime fouverain, à quoi les administrateurs, la garnifon & les habitans ont répondu qu'ils périroient plutôt que de rendre la ville.

Sur la demande de deux députés du camp de Soif

fons, convertie en motion, & au rapport de M. Maguier, l'affeaolée a décrété, 1o. le miniftre de la guerre elt autorité à retirer à la cavalerie les moufq etons. 2°. Ces arines feront rem fes à la difpofition du miniftre de la guerre, qui les emploiera de la manière la plus utile & notamment pour le camp de Soillons. 3°. Ces armes ne feront remifes qu'à des citoyens qui auront déjà toutes les autres pièces de leur équipement.

Le miniftre des affaires étrangères a communiqué des dépêches qui annoncent que vingt-deux mille Rules tráverfent la Pologne conquife, & vont traverser l'Allemagne, pour fe rendre fur les frontières de France; ils ne peuvent être ici avant l'hiver. Les envoyés de France près la Porte, avertiffent auffi qu'une flotte ruffe eft dans la mer noire, & fe difpofe à entrer dans la Méditerranée. Le miniftre doute de la vérité de cette nouvelle. L'aff mbiée renvoie ces notifications au comité de furveillance génér 1.

Un fecrétaire a annoncé que le miniftre de la marine avoit reçu des dépêches de Saint Domingue, qui appre noient le rétablillement de la paix dans cette colonie. - Sur la motion de M. Thuriot, l'affemblée a adopté le décrét fuivant :

1°. Le nombre des membres qui compofent le confeil de la commune de Paris fera porté à 288, non compris les officiers municipaux, le maire, le procurear de la commune & fes fubit tuts. 2°. Les 288 commiffaires actuels feront membres du confeil, à moins qu'ils ne foient révoqués & remplacés. 3°. Les fections auront toujours le droit de révoquer leurs commiflaires & d'en nommer d'autres.

Deux commiffaires de la commune ont été introduits ; ils ont appris à l'affemblée que vu l'approche de l'ennem, il avoit été arrêté au confeil-général que le tocfin alloit être fon é & le canon d'alarme tiré, & qu'à Pinftant des commiffaires partiroient pour réunir les citoyens patriotes qui marcheroient aux frontières. L'affemblée a applaudi à ces melures. M. Vergniaud a fur le champ pris la parole, & dans le plus beau mouvement d'enthoufiafme, il a demandé que les travaux du camp fous Paris fuflent pouffés avec activité ⚫ que tous les citoyens fufflent invités à s'y rendre avec des pelles, pioches, &c., & que douze membres de l'affemblée n

tionale fuffent, chaque jour, la pelle à la main, en tête de ces travaux. L'affemblée partageant l'enthoufiafme de M. Vergniaud, a adopté unanimement toutes ces pro pofitions; comme auffi celles de faire tonner le tocfia d'a'arme dans tous les dépa temens, d'envoyer des courFiers aux départemens frontières porter la nouvelle de l'arrivée d'un prompt fecours, & d'indiquer des lieux de raffemblement, où feront des commiffaires ordonnateurs. Le miniftre de l'intérieur a annoncé la découverte d'une confpiration dans le département du Morbihan. Le chefheu en étoit à la Roche-Bernard.

Sur le rapport de M. Dumas, l'affemblée a accepté. Joffre faite par MM. Reftaud & Dumont de lever deux corps de quatre cents huffards de la liberté. L'aflemblée décrète que le pouvoir exécutif eft: autorisé à faire dans les a mes tel es additions ou tel retranchement qu'il con viendra, comme d'entremêler les armes à feu d'armes longues, de piques, &c. &c.

le 3.

On I t une lettre du miniftre de la guerre. « M. de Biron m'annonce que 10,000 hommes fe joindront, M. Kellermann; M. Biron organife un corps de 15.000 hommes, deliné à poursuivre l'ennemi, s'il s'avançoit fur Paris. M. Dumourier me mande qu'il va garnir le Clermontois. Il est néceffaire de placer un corps de troupes Châlons; ce corps fera forme; Verfailles, Paris & les fédérés qui s'y trouvent, en fourniront le noyau. Il nous faut des armes, continue le miniftre, il en faut à l'inftang dix ou douze mille. Je prie l'aflemblés d'inviter les citoyens to bles ou âgés, à donner celles qu'ils ont.

Le miniftre de la juftice obtient la parole; & fur fa demande, l'affemblée décrète que tout citoyen qui refu fera la perfonne au fon arme, fera déclaré infame & trai tre; que tout citoyen d'une municipalité éloignée de plus de quarante lieues de la frontière, foit tenu de marcher ou de donner fon arme; que tout citoyen qui mettra quelque entrave ou oppofition aux ordres du pouvoir executif, fera puni de most. L'affemblée ordonne, en Outre que douze commiffaires pris dans fon fein concourront, avec le conseil exécutif, à la réunion des forces & des moyens de déf nie.

Une députation de la commune de Paris eft venue avertit l'allem blée que le peuple fe portoit vers les pritons, & deman doit qu'on lui livrât les prifonniers détenus pour

l'affaire du 10 août. A l'inftant, Faffemblée a nommé des comin ffaires pour aller haranguer le peuple. Peu après, ces commiffaires' reviennent & difent qu'ils n'ont obtenu aucun fuccès.

L'affemblée a décrété d'accufation M. Diétrick, maire de Strasbourg; & tout de fuite, fur le rapport de M. Genfonné, que les prifonniers de la haute cour feront tranf férés au château de Saumur.

Laffemblée a admis une foule de pétitionnaires qui apportoient des armes & de l'argent.

L'allemblée r met une fomme de quatre millions à la difpofition du miniftre de la guerre pour la fubfiftançe des troupes, & décrète, fur la demande de M. Verrière en faveur des gardes-françaifes organifés en gendarmerie, une exception à la loi qui ne connoit pas de 31 dans le mois pour le prêt. 1

Des commiflaires que l'affemblée nationale avoit en

déclarent emple, rendent compte de feur mithion, &

déclarent qu'ils y ont trouvé le plus grand calme. La féance eft fufpendue à onze heures & demie.

Lundi à dix heures du matin. MM. Tallien, Truchon & Gui ault, comm ffaires de la commane, font Venus à manière dont

2

"

le peuple avoit exercé fa vengeance dans les différentes pritons de Paris. Nous avons donné de récit en détail. L'affemblée a ordonné l'impreffion du rapport des commiflaires.

Le miniftre de l'intérieur communiqué à l'affemblée une lettre de Sédan, qui annonce que l'ennemi eft entré dans Stenay & qu'il cerne Montmedy; les adminiftrateurs de Sedan ajoutent que l'ennemi pille les grain's dans les campagnes, & les fait porter derrière lur dans le Luxembourg.

f

A cette nouvelle en fuccèdent de plus heureuses. Un député annonce, d'après le résultat d'une conférence qu'il vient d'avoir avec le directoire des poftes, que l'ennemi S'eft retiré de devant Verdun; il a rétrogradé für Longwy. Le courrier', qui en apporte la nouvelle, 'annonce qual a devancé un officier qui l'apporte officiellement. Les Pruffiens, après deux affauts, après avoir fommé inutilement la place de fe rendre, & après avoir vainement effayé de l'effrayer, furent bombardés pendant

douze

douze heures, dans la nuit du vendredi ; enfin famedi matin ils ont levé le fiége & battu en retraite.

Les commiffaires de l'armée du Nord ont demandé à refter encore près de cette armée, & ont annoncé la défaite de l'ennemi devant le camp de Maulde : il a perdu deux cent cinquante hommes, & nous onze.

Une lettre du miniftre a confirmé cette nouvelle, & a appris que M. Dumourier entroit en Champagne avec vingt-cinq mille hommes, pour fe joindre à Kellermann, & que M. Duhoux fe portoit auffi fur l'ennemi avec toutes les troupes du camp de Soiffons. Tout eft dans la plus grande activité, & fur les routes les habitans fourniffent avec empreffement des chevaux, chariots, &c.

Une lettre du commiffaire au camp de Soiffons apprend encore que l'avant-garde de Luckner avoit vigoureusement repouffé un gros d'ennemis,

Un grand nombre de citoyens viennent préfenter leurs hommages à l'affemblée nationale avant de partir pour la frontière.

Les commiffaires envoyés dans les départemens environnans Paris, ont écrit que leur miffion obtenoit le fuccès le plus complet.

Un député annonce à l'affemblée qu'un canonnier vient de l'inftruire de la pofition où fe trouve M. Jouneau, député, qui étoit détenu à l'Abbaye. L'affemblée décrète à l'unanimité, que M. Jouneau fe rendra à l'instant dans fon fein.

Les commiffaires envoyés à l'armée du centre ont annoncé que leur miffion étoit finie, que l'armée étoit dans les meilleurs fentimens, & que la jonction de Kellermann à Luckner produifoit le meilleur effet; que l'enremi commençoit à mefurer fes pas & à regarder en arrière.

Sur la demande d'un pétitionnaire, convertie en motion, il est décrété que l'argenterie des châteaux ci-devant royaux, & celle des émigrés, feront portées à Phôtel des monnoies.

L'affemblée avoit décrété que M. Jouneau, député, tiré de l'Abbaye par le peuple, fe rendroit dans fon fein. Il eft venu environné des citoyens qui l'ont accompagné & protégé. L'affemblée applaudit au civifme de ces derniers, & les invite aux honneurs de la féance: elle affigne à M. Jouneau un de fes comités pour prison. No. 165. Tome 13.

F