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Ferture pour donner l'échange, mais le piége éft trop groffier, perfonne n'y feroit pris; on aimeroit mieux croire Prudhomme pendu entre deux guichets que chantant la palinodie.

avec vous

Ainfi donc, M. Gillotin le fils, vous en ferez pour les frais de votre longue épître. L. Prudhomme ne formera point de fociété typographique & contre-révolutionnaire ni avec aucun de ceux qui vous font écrire. L. Prudhomme n'imprimera point de brochures propres à égayer les honnêtes gens aux dépens des fans-culottes. Vous & vos femblables tenez-vous-le une bonne fois pour dit: épargnez-nous déformais vos infipides jérémiades, ou vos plates menaces. Vous perdez votre temps, ne e faites point perdre aux patriotes; ils en doivent être avares plus que jamais. Nous voilà en préfence, mettezvous en garde & défendez-vous bien. Le combat qui s'engage est à mort, nous. vous en prévenons; il faut que l'une des deux périfle, de l'égalité ou de l'ariftocratie. :

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Dans la nuit du vendredi, l'affemblée, après avoir enténdu le rapport de la reddition de Longwy, & des pièces trouvées fur le fieur Lavergne, commandant de Cette place, a ordonné le renvoi de ces pièces à la cour martiale qui doit le juger, & a rendu enfuite le décret fuivant, qui doit faire trembler à jamais les lâches & les traîtres :

Art. 1er, Auffi-tôt que la ville de Longwy fera rentrée au pouvoir de la nation françaife, toutes les maifons, à l'exception des édifices nationaux, feront rafées.

II. Les corps adminiftratifs, auffi-tôt que la place fera rentrée au pouvoir de la nation françaife, feront pourfuivis par le tribunal criminel du département, comme prévenus de crime de trahison, & jugés fans appel. Quant aux habitans de Longwy, l'affemblée nationale les déclare infâmes, & les prive du droit de citoyen français pendant,

dix ans.

III. Tout commandant d'une place affiégée eft autorifé à faire démolir les maifons de tous ceux qui par Heroient de fe rendre pour éviter un bombardement ».

La fection des Quatre-Nations, l'une des plus diftinguées par fon patriotisme & fes lumières, vient d'offrir 700 jeunes

toyens pleins d'ardeur & de courage, qui fe font enrôlég, dans le courant de la femaine dernière pour les compagnies franches.

Ceft par erreur que dans le n°. 163, p. 332, nous avons donné au fieur Papillon, colonel de la gendarmerie nationale, le furnom de la Ferté. Le véritable Papillon de la Ferté réclame contre l'identité du premier de ces noms & affure ne partager en rien les inculpations dirigées contre le fieur Papillon, colonel de la gendarmerie na tionale.

Lettre trouvée dans les papiers de M. Delaporte.

Je compte, mon cher ami, que mon fils vous aura vu. Il eft jeune & bien zélé ; il a befoin de confeils fages, & je compte fur les vôtres.

J'ai reçu votre petite brochure contre les Jacobins. Nous ne fe rons malheureufement délivrés de cette odieufe vermine que par la vapeur de la poudre à canon; mais je voudrois qu'elle fe rendit fenfible plus tôt que plus tard. Nous fommes à la veille d'être infectés de prétendus foldats patriotes qui pourront faire bien du mal. Mon village ne devoit point en avoir; mais comme il s'eft peuplé de gros propriétaires qui n'ont pas jugé à propos, ou de gagner la frontière, ou d'aller fe renfermer dans Châlons & dans Reims, l'adminiftration juge à propos de mettre fur nos dos arif tocratiques foixante furveillans qu'on cherchera à remplir de vore tus conftitutionnelles. Tout cela fera arrivé fous quinze jours. Je voudrois bien que la terreur pût les faifir avant qu'ils ne fuffent dans le cas de caufer de la peur ou de faire du mal. Mais les troupes combinées s'assemblent lestement, & attendent qu'un cosgrès les mette en mouvement. Dans cet intervalle, tout va péris cliter. Soixante mille hommes feroient plus que fuffifans pour la befogne à laquelle on en deftine trois cent mille. Les autres fe mettroient en mefure pour entrer au befoin par la trouée qu'on auroit faite. En vérité, il n'y a pas de temps à perdre.

Nous fouffrons beaucoup ici de ce que le roi a à fouffrir. Le Tableux contrefait le fage. La fage n'eft pas le mot: beaucoup de gens font dupes de la contre-façon & fe croient abrutis.

Donnez-moi de vos nouvelles,

Je vous embraffe de tout mon cœur.

Premier octobre 1791.

Voilà une lettre pour mon fils: je vous le recommande. Ma fille vous en a adreflé une pour fon amie la ducheffe de Fleury.

Lestre trouvée dans les papiers de M. Delaporte, intendant de la lifte civile.

Votre lettre, mon très-cher,

rendu le courage. Durofoy, le celle des princes, &c. nous ont

de la chevalerie, l'avoit pris d'un ton à nous faire croire que la démarche du roi le ruinoit entiérement dans l'opinion de la nobleffe. Nous voyons que les frères l'avoient prévu. Nous nous confolons donc, quoique perfuadés que, malgré les menaces, on eft rien ofé attenter fur le roi, & qu'il pouvoit ne pas pouffer la diffimulation auffi loin qu'il l'ai fait. C'eft, à ce qu'on dit, une vertu des rois; mais je ne l'aime

pas. Les agitateurs & les agioteurs du pays perfiftent à dire que Tes lettres des princes font compofées à Paris, & que l'empereur a tourné le dos à M. d'Artois ; & une grande partie du peuple le croit, fur-tout ceux qui ont acheté des biens du clergé, & cherchent à éloigner l'idée des revenans. Ce feront les coups de canon qui fe feront entendre de la frontière, qui amèneront la foi; mais il feroit bien à défirer qu'avant ce temps, Paris prît fon parti pour rendre la liberté au roi & fe remettre fous fon autorité. Tout ce qui fe fera quand la frayeur aura donné le ton fera de mauvaise grace; & la rage mêlée à la crainte pourra faire commettre bien des crimes. La seule providence nous raffure ici, où on va nous entourer de foldats patriotes, Limofins & Auvergnats, qu'on voudra peut-être faire agir vertueufement dans le fens de la constitution, qui ne nous connoîtront pas & n'entendront pas notre langue.

Il est entré bien de la fcélératesse, & pas la moindre habileté dans ce qu'on a fait; on reconnoît par-tout l'oeuvre du diable.

Mais quand Dieu & le roi feront devenus maîtres, comment fera-t-on avec tous les fujets qui ont visiblement travaillé le feuple pour le révolter? Les villes fur-tout ne feroienr pas tranquilles d'ici à dix ans.

Je vous ai écrit par mon fils aîné qui va pour quelques affaires. Ce Cazotte-là n'eft pas démagogue. Oubliez que votre compatriote Jacques l'eft. Dites-lui: vous n'êtes pas un bon Carotte & tâchez de faire liquider fa charge, car je voudrois qu'on profitâr du temps où le roi n'eft rien, pour le débarraffer de tout ce qui doit l'incommoder fur le trône: quand il y remontera, il aura bien (au moins) nous le craignons affez d'entraves domestiques, fans fes inutiles domestiques, tel que nous,

Copie d'une lettre trouvée dans les papiers de M. Dabancourt, exminiftre de la guerre, parmi plufieurs lettres à fon adreffe, & à d'autres perfonnes.

24 juin 1792.

Je vous ai déjà dit que tout alloit bien, mon amie; le roi eft bien revenu contre le tripot... il le méprife. Lorfqu'il pourra fecouer un joug fi écrasant pour fa malheureuse famille, il attend le mouvement: mais les gueux de J... mettent de grands obftacles à fes projets..... il eût voulu la conftitution, fi on lui eût laiffé la volonté de gouverner d'après elle. Il fait qu'elle lui eft favorable dans le moment actuel pour venir à fes fins..... mais comment voulez-vous qu'il foit esclave d'une constitution qui luž donne pour maître & affaffin fon peuple?

5 2.

Je vous donnerai fous peu du nouveau.... il n'eft que de se bien entendre.

On a ôté la garde du roi, enfuite on a fait partir les troupes de ligne, Vous entendez ce que tout cela yeut dire..

Nous tâcherons de remédier à tous ces malheurs.... du courage là-bas dites-le à nos bons amis.... Nous vous fervons tous ici; l'argent ne coûte rien: ce n'eft pas le cas de l'épargner. Signe, J. D. B.

Copie d'une lettre écrite par M. Delaporte, intendant de la lifte clá vile, à MM. lés maréchaux-des-logis de la maison du roi.

Je prie MM. les maréchaux-des-logis de deftiner pour cette nuit 4 MM. de Maillardoz & de Bacmann, lieutenant-colonel & major

du régiment des gardes-fuiffes, un pied-à-terre, & à chacun un lit dans le château des Tuileries. Quand, faute d'autres logemens, l'on feroit obligé de prendre un de ceux de meldames tantes du roi la circonfiance du moment exige de paffer fur toutes confide rations.

Si l'on a befoin de draps ou d'autres uftenfiles, je prie MM. les maréchaux-des-logis de les faire demander à M. de Chanterenne infpecteur du garde-meuble, M. Thierry n'étant point aujourd'hui Paris.

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Votre dernière lettre, mon cher ami, m'a donné un moment de Courage T'ai renoncé à lire les triftes épopées de Durofoy; mais tombe fur le Mercure raisonnablement dirigé par Mallet-Dupan ma hèvre eft devenue chaud-mal. En effet, s'il n'eft pas vrai que les intrigues dont on croit appercevoir des traces, aient dérange les conventions du petit traité de Pilnitz, il paroît qu'il eft impoffible que rien fe mette en mouvement pour nous avant le mois d'avril prochain; & jugez du mal qui peut s'effectuer, pendant, cet intervalle, par celui qui le fait journellement. Je le répète, fi Dieu ne hiite pas un homme qui faffe finit tout ceci merveil Jeufement, nous fommes expofés aux plus grands malheurs. Vous connoiffez mon fyfteme: Le bien & le mal fur la terre a toujours été l'ouvrage des hommes à qui ce globe a été abandonné par les loix éter nelles: Aini, nous n'aurons jamais à nous prendre qu'à nous-mêmes de tout le mal qui aura été fait. Le foleil darde continuellement fes ou, moins obliques voilà l'image de

a

la nous accufons

la providence à notre égard; de temps en tet aftre de manquer de chaleur, quand notre pofition, les amas de vapeurs, ou l'effet des vents nous mettent dans le cas de ne pas éprouver la continuelle influence de fes rayons. Or done, fi un Thaumaturge ne vient à notre fecours, voici tout ce qu'il nous, eft permis d'espérera

L'aflemblée nationale est fi follement, si bassement, fi ridiculement composée, qu'elle fera venir la naufée au peuple même de Paris, I redemandera fen roi comme un remède à la difette de pain & d'argent & tous les maux qu'il fouffre. S'il pouvoir l'éstablir defpote, il le feroit pour être sûr qu'on pourroit remédier promptement à fes befoins; mais cela ne dépend pas des Parifiens. D'ailleurs puts ondroient toujours garder le maître parmi eux", pour être le defpote des defpotes. Je fuppofe qu'ils lui rendent a liberté : le roi', devenu libre, veut gouverner, felon fa® volonté, toutes les républiques de France font contre, lui. S'il veut gouvernor felon l'esprit de la conftitution, il n'a d'autres refforts que fes commifiaires près des tribunaux, qui ne peuvent prononcer efon nem qu'en jukice. Toutes les adminiftrations & les municipa lisés font indépendantes. S'i eft posible que les corps militaires rentrent dans le devoir vis-à-vis de lui, avec quei les paiera-t-il ;fi je ne lui vois rien entre les mains, pas même pour l'entretien des maréchaullées ? Je ne conçois rien de pareil à l'embarras de notre maitre, quand on lui remettra fa fouveraineté toute déforganifée, toute peuplée de gens a plaindre, de torts à réparer, de Banqueroutiers forcés, & de gens à qui on aura fait banqueroute.

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Joignez à cela les reftes de la rebellion qui tremblera toujours de voir arriver le moment de la vengeance. Voilà, mon ami, les ta. bleaux les moins défagréables que j'aie devant les yeux.

Voici comme je compofois le roman.

Beaucoup de députés émigrés du parti de la droiture, préfentant une proteftation à Worms, à un parlement compofé de magiftrats des divers parlemens; ce corps de magiftrature entérinant la proteftation, prononçant la nullité de ce qui avoit été fait, ordonnant à tous les Français de rentrer dans le devoir, fous peine, &c.; `une armée de 100,000 hommes à l'appui: la terreur auroit faili tout le monde, & les bons fujets du roi fe feroient faignés pour l'aider à fe raffeoir. Au lieu de cela, on perd le temps en intrigues & en fottifes.

Cependant tout coup vaille: je défire de voir Briffot, Fauchet Condorcet, & toute la tourbe du manége, renvoyés comme des infolens & des gueux. Après cela viendra ce qui pourra. Si je pouvois faire un couplet qui valût un coup de maffue, je le détacherois. S'il eft un perfonnage qu'il foit important de tourner en ridicule, il faut m'envoyer les anecdotes, car je ne connois perfonne, car il faut être inftruit des travers particuliers des gens, & connoître leurs geftes. Relevez-moi encore le courage: j'en ai befoin. Je vous embraffe de tout mon cœur. --2 novembre 1791.

Je puis répandre jufqu'à trois petits numéros à deux liards, fans me rendre fufpect. La femaine paflée, le petit diftrict d'Epernay préfidé par un ex-laquais, puis fermier de M. de Meulan, a décidé que nous n'aurions point de curé à Pierry, mais un deflervant & point de maître d'école. La paroiffe d'Epernay s'empare des biens de notre fabrique. Voilà le travail des huiffiers, laquais & autres defpotes; ils veulent tenir le payfan dans l'ignorance.

Je reçois votre lettre de 15 lignes, qui me fait grand plaifir, avec les numéros, & le fiacre empoisonné par M. Thourette.

Tout ira enfemble, fi au moment où on chaffe les légiflateurs les troupes de Metz, Verdun, prennent la cocarde blanche, & appellent le prince de Condé avec ce qu'il aura de prêt. Voilà la révolution faite.

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Lettre trouvée parmi les papiers de M. Delaporte.

&

A merveille, mon ami, à merveille! mais dépêchons-nous; battons le fer tandis qu'il eft chaud, fi nous voulons affranchir notre maître de toute espèce de dépendance. Ne lui laiffons pas devoir fa liberté à l'effort des princes, des fouverains & de la nobleffe réunis. Prévenons la deftruction de Paris, dont nous défirons & la correction & l'amendement. Il y a d'ailleurs tout à espérer de fes difpofitions actuelles. Jamais il ne fait que changer de frénéfie, va toujours d'une extrémité à l'autre. Je ne ferois pas étonné, comme vous le dites, qu'on ne courût fur les Jacobins comme fur les Armagnacs, dont on avoit pris l'écharpe avec enthoufiafme. Cependant il me paroît que l'ailemblée fonge à fe forrifier. Les patriotes enrégimentés, dont nous avons ici une petite garnifon, difent qu'ils feront envoyés à Saint-Denis dans les premiers jours de mars. On les rañembiera autour de la banlieue, au nombre de 15,000. Voilà leur dire. Cela m'eft revenu par mes domestiques; N°. 164. Tome 13. E

L

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