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goutte de fon fang pour le maintien & l'intégrité de la conftitution du royaume, décrétée par l'affemblée natio nale conftituante, aux années 1789, 1790 & 1791, & d'être en tout fidèle à la nation, à la loi & au roi. Signé, ARTHUR DILLON, &c. ".

Le lendemain 17, la commiffion extraordinaire annonça que fes commiffaires envoyés à l'armée du centre MM. Kerfaint, Antonelle & Péraldi, avoient été arrêtés à Sedan, par ordre de la municipalité, & conduits à la ci-: tadelle & que le directoire des Ardennes, féant en cette ville, avoit improuvé les décrets du 10, comme inconftitutionnels. On répandit même le bruit que La-. fayette marchoit fur Paris avec fon armée, à qui il avoit fait jurer de ne pas l'abandonner, ainfi que le.. roi. Le peuple reçut tranquillement cette nouvelle; le. fentiment de fa force le rend inacceffible à toutes craintes; il fait d'ailleurs que ce qu'on appelle l'armée de Lafayette, n'eft pas la majorité des quarante mille hommes qu'il a à fes ordres. Cependant l'ailemblée prit fur le champ des mesures. Deux commiffaires ont été. envoyés dans le département des Ardennes, avec plein pouvoir de requérir la force publique, de fufpendre, faire arrêter, interroger les adminiftrateurs & mettre les fcellés fur leurs papiers. Quant à l'arreftation, à Sedan, de fes trois commilaires près l'armée de Lafayette, elle a déclaré tous les fonctionnaires publics de Sedan res-, ponfables de la sûreté de ces commiffaires, & elle en a nommé trois autres, MM. Quinette, Ifnard & Gaudin, avec tout droit de réquifition de force publique, pour aller les délivrer & faire amener à la barre le maire de Sedan & les membres du département des Ardennes. Ces nouveaux commiffaires font partis fur le champ.

Ceux de l'armée du Nord, MM. Delmas, Bellegarde & Dubois Dubay, ont mandé que par-tout ils avoient été bien ragus, & qu'ils espèrent de leur mission un heureux fuccès. Leur première démarche a été de dépêcher à Pont-fur-Sambre & à Maulde pour inviter MM. Dillon & Damourier à fe rendre, dans le jour, à Valenciennes, à l'effet de conférer fur la fituation des armées; ils ont convoqué enfuite les corps adminiftratils, & leur ont communiqué, en féance publique, le fijet de leur miffion. Tous les citoyens y ont répondu, par les cris de vive la nation, vive la liberté.

Dans

Dans la nuit du vendredi, l'affemblée reçut deux Tet tres, une de M. Dumourier, qui fait ferment de maintenir la liberté & l'égalité, & de mourir à fon poste, en engageant M. Dillon à fe joindre à lui; l'autre du général Luckner, qui n'ayant po'nt encore vu les com miffaires qui lui font annoncés, promet de faire tout ce que fa confcience & l'honneur lui ordonneront; en attendant, il fe prépare à repouffer vivement les Autri

chiens.

Quoi qu'il en foit de ces différentes difpofitions de nos armées, le licenciment des états-majors & le renouvellement des officiers au choix du foldat, voilà les deux mefures les plus urgentes. Il y a long-tems que nous l'avons dit; le corps des armées eft bon; foldats & volontaires, tous veulent la liberté, tous ont en horreur la rebellion à la volonté générale auffi eft-ce au nom de la feule conftitution que les officiers prétendent les ame ner à maffacrer leurs frères; mais ils en auront menti les fcélérats; en dépit de leurs manœuvres, l'armée ne fera qu'un avec le peuple des villes : & n'est-il pas armé comme elle?.... Pendant que nous balayerons les ariftocrates de l'intérieur, elle foudroiera les defpotes du dehors, elle impofera filence aux généraux factieux, & la patrie fera hors de danger, & la liberté fera affurée.... Mais les deux grands coupables refpirent encore. L'un, atroce autant que lâche, eft mis il eft vrai hors d'état de nuire; il ne lui refte dans fa prifon que l'efpoir d'échapper au glaive de la juftice; l'autre, confpirateur effréné, après avoir ourdi dans l'ombre tous les fils d'une conjuration avortée, au nom de la loi prêche aujourd'hui à fes foldats la révolte & le carnage, & fe prépare à rentrer dans fon pays la flamme & le fer à la main. Les têtes de ces deux criminels font vouées à la vengeance nationale. Plus coupable que Charles, fi Louis le traî tre périt fur l'échafaud; moins grand & auffi fcélérat que Cromwel, Lafayette n'en aura pas les deftinées; les aveugles on vu clair, fes crimes font évidens, fon arrêt est prononcé, tout citoyen a reçu pour le frapper un ordre irréffragable; & celui-là fera proclamé le vengeur de la France, le digne enfant de la patrie, qui, fa tête à la main, viendra fe préfenter à la barre de l'affemblée.

Samedi 18. le confeil exécutif a notifié au corps législatif
N°. 162. Tome 13.

D

qu'il avoit confié, au nom de la nation; à M. Dumourier le commandement de l'armée de Lafayette, avec ordre aux foldats & officiers d'obéir au nouveau général.

Les armées du nord & du centre font tout entières pour la révolution de 1792. Elles ont répondu & Dillon & à Lafayette que c'étoit le peuple qui leur avoit mis les armes à la main, & qu'elles ne s'en ferviroient pas pour appuyer les forfaits de la cour. Nous avions prévenu la réponse.

Les commiffaires de l'armée du Midi, MM. Rouhier, Lacombe & Gafparin ont écrit de Lyon famedi que fur toute leur route ils ont été accueillis par les cris de vive la nation, vive l'affemblée nationale; ils annoncent que la municipalité de Lyon eft dans le meilleur efprit, & que dans cette ville, comme par-tout ailleurs, les ariftocrates font pétrifiés. Ah! c'eft fur-tout dans le midi de la France que les décrets du dix feront reçus avec enthoufiafme. Braves Marfeillois, en verfant des larmes fur la mort de vos compatriotes, vous vous écrierez dans la fainte ardeur de l'amour de la patrie: Honneur, honneur à nos frères, ils ont rempli leur tâche, ils font morts en combattant pour la liberté !

On a arrêté dans la femaine dernière un grand nombre de perfonnages foupconnés depuis long-temps, & que la journée de Saint-Laurent a lailles voir à nu. Les principaux font Thierry, preinier valet du roi, Wittgenstein, Witemkoff, Rhoederer, Laborde, banquier qui avoit prêté dix millions à Louis XVI, Dubut de Lonchamp & Lenoir caillier des aumônes du roi, & chargé de payer les libelles que la cour commandoit. (belles aumônes!) Tout l'état major parifien & les chefs des bureaux de la guerre font également arrêtés. Dabancourt l'ex-miniflre et dans les pritons d'Orléans. Charles Lameth vient auffi d'être arrêté.

Le peuple a fait main-baffe fur tous les journaux ariftocrates fans exception; quelques-uns des auteurs ont échappé à la vengeance populaire, mais leurs ouvrages ont payé pour eux; on a impitoyablement brûlé jufqu'à la dernière feuille. Preffes & caractères, rien n'a été

épargné: Adieu les douze mille abonnés de la Gazette univerfelle; elle aura beau reparoître fous un autre titre, fon règne eft passé.

Jeudi on a trouvé au château cinq gardes nationaux poignardés & entaffés dans une armoire; un fixième étoit cloué au fond.

Beaucoup de départemens viennent d'exporter les prêtres non fermentés. Les citoyens de Paris ont rassemblés ceux qui leur paroiffent fufpects dans des églifes où ils les gardeni à vue:

Des lettres de Rouen en date du 13 annoncent que M. Liancourt avoit préparé le 10 août la même scène que la cour des Tuileries a jouée à Paris. Il a affemblé les Suiffes de Salis & les autres troupes de ligne, leur a fait prêter de nouveau le ferment. & crier vive le roi; les gardes nationales préfentes n'ont pas voulu répéter ce cri, & ont crié vive la nation. M. Liancourt a fait mettre aux arrêts M. Lefèvre, capitaine. qui avoit paru le plus opiniâtre pour crier vive la nation. D'autres bruits annonçoient qu'il y avoit eu un combat entre les patriotes & les aristocrates, & que l'avantage étoit reflé aux patriotes; mais ces bruits ne fe font_point confirmés. A tout événement, jeudi, il eft parti de Paris pour Rouen deux mille hommes bien décidés à mettre à la raifon les aristocrates normands de toutes les claffes. On n'en a pas encore de nouvelles.

La cour martiale eft en activité, les coupables du 10 août vont être jugés. On croit que le prince de Poix paffera le premier à la guillot he.

La commune de Paris a arrêté que fur les débris de la ftatue de Louis XIV feroit élevée une pyramide où l'on infcriroit les noms des citoyens morts dans la révolution du 10. Hier dimanche une fête funèbre a été célébrée en l'honneur de ces braves citoyens, & une députation de 60 membres de l'affemblée nationale a aflifté à leur deuil. trionmphal.

Les adreffes d'adhéfion aux décrets du 10 août arrivent de tous les départemens, de toutes les municipali tés. Louis XVI eft déchu, crie-t-on de toutes parts, la patrie n'eft plus en danger.

Reclamation.

Monfieur, l'affemblée générale des fédérés, féante aux Jacobins, vous prie de vouloir bien ne mettre aucune ligne de démarcation dans votre feuille; tous les fédérés font égaux; les Marfeillois, les Bretons & les autros fédérés des 82 départemens ne font qu'un; vous obligerez ceux qui font parfaitemont, monfieur, Mazue, préfident; Fauville, fecrétaire; les fédérés des 82 départemens.

Obfervation. Nous fommes trop pénétrés des principes de l'égalité pour laquelle nous ne ceffons de combattre depuis quatre ans, pour qu'on puiffe nous fuppofer l'intention de mettre une ligne de démarcation entre les braves fédérés. Mais comme à l'affaire du 10 août ils ont marché confondus dans les bataillons Parifiens, excepté les Bretons & fur-tout les Marfeillois formant corps; comme d'ailleurs ceux-ci, au fu de tout le monde ont effuyé le premier feu, il étoit naturel de parler d'eux nominativement; nous avons rendu juftice à tous les autres fédérés en la rendant aux fans-culottes & aux volontaires de Paris.

Tableau des villes chef-lieux de diftrict où fe tiendront les affemblées électorales pour la nomination des députés à la convention nationale, arrêté par l'assemblée nationale le 12 août 1792, l'an quatrième de la liberté.

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