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voir exécutif ne rend pas compte le lendemain de fa décifion, il fera ftatué définitivement par l'affemblée.

Séance du mercredi foir. Huit millions d'affignats brûlés; total du brûlement, 575 millions: total en circulation, un milliard 639 millions.

Des citoyens des fections des Gravilliers, du Théâtre Français, des Poftes, du faubourg Saint-Denis, du Palais-Royal, &c. &c. &c., & des vétérans, font venus demander la caflation du département, la réintégration de MM. Pétion & Manuel, & le décret d'accufation contre Lafayette. Ils ont tous été invités à la féance.

L'affemblée a paffé à l'ordre du jour fur une dénonciation faite par l'abbé Geoffroy, condamné à avoir, le même jour, la tête coupée, pour contrefaçon de faux affignats.

Le corps municipal a été admis à la barre; M. Baury a annoncé que deux juges de paix venoient de décerner des mandats d'amener contre M. Pétion. Sur la demande du corps municipal, convertie en motion, l'affemblée a décrété qu'il feroit mis à la difpofition du miniftre de l'intérieur, un million, à l'effet de payer 30 fous par jour à chaque fédéré, pendant les trois jours qu'ils doivent refter à Paris pour la fédération.

Des citoyens du faubourg Saint-Marceau font venus dénoncer le bureau central des juges de paix, établi aux Tuileries, & l'enlèvement du lieutenant des canonniers du Val-de-Grâce, décrété pour les événemens du 20 juin. M. Thuriot étoit forti un moment; il rentre; il annonce qu'on vient d'arrêter à la porte des Tuileries trois hommes qui tenoient des poignards fous leurs bras. Un détachement de gendarmerie amène ces trois hommes à la barre. L'affemblée décrète qu'ils feront interrogés féparément. L'un des trois comparoît à la barre. M. le préfident lui demande fon nom.... Eh! mais, s'écrie M. "Albite, je connois cet homme; c'est un canonnier bien patriote au bruit du danger de la patrie, il s'eft levé comme un brave, & eft accouru avec fon arme; c'eft une petite dague qu'il a rapportée des iles. Un défenfeur officieux confirme ces faits & les garantit fur fa tête. Les deux autres perfonnes arrêtées fe trouvent également être des bons citoyens qui accouroient à la défense de l'affemblée, qu'ils croyoient menacée. Alors les craintes fe changent en ris, & M. le préfident invite les trois prétendus confpirateurs aux honneurs de la féance.

Il étoit deux heures après minuit; l'affemblée a'loit se fé

parer, M. le préfident annonce une lettre importante; il fe fait un profond filence, un fecrétaire lit : « Les adminiftrateurs du département de l'Ardèche annoncent que la garnifon du château de Bannes, attaquée par la petite armée du rebelle Saillan, a été forcée de capituler. Saillan eft maître de ce château; les gendarmes qui le gardoient ont été forcés de fe rendre; ils n'avoient ni vivres, ni munitions ». Les adminiftrateurs de l'Ardèche annoncent

qu'ils ont réuni environ quatorze cents gardes nationaux & quelques troupes de ligne, & qu'on va marcher contre les rebelles ». Ils obfervent « que le château est aifé à défendre, que les révoltés ont des correfpondances étendues, que le pays eft plein de mécontens, de fanatiques. L'affemblée ordonne la lecture de la capitulation paffée pa garnifon de Bannes; la lecture eft faite. «La garnton mit fortie avec armes & bagages; elle a fuivt la grande route; les chevaux ont été rendus à la gendarmerie ». Cette capitulation eft fignée par le comte de Saillah. M. Cambon demande que le pouvoir exécutif soit tenu d'envoyer promptement dans le Midi de la France le décret qui déclare que fa patrie eft en danger, & de donner des ordres pour faire garder exactement les châteaux forts répandus dans les montagnes du Vivarais. Décrété. M. Bréard. Que le pouvoir exécutif foit tenu de rendre compte, à l'ouverture de la prochaine féance, des ordres qu'il aura donnés & de ceux qu'il donnera encore pour faire foumettre les révoités. Décrété. M. Albite. Que le comité militaire faffe inceffamment un rapport fur la démolition des châteaux forts qui, dans le fein de la France, ne peuvent fervir que d'afile aux mécontens & aux ennemis en cas d'infurrection. Décrété. Après avoir pris ces déterninations, l'affemblée a levé la féance à quatre heures après minuit.

Séance du jeudi 12. Il a été décrété qu'il fera fourni par les départemens un renfort de troupes à l'armée. Le contingent des départemens fera réglé incellamment.

L'affemblée, après une légère difcuffion, a renvoyé au pouvoir exécutif les dénonciations faites contre les juges de paix formés en tribunal extraordinaire aux Tuileries, fur fa refponfabilité.

M. le préfident a annoncé une lettre du confeil-général de la commune de Marfeille, qui demande la fuppreffion de l'hérédité de la couronne. Renvoyé au comité pour taire fon rapport le lendemain.

Le ministre de la guerre a notifié à l'affemblée une lettre du général Lamorlière, commandant l'armée du Rhin, qui annonce que les Autrichiens font retranchés à Keil, vis-à-vis Strasbourg; que les ponts font coupés, l'île des épis garnie de batteries, & les troupes dans les meil leures difpofitions.

Le roi a fait paffer à l'affemblée fa confirmation de la fufpenfion de MM. Pétion & Manuel. Immédiatement après M. Pétion a paru à la barre; il a demandé que l'affemblée jugeât févérement entre lui & fes perfécuteurs. Son difcours a été très-applaudi; il a été invité aux honneurs de la féance. M. Manuel a écrit à l'affemblée pour la prier de ne rien décider fur fon compte avant de l'avoir entendu.

M. Tardiveau, organe du comité de furveillance générale, propofe, comme mefure de police & de dignité, que les membres de l'affemblée nationale & les adminiftrateurs de département & de diftrict, portent, quand ils feront en fonctions, une marque diftinétive. L'ailemblée adopte, à l'unanimité, le projet du comité. Il est décrété que chaque député portera un large ruban tricolor, placé en fautoir; au bout du ruban & fur la poitrine fera un petit livret de métal doré, repréfentant les tables de la foi. Sur une pager feront ces mors: Droits de l'Homme, & fur Pautre page: Conflitution. Les administrateurs de département & de diftri&t porteront, avec un ruban tricolor, une médaille avec ces mots : Refpect à la loi. La médaille des départemens fera dorée; celle dés diftricts fera argentée. Les procureurs-fyndics auront une distinction particulière. M. Lejofne a fait ajouter à ces décrets, que déformais les huilliers des tribunaux porteront, au lieu de chaîne, une médaille. 1

Seance du jeudi foir. M. la procureur de la commuhe de Metz eft venu réclamer des fecours pour l'approvifionnement en grains de cetre ville, qui manque abfolument de bled. Ajourné à la prochaine féance.

Le comité militaire a propofé l'emploi de ceux de MM. les fédérés qui voudront aller à la formation du camp de référve de Soiffons; il a demandé que ceux qui s'y rendront foient libres de fe former en batail'ons & de nommer leurs officiers, où de fe former en compagnies franches, troupes volontaires légères, qui marcheront fur le camp en première ligne, pour harceler l'ennemi & éclairer la marche de nos troupes en voltigeart autour d'elles. La propofition relative à la forma tion de compagnies franches a éprouvé quelques diffi

cultés; enfinfin la propofition du comité a été décrétée: L'affemblée avoit décrété qu'il feroit fait un appel nominal de de fes membres pour conftater quels font ceux qui font à leur pofte. Sur 746 députés, 673 ont répondu à l'appel; feize font abfens par congé; fix font morts, leurs fuppléans ne font pas encore arrivés; feize font malades; fix font à la fabrication des affignats qu'ils furveillent; deux font près la haute cour; vingt-fept sont abfens fans congé. Il eft réglé qu'il fera fait dans la prochaine féance un appel de ces vingt-fept députés, afin que s'ils font à Paris, & qu'ils n'aient pas pu répondre au premier appel, ils répondent au deuxième.

Séance du vendredi 13. M. Kerfaint a présenté un pro jet de défenfe génétale des départemens frontières qui a été très-applaudi, & dont l'aflemblée a ordonné le renvoi à la commiffion des douze,

Plufieurs pétionnaires ont été entendus, ceux du Jura ont demandé que la conftitution ne fervît plus à opprimer la liberté.

M. Couthon a propofé à l'affemblée de décréter qu'aucun membre des directoires de département ne pourroit, pendant la durée de fes fonctions, & un an après, accepter aucune place ou penfion à la nomination du pouvoir exécutif. Le renvoi de cette motion au comité a été décrété.

L'un de MM. les fecrétaires a lu une lettre du dépar tement de l'Ardèche, qui annonce que Dublond & Durand, confpirateurs, fous-chefs de la bande de Saillant ont été arrêtés, & qu'ils font dans les prifons du che lieu de département. L'affemblée a applaudi..

L'ordre du jour étoit le rapport de la fufpenfion de MM. Pétion & Manuel. M. Muraire en a fait le rapport; après un difcours très-applaudi ila propofé, 1o. la levée de la fufpenfion de M. Petion; 2°. La fur féance à la décifion jufqu'aprés l'audition de M. Manuel: Ce rapport a été très applaudi. L'affemblée a adopté le projet du comité.

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La féance a été terminée par le récit d'une petite aventure arrivée au fieur Lacombe, aide-de camp de Lafayette, qui vouloit endoctriner les fédérés au café de l'affemblée dans le fens de fon général. Il a été arrêté & conduit au comité.

Ce 14 juillet 1792. PRUDHOMME, membre de la fociété des indigens.

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