Page images
PDF
EPUB

de l'oraifon funèbre, & s'en acquitta de manière à en dégoûter pour jamais. Il y avoit bien des chofes à taire dans la vie publique de fon héros; mais moins adroit que fon prédéceffeur Santeuil, Mulot au lieu de s'en tenir aux campagnes d'Amérique, s'appefantit complaifamment fur les dernières années de Gouvion, & rappela avec emphase fa conduite ridicule pour ne pas dire plus lors des débats qu'occafionnèrent les foldats de ChâteauVieux à la barre de l'aflemblée nationale. De l'encens auf gauchement proftitué n'étonna perfonne, de la part de l'ex-victorin, encore enfariné de la pouffière monaf tique; mais ce qui dut donner de l'humeur au patriote le plus endurant, ce fut d'entendre applaudir & des mains & de la voix le récit pompeux des fervices fignalés rendus à la chofe publique & à la commune de Paris par MM. Gouvion, Lafayette, & même par lui, M. Mulot. Gouvion étoit un affez bon officier, & mourut à fon pofte il n'y avoit pas là matière à une oraison funèbre de trois quarts-d'heure.

ASSEMBLÉE

NATIONALE.

Séance du jeudi 28 juin 1792.

M. Servant, ex-miniftre de la guerre, a envoyé à Paffemblée des obfervations fur les rapports qui ont été faits pour les objets relatifs à fon adminiftration. L'affemblée en a décrété le renvoi au comité militaire.

On a lu une pétition de quelques citoyens de la ville d'Arras, & une de la ville du Havre; elles demandent vengeance des attentats de la journée du 20, & furtout des journalistes factieux. Renvoyé au comité des douze.

M. Lamarque a fait la motion de recompofer les tribunaux. Cette propofition, après avoir été contredite par MM. Daveyroult & Boulanger, a été renvoyée au comité de légiflation.

Une lettre du roi a annoncé que M. Jolly étoit nommé fecrétaire du confeil.

L'affemblée a adopté quelques décrets relatifs à l'accélération de la diftribution de la monnoie de cloche,

On a lu une lettre de M. Lafayette, qui demandoit à être admis à la barre; il l'a été, & il a prononcé un difcours que nous avons fait connoitre dans le numéro dernier, ainfi que les débats qui l'ont fuivi. M. Guadet avoit demandé que le minitre de la guerre fût interTogé s'il avoit donné un congé au général pour s'abfenter de fon armée. La queftion préalable a écarté cette motion à une majorité de 339 voix contre 234. Le renvoi du difcours & des pièces dépotées fur le bureau par, M. Lafayette a été ordonné.

Seance du vendredi 29. On a renvoyé au comité des douze la dénonciat on qu'a faite M. Daveyroult, d'un prétenda certificat donné par M. Lafource, président de la fociété des amis de la conftrution, à un nommé Defnos, accusé d'être un galérien échappé du bagne.

Des citoyens de la fection des Tuileries font venus demander la réforme de l'etat-major parifien.

les

Une petite ville allemande, fur les bords du Rhin, fait pa er à l'ailemblée 300 livres, en demandant une fuivegarde pour fon territoire, & déclarant qu'elle eft attachée à la bonne caufe. Le don a paru conditionne! expreffons de l'adrelle ont été jugées intéreffées, équivoques. L'affemblée, avant d'accepter, a chargé le comité diplomatique d'examiner l'adreffe.

Plufieurs rapporteurs ont fait des premières lectures de projets de décrets, dont Pajouracinent & l'impretion font déciétés.

L'ordre du jour appeloit la difcuffion fur le projet de conflater civilement les mariages, & for les qualités & conditions nécefaires pour contracter mariage. C'étoit les qualités & conditions qu'il s'agiloit de déterminer alljourd'hui. Le comité propofort de décréter que l'âge requis pour le mariage fut de 15 ans pour les hommes, & de 13 pour les filles. Cet article a été adopté.

Les miniftres font entrés; le minitre de la juftice a dit, pour fatisfaire au décret qui demande les incfures qu'ils ont prifes, 1. pour couvir la capitale de l'invafion de l'ennemi; 2. pour réprimer les troubles du fanttime; que fur le premier cljet, le roi a demandé à l'aflemblée quarante-deux nouveaux bataillons pour former une réleve, non pas à Paris, mais entre Paris & T'ennemi, en feconde ligne derdière notre armée; que für le fecond objet les tribunaux ont ordre de faire

exécuter très-ftrictement les loix qui enchaînent ou frappent les perturbateurs du repos public. Le miniftre a annoncé une déclaration authentique du roi, par laquelle il va notifier à toutes les puiffances fon immuable perfévérance dans l'amour de la conftitution.

Le miniftre de la guerre a fait enfuite lecture d'une proclamation du roi à l'armée, pour la fortifier dans la dilcipline & l'obéiffance à la loi elle a été applaudie.

Il a été fait lecture d'une lettre de M. Luckner au roi, qui déplore la journée du 20, & enfuite d'une atfaire qui a eu lieu entre l'avant-garde de l'armée Lafayette & les Autrichiens. Nous en avons rendu compte, ainfi que de la notification faite par le miniftre des affaires étrangères du retour de notre ambaffadeur à Berlin. Toutes ces différentes pièces ont été renvoyées au comité.

Séance du vendredi foir. Elle a été remplie par la lecture d'adrelles des départemens du Pas-de-Calais, de l'Aiine & de la Seine Intérieure, qui, toutes rédigées dans le même efprit, demandent d'abolition des fociétés populaires, la fuppreffion des journaux patriotiques, la punition des auteurs des excès commis dans la journée du 20. La lecture de ces adreffes a excité les plus bruyans éclats; elles ont été renvoyées au comité des douze.

Séance du famedi 30. M. Juery a fait décréter que le terme qui avoit été accordé aux créanciers fur l'état pour produire leurs titres, fera prorogé jufqu'au premier feptembre prochain.

M. Maran, chargé du rapport de l'examen des comptes de M. Narbonne, ex-miniftre de la guerre, a paffé fucceffivement en revue tous les reproches faits à ce miniftre; un des principaux auxquels viennent fe rapporter les autres, c'eft d'avoir préféré des fufis anglais à ceux fabriqués en France, quoique ceux-ci fuffent d'un prix plus modique. M. le rapporteur a fait obferver qu'à l'époque où le marché a éte figné par le miniftre, il étoit fort avantageux pour la nation, & que s'il est devenu défavorable, c'est à caufe de la différence du change dont la variation ne peut jamais être calculée. M. le rapporteur a conclu à un décret qui déclare M. Narbonne acquitté envers la nation pour tous les actes de fon adminiflration, fauf la récifion de Pexact emploi des deniers, tel que le miniflr: prétend l'avoir fait. Sur la

1

motion de M. Baffal, l'affemblée a décrété l'impreffion & l'ajournement du rapport.

M. Genfonné a dénoncé une lettre contenant un projet de pétition, laquelle eft colportée dans l'armée par M. Charles Lameth, qui s'eft chargé de la faire figner par les officiers & foldats. Le renvoi à la commiffion des douze en a été ordonné.

M. Paftoret, membre de la commiffion des douze', a obtenu la parole pour un rapport qui n'eft que le préliminaire de ceux que cette commiffion doit faire. Comme nous en avons parlé ailleurs, nous dirons fimplement ici que l'affemblée en a ordonné l'impreffion & l'envoi aux quatre-vingt-trois départemens.

Après M. Paftoret, M. Jean de Bry, membre de la même commiffion, a foumis à l'affemblée un projet de décret tendant à affurer la sûreté extéricure & intéfieure de l'empire, & dont le premier article eft que l'affemblée nationale déclarera que la patrie eft en danger. L'impreffion du rapport & du projet de décret a été

ordonnée.

M. Delaunay a préfenté enfuite fes vues particulières fur les objets relatifs à la sûreté générale, & indiqué des mefures felon les circonftances. Il s'eft borné à une feule, qu'il a jugée extrêmement urgente pour fauver l'empire de tous les dangers de la révolution cette mefure confifte en ce que les reprefentans de la nation dans les mefures répreffives qu'ils ordonneront contre les confpirateurs, ne confultent que la loi fuprême de la néceffité & du falut public. M. Ifnard a demandé l'impreffion du difcours de M. Delaunay; elle a été décrétée.

M. le préfident a fait lire une lettre de M. Lafayette, qui préfente à l'affemblée l'hommage de fon zèle, de fon patriotifme & de fon refpect, en partant pour fon armée, où il porte le regret de n'avoir point obtenu la décision de fa pétition, dont il attefte qu'il croit les principes dans le cœur de tous les vertueux & courageux citoyens.

Séance du famedi foir. Un député du confeil-général de la commune de Touloufe, des directoires des diftricts & départemens de la Haute-Garonne, a dit que les gardes nationales ont été raffemblées dans leur canton, pour procéder au choix de ceux qui doivent venir au camp de Paris, parce que le temps preffoit pour marcher fans

délai. Plufieurs propofitions ont été faites enfuite de cet avertillement. M. Lacroix craignant que la loi martiale ne fût publiée fur les arrivans, a demandé que la commiffion des douze fît demain fon rapport fur l'arrivée, des gardes nationales des départemens; fa motion a été décrétée.

Un membre a annoncé que les Autrichiens vont enrer, fous quinzaine, dans le Haut & Bas-Rhin, qu'ils font dans le pays de Heffe, & a demandé qu'on portât promptement des forces confidérables dans ces départe

mens.

M. Gensonné s'eft plaint de ce que le général Luckner ayant eu carte blanche, il avoit été obligé, d'après une délibération du conseil du roi, d'évacuer Ypres, Courtray & Menin, & de rentrer à Lille; il a demandé que le miniftre de la guerre fût mandé, féance tenante. pour rendre raifon de ces faits quelque tumulte a fuivi cette demande, combattue par MM. Dumas & Tarbé.

"

M. Guitton-Morveaux a dit que le miniftre s'étoit rendu le matin à la commiffion des douze, qu'il y avoit donné des renfeignemens que le comité ne juge pas à propos de rapporter, afin de laiffer la refponfabilité toute entière fur la tête du miniftre. Sur ce, l'affemblée a paffé à l'ordre du jour.

Séance du dimanche premier juillet. On a lu diverfes adreffes, parmi lefquelles il y en avoit une d'un grand nombre de citoyens d'Amiens qui ont dénoncé l'arrêté pris par le département de la Somme, relativement aux événemens du 20 juin.

Sur la motion de M. Saladin, l'affemblée a décrété que le miniftre rendroit compte, par écrit, des mefures prifes pour l'exécution de la loi qui défend aux corps admi-, niftratifs d'entretenir des agens auprès du corps légifla-, tif ou du roi.

Sur celle de M. Hébert, elle a décrété également que le miniftre de la juftice rendroit compte de l'exécution de la loi du 29 feptembre, relative aux fociétés, & des infractions qui y ont été faites.

Enfin, fur celle de M. Vaifard, & après l'urgence préalable, elle a décrété, 1°. que les féances des corps adminiftratifs feront publiques; 2°. que fon comité de légiflation lui préfentera un projet de décret pour dé terminer les cas où cette loi fera modifiée.

« PreviousContinue »