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48. DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE LÉGISLATIVE.

RÉVOLUTIONS

DE

PARIS,

DÉDIÉES 'A' ΤΑ ΝΑΤΙΟΝ

ET AU DISTRICT DES PÉTITS-AUGUSTINS

supin quo▸ Avec gravures et cartes des départemens de France. QUATRIÈME ANNÉE 19 ***!

DE LA LIBERTÉ FRANÇAISE

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de la Saint-Laurent."

par

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C'éro17 vendredi, 25 août & fête de Louis IX; c'est-à-dire, quinze jours après le maflacre de la SaintLaurent, commandé célébrée la folennité nationale en mémoire des patriotes Louis XVI, que dévoit être morts au château des Tuileries. Mais la mèlquinerie de 'obélifque dont Palloi s'étoit chargé obligea d'élever un No. 164. Tome 13.

A

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autre monument plus digne du fujet. Poyet, l'archite&e de la ville, s'en acquitta d'autant mieux qu'il eut le bon efprit de copier l'antique dans fa belle fimplicité. C'est dommage que ce M. Poyet foit le même qui, vendu aux caprices de Breteuil & aux forfaits de la cour, conduifit les travaux qu'elle ordonna à la bastille pour la mettre en état de canonner les citoyens le 14 de juillet 1789.

La conftruction de la pyramide dans le ftyle égyptien força de remettre la fête funèbre au dimanche 27. Le patriote Sergent, adminiftrateur de la commune & artifte, en fut l'ordonnateur, & y fit preuve de beaucoup d'intelligence & de goût. Les quatre infcriptions en profe de la pyramide font de lui, & valent beaucoup mieux que les quatrains du poëte Chenier, qu'on furnommoit Gracchus, mais qu'on n'appelle plus à préfent que Chénier le chapelain, depuis fon admiffion au club de la baffe Sainte-Chapelle, & fon adhésion formelle aux principes feuillantins qu'on profeffoit dans cette tabagie femi- ariftocratique où figuroit Roucher; qu'on juge du refte des habitués. L'une des infcriptions en profe étoit frappante par fon laconifme:

Silence, ils reposent.

Le public n'en tint pas affez de compte. Le choix de l'emplacement donnoit à cette fête un caractère fombre, bien propre au recueillement. La pyramide couvroit le grand baffin des Tuileries, en face du château, de ce château dont chaque croifée, le 10 août, vomiffoit la mort fur les patriotes, & joncha de cadavres tout l'efpace environnant. Tandis que de l'autre côté, sur le Carroufel, premier théâtre du maffacre, le fang des traîtres couloit fous la guillotine, dans le jardin on édifioit un monument à la gloire des patriotes de la journée du 10. La veille de la fête du roi-maffacreur, on décapita l'un de fes complices; le lendemain de cette fête, on rendit les derniers honneurs aux citoyens maffacrés. Ainfi, au même lieu & dans la même fem aine, Paris s'acquittoit de tous fes devoirs à la fois; il diftribuoit le châtiment & l'éloge, & fatisfaifoit en même temps à la juftice & à la reconnoiffance,

Le cortège partit de la maifon commune entre cinq & fix heures. Un cordon de foie avoit contenu le peuple qui afflua fur la place de ville pour être témoin des apprêts. Un cavalier, au milieu de fa troupe, ouvroit la marche, portant une bannière fur laquelle on lifoit:

Aux manes des citoyens français
Morts pour la défenfe de la liberté,
La patrie reconnoissante.

D'autres volontaires à cheval auffi fuivoient avec dix bannières commémoratives des principaux maffacres dont la cour & fes agens ont fouillé la révolution; on lifoit:

Maffacre de Nanci,

Maffacre de Nîmes,
Maffacre de Montauban,
Maffacre d'Avignon,

Maffacre de la Chapelle,

Maffacre de Carpentras,,

Maffacre du champ de la fédération, &c. &c. &c.

La vue de cette life horrible de tant de forfaits,dans l'efpace de moins de 4 années, navroit l'ame d'abord, & portoit enfuite à fon comble l'indignation contre les chefs & les moteurs fubalternes de tant de complots fcélérats contre une nation bonne & généreuse qui ne vouloit que la liberté, & eût volontiers fait grace à douze fiècles d'efclavage & de mifère.

A côté de la bastille, ombragée de fon drapeau, fans oublier ceux pris aux gardes-fuiffes du feu roi Louis XVI, étoit portée une arche, au milieu d'un groupe attendriffant de femmes en robe blanche, & ceinture noire.

On fe demandoit: que renferme donc cette arche? Lifez, difoient les citoyennes qui l'entouroient; elle renferme cette pétition du 17 juillet 1791, qui nous eût épargné la perte d'une année entière pour la liberté, en nous délivrant dès-lors, fi l'affemblée conftituante y eût fait droit, d'un defpote ennemi-né des droits de T'homme, & qui fut teinte du plus pur fang des patriotes, finiftre prélude de ce qui devoit arriver treize mois après au château des Tuileries, événement qu'elle auroit prévenu.

A &

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