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fauve-garde, jufqu'à ce qu'ils foient rendus dans le lieu défigné.

9. Les traitemens des eccléfiaftiques détenus feront réunis en maffe pour fournir à leur fubfiftance, à raison de vingt fous par jour, ainfi qu'à celle des autres détenus qui n'auroient pas de traitement.

10°. Si on ne peut faifir les eccléfiaftiques contre lefquels la détention aura été prononcée, leur traitement fera arrêté & entrera dans la maffe destinée à la nourriture des détenus; & fi la maffe étoit infuffifante, l'administration du département pourvoiroit à l'excédent.

Le confeil de département recommande expreffément aux confeils & aux directoires de district, aux munici palités, aux confeils-généraux des communes, à la garde nationale & à la gendarmerie nationale, de tenir la main à l'exécution du préfent arrêté; charge le directoire de le faire imprimer & de l'envoyer au district pour être par lui adreffé aux municipalités de leur reffort, & affiché dans le plus bref délai. Certifié conforme au registre. Signés, Guftave DOULCET, préfident; BOUGON, fecrétaire-général.

Il fe fabrique dans ce moment-ci, par ordre du gouvernement de France, chez M. Meignier, bijoutier de la couronne, grande galerie du Louvre, différens objets d'un très-grand prix, deftinés à faire un préfent au grand Turc. Ces objets confiftent en un fabre à poignée d'or, enrichie de diamans; un houffoir à parfumer la barbe, garni de diamans; une table d'or avec un médaillon dans le milieu, entouré de diamans, & autant de petites affiettes & coupes d'or que le tour de la table en peut contenir; une cuvette d'or avec les anfes garnies de diamans, & l'éguière assortie.

On eftime le tout 20 à 22 millions. Ces différens objets doivent être achevés avant un mois. Le gouvernement qui les a commandés, & qui en furveille la fabrication, les preffe, fur-tout depuis l'arrivée d'une lettre de Sélim III au roi des Français, fur les affaires de France, dans laquelle les formes orientales font non-feulement confervées, mais outrées. Le roi n'y eft pas feulement qualifié de fouverain, mais l'élite des fouverains, le monarque par excellence, le potentat des potentats, &c. &c. &c. &c.

Les grilles & les rubans.

Depuis quatre années, la révolution française offre une foule de contraftes dignes d'être notés par l'observateur philofophe & patriote. Le plus piquant de tous, peut-être, eft celui qu'on remarque en ce moment aux Tuileries.

D'un côté des portes fermées & qui ne s'entr'ouvrent qu'à l'inspection d'une carte; des fentinelles rouges & bleues à chacune de ces portes; des canons, mêche allumée, de larges foffés & une forte grille toute neuve, tout cela pour empêcher le peuple d'approcher trop près du château & de fe promener dans le jardin.

De l'autre côté, la terraffe des Feuillans eft redevenue publique dans toute fa longueur, & regorge de monde; trois efcaliers fe préfentent pour fe mettre au large dans le refte du jardin; il ne tient qu'au public de s'y répandre; le roi ne trouve plus de gardes pour contenir la multitude; mais un ruban eft tendu à chacun de ces efcaliers, & c'eft le peuple lui-même qui s'eft impofé cette barrière; elle fera refpectée.

Le peuple fait pourtant bien que le jardin des Tuileries n'eft pas plus à Louis XVI que la place de Vendôme n'appartient aux locataires des bâtimens d'alentour; il fait que l'affemblée conftituante, en cédant au roi la jouiffance ufufruitière & exclufive du Louvre & du château des Tuileries, n'a pas prétendu fans doute y comprendre celle du jardin qui eft au public, ainfi que la promenade du boulevard qui n'entre pas dans la propriété des maisons qui le bordent; mais le peuple ne veut plus avoir de plaifirs communs avec un defpote ombrageux; il s'en eft expliqué fur l'une des infcriptions qui bordent la terraffe; le refte du jardin eft pour lui la forêt noire; il lui fuffit de fe mettre en garde contre les brigands qui l'habitent, & de ne point les perdre de vue,

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L'abbé de Lille, connu plus avantageufement par fes vers que par fon patriotifme, difoit, famedi dernier: Quel peuple! il a pris la Baftille, il brave, tous les jours les baionnettes & le canon, & il fe contient à la vue d'un ruban; un fil de foie eft une barrière qui l'arrêre aujourd'hui tout court. C'eft dommage, ajouta le poëte de cour, qu'il ait affaffiné hier M. Duval Dépré

ménil.

Le

Pour separer le jardin des thuileries de la terrasse des feuillans, le Peuple tendit le long de cette terrasse un simple ruban, cette barriere fut respectée, Personne ne la franchie

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Le bon citoyen devant lequel il parloit ainfi eût pu lui répondre: Le peuple refpecte la loi & le fimple ruban pofé au nom de la loi; mais il châtie l'homme vil & dangereux qui fouffle le froid & le chaud, & qui pour plaire à une cour ingrate & perverie qu'il a la lâcheté de fervir, veut mettre aux prifes le peuple en uniforme avec le peuple fans uniforme.

Habitans de Paris, confervez long-temps encore ce caractère de fageffe qui tôt ou tard doit vous rendre le modèle du monde entier; conduifez-vous toujours comme vous avez fait le 20 juin, le 21 juillet, & comme vous en agiffez aujourd'hui. Quel peuple en Europe eût été capable de votre modération? Vos ennemis mêmes font forcés de vous admirer; vos procédés l'étonnent; ils s'en fentent incapables.

Le premier de vos mandataires vous trahit évidem ment; vous lui portez vos plaintes; ce prince brutal & lâche vous ferme les portes de fon palais mais qui peut réfifter au peuple? Vous entrez, vous pénétrez jufqu'au tyran. La présence de l'auteur de tous vos maux auroit pu, auroit dû peut-être vous confeiller d'y mettre enfin un terme c'en étoit fait de la dynaftie des Bourbons. Vous bornez votre reffentiment à quelques vérités dites dans toute leur énergie; vous vous en tenez au mépris & à la pitié. Louis XVI eût-il montré la même générofité, s'il eût pu gagner Montmédy & en revenir à la tête d'une armée de tous les fcélérats couronnés de l'Eu rope.

Un mois après, fur des foupçons trop légitimes, vous manifeftez le vœu d'entrer à force ouverte dans un jardin qui n'auroit jamais dû vous être fermé; votre magiftrat dit une parole, & vous devenez les gardiens de cette même porte que vous vouliez d'abord abattre. Quelques jours après, les entrées vous font enfin rendues par un décret. Un autre peuple que vous, appuyé de fon droit & fentant fa force, eût fait payer. cher au tyran fa conduite injurieuse envers la nation. Bons Parifiens! vous vous contentez de confpuer la garde nombreuse dont on vous environne. Eh! comment porter respect au plat vifage d'un fieur Aclocque, d'un fieur Lachenaye, d'un fieur Pigeon, commis au Journal de la Cour, & grenadier du bataillon des Filles Saint-Thomas, &c. &c. Le lendemain, les janiffaires ont difparu; No. 160. Tome '3:

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