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indulgence plénière que Louis XVI porte toujours fut fui, & par laquelle il eft abfous d'avance de tous les crimes d'une contre-révolution.

Et fi ce même Louis XVI fe déclaroit contre eux; comme il le fait à l'égard des patriotes, ce feroient encore des prêtres qui l'affaffineroient ou le feroient affas finer; ils font coutumiers du fait. Les annales jéfuitiques offrent, à chaque page, de ces fortes d'anecdotes. N'eftce pas un pape qui empoiffonna un empereur en le communiant? C'eft un trait digne des prêtres, de rendre leur Dieu même complice & inftrument de leurs forfaits..

Cette citoyenne de la rue des Noyers, qui, le 11 de ce mois, fur le foir, quitta fon mari avec lequel elle vivoit bien, pour aller fe jeter à l'eau, où elle périt; cette victime du fanatisme eft encore l'ouvrage d'un prêtre, ex-vicaire d'une paroiffe de Paris. Le monftre Jui avoit tourné la tête, en la menaçant d'une contrerévolution prochaine.

Ce font des prêtres qui, en voyant paffer le convoi de cette malheureufe femme, dirent affez haut pour être entendus: Dieu lui pardonnera fon fuicide; elle a quitté ce monde par horreur des impies révolutionnaires qui le couvrent.

Par-tout où il fe trame des complots contre la patrie & la raifon, citoyens, foyez sûrs qu'il y a des prêtres; on les trouve toujours quand il y a du mal à faire; mais c'eft bien autre chofe fi nous paffons de Paris dans les départemens.

Sans parler des maffacres de Nimes, Montauban, Avignon, &c. tous dus à des prêtres au moment où nous écrivons, les voilà qui embrâfent de tous les feux de la guerre civile le département du Finistère. La ville de Quimper eft menacée d'être affiégée par fept à huit mille hommes fanatifés par les prêtres dans dix à douze paroiffes voisines. Sans une femme qui vint prévenir les habitans, Quimper eût été prise d'affaut, & traitée comme on doit s'y attendre quand les prêtres ont le deffus. Cette armée eft aux ordres d'un juge de paix qui dit avoir reçu les pouvoirs de Dieu & de la Vierge. Ce miférable, cantonné dans un bourg à la tête de fa troupe, a fait tirer fur les gardes nationales accourues au bruit du tocfin; il fut repouffé avec perte; le fang

coula; plufieurs malheureux y laiffèrent la vie; mais en évacuant la place, il incendia une maifon. Une lettre de Breft apprend que le juge de paix vient d'être tué dans un combat près Quimper.

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On eût prévenu cet affreux défordre, en adoptant la mefure fagement prife à Angers & à Laval. La gent églifière défoloit ces deux villes & tout le pays envie ronnant; on ne favoit comment s'en délivrer. Depuis qu'on a renfermé huit cents de ces êtres malfaifans, la concorde & la paix règnent dans le canton, & les familles refpirent.

C'eft fur-tout à Dijon & dans toute l'étendue du département de la Côte-d'Or, que ce parti extrême étoit urgent & devenoit indifpenfable. On ne fe fait point une idée des intrigues fourdes, des noirceurs journalières que les prêtres mettoient en œuvre ; infolens, & ofant tout depuis le veto de leur maître temporel. Il n'eft point de fcélérateffes obfcures dont ils ne fe foient rendus coupables; pas une famille, pas un ménage qui ne se soit reffenti de leur venin. On redoutoit bien davantage ces ennemis domestiques que les Hulans. La patience étoit à bout enfin ils mirent le comble à l'indignation gé nérale, par le fcandale de leur conduite à la nouvelle de l'échec que le bataillon de la Côte-d'Or effuya aux frontières par la perfidie du ministère. Le trépas d'un grand nombre de braves volontaires nationaux combattant comme des lions, mit tout Dijon dans le deuil; les prêtres, au contraire, comme de lâches vipères, firent entendre les fifflemens d'une joie féroce; plufieurs d'entré eux, oferent même braver la publique douleur par le chant d'un Te Deum. A ces cris d'antropophages, les Dijonais ne purent fe contenir; ils s'emparèrent de la horde noire, la promenèrent par toute la ville, & après l'avoir fait agenouiller au pied de l'arbre de la liberté, la conduisirent dans un vieux féminaire ; & fermèrent la porte fur cette vermine, invoquant en vain l'inviolabilité que lui affuroit le vet. Le peuple s'applaudit tous les jours de cette mefure, dont il regrette de ne s'être pas avifé plus tôt; il ne voit pas fans une fatisfaction fe crète tous ces prêtres confinés dans la même retraite, & abandonnés à eux-mêmes, devenus leurs premiers bourreaux, fe noircir de leur propre venin, & réalifer le tableau qu'on nous fait de l'enfer où les démons, faute de victimes, exercent réciproquement fur leurs perfonnes.

tous les tourmens dont ils espéroient faire ufage contre les pauvres humains. Il faut voir ces prêtres de Dijon, venir deux à deux & une fois le jour chercher, à un guichet entre ouvert, la nourriture qu'y dépofent leurs gouvernantes, qui n'ont plus d'autres fervices à rendre à leurs très-honorés maîtres.

Cette reclufion des mauvais prêtres inconftitutionnelle fi l'on veut, étoit d'autant plus urgente, qu'ils gâtoient le petit troupeau des bons prêtres; il n'eft forte de tours perfides qu'ils n'imaginaffent pour débaucher, corrompre, dégoûter le clergé national ou s'en venger; tous les moyens leur étoient bons.

Nous avons fous les yeux un exemple tout récent des peines fans nombre que les bons prêtres ont à fupporter de leur part. Le curé conflitutionnel de Saint-Sulpice, à Paris, qu'en arracha de fa communauté de l'Oratoire, dont il étoit le fupérieur, pour le placer à la tête de cette paroiffe, fut tellement tracaffé par fes ouailles femelles, ameutées contre lui par le ci-devant curé: on lui fit effuyer tant de déboires, que ce vieillard respectable vient d'y fuccomber; il eft regretté de tous les bons paroiffiens; mais leur eftime & leur attachement ne le mirent point à l'abri des petites vengeances facerdotales qu'on exerça continuellement fur lui. (1)

La religion eft une belle chofe; mais elle n'a pas de plus grands profanateurs ni de plus grands ennemis (es, propres miniftres. Il feroit bien temps que le Père Éternel lui-même se levât, car nous femmes bien fatigués de fes vice-dieux. :)

que

ASSEMBLÉE

NATIONALE.

Séance du dimanche 15 juillet 1792.

Les adminiftrateurs du diftrict de Sarlouis ont écrit qu'ils ont tout à redouter de la conduite non-équivoque du prince-évêque de Trèves; des raffemblemens nombreux fe forment dans fes états; les voyageurs français y éprouvent des traitemens que l'on peut regarder comme

(1) Ce bon curé reçut un coup de poing dans l'eftomac, de la part d'un prêtre infermenté.

des

des marques certaines d'hoftilités. Ces adminiftrateurs fe plaignent enfuite de ce que la libre exportation des vivres & fourrages ait été autorifée par le département de la Mofelle. Renvoyé aux comités militaire & diplomatique.

Deux propofitions ont enfuite été faites. M. Rouhier a demandé que le maire de Paris fût tenu de rendre compte tous les jours du nombre des volontaires qui le arriveront dans la capitale. M. Fauchet a voulu que pouvoir exécutif fût chargé de faire fortir de Paris, dans vingt-quatre heures, tous les régimens de ligne qui y font en garnifon.

Sur l'avis du premier, il a été décrété que le maire rendra compte, le 18, du nombre des gardes nationales qui font arrivées à Paris. La motion de M. Fauchet a trouvé plus de contradicteurs ; cependant l'affemblée l'a adoptée, rédigée ainsi qu'il tuit par M. Choudieu : « Le » pouvoir exécutif fera tenu de faire fortir, dans trois » jours, les troupes qui font en garnifon dans la capi-, » tale ou dans les environs, de les éloigner de 30,000: » toifes, & de rendre compte de l'exécution du pré» fent décret ».

M. Lafource a fait enfuite décréter que le comité mi litaire préfenteroit le lendemain un projet de décret qui organiferoit la divifion de gendarmerie dans laquelle les gardes françaises doivent entrer.

On a renvoyé à la commiffion militaire une lettre de M. Lamorlière, par laquelle il propofe différentes mesures indifpenfables, telles que de déclarer en état de guerre les rives du Rhin, à deux lieues de diftance, & d'obliger tout citoyen à faire fon fervice perfonnellement; ik a preffé fur-tout l'armement de fept mille citoyens qui font retranchés, & ne possèdent que mille fufils,

M. Lemontey, organe de la commiflion, a fait un rapport fur la question de favoir fi des généraux peuvent conferver le droit de préfenter aux autorités conftituées des pétitions étrangères à leurs fonctions & à leurs intérêts particuliers; il a propofé de décréter que les généraux, les commandans de pofte, les officiers de bataillon de ligne & de volontaires, ne pourront préfenter, aux autorités conftituées des pétitions étrangères à leurs fonctions ou à leurs intérêts particuliers. 2°. Les foldats volontaires ne pourront préfenter des pétitions fignées de No. 158. Tome '3.

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plus d'un feul individu. 3°. Ceux qui contreviendront feront deftitués de leurs fonctions, & encourront la peine prononcée par le code pénal. L'impreffion & l'ajournement du rapport ont été décrétés..

Séance du dimanche foir. Le miniftre de la marine a écrit pour rappeler qu'il a notifié, il y a environ trois mois l'audace qu'avoit eue une frégate napolitaine d'attaquer & de cancnner jufque fur nos côtes un chebec algérien. La régence d'Alger s'en étoit plainte, & notre ambaffadeur à Naples en a demandé réparation. La cour de Naples a répondu qu'elle improuvoit hautement la conduite de Carathiolo, capitaine de la frégate; elle a demandé à examiner l'affaire pour la juger équitablement. L'affemblée renvoie cettte notification au comité diplo matique.

On a lu une lettre de M. Montesquiou, qui fait paffer un compte que lui a rendu le lieutenant-colonel Aubry, qu'il avoit chargé de la pourfuite de Saillan. Le château de Bannes eft pris, les rébelles fe font rendus à difcrétion, excepté Saillan & les fous-chefs à fes ordres qui ont fui du côté de Villeforte. L'affemblée renvoie ces détails au comité; elle décrète que le préfident écrira à M. Aubry & au département de l'Ardèche, pour leur témoigner fa fatisfaction.

M. Rulh, député d'Alface, fe plaint de ce que les frontières fur le Rhin reftent dégarnies; il dit que M. Montefquiou n'y a pas fait pafler neuf bataillons qu'il devoit y envoyer. Cette plainte a excité des réclamations contre le pouvoir exécutif.

M. Thuriot a demandé que le pouvoir exécutif dife pourquoi Luckher eft maintenant à Paris. M. Lacuée répond que le général eft venu conférer avec le miniftre de la guerre. L'affemblée a décrété que le miniftre rendra compte du voyage de M. le maréchal Luckner; qu'il rendra compte de l'état des armes, des hommes & des moyens d'attaque ou de défenfe que nous avons fur le Rhin.

L'ordre du jour étoit l'admiffion des pétitionnaires. Dans le grand nombre de ceux qui ont été admis, on a diftingué le maire & le procureur de la commune de Chartres, qui fe plaignent d'avoir été fufpendus par le directoire du département d'Eure & Loir, pour avoir refusé d'enregistrer la proclamation du roi du 22 juin,

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