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votre main, l'assemblée nationale vous autorise à emprunter quarante millions à la caisse d'escompte, pour le service d'avril et de mai.

Si l'état du trésor public exige réellement ce secours, ne deviez-vous pas prendre par ce même billet l'engagement de prouver que votre den ande étoit fondée; qu'il n'y avoit recette faite ni à faire qui pût suppléer à cet emprunt de quarante millions. Voilà ce que vous deviez faire; voici ce que vous avez fait : « Je vous donne ma parole de répondre aux insinuations contenues dans les deux derniers rapports, publiés par le comité des pensions; l'une sur les ordonnances du comptant de 1779; l'autre sur des graces prétendues accordées à des gens en faveur ».

O ministre adoré ! prouverez vous que vous n'avez pas donné cinq mille livres au sieur Vauvilliers, directeur des subsistances, qui nous fait manger le pain à 12 sols, qui ne cesse d'engorger nos magasins, sans penser que quand le bled est cher, il ne faut faire que la provision nécessaire? Prouverezvous que vous n'avez pas accordé cette pension contre la teneur du décret de l'assemblée nationale? Non, vous nous donnerez, je le sais, de belles tirades de morale. Mais, croyez-moi, elles ne nous en imposeront pas; avouez vos torts, rendez vos comptes, et persuadez-vous que si vous partez avant de les rendre, soit pour cause de santé, par démission ou par mécontentement, ce sera, en bon français, mettre la clef sous la porte.

Faits et Observations.

On a répandu et inséré dans plusieurs journaux un discours du Roi à madame Royale, le jour de sa première communion. Ce discours est apocryphe, puisqu'on y trouve les sentimens d'un mauvais citoyen.

On a été étonné que cette princesse eût fait sa

première communion un jour avant les jeunes filles de la paroisse Saint-Germain - l'Auxerrois. Pourquoi, en effet, ne pas la lui faire faire avec, ces jeunes filles? En présence de Dieu, à la table sainte, la fille d'un roi n'est pas au-dessus de la fille d'un simple citoyen; et jamais occasion ne fut plus propre de donner à cette jeune princesse une idée de l'égalité entre les hommes. On ne peut s'empêcher de rappeler ici la grande et belle leçon que le père de notre roi lui donna, et à ses frères, en leur montrant, sur le registre des baptêmes, leurs noms inscrits à la suite de ceux des simples citoyens.

On nous assure que les aristocrates prêtres et nobles de l'assemblée nationale veulent absolument porter leur protestation au roi contre le décret sur les biens du clergé; on nous assure que le roi est entouré de gens qui tâchent de lui per suader qu'il doit recevoir et sanctionner cette protestation. O patrie! ô humanité ! Les monstres! ils osent se dire les amis du roi, les défenseurs de la royauté...... Je voudrois dire une vérité utile, et ne pas faire porter les yeux trop loin.

Rappelez-vous, 8 malheureux aristocrates! qu'un roi d'Angleterre, pour avoir reçu la protestation de 12 évêques contre les actes du parlement, se vit forcé de fuir de son propre palais; qu'il essuya neuf ans de guerre; qu'il vit périr les plus éminens personnages de l'état; qu'il alla de victoires en défaites, de défaites en trahisons, de trahisons en captivités, jusqu'au comble des malheurs. Aristocrates, voudriez-vous que votre roi éprouvât la centième partie des nialheurs d'un prince qui n'eût peut-être à se reprocher que la foiblesse d'avoir accepté la protestation des évêques anglais ?

Saint-Jean d'Angély, le 10 avril.... « Les détachemens de Chef boutonne, Matha, Melle et

Beauvais se sont rendus ici le jour de Pâques ; le lendemain, nous nous sommes rendus avec eux à Rochefort, où le serment fédératif nous a réunis avec toutes les troupes de l'arrondissement. La plus grande cordialité, le plus bel ordre et point d'accidens. A notre retour, nous avons fait une fête militaire, à la fin de laquelle on a promené solemnellement une potence. Nos aristocrates, dont le ton nous alarmoit depuis quelque temps, sont un peu déconcertés. On nous a rapporté qu'ils s'étoient fait agréger, par la protection du sieur Regnaud, notre prétendu député, à la sublime société des amis de la constitution. Si cela est, ne mériteroit-il pas d'en être chassé? C'est un Sosie d'un nouveau genre; il est aristocrate à Saint-Jean d'Angély, et patriote à Paris. Nos officiers ont pris le parti de le dénoncer à l'assemblée nationale, par une adresse, comme l'auteur des troubles qui agitent notre ville; nous craignons qu'il ne la fasse disparoître des bureaux. Rendez-nous le service d'annoncer publiquement l'existence de cette pièce, et même de l'insérer, s'il est possible, dans votre prochain numéro. Nous sommes fort contens de notre municipalité; il n'y a pas le plus léger défaut de forme dans l'élection; néanmoins nous craignons que le sieur Regnaud n'abuse encore le rapporteur, comme il avoit trompé l'honnête M. Desmeuniers ». L'espace ne nous permet pas d'insérer cette adresse. D'après les exemples effrayans de bureaucratie que nous vous avons observés dans cette affaire, nous croyons que, si les citoyens de cette ville veulent avoir la paix, ils doivent accéder au décret suivant : « L'assemblée nationale déclare qu'il ne peut y avoir à Saint Jean d'Angély d'autres officiers municipaux, que ceux qu'il plaira au sieur Regnaud de nommer ».

Dóle, 8 avril. Un détachement de notre garde

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nationale et de Royal - étranger s'est transporté au village de Souvent, pour assister un juge criminel qui alloit constater des plaintes des garde-chasses de la comtesse de Brun. Les paysans, au nombre de 8oo, se sont armés, et ont envoyé un des leurs pour offrir de ne faire aucun mal, si Fon consentoit à ne point leur en faire. Nous nous sommes retirés, et les bons paysans nous ont accompagnés avec les flûtes et les tambours. La comtesse de Brun, piquée, a demandé qu'on vint proclamer la loi martiale; ce qui lui a été accordé un peu légèrement. Elle avoit fait distribuer de l'argent pour échauffer la troupe, et cent cavaliers ont accompagné notre premier bataillon, qui est parti avec deux pièces de canon. On n'a trouvé dans ce village que les femmes, les enfans, les vieillards; les hommes s'étoient retranchés près d'un bois, où l'on s'est transporté; ils ont refusé de se rendre : alors on a fait feu sur eux; plusieurs ont été tués; et sans la prudence des anciens militaires, on les auroit tous massacrés dans le bois. On en a arrêté une centaine, parmi lesquels il y a un patriarche de quatre-vingts ans qui est blessé. Trente communautés voisines s'armoient pour enlever les prisonniers; mais la troupe doloise s'est retirée, en les emmenant attachés deux à deux. Voilà ce que la morgue d'une comtesse a occasionné. Les paysans nous traitent d'aristocrates; et les têtes s'étant un peu refroidies, nos chefs sont honteux de leur sottise. Cela n'est-il pas édifiant? Après le serment de confraternité de 150 mille hommes, s'égorger pour des garde chasses!

Eh bien! citoyens, vous avez entendu crier dans les rues Grand combat entre des brigands et la garde nationale de Dôle. Malheureux peuple! comme on te trompe...

....

Un de nos abonnés nous demande « pourquoi le clergé de France s'est opiniâtré jusqu'à ce moment à ne pas vouloir accorder aux protestans la

qualité de citoyen actif, et pourquoi le clergé de Brabant se met sous la protection de diverses puis sances protestantes, pour se soustraire au gouverment d'un prince catholique»? C'est que le règne de la religion commence où finit celui du clergé.

Les représentans de la commune ont offert leur démission aux districts, pourvu qu'on nommât 240 autres personnes pour les remplacer. Les soidisans abusent de l'esprit des décrets de l'assemblée nationale. Jusqu'à une nouvelle élection, les municipaux doivent rester en charge, sans doute; mais ce décret ne peut s'entendre que des soixante administrateurs; eux seuls doivent rester jusqu'à la nouvelle élection. La démission simulée des soi-disans n'est donc qu'un outrage de plus ajouté à ceux dont ils ont, depuis six mois, abreuvé leurs

commettans.

Extrait d'une lettre de Rennes, du 15 avril 1790.

M. le garde des sceaux a écrit au sieur Drouin, procureur du roi de la sénéchaussée «que, vu l'ancienneté des affaires des 26 et 27 janvier 1788, il croyoit à propos de faire ouvrir les portes au nommé Helanderis, détenu pour cette affaire. Le sieur Drouin, sans consulter son siége, a fait sortir cet accusé de prison: aussi-tôt qu'on en fut instruit, le cri d'improbation devint général; la garde nationale et notre brillante jeunesse lui ont fait notifier de ne plus reparoftre avec la cocarde nationale. La municipalité assemblée a arrêté, sur les conclusions du procureur de la commune, de dénoncer le garde des sceaux et le sieur Drouin à l'assemblée nationale, et d'écrire à nos députés pour qu'ils aient à solliciter le plus prompt jugement du massacre des 26 et 27 janvier 1788, fait par la noblesse bretonne à Rennes, les états assemblés. Le présidial se réunit demain pour chasser son procureur du Roi ».

PAPIERS

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