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Française, parce qu'elle y étoit devenue malade; ni lui ni personne n'a agi par inimitié pour le commissaire de police; le sieur Bernard n'a jamais non plus été ennemi des frères Cordonniers, dont on a pris la maison aujourd'hui; tous ces arrangemens n'ont été pris qu'après délibération du 23 Décembre dernier par économie; et le commissaire n'étoit, que simple locataire à bail, et on n'a déplacé que lui: le surplus étoit destiné pour une école de boulangerie.

District de Saint-Jacques de l'Hôpital.

,

« L'assemblée générale et ordinaire du Mercredi 23 Décembre 1789.

< Lecture faire à l'assemblée d'un mémoire relatif à la caserne du centre, elle a cru, d'après l'exposé qui y est fait de la convenance, du peu de loyer et de réparations que coûteroient le local de l'école de boulangerie, et la maison contigue occupée par M. le commissaire Serreau; que MM. les représentans de la commune, pourroient enfin agréer cette proposition nltérieure.

<< En conséquence, elle a nommé pour porter son væu, à cet égard, à MM. Ies représentans de la commune, et à MM. composant le conté des casernemens.

« MM. Blanc, secrétaire-greffier de ce district, et Lumière, capitaine de la nouvelle compagnie du centre, afin d'inviter MM. les administrateurs au département des travaux publics, à délivrer une ordonnance qui nommera, des commissaires pour faire la visite des deux maisons proposées et contigues, pour, sur le rapport qui en seroit fait par lesdits commissaires, être statué par la municipalité et le bureau des casernemens, ce qu'il appartiendra, en observant, au nom du district, qu'il y a long-temps que cette compagnie du centre souffre de son resserrement en la caserne rue Française; que le service ne peut se faire avec toute l'exactitude désirée par les officiers, attendu que le plus grand nombre des soldats sont obligés d'habiter des quartiers très-éloignés, jusqu'à ce qu'ils puissent être casernés ».

Nous avons l'honneur d'être, avec les plus parfaits sentimens d'estime, vos très-humbles, etc. LUMIERE, capitaine, DAUBAN, sergent-major; BEAUCHANT, S. L. D. G. R., MARTIN, sergent; BERNARD.

Le détachement de la garde nationale, parti de Rennes pour mettre la paix dans la province, ayant défendu le château du Bois de la Roche, appartenant à M. de SaintPern, qui étoit sur le point d'être pillé et incendié, M. et Madame de Saint-Pern écrivirent au commandant du détachement pour le remercier. Nous croyons que leur lettre, et sur-tout la réponse, intéresseront nos lecteurs.

Lettre à M. d'Orville, officier de la garde natio nale de Rennes.

Dinan, 13 février 1790.

Nous ressentons, Monsieur, àutant de satisfaction de ce que Dieu vous a préservé des dangers auxquels vous vous êtes exposé, en donnant secours à nos enians, que nous avons de reconnoissance de ce généreux secours.... Veuillez bien être persuadé, Monsieur, qu'elle est aussi étendue que juste, et que nous n'oublierons jamais les obligations que nous vous avons.

Nous sommer, avec des sentimens respectueux, Monsieur, vos très hub'es et très-obéissans serviteur et servante, SAINT-PERN, père; L'OLLIVIER DE SAINT-PERN.

Réponse de MM. les commandans et commissaires du détachement des militaires-citoyens et citoyensmilitaires de Rennes, à une lettre de M. et Madame de Saint-Pern à M. d'Orville, datée de Dinan, le 13 février 1790.

Rennes, le 17 février 1790.

Nous venons, Messieurs, de donner un grand exemple aux ci-devant privilégiés de Bretagne.

Vous ne devez votre salut qu'au mépris que nous faisons des préjugés, et à notre réprobation pour tout ce qui est réprouvé par les loix.

Quand vous avez imploré nos secours, nous aurions pu vous dire : « Quel droit avez-vous à notre protection? Quels sont ceux qui vous persécutent ? Qu'exigent-ils de vous » ?

<< Vous êtes nos ennemis; vous voyez une portion de cette valeureuse jeunesse, de ces vrais citoyens dont vous aviez machiné la ruine. Nous avons failli devenir les vie

times de ces ames mercenaires que vous aviez soudoyées, que vous aviez soldées pour nous détruire ».

<< Vous n'avez pas fermé la plaie que vous aviez ouverte dans nos cœurs: vous êtes encore tout dégouttans de notre sang »..

« Venez vous laver, dans la piscine civique, du crime dont vous vous êtes souillé. Purgez-vous du serment odieux, par lequel, en insultant au peuple français, vous vous êtes engagé à combattre ses droits. Rompez avec cette ligue anti-patriotique, qui ne doit son salut qu'à notre générosité. En invoquant le secours de la nation, reconnoissez son autorité. Abjurez sur l'autel de la patrie vos préjugés, vos erreurs. Restituez à vos concitoyens des usurpations dont vous n'avez que trop long-temps mésusé ».

« Ces hommes qui vous persécutent aujourd'hui, dans toute autre circonstance, seroient en droit d'exiger notre appui. Ce ne sont pas des brigands; ce sont des cultiva teurs..... Ce sont nos frères, nos amis. Ce sont ceux que vous avez pendant tant de siècles, écrasés sous le joug de la tyrannie et de la fiscalité; ce sont les premières victimes de vos priviléges, de vos oppressions ».

«Que vous demandent-ils ? La suppression de ces titres qui ont consacré jusqu'ici leur servitude et leur humiliation; de ces titres, monumens de la barbarie et de l'orgueilleuse ignorance de vos pères; de ces titres que vous chérissez vous-mêmes, et qui outragent également la raison et l'humanité ».

Au moment où la liberté et l'égalité civiles s'établissent pour le bonheur de l'empire français, vous devriez être les premiers à renoncer à ces prérogatives qui ne vous élevoient au-dessus du commun des hommes que pour affliger et avilir l'espèce humaine ».

Voilà, Messieurs, ce que nous aurions pu exiger de vous. Mais nous avons fait céder tout ressentiment aux grands principes qui ne cesseront de diriger notre conduite.

Protéger l'humanité, faire respecter les propriétés, c'étoient deux devoirs gravés dans nos cœurs et consacrés par le sénat auguste, qui vient de régénérer l'em⚫pire.

Votre vie étoit en péril, vos Fossessions étoient menacées, dès-lors (quoique vous le fussiez en effet) nous ne vous avons plus considérés comme nos ennemis, nous n'avons vu en vous que des hommes persécutés contre

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a été

le vœu de la loi, et ce titre, sacré pour nous,
le plus puissant, (que dis-je ?) te, seul qui vous air
mérité notre protection.

Nos concitoyens devoient attendre du secours de la loi, ce qu'ils ont voulu obtenir par la violence, Ils étoient nos frères; mais ils avoient troublé l'ordre et la tranquillité publique. L's attroupemens étoient proscrits; ils s étoient rendus coupables d'infractions aux décrets de l'autorité; nous avons dû réprimer leurs excès, nous avons dû les punir: neus l'avons fait..

Mais ce qui doit leur garantir nos sentimens, c'est que la sévérité à laquelle ils nous ont portés a été pour nous le plus cruel des sacrifices.

Qu'ils attendent dans la paix et dans la confiance le moment qui doit fixer irrévocablement leur bonheur : l'assemblée nationale s'occupe principalement de tout ce qui peut améliorer leur sort. Elle a déja détruit la féodalité; il ne lui reste plus que quelques tempéramens à prendre pour consommer ce grand ceuvre. C'est alors que, protecteurs de la loi, nous déploirons notre zèle et nos forces pour détruire l'hydre qui les a trop iong-temps

dévorés.

Il est malheureux, Messieurs, de commettre des fautes; mais il est grand de les reconnoître et de les réparer.

La générosité, le zèle, le patriotisme de nos milices nationales et de la garnison de Rennes, étoient autant de titres qui leur donnoient droit d'attendre que vous vous seriez rendus dignes du service important qu'elles vous ont rendu, en imitant l'exemple de ceux des ci-devant privilégiés qui, ramenés à des principes dont ils regrettent de s'être écartés, viennent de rendre hommage aux opérations de l'aréopage français, ar de préter le serment natio nal que tout citoyen doit avoir dans le cœur. Notre intérét n'étant qu'un avec l'intérêt public, c'étoit le seul tnoignage que nous devions recevoir de votre reconnois

sance.

Nous sommes avec des sentimens respectueux, Messieurs, vos très-humbles et obéissans serviteurs, les commandans et commissaires du détachement de la milice nationale et de la garnison de rennes.

Signés, d'Orville, aide-major de la garde nationale de Rennes; Chauvet, sergent des grenadiers d'Artois; Morcau, Ponsard; commissaires.

Au Bois de la Roche.

ASSEMBLÉE NATIONALE.

Séance du mardi 2 mars.

L'assemblée a entendu le rapport de l'état des choses dans les îles de Saint-Domingue et de la Martinique. A Saint-Domingue, la colonie s'est divisée en trois parties, où il s'est formé des assemblées provinciales, qui ont rejetté la forme d'administration qui avoit lieu auparavant; à la Martinique, l'assemblée coloniale avoit été convoquée sans les ordres du roi: les municipalités se sont formées dans les villes, le régime prohibitif et les taxes ont été suspendues. Après le rapport, M. de Lameth a demandé la division de la question des colonies, et de l'abolition de la traite, y ayant eu des doutes sur l'épreuve par assis et levé; on a décidé, par appel nominal, qu'il n'y avoit avoit pas lieu à délibérer sur la division.

Il a été décrété un comité de douze personnes pour examiner tout ce qui concerne les colonies, et pour en rendre compte le lundi suivant. La séance a été levéé à six heures du soir.

Séance du mercredi. Sur la motion de M. de Fermond, il Я été décrété qu'il seroit fait le changement suivant, dans le décret sur le droit d'aînesse, au lieu de ces mots, ◄ sans égard à l'ancienne qualité des biens et à la noblesse des personnes ». Lisez : « Sans égard à l'ancienne qualité noble des biens et des personnes ».

On a passé ensuite à la discussion du projet de comité féodal, et on a décrété les articles suivans:

ART. XVII, «Toute redevance ci-devant payée par les habitans à titre d'abonnement des bannalités, de la nature de celles ci-dessus supprimées sans indemnité, et qui n'étoient point dans le cas des exceptions portées par l'art. 15, est abolie et supprimée sans indemnité».

XVIII. «L'assemblée nationale fait défense aux ci-devant banniers d'attenter à la propriété des moulins, pressoirs, fours et autres objets de la bannalité, desquels ils sont affranchis par l'article 14, met ladite propriété sous la sauve-garde de la loi, et enjoint aux municipalités de tenir la main à ce qu'elle soit sévèrement respectée ».

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