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scène vraiment comique. On a continué la marche autour de la ville. Quoique Perpignan ait dans son sein beaucoup d'aristocrates, tout s'est passé dans la plus grande tranquillité; et le peuple, malgré que le vin lui ait été distribué à profusion, n'a insulté personne, et on n'a commis aucun désordre.

On nous mande de Sucy en Brie que, le premier de ce mois, quoiqu'il y cût sur le marché de Brie-ComteRobert plus de 150 muids de bled, il n'étoit pas possible d'en acheter, et que, dès que l'on se proposoit aux propriétaires, ils répondoient qu'il étoit vendu; de sorte que les boulangers en revendoient eux-mêmes, avec bénéfice, aux pauvres habitans de la campagne qui étoient désolés de ne point l'avoir de la première main. Seroitil encore dans l'ame des Français d'accaparer cette denrée? Non, il n'est pas possible que ce soient des amis de l'humanité. La lettre dont est extrait est signée AUBEAU.

Le mois dernier, nous écrit-on de Nantes, des bleds qui avoient été achetés et payés pour Angers, ont été arrêtés en passant à Saint-Mathurin et au Rosier, village à quatre lieues de cette dernière ville; on envoya des troupes nationales, et un détachement du régiment qui y est en garnison: le curé du village vint au-devant de la troupe avec ses habitans, tous armés; et lorsqu'il vit que l'on chargeoit les fusils et quatre pièces de canons qui avoient suivi, ils offrit de rendre le bled, et de payer les frais qu'avoit occasionné leur arrestation.

Le décret de l'assemblée nationale sur la chasse vient de mettre deux honnêtes laboureurs en compromis avec les officiers des chasses: l'un est Jacques Landoc Masson, laboureur de la Paroisse de Sonchamp, près Rambouillet; l'autre, Nicolas-Charles Beaudouin, laboureur de Fontenay-le-Fleury, cfficier municipal et électeur; ces particuliers s'étant avisés de chasser sur leurs terres, suivant l'idée que présente le décret, ont été désarmés, maltraités et incarcérés; et nous sommes libres! Ils ont des certificats authentiques de leur innocence.

Lettre de M. l'Abbé Fauchet.

MONSIEUR,

Le 28 Février.

Je viens de lire, à la page 37 du numéro 32 où votre

zèle pour la liberté vous a trompé à mon égard, une lettre qui m'est adressée par M. Lassaurée, américain, où son zèle pour l'esclavage le jete bien plus loin de la vérité; car les premiers principes de la nature et de l'histoire y sont également méconnus. Pour prouver que le commerce ne s'engraisse pas d'hommes, par la traite des noirs, ce savant colon assure que c'est l'église et le clergé qui sont antropophages. Le moment est bien choisi pour ce reproche. Eh bien ! Monsieur de Lassaurée, on réduit les ecclésiastiques, qui n'ont cependant jamais fait le commerce de chair humaine, a être Xénophages, et c'est l'œuvre de la liberté. Permettez donc que la liberté vous oblige aussi à ne plus vivre de sang humain. Je n'ai point parlé de déclarer libres à l'instant les Nègres des colonies; ils ne sont pas tous capables de porter le bonheur; il faut les y préparer par des mesures sages. Je n'ai parlé que de la traite; et le commerce horrible doit cesser aussi-tôt que la nature, la raison, l'humanité, se font entendre chez un peuple.

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I n'est aucun prétexte de richesse nationale qui puisse légitimer une aussi execrable abomination. Ce sont les marchands négriers qui ont suscité les guerres entre les peuplades africaines; et ils osent argumenter de ce délit qui est l'opprobre de l'Europe, pour en demander la continuation. Ils ont encore l'air de s'apitoyer sur le sort des esclaves africains dans leur pays ils affirment qu'ils sont moins maltraités dans les colonies que chez eux. Les belles ames! mais cela même est faux; je les renvoie, vous dis-je, à l'ouvrage de M. l'abbé Sibire chez Lescalapart, rue du Roule. Il est vrai que c'est un prêtre, er non pas un commerçant d'hommes: mais l'église ne l'a pas engraissé pour son zèle et ses vertus; car il n'a pas le moindre bénéfice, quoiqu'il fût digne de l'épiscopar. En revanche, c'est un homme de bien, qui dit ce qu'il a vu en Afrique et à Saint-Domingue. Son suffrage vaut mieux que celui de tous les millionnaires commerçans, et de tous les colons américains, dont l'intérêt est marqué par un caractère trop violent pour faire illusion à des ames françaises.

MONSIEUR,

Paris, le 17 février 1790.

Une Sentence des Consuls oblige les débiteurs à payer en spèces les appoints des billets, ou ce qui excède les billets

de caisse. Je vais prouver que cette sentence n'a pas tout son mérite auprès des banquiers, et qu'elle est ridicule à un certain point. Hier, madame veuve Tassin cnvoye chez moi recevoir un billet de 112 liv. Joffre à son porteur, qui avoit dans son porte feuille des billets de caisse de toutes les sommes connues. Je n'avois qu'un billet de caisse de 300 liv. et deux écus de 6 liv., je le prie de ni'en remettre un de 200; il me refuse; je me vois exposée au protêt, cela m'afflige. Je vais trouver M. le Comte, président des consuls; il me console, et m'offre lui-même la monnoie, m'assurant que le porte-sac est seulement malhonnête; que le banquier, adame Tassin, ne fera pas cette difficulté. Cependant je l'éprouve, et je vois qu'il

se trompe.

Le soir, j'ai un effet à recevoir chez le sicur Lefevre, banquier, rue Beaubourg; cet effet est de 168 livres; il exige de moi 32 liv. pour l'appoint d'un billet de caisse qu'il me présente; un tailleur de médiocre fortune, au même instant, montre un mandat de 32 liv.: on lui demande 168 liv. d'appoint sur un billet de 200. Quel contraste! Il est donc décidé que les banquiers seuls auront le droit d'accaparer le numéraire, et que le commerce de détail sera dépourvu du moyen le plus utile. Je vous prie d'insérer ma lettre dans votre plus prochain numéro, et de me croire, avec les sentimens que vous inspirez, Monsicur, votre très-humble servante, FORCADE, femme PILLOY.

Lettre adressée à M. Prudhomme.

MONSIEUR,

Je vous ai écrit, il y a douze jours, pour renouveller l'abonnement de vos Révolutions; ma lettre étoit à votre adresse; je vous envoyois 9 livres, que j'ai déposées au bureau de la poste de Mai, port payé; je vous priois même de mettre vos numéros à mon adresse, et non à celle de M. Barbier, ci-devant vicaire d'Acqs; mais je fus bien surpris de recevoir un numéro de M. Tournon. Je ne sais comment il a pu surprendre ma lettre et mon abonnement. En conséquence, Monsieur, je vous prie de faire valoir vos droits, ce découvrir d'où peut venir l'erreur, et de tancer le s eur Tournon comme il le mérite; mon intention est de voir vos Révolutions

et

et non les siennes ; je lui écris en même-temps, et lui renvoie son numéro. J'espère que vous Youdrez bien reprendre mon abonnement je vous aurai obligation. Je vous prie de me croire très-sincèrement. Monsieur, votre très-humble serviteur, PINART, curé d'Acqs.

Acqs-en-Multien, 4 Mars 1790.

Je ne peux me dispenser de faire connoître au public que ce n'est pas la seule réclamation de ce genre. Il est manifeste que c'est un vol qui doit être dénoncé. J'ignore si c'est aux facteurs de la poste qu'on peut attribuer l'erreur d'adresse, ou à ceux qui reçoivent les lettres qui ne leur sont pas adressées directement; mais il n'est pas moins vrai que ce vol existe.

Les deux lettres suivantes nous ont été adressées par M. Gaillard de la Ferrière, procureur au Châtelet, l'un des conseils de M. Faveras, pour démentir le fait qui y est relatif, et inséré dans nombre de Journaux, notamment dans la Chronique de Paris.

Lettre écrite par mademoiselle de Cormeré, le 24 Janvier 1790, à madame de Marguenaut.

Je ne puis vous cacher, Madame, quelle est ma surprise d'apprendre, de tous côtés, que M. Darlincourt tient de vous que vous m'avez fait l'honneur de venir me voir, accompagnée d'un inconnu, qui étoit chargé de remettre un paquet cacheté, contenant pour 400,000 livres de billets de la caisse d'escompte, à l'a- . dresse de madame la marquise de Faveras, ma belle sœur. Comme je n'ai jamais eu l'honneur de vous connoître, et encore moins de vous recevoir chez moi je vous prierai, Madame, de vouloir bien me faire celui de m'éclairer sur un fait aussi singulier. Il me paroît bien étonnant que l'on se serve ainsi de votre nom pour donner comme certaine une fable qui n'a d'autre fondement que la calomnie la plus noire. Je ne puis concevoir comment on peut imaginer qu'une somme d'argent ait pu dédommager ma belle sœur de la perte cruelle qu'elle vient de faire. Je me fatte que vous me ferez l'honneur de me répondre, et de me croire, ete. Signé, MAHY DE CORMERE.

No. 35.

F

Lettre écrite par Madame de Marguenaut à Mademoiselle de Cormeré, du 25 Février 1790.

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Je m'empresse, Mademoiselle, de répondre à la lettre que vous m'avez fait l'honneur, de m'écrire, et aussi de nier que j'aie tenu un propos aussi insensé que celui dont vous vous plaignez. Je n'ai jamais dit à personne que j'eusse l'honneur de vous connoître, et encore moins que je vous cusse fait une visite, et il mest impossible d'imaginer ce qui a pu donner lieu à un propos aussi extraordinaire à moins que ce ne soit parce qu'on sait que vous avez un appartement dans la même maison que ma belle sœur, et qu'on en ait tiré la conséquence que je devois vous connoître, quoiqu'il soit de la plus exacte vérité, que je n'aie même jamais eu l'honneur de vous rencontrer. Quand à monsieur Darlincourt, je vous donne ma parole d'honneur la plus sacrée, qu'il y a plus de 15 jours que je ne l'ai vu. Il est donc encore impossible que je lui ate dit l'absurdité dont on m'accuse auprès de vous depuis trois ou quatre jours. Je suis incapable de tenir un propos léger ou choquant pour qui que ce soit dans le monde; et bien assurément, Mademoiselle, quoique je n'aie pas l'honneur de vous connoître, ni aucune des personnes à qui vous appartenez, je ne ine pardonnerois jamais d'en avoir tenu un qui pût vous désobliger. J'ai l'honneur d'être, etc. Signé, DE MARGUENAUT.

MONSIEUR,

Les citoyens du district de Saint-Jacques-l'Hôpital ont vu avec peine dans votre N°. 29, pag. 43 et 44, l'article qui les concerne.

Des raisons de localité, le voisinage des Halles, et de nos frères de Saint-Eustache, ayant fait désirer aux citoyens de ce district, d'avoir leur compagnie du centre logée sur leur territoire, ont long-temps négocié ce casernement; et, par leur patience, ils sont parvenus à amener les administrateurs à être de leur avis, et aucun endroit n'a pu convenir, que la maison dont il s'agit. Le sieur Lumière a montré un zèle infatigable pour loger sa troupe mieux qu'elle ne l'étoit dans la rue

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