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tion des citoyens éligibles aux places municipales (art. 7.) Cette décision n'est qu'un diminutif du décret du marc d'argent. Tout citoyen actif doit être éligible.

L'art. 11 porte, « que les offices de judicature ne seront point incompatibles avec la place de notable. I faui donner la plus grande latitude à l'exclusion des officiers de judicature. S'ils étoient membres du conseil général, ils se coaliseroient bientôt avec le corps municipal, et c'est cette coali tion qu'il est très-important d'éviter pour le maintien de la liberté individuelle ».

Trente-deux articles sur l'élection des maires et trois scrutins! Quelle complication! Doit-on espérer que chaque citoyen, à qui l'on cache en quelque sorte le plan municipal, sera assez instruit de la prat que des élections lorsqu'elles auront lieu? J'ai proposé ailleurs une manière d'élite qui est trop simple pour qu'elle soit adoptée, et qui d'ailleurs vient des Romains. Or, on sait que ces gens-là ne sont point bons à imiter en rien.

Le peuple de Rome étoit divisé en 193 sections, appelées centuries. S'agissoit il d'élire un consul, on en tiroit une au sort; elle procédoit seule à l'élection. On laissoit écouler quelques jours, afin que les autres sections eussent le temps de s'informer du mérite du candidat, avant de confirmer ou de rejeter l'élection. L'histoire prouve que, tant que cette forme fut observée à Rome, les élections furent toujours bonnes.

Voici comment on pourroit l'adopter à notre organisation. On tireroit au sort un des districts. Celui-ci feroit l'élection de trois sujets dont un seul pourroit être du district-électeur, et deux jours après les cinquante neuf autres districts procéderoient par un seul scrutin à l'élection entre ces trois candidats. Celui qui auroit la pluralité des suffrages seroit maire. La voie de l'élection et du sort ont chacune à part de grands inconvéniens. C'est en les combinant l'une par l'autre qu'on vient

à bout de déconcerter les cabales, et de faire en même-temps de bons choix.

L'article premier du chap. 7, tit. 3, attribue aux corps municipaux l'élection des 24 administrateurs parmi les soixante-douze membres. C'est une aris tocratie concentrée. Pourquoi ne seroit-ce pas la commune qui feroit ce choix? Ne voit-on pas qu'il se feroit un marché entre les 24 et les autres membres. Ceux-ci donneroient leurs voix aux 24, à condition qu'ils leur prêteroient au besoin leur autorité.

Au chapitre de la durée des places, on s'est ménagé un moyen bien dangereux d'abuser de l'autorité. Par l'art 2, le maire et les officiers pourront être réélus même après quatre ans d'exercice, mais pour d'autres places que celles dont ils auroient été revêtus. Ainsi, après avoir été quatre ans maire, on pourroit devenir procureur-syndic, puis redevenir maire ou administrateur. Il faut qu'un administrateur après deux ou quatre ans d'un exercice quelconque, redevienne simple citoyen au moins pendant deux ans. Ce n'est que la crainte de rentrer dans la classe des simples citoyens, qui réprimera la tentation d'abuser du pouvoir. Alors seulement celui qui aura été vexé par l'officier, sortant de place, pourra obtenir justice contre lui et lutter à forces égales. Si l'on peut courir de place en place, ce sera bientôt un métier que d'être municipal; les interstices sont absolument nécessaires pour maintenir la liberté.

- L'art. 2 du chapitre de l'incompatibilité des places n'exclut point de l'assemblée de département les membres du conseil général; mais il est essensiel qu'ils en soient exclus. Il faut diviser les pouvoirs, afin qu'ils pèsent moins sur la tête des citoyens, et qu'ils se balancent les uns les autres. D'ailleurs, l'appel des décisions du conseil général doit être porté à l'assemblée de département.

Les assemblées ordinaires pour les élections sont mal placées à la Saint-Martin, saison froide, plu

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vieuso, où les jours sont très-courts; c'est au mois de mai qu'il faut les placer. Ah! qui ne sent pas à ce mot de mai, que nos pères savoient mieux étre libres que nous !

On voit, par divers articles, que les trois cents veulent présider aux nouvelles élections, installer la municipalité, et qu'ils attendent qu'elle le soit pour rendre compte de leur administration. Il suit de là, que nul des trois cents ne doit être réélu, puisqu'il est comptable de sa gestion, et que le corps des deux cents quarante veut usurper, jusqu'au dernier moment de son existence, tout ce qui lui tombera sous la main. Ces deux cents quarante dépensent un argent qui serviroit à soulager le peuple. Leur mission est finie; les districts ne sauroient mieux user du pouvoir communal qu'ils ont encore en main, qu'en chassant de l'hôtel-de-ville des homines qui se sont montrès en tout si indignes de la confiance qui leur avoit été

accordée.

Le district des Minimes a pris à ce sujet trois arrêtés; il a envoyé une députation pour prier les représentans de se retirer de l'hôtel-de-ville, où ils font une dépense inutile. Le président des 240 a répondu qu'outre le plan municipal, ils étoient chargés de faire des réglemens à la journée pour l'administration; que, d'après un décret de l'assemblée nationale, ils devoient rester en exercice pour présider aux nouvelles élections ; et ce décret n'a trait qu'aux 60 administrateurs qui forment le corps municipal provisoire. Ce district s'étoit aussi élevé contre l'imfame érection d'un comité d'inquisiteurs; le président a prétendu qu'un autre décret de l'assemblée nationale ordonnoit à son comité de se concerter avec le comité des recherches de la ville, et ce décret ne parle que du comité de police; mais on peut tout hazarder, même dans une ville libre, quand on a un comité d'inquisition pour égide, et qu'on a résolu de conserver par la violence une autorité usurpée à force d'adresse.

Suits

Suite de la liste des pensions.

« Les grands n'apprennent rien parfaitement qu'à monter à cheval», disoit le philosophe Carnéades, « parce que les chevaux ne les flattent point ». Il ne faut que lire l'état des pensions payées au trésor royal par le pauvre peuple français, pour sentir la fausseté de cet adage. Tous les écuyers de nos princes ont des pensions plus considérables que les généraux et les magistrats. Il est clair que messieurs des grande et petite écuries n'ont pu mériter des pensions si énormes, qu'en se faisant un métier de dépraver le naturel du cheval, et de lui apprendre à flatter les rois et les princes qui avoient la prétention d'être bons écuyers.

On trouve encore plusieurs dresseurs de chevaux dans la troisième classe de la liste des pensions, dont les dernières lettres viennent d'être publiées. Les porte-arquebuses, les musiciens, les barbiers, les femmes-de-chambre, les remueuses, remplissent le reste de la liste; quelques chefs d'escadres ou capitaines de vaisseaux retirés, quelques officiers en activité, semblent n'être semés dans cette sequelle de valets-courtisans,que pour prouver toute la dépravation de la cour et du ininistère, et pour démontrer que des princes indignes de toute estime faisoient réellement moins de cas des services que rendoient à l'état des hommes distingués par leur talent et leurs vertus, que des complaisances privées, et souvent infames de la canaille aristocratique qui les entouroit.

Nous nous faisons un devoir de citer quelques exemples, afin que tous les citoyens apprennent, en frémissant d'indignation, qu'il vaut mieux combattre, souffrir et mourir, que de retomber sous les serres ministérielles, et de redevenir la pâture des loups et des vautours qui peuploient les antiNo. 34.

chambres du roi, de la reine et des enfans de France.

A Thomas Dwalz, barbier du roi, cinq pensions montant à 7,787 liv., dont 1,000 liv. réversibles à son épouse et à sa belle-fille. Denis le tyran, craignoit beaucoup son barbier; mais il ne lui donnoit point de pensions; il se faisoit raser par ses filles; il se rasoit lui-même. Des pensions à son barbier n'auroient point calmé sa défiance. Comparons: une pension de 7,787 à un barbier! et au sieur de Fabregues, capitaine de vaisseau retiré, 2,700 1. pour ses services.

A Duvernet, garçon de la chambre du feu dauphin, 4.586 Liv., et au sieur Faudran de Taillade, capitaine de vaisseau, retiré 2,400 liv. A Falco, vétéran de la musique du roi, 4,800 liv., et à M. de Clieu, cipitaine de vaisseau, retiré 2,400 liv.

A Catherine Fontaine Godard, femme-dechambre de madame Louise, en cinq pensions, 3,711 liv.; et à mademoiselle de Fontaine, pour les services de son père, maréchal de camp, 2,700 liv.

A Hertwichs, doyen des valets-de-chambre du roi, 3,641 liv.; et au sieur Framond de Grèzes, brigadier des armées navales, 3,000 liv.

A Hollande, ancien concierge du château de la Muette, 3,600 liv.; et à M. Hue de le Rondel, capitaine de vaisseau, retiré, 2,400 liv.

A Hélène la Baume, femme-de-chambre de la dauphine, 5,708 liv. ; et à M. Gras de Préville, capitaine de vaisseau, tant en considération du combat qu'il a soutenu pendant cinq heures avec la frégate l'Engageante, contre la frégate anglaise la Rose qu'il a réduite, que de sa croisière aux fles, du convoi qu'il a ramené, et du dérangement de sa santé, qui le met hors d'état de continuer le service, 3,800 liv. 1,908 de moins à un capitaine vainqueur et blessé, qu'à une femme-dechambre.

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