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Il y a eu à Paris pendant l'année 1789 19,383 baptême ; 4781 mariages; 20,391 enterremens; 5719 enfans trouvés; 61 professions religieuses.

En 1788, il y avoit eu 20,708 baptêmes; 5575 mariages; 19,959 enterremens; 5822 enfans-trouvés, et 122 professions religieuses.

L'année 1789 s'est trouvée diminuée de 1325 baptêmes, 594 mariages, 432 enterremens, de 103 enfans-trouvés, et de 61 professions religieuses. Suite des souscripteurs qui se sont présentés chez Me. Ménard de Marsainvilliers, notaire, rue de Seine, faubourg Saint-Germain, no. 29, pour l'érection de la statue de Jean-Jacques Rousseau. M. Vasette.

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M. Riqueur, receveur principal des mes-
sageries.
M. de l'Isle, directeur du contentieux

des messageries.,

M. Mouret de Soyecourt, chef de bureau des messageries.

M. Guilleminet, directeur de l'imprime

rie des Révolutions.

3 liv.

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Il s'est glissé dans le numéro 29 une erreur sentielle à corriger. Page 29, ligne7, lisez un vieillard àgé de 90 ans, grand père de l'épouse de M. Agasse, président du district de St.-Honoré, au lieu d'aïeul des coupables.

Avis à nos souscripteurs.

L'organisation des municipalités, celle des districts et des départemens, vont nous ouvrir un nouveau champ. Il n'y a qu'un journal libre et courageux qui puisse empêcher le despotisme, l'arbitraire, la bureaucratie,de s'instroduire dans la nouvelle adininistration. Nous rendrons compte de tout ce quise passera à ce sujet. Les pièces et némoires relatifs à cette partie de notre travail doivent être revêtus de signatures connues, ou en forme probante.

PAPIERS

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Je soussigné, certifie avoir remis moi-même à M. Prud homme les pièces originales de la conspiration et de ma captivité développées dans mon mémoire, étant libre depuis quatre mois par les bontés de M. le comte do Saint-Priest, et que foi doit être ajoutée à celles-là seuler.

ment.

LE PRÉVOT DE BEAUMONT

A Paris, ce 21 février 1790.

Suite de l'horrible conspiration découverte en juillet 1768, par le Prévôt de Beaumont, prisonnier pendant 22 ans.

Bastille, ma première prison, le 17 novembre 1768, durant onze mois. Cause de mon em prisonnement.

En juillet 1768, le sieur Rinville, principal commis de Rousseau, receveur-général des domaines et bois du comté d'Orléans, m'invite à dîner ; et tandis qu'il va l'ordonner, amusez-vous, me dit-il, à lire le bail que voici sur ma table pour m'en dire votre sentiment à mon retour. Il m'avoua qu'il l'avoit apporté de son bureau. Après lui avoir expliqué en gros ce qu'il n'entendoit pas, je lui promis de lui en donner l'interprétation entière, qui demandoit de ma part un commentaire sur les vingt articles, s'il vouloit m'en Jaisser tirer copie, ce qu'il agréa. Au lieu d'une copie à mi-marge, j'en fis cinq, sur chacune desquelles j'écrivis mes commentaires, mes notes et mes réflexions; et, pour convaincre Rinville que j'étois sûr de toucher le but de l'entreprise, je l'assurai qu'il devoit, lui ou d'autres de son bureau, tenir une correspondance fort No. 33,

E

Etendue avec des ambulans répartis en diverses provinces, avoir des registres de cette correspondance, envoyer beaucoup de fonds pour les achats et les manoeuvres des grains; il en convint, et me montra une autre fois ses registres dans son bureau. Il me mena chez les autres preneurs du bail, et au bureau des bleds; il m'aida à collecter tous les renseignemens et les preuves que je désirois; et, quand j'eus dressé ma dénonciation com plétement pour l'envoyer, non au parlement de Paris, dont la plupart des membres de la grand'chambre étoient associés à l'entreprise, mais à celui de Rouen', qui venoit de donner sur les accaparemens de fortes remontrances, mon paquet étant volumineux, Rinville se chargea de le faire contre-signer du cachet et du nom de Laverdy, dans l'un des bureaux du sieur Boutin intendant des finances, que nous ne savions point mem bre de l'entreprise. Je ne consentis point d'abord à ce contre-seing; mais Rinville m'assura qu'il avoit fait contresigner plus de 200 paquets par cette voie, sans qu'on cut manqué d'en accuser la réception. Je le lui donnai donc, en lui recommandant d'être présent à l'apposition du cachet, et de me rapporter le paquet pour le mettre moi-même à la poste, ce que Rinville me promit: mais il oublia ses promesses, et il fut le premier puni de son oubli; car, au licu de me rapporter le paquer contresigné, il le laissa sur le bureau; et, si-tôt qu'il fut sorti, le premier commis du sieur Boutin n'eut rien de plus pressé que de l'ouvrir pour l'inspecter. Quel étonnement pour lui de voir le pacte de famine générale, que son maitre exécutoit de toutes ses forces, dénoncé au parlement de Rouen, qui cherchoit à découvrir les causes de ces famines! Il porta sur le champ mon paquet au sieur Boutin, qui, non moins surpris que lui, monta aussi-tôt en carrosse pour en conférer avec Sartine, procureur-général de la ligue. Celui-ci envoya chercher Marais, inspecteur, dans la nuit même, et lui donna une lettre-de-cachet en blanc seing de Phélippeaux, pour aller vite arrêter le sieur Rinville dans son lit, er le conduire à la Bastille. Marais, pour faire d'autres captures, persuade Rinville, dans sa prison, qu'il sera délivré sur le champ, s'il désigne seulement cinq ou six citoyens qui aient connoissance ou parlent des ma tières du temps, relatives au sujet de sa détention, prinipalement le domicile de celui qui a commenté le bail

fu ministère, pour le dénoncer comme une ligue. Rinville, qui ne se doute pas du piége, dénonce six citoyens, indique mon domicile; et dans la même nu it on m'enlève de mon lit à quatre heures du matin, pré sence du commissaire Mutel, en robe, en vertu d'un de ces fausses lettres en blanc, que Phélippeaux délivroite imprimées par bottes de centaine à Sartine, son subdélégué, et me voilà englouti à la Bastille où Rinville fait encore venir après moi les sieurs Durban, Turban, Vincent, Peyrard et autres qu'il connoissoit. Dans ce tempslà, Sartine faisoit arrêter tous ceux qui parloient ou entendoient parler le vulgaire de la misère publique, du monopole des prétendus bleds du roi, et des placards odieux et menaçans qu'on trouvoit affichés chaque jour au coin des rues contre le roi et contre la ville. Voilà la cause de ma captivité, et comment j'ai découvert le pacte Laverdien que je viens de dénoncer,

Pour nous retenir tous prisonniers d'état, sinon plus de vingt-quatre heures, du moins plus d'un an et jour, il falloit alléguer des délits vrais ou faux; et, quoiqu'à mon égard Sartine se fût épuisé dans ses recherches pour autoriser notre détention, il ne trouvoit cependant point un seul prétexte, un seul délit dans notre conduite civile qui pût l'obliger à nous détenir une heure en prison. Mutel, parlant de l'ordonnance de Louis XIV, qu'il n'entendoit pas, vint plusieurs fois m'interroger et dresser procès-verbal de mes réponses à la Bastille. Sartine y vint aussi me questionner à son tour. Pourquoi me dit-il, n'avez-vous pas adressé votre dénonciation à M. Trudaine? Il vouloit voir si je connoissois ses scélérats associés, et si je le soupçonnois lui-même. Votre question m'étonne, lui répondis-je. Si j'avois dénoncé au plus ardent des conjurés, n'eût-ce pas été la même bêtise que de dénoncer au chef de la ligue conjurée ? Me serois-je adressé au parlement de Paris, dont la plupart des membres de la grand'chambre sont associés à votre ligue? Me serois-je adressé au ministère qui trempe jusqu'au cou dans cette horrible machination? Me serois-je adressé à vous-même, qui, pour l'exécution de cette infernale entreprise, faites les fonctions de procurcurgénéral, à vous qui retenez en département la capitale et toute l'Isle-de-France, compris la Bric; à vous qui tenez correspondance avec les lieutenans généraux des bailliages; à vous qui endoctrinez Malisset tous les jours

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de la semaine durant deux heures; à vous qui tours mentez injustement les boulangers de Paris, parce qu'ils ne veulent pas donner le pain au-dessous du prix que vous leur faites acheter les bleds et les farines mixtionnés de Malisset, que vous appellez l'homme du roi; à vous enfin qui n'informez pas le roi des affiches journalières que cette atroce conjuration fait naître depuis plus de Irois mois? Sur cette sortie, que Sartine n'attendoit pas, et qu'il ne pouvoit nier, il fait une pirouette sur le talon, et va dans l'embrasure d'une des fenêtres de son Aribunal d'inquisition chercher sa réplique; et revenant à moi, il prononce: oui, mais je ferai imprimer des lettres qui me disculperont. Sottise, lui dis-je, le public saura ous répondre de manière que vous ne pourrez pas répliquer; vous vous dénoncerez vous-même, et vous vous perdrez; les faits ne parlent que trop haut, et vous ne Temporterez pas sur la notoriété publique. Dépêtrez

ous donc du complot; cessez de conspirer, et ne metiez pas au jour les lettres de votre président. Vous seriez tous reconnus traîtres et prévaricateurs. Il ne fit en effet rien imprimer.

Durant onze mois qu'il me laissa à la Bastille, j'y découvris dans le chartrier où le fameux Sully tencit en réserve le trésor de Henri-le-Grand, son maître, le dépôt de toutes les ligues qui avoient provoqué les famines de 1740, 1741, 1752, 1767, 1768 et 1769. Le père de Duval en étoit le gardien. Il venoit de temps en temps trier ces papiers, et en brûloit des monceaux sous la voûte de l'ancien pont-levi qui donnoit sur la rue des Tournelles.

L'on dit qu'après la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, il en a été transporté des voitures entières à l'hôtelde-ville pour les examiner. Quoiqu'on eût pu brûler auparavant les comptes, les états de répartition, d'émargement, les registres de recette et de dépense, j'aurois voulu avoir a faculté de les éplucher; j'y aurois sûrement trouvé des renseignemens sur les manœuvres anciennes, l'établissement des magasins créés en 1729, et les baux exécutés jusqu'à ce jour.

Pour m'occuper, je composai L'ARAIGNÉE DE COUR, ou LE RÉSULTAT DES RÉSULTATS. Il n'étoit pas encore achevé, qu'après onze mois de détention, Sartine, au lieu de nous élargir, nous fait transférer au donjon de Vincennes, au nombre de sept, en 1e tu de lettres-de-cachet,

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