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compromise en aucune sorte dans l'accusation intentée contre son mari, pourquoi enfin on në l'a pas mise en liberté lorsque, la procédure entièrement complète et le jugement prononcé, il a été prouvé que son nom n'étoit même pas prononcé dans toute l'instruction?

La dame de Faveras a été détenue en prison sans être ni coupable ni accusée, sans décret, sans ordonnance juridique, pendant près de deux mois : en vertu de quoi? par la volonté du comité des recherches. Car tel est notre plaisir. Voilà toute la satisfaction que nos inquisiteurs donnent à celui envers lequel ils ont violé tous les droits de T'homme et du citoyen.

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Il me reste maintenant une question à faire, soit au comité des recherches, soit au procureursyndic, soit au procureur du roi, ou enfin à la commission qui juge les crimes de lèse-nation. Pourquoi l'assassin Lambesc, prince de la maison de Lorraine, ce monstre dont le crime est si constant, si certain, si évident, n'est-il pas encore pendu en effigie?

Compagnie de l'Ohio.

Il s'est formé, à Paris, une compagnie de vendeurs de terres incultes dans l'Amérique septentrionale. Ils font distribuer un mémoire, par les quel ils invitent les François à s'expatrier pour aller tenter fortune sous un ciel inconnu. Cette compagnie peut porter deux grands torts à la chose publique; faire exporter beaucoup de numéraire, et enlever beaucoup de citoyens à

l'état.

ils ont, disent-ils, trois millions d'acres à vendre, incultes à la vérité, mais environnés de terres défrichées, ou qu'on défriche. Toute cette terre sera peuplée avant trois ans ; et alors l'acre qu'ils vendeat six livres, vaudra quatre à cinq louis. Ils vantent la nature du sol, l'excellence du cli

mat, la bonté du gouvernement. Le chef lieu des Américains sera, avant peu d'années, fixé dans ce lieu. Le tabac, le coton, le bled, y viennent en abondance. Ces charlatans n'ont rien oublié pour faire tourner la tête à ceux qu'ils veulent attrapper; un tableau fort détaillé, prouve net et clair qu'avec 1270 livres on peut se rendre en Amérique, y avoir des bestiaux, des instrumens de labourage, être propriétaire de deux cents acres de terre; car, pour nous mieux allécher, ils ne font payer que la moitié du prix comptant, certains qu'is sont que le défaut de moyens empêchera de partir une grande partie de ceux qui seroient assez fous pour commencer par acquérir; que plusieurs mourront sur les lieux, dans un pays marécageux, non défriché par l'effet de la transplanta tion, ou par la misère.

En arrivant, vous disent-ils, vous n'aurez point de maison; vous pourrez user de celle de la compagnie vous n'aurez point de fours; mais il y a des matériaux pour en bâtir: vous n'aurez point de pain; nais vous vivrez de votre chasse; et, tout en chassant, vous dé richerez cinquante à soixante arpens de terre, dont le produit vous mettra au bout de six mois dans l'aisance. Enfin, l'Europe etant le marché de l'Amérique, les colons sont obliges de vendre leurs denrées à bas prix sur le sol méme ; mais on fournira aux nouveaux colons tous les moyens possibles de vendre à meilleur prix.

On nous assure, mais nous ne le croyons pas, que quelques-uns de nos concitoyens sont dupes de ces artifices grossiers, de ces promesses extravagantes. Ah! je leur dirai qu'allez-vous chercher ? la li erté? Nous allons en jouir par une constitution plus heureusement conçue que ceile des Etats-Unis. Des propriétés? On va vendre les biens du clergé. Vous n'avez que des sommes modiques? eh bien! on les vendra par petits lopins, þar portions détaillées; on ne sera pas assez barbare

ou assez fou pour les vendre en grandes masses, afin que les richesses accroissent aux riches, et que le pauvre soit privé de la douceur de devenir propriétaire. Une vente bien entendue des biens du clergé peut suppléer à une loi agraire, remettre l'équilibre dans les fortunes, augmenter le nombre des propriétaires qui sont presque toujours les meilleurs citoyens.

Je dirois enfin à ceux qui ne pourroient acheter ni un, ni deux arpens de terrein, qui n'ont absolument que leurs bras: attendez un peu. L'assemblée nationale sent la nécessité de faire des colonies dans la France même, de transplanter, dans des terres qui ne produisent point faute de bras, des hommes qui ne sont venus dans les grandes villes que pour vouer les leurs à l'oisiveté. On vous distribuera ces terres sous de modiques redevances annuelles. L'état vous aidera; des capitalistes feront creuser des canaux ; et,si vous êtes encore malheureux, vous serez toujours avec des frères, avec des concitoyens qui parlent une langue que vous entendez. Vous ne manquerez pas de secours ; vous ne mourrez pas de désespoir.

Faits et observations.

Le 20, l'assemblée des mandataires provisoires de la ville a terminé ses débats sur la rareté du numéraire et sur la caisse d'escompte, en arrêtant de supplier l'assemblée nationale de décréter qu'elle ne prolongera pas, au-delà du mois de juillet, l'arrêt de surséance accordé à cette caisse, d'attacher un intérêt progressif aux billets de caisse qui ne seront pas acquittés jusqu'à leur remboursement, de presser la vente des biens du clergé, dans l'étendue du département de Paris. Parturient

montes.

Le 22, Messieurs les électeurs de la ville de Paris se sont assemblés à l'archevêché, pour y faire lecture du procès-verbal de la fameuse journée

du 14 juillet dernier. M. Dussaux, l'un des élect teurs, a fait la motion, que les électeurs se ren dent tous les ans, le 14 juillet, jusqu'au dernier vivant, à l'hôtel-de-ville, pour aller chanter un Te Deum à Notre-Dame. Cette motion a été accueillie à l'unanimité. On ne sauroit trop rappeller, célébrer le jour où nous avons recouvré notre liberté. Voilà donc une fête nationale instituée; mais elle n'a pas de caractères assez frap

pans.

Le 23, un physicien a fait une expérience antiincendiaire au Luxembourg; elle consistoit à éteindre en fort peu de temps l'incendie d'une cabane de bois très-combustible, enduit de goudron. On avoit commandé pour cette expédition plusieurs compagnies de grenadiers et de chasseurs en grand uniforme. On leur a fait former une double haie au milieu de laquelle MONSIEUR et sa cour se sont rendus depuis le palais jusqu'au lieu de l'expérience. Plusieurs grenadiers et chasseurs trouvèrent mauvais qu'on leur eût fait prendre les armes pour une opération de cette nature. Le public payant trouva mauvais de ne voir l'expérience que derrière des bonnets de grenadiers et des plumets. L'artiste trouva mauvais qu'un très grand nombre de personnes y fùt entré sans payer. Il n'y a que le prince qui ait dû être content de voir que la révolution n'avoit point changé l'attachement des Français; car c'étoit sûrement pour lui que les chefs des compagnies les avoient commandées.

M. Vauvilliers, lieutenant de Maire au département des subsistances, avoit cru trouver un fort bon moyen de capter les suffrages pour les prochaines élections, en invitant deux députés de chaque district à venir visiter l'état des approvision:emens, à l'école militaire. Il y avoit beaucoup d'ordre, beaucoup d'apparence; le sieur Vauvilliers se persuadoit que la séance alloit se passer en hommages rendus à son intelligence. Quelques députés

de district, qui savoient qu'une sienne nièce, qui naguère faisoit la cuisine, avoit aujourd'hui, une femme-de-chambre, voulurent visiter scrupuleusement l'état des choses. Il s'ensuivit quelques découvertes qui ne permirent pas aux ccmmissaires d'encenser le sieur Vauvilliers. On en verra paroître avant peu un détail exact et curieux.

Un sieur du Maha, rue d'Argenteuil, no. 94, fit courir mercredi dernier une feuille intitulée : nouvelle trahison de M. le baron de Bezenval, et son emprisonnement. Le comité de police démentit aussi-tôt, par un placard, le bruit calomnieux, et fit arrêter le sieur du Maha qui, ayant mis son nom et son adresse, ne doit guère être soupçonné de méchanceté. Il paroît qu'il étoit l'agent d'un sieur Romainville qui abusoit de sa simplicité ou de sa bonne foi. Le sieur de Romainville a été arrêté. Quelle fureur de prêter des crimes imaginaires à un homme à qui on en a tant de réels à imputer!

Plusieurs honnêtes citoyens de Lyon nous mandent que le sieur Chalier, ce brave citoyen qui a eu le courage de dénoncer, par notre journal, les aristocrates de Lyon, a été exposé à plusieurs scènes désagréables, et que ces aristocrates font tout ce qu'ils peuvent pour le rendre suspect et odieux au peuple. Eh quoi! les Lyonnois seroientils assez aveugles pour devenir les instrumens de leurs aristocrates? ne voient-ils pas que celui qui nous a écrit contre les aristocrates de Lyon est leur véritable ami, leur défenseur, et qu'ils lui doivent une couronne civique?

«Madame Mouret, épouse de Me. Mouret, procureur au parlement, quai de la Tournelle, no. 28, et descendante du célèbre la Fontaine, a eu l'honneur de présenter à l'assemblée nationale un plan de sa composition pour l'éducation du sexe, que l'assemblée a accepté avec des marques d'une vive reconnoissance, et avec les applaudissemens de tous les assistans »,

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