Page images
PDF
EPUB

Nègres, traiter une question que vous ne connoissez pas -plus l'un que l'autre.

M. Moneron de Launay auroit dû prouver à cet acadé, micien qu'il est plutot l'ennemi des Negres que leur ami; que n'ayant jamais visité l'Afrique, il devoit au moins, pour raisonner un peu pertinemment, s'instruire de l'histoire de ce peuple, et connoitre le caractère des habitans de cette partie du monde ; il devoit lui demander si ses amis les Africains étoient libres, huntins et heureux avant que les Européens abordassent chez eux, Tout le monde sait le contraire; il n'y a que cet acadé micien et vous, M. l'Abbé, qui feigaiez Tignorer. Hé bien que j'aie le plaisir de vous rappeller que cette partie de la terre n'est qu'une immense foret, traversée de rivières, de petits ruisseaux et de sentiers; que les habitans sont épats en petits hameaux ou sociétés, qui ont toutes un chef on roi; que, comme il est presque dans l'homme de vivre dificilement avec son semblable, les Africains sur-tout étoient toujours ennemis de leurs veisins et en guerre avec eux. Leur guerre étoit d'autant plus féroce, que les vainqueurs dévoroient les vaincus ; ce qui fit horreur à ces premiers Européens, qui, les premiers, les connurent; la douceur de ces derniers, un peu d'intérêt de la part de ceux-ci, les hit traiter de leurs ennemis en échange des marchandises de nos manufactures, et ils livrèrent leurs victimes.

Je demanderai aux prétendus amis des Noirs ce qu'ils feroient pour détruire cl.cz ce peuple antropophage leur caractère, si on intrerdisoit cette espèce de commerce. Est-il plus nuisible aux Negres, qui doivent être ou esclaves, eu morts, ou mangés, que le travail auquel on les emploie? Peut-être, que M. l'académicien ira incessamment faire connoître à ses amis les droits de l'homme; qu'il leur expliquera les loix de l'humanité; que M. l'abbé ira leur débiter ses sermons, et qu'il fera en eux le changement que le commerce avoit opéré; qu'il fera des miracles.

Consultons maintenant si les Nègres, que l'on plaint dans leur esclavage, sont moins heureux que les habitans de nos campagnes, même que nombre d'artisaus de nos

villes.

Les Nègres sont, dans nos colonies, logés, couchés, vêtus et bien nourris aux dépens de leurs maitres; ils ent tous des petites maisons séparées et proportionnées à leur

famille, ont tous un parc dans lequel ils élèvent des cochons et des lapins; ils ont tous des poules: près de leur habitation se trouvent des petits jardins qu'ils cultivent pour leur usage: on les change d'habits tous les ans; sont-ils malades, ils vont à l'hôpital, ou rien ne leur manque. La fummie, sur les derniers mois de sa grossesse, ne fait rien; elle est nourri: par son maître; accouchée, elle ne travaille print qu'elle ne soit bien rétablie, et que son enfant ne soit fort; l'enfant sevré n'est plus à la charge du père et de la mère; une femme en a soin: tous les enfans sont nouriis et entretenus par le propriétaire les Negres devenus vieux ou estropiés, sont reçus à l'hôpital, où ils ont tout le nécessaire.

Le peuple, le journalier, Partisan mème, a-t-il autant d'avantages? La petite propriété du paysan, s'il en a une, est, ou chargée de rentes, ou grevée de dettes et hypos thèques : l'impôt l'accable; la grêle, une mauvaise année, une nombreuse famille, une maladie Fécrasent; l'artisan à la ville a souvent un loyer qu'il ne peut payer, défaut d'ouvrage entre tous les autres tourmens de la misère; tous finissent par avoir recours à la mendicité, qui est son dernier période, dont les Nègres ignorent et le nom

et l'effet.

Demander qu'on donne la liberté aux Nègres en Amérique (1), c'est demander aux Français le partage des terres et des fortunes à égales portions, c'est dire à la France d'abandonner ses colonies; c'est forcer tous les négocians et armateurs de brûler leurs navires, et renoncer au commerce; c'est attaquer les propriétés, le plus sacré des biens; peut-être aussi que les amis des Nègres trouveront cinq à six milliards por acquérir ces proprićtés, et rendre aux Nègres la liberté, scul bien pour nous è la vérité, mais impossible et mal examiné dans leur systême: alors on n'aura que le regret de n'avoir plus de colonies.

14 Février 1790.

LASSAUZÉE, Américain.

(1) Un Nègre libre ne travaille plus à la terre après avoir été affranchi. Il n'y a même point d'exemple qu'un Nègre devenu libre se soit loué pour entrer en domesticité, ni pour travailler; ce seroit une chimère de penser que l'on conservât aucune colonie avec des Nègres libres: consultez ceux qui sont actuellement en France.

De Rouen, ce 29 janvier 1790.

MONSIEUR,

L'assemblée nationale, dont nous respectons les de erets, en rendant celui de la libre exportation des blede et farines, dans l'étendue du royaume, n'a manifesté, dans ce décret, que le désir d'approvisionner les provinces; mais elle étoit loin de supposer les abus qui en résulteroient; abus que les accaparcurs (honnêtes agens des aristocrates), auront très-grand soin et très-grand intérêt de perpétuer, tant pour gagner les primes accordées par le gouvernement, que pour coopérer, par ces moyens, à la contre-révolution, en faisant transporter les grains et farines d'une province, et les faisant revenir successivement dans une autre. Notez, Monsieur, que ces manœuvres s'exécutent plus commodément dans les ports, par la facilité de les exporter, et notamment en cette ville, par la quantité de bâtimens qui y abordent de tous côtés. Un seul exemple, dont nous avons été témoin, mardi dernier, suffit pour vous convaincre de cette vérité.

Etant de garde au poste de la barrière du Mont-Riboudet, nous vimes embarquer, vers les onze heures du matin, des farines à bord du capitaine Landrain; il est nécessaire d'observer que notre consigne portoit de ne laisser sortir ni enlever aucuns bleds et farines, sans la permission ou un visa de la municipalité.

Nous crûmes, en conséquence, qu'il étoit de notre devoir de nous transporter au bureau des subsistances, y passer notre déclaration; un membre de ce comité nous ayant répondu que ce chargement n'étoit que pour trois à quatre lieucs de distance, nous lui observâmes qu'il n'étoit nullement nécessaire de les embarquer pour un si court voyage, et lui dîmes que nous savions au contraire qu'elles étoient destinées pour le Havre; et ayant ajouté qu'il étoit surprenant que l'on exportât des farines de notre ville, (au moment où, lasemaine denrèire, on avoit éprouvé quelques difficultés pour se procurer du pain), pour les aller porter dans un port dont la rade est jour nellement couverte de bâtimens chargés de bled venant de l'étranger.

[ocr errors]

Ces justes observations n'ayant pas plu aux honorables membres de ce comité, ils nous congédièrent, alléguant qu'ils n'avoient rien à répondre, et que, de plus, ceci ne nous regardoit pas. Outrés de cette réponse, aussi indécente qu'erronée, nous protestâmes à l'instant que nous ne voulions plus faire aucun service militaire, parce qu'il étoit injuste et absurde de déranger les citoyens de leurs occupations, pour (en faisant scrupuleusement son devoir), n'être pas mieux secondés, et nous signames ce rapport. Il résulte naturellement de l'insouciance des membres du corps municipal et électoral à réprimer et veiller à de pareils abus, que l'on peut présumer, avec quelque raison, que ce bâtiment, destiné en apparence pour le Havre, au lieu d'y aborder, ne cingle qu'à l'aide d'un coup de vent bien prévu vers un autre port; il ne seroit pas même étonnant que l'on vît revenir ce bâtiment avec cette même cargaison, et en cela le capitaine ne suivroit (d'après la volonté des armateurs), que l'exemple réitéré par un de ses confrères, qui, à ce que l'on assure, a exporté du bled, et l'a réporté quatre fois dans le même port; le tout par l'appât des primes.

Jugez, Monsieur, avec quel empressement nous désirons voir éclore la nouvelle organisation des municipalités; peut-être n'en serons-nous pas mieux traités. Il nous restera du moins la liberté de nous plaindre (foible ressource à la vérité contre la tyrannie et le despotisme); peut-être même nos réclamations feront-elles encore gémir votre presse; mais nous userons du droit que vous nous avez donné de vous les adresser, et nous vous engageons, Monsieur, de nous éclairer. Nous avons l'honneur d'être avec estime et considération, Monsieur, vos très-humbles et obeissans serviteurs, BOUCHER, MAILLARD, MABON, THOMAS, DUBREUIL, CLAISE, soldats de la garde nationale de Rouen, de la première division.

MONSIEUR,

Si le patriote voyageur, dont vous avez rapporté la lettre dans votre numéro 28, page 42, avoit assisté à notre grand'messe de Mennecy, près Villeroy, département de Corbeil, il n'auroit certainement point eu les distractions dont il s'accuse sincérement. Notre curé appellé de Lanney, prêtre du diocèse de Bayeux, No. 32.

F

depuis le mois de Septembre, ne recommarde plus aux prières du prone sa sainteté, sa grandeur Juigné, et sa monseigneurie le duc de Villeroy: les morceaux de pain bénit sont égaux, et l'encens ne s'offre qu'à l'Eternel. Vous ne serez point surpris de la conduite de ce jeune curé congruiste, quand vous saurez qu'il a porté le désintéressement, au point de remettre son casuel, qui lui rapportoit annuellement 300 livres. Ce trait de patriotisme et d'amour pour nous m'engage, Monsieur, à vous écrire, afin que vous ayez la complaisanse de le consigner dans votre premier numéro. Je vous dirai plus; abonné en compagnie pour votre Journal, ce vertueux ministre, des autels nous le communique avec une satisfaction inexprimable.

J'ai l'honneur d'être avec un profond respect, Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur, VINCENT.

Ce 31 Janvier 1790.

Saint-Germain-en-Laye, ce 18 Février 1790. MONSIEUR,

Emprunter le masque de l'anonyme est souvent le propre de la calomnie et de la lâcheté. Tel est le caractère de la lettre insérée dans votre Journal, No. 28, quoiqu'elle soit signée.

il répugnera toujours à l'homme juste et droit d'entendre trahir la vérité. Permettez donc, Monsieur, qu'à ce titre je vous adresse mes observations sur cette lettre.

On reproche d'abord au comité de Saint-Germain, de p:ofter chaque jour, par une manoeuvre honteuse et concertée avec l'état major, d'un bénéfice de 60 liv. sur les remplacemens de gerdes. Outre que cette inculpation dénuée de preuvès est invraisemblable, j'atteste qu'il est à ma connoissance et à celle de la ville entière, que les habitans qui se fort remplacer, payent cux mêmes à ceux qui les remplacent, et jamais aux membres du comité, la rétribution de 30'scus pour service de garde. Comment donc le comité pourroitil, ainsi que l'état major, sans toucher d'argent, en appliquer une partie au profit des officiers de ces deux corps?

Supposez ensuite que nombre d'honnêtes citoyens se sont

« PreviousContinue »