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voter; ce qui a donné lieu à de vives discussions, après lesquelles MM. le vicomte de Mirabeau, de Bouville et Chalouet ont prêté serment purement et simplement.

M. Merlin à fait un rapport très-intéressant sur les droits féodaux rachetables et non rachetables, sur lequel il n'a encore été rien statué.

Seance du mardi. L'assemblée a condamné la prétention de la ville d'Auxonne à être chef-lieu de district; et au meme moment, un député de cette ville a fait pour elle un don patriotique, et protesté de sa soumission aux décrets de l'assemblée nationale.

Une lettre de M. de Saint-Priest demandoit, au nom du roi, de comprendre dans un même district la forêt de Fontainebleau tout entiere. Le ministre demandoit, en outre, qu'il y cût un chef-lieu de district à Fontainebeau. L'assemblée a jugé convenable que Melun fût le chef-lieu du district, dans lequel la forêt se trouve entièrement comprise.

M. Dupont a proposé quelques règles pour l'ordre du travail, qui n'ont point été accueillics.

M Garat Taîné a rendu compte d'une émeute qui a eu lieu à Bordeaux contre les juifs, laquelle a été promptement apaisée dès le principe.

L'ordre du jour étoit l'examen des rapports du comité militaire. M. Alexandre de Lameth a parlé le premier sur cet objet, et après lui M. de Liancourt; ils ont proposé l'un et l'autre un projet de décret dont l'impression a été ordonnée.

Paragraphes extraits des papiers anglais.

ON assure que la reine de Portugal a refusé de recevoir les lettres du nouvel ambassadeur de France. Lorsqu'il fut présenté à Sa Majesté, il s'adressa à elle au nom de la nation française. La reine, sans lui répondre, lui tourna le dos, et s'en alia.

La révocation des actes de corporation et du test (1) occupe actuellement tout le royaume. Les dissidens, qui ne

(1) Serment établi par un acte du parlement au préju dice des catholiques romains.

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doutent pas de la bonté de leur cause, ont cependant employé depuis long-temps des déclarations, des avis imprimés, des assemblées publiques, pour exciter en tous lieux et dans tous les esprits des opinions qui leur soient favo

rables.

L'évêque de Saint-David a adressé à son diocèse une lettre vigoureuse pour s'opposer aux prétentions des dissidens, et il s'est tenu à Warvick une assemblée de nobles dans le même objet.

Les Français, tout pauvres qu'ils sont, ont fait passer ici des sommes assez considérables pour faciliter la révocation de l'acte du test et l'abolition de la traite des Noirs.

M. Wilberforce soutient, avec autant d'éloquence qued'enthousiasme, la cause des Noirs; mais le sentiment qu'il soutient, quoique juste en lui-même, n'en pourroit pas moins porter un coup mortcl à notre commerce et à nos propriétés..

Extrait d'une lettre à l'éditeur du Morning-Post. « Loyauté, philosophie, tolérance, droits de l'homme et du citoyen, sont des mots vides de sens, dont se servent les tétes folles de France; nous n'y entendons rien; et, bien plus, nous ne voulons rien y entendre: nous sommes anti-Français, et nous ne croyons pas faire mal en ne parlageant point les places civiles et militaires, les richesses et autres avantages sociaux avec tout le monde. C'est une extravagance que nous nous garderons d'imiter. Nous ignorons ce que c'est que la liberté de conscience réclamée par les non-conformistes; mais nous savons que le bauf roti est une trop bonne chose pour ne pas le garder exclusivement pour nous. Ainsi, M. Féditeur, écrivez contre les dissidens; répandez l'alarme comme si l'église et l'état étoient en dangèr; n'oubliez de dire aussi que le peuple s'occupe à rassembler les fagots qui doivent alimenter le feu qui est prêt à s'allumer; que les armes sont préparées pour abattre les têtes des nobles, et que, si l'on souffre qu'un seul dissident, dans aucune corporation du royaume, porte une arme à feu, l'église et l'Angleterre sont perdues pour jamais.

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De l'Imprimerie des Révolutions, rue Jacob, F. S. G.., N. 28; et au mois de Mars, rue des Marais, N°. 20.

RÉVOLUTIONS

DE PARIS,

DÉDIÉES A LA NATION
Et au District des Petits-Augustins.

SECONDE

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ANNÉ E

FRANÇAISE.

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Le comité de police déclare le sicur Prudhomme > propriétaire des Révolutions de Paris ».

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DÉTAILS

Du 13 AU 20 FÉVRIER 1790.

Féte nationale.

faut des fêtes patriotiques à un peuple libre. Un grand concours de citoyens dans un même lieu, des solemnités religieuses, de l'appareil, de la musique, des danses, des repas, des chan No. 32.

A

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sons civiques, doivent, à des époques fixes, remuer toutes les ames, réveiller de grands souve nirs, remonter les imaginations, et réchauffer l'amour de la patrie. Tout, dans ces beaux jours, doit rappeler la liberté, l'égalité; le peuple ne doit point être simple spectateur des plaisirs publics; il doit être acteur; le local, le costume, les discours, l'ordre même qui doit régner dans la confusion, doivent porter l'empreinte de la fraternité et du patriotisme.

Chez les anciens, des fêtes nationales, des jeux civiques consacroient tantôt nne victoire remportée sur l'ennemi, tantôt le rétablissement de la concorde dans le sein d'une cité, tantôt une opération politique favorable à la liberté. Les Saturnales, ce nom que la débauche de ceux qui les ont célébrées à notre manière a si fort avili, n'avoient pas, dans leur origine, d'autre objet que de reconnoître à certaines époques, dans les personnages des esclaves, les droits de l'homme et l'égalité des droits (1).

Si l'on jugeoit, d'après ees idées, la fête qui a cu lieu ici le dimanche 14, on ne seroit pas tenté de la regarder comme nationale; et si elle fut telle par son objet, elle ne le fut pas du moins par l'exécution.

La commune de Paris avoit invité l'assemblée nationale à un Te deum qu'elle devoit faire chanter à Notre-Dame. L'invitation municipale portoit que cette cérémonie, ainsi que l'illumination du soir, étoient destinées à célébrer la démarche faite par le roi le 4 février.

Ceux qui avoient eu l'idée de cette fète, n'a

(1) Cautum est, ut saturnalibus ex æquato omnium jure, passim in conviviis servi cum dominis recumbant. Just. liv. 43. L'égalité ne consistoit pas seulement à manger à la table de leurs maîtres, mais à pouvoir leur dire tout ce qu'ils pensoient sur leur compte.,

voient pas pris, sans doute, le temps de la mûrir; ils auroient vu avec un peu de réflexion qu'il ne falloit point remercier Dieu de ce que le roi avoit fait un discours, dans lequel il déclaroit qu'il se réunissoit intimement à la nation; cette réunion du monarque existoit déjà; son discours n'avoit pour objet que d'imposer silence aux aristocrates, qui prétendoient que sa réunion n'étoit pas volontaire. La démarche du roi étoit donc un devoir, une obligation; en la regardant même comme uue action dont il eut pu se dispenser, il n'étoit ni flatteur pour lui de remercier le ciel de ce qu'il avoit fait une belle action, ni consolant pour le peuple d'attacher une si haute importance à un devoir rempli par le monarque. Tous les jours des rois doivent être semés de belles actions. Si l'on eût chanté un hymne à Jupiter à chaque belle action de Titus, qui regardoit comme perdu le jour où il n'en avoit pas fait une, le préfet de Rome eut bientôt épuisé le trésor public.

Si la démarche du roi eût produit l'effet qu'il en devoit naturellement attendre, c'est-à-dire, si les aristocrates eussent accédé à la révolution, s'ils eussent juré de bonne foi de maintenir le nouvel ordre de choses, et de travailler, de concert avec les patriotes, à établir la constitution, s'ils eussent renoncé à relever le despotisme ministériel, en feignant da ne demander que le rétablissement du pouvoir exécutif, s'ils eussent cessé de désoler Paris par l'accaparement du numéraire, et les provinces par des émissaires et des pamphlets qui y portent le trouble, sans doute il eût eté à propos de célébrer ce jour, et de le consacrer par une fête patriotique; mas cette réunion n'existoit point, et l'objet du Te deum n'étoit pas bien déterminé dans l'esprit du peuple.

Voici l'ordre qui a été observé. Un corps de cavalerie a occupé la place Notre-Dame, pour faciliter l'accès de la principale porte de l'église a des sappeurs, des tambours ouvroient la marche ¿

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