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Revolutions de Paris, No 32 Pag. 29.

ÉPOQUE DU VENDREDI 19 FEVRIER 1790.

LeVendredi 1g Fevrier quelques citoyens du Faub. St Antoine s'apper curent qu'on faisoit sortir de la Ville des Charettes chargées de Piques et de Barile: les ayant arrêtées les emmenerent jusqu'à la Porte St Antoine ou ils les brúlerant. M de la Fayette arriva fut écoute, et tout rentra dans l'ordre.

Au Bureau des Revolutions de Paris, Rue des Marais E.B.S.G. N° 20.

Lameth, ces braves patriotes, se trouvant du nom bre de ceux qui ont été pillés, il est évident que les aristocrates contribuent aux soulèvemens. Il s'est trouvé des étrangers dans presque toutes les bandes de brigands qui ont été surprises en flagrant délit. L'assemblée nationale va décréter une Toi pour prévenir les émeutes; c'est une ampliation de la loi martiale. Il semble qu'on y met bien peu de réflexion. Elle sera décrétée, et peut-être exécutée avant que, je ne dirai pas la volonté, mais même l'opinion générale, ait été consultée par la publication du projet de loi. Peut-être l'adresse de l'assemblée nationale anx Français, étoit-elle le seul décret qu'il falloit envoyer, pour l'instant, dans les provinces. Nous reviendrons sur cette pièce, que les aristocrates eux-mêmes trouvent meilleure qu'ils ne voudroient. La rédaction en est attribuée à M. de Champfort.

M. le Pelletier, marquis d'Etouteville a été nommé maire de Rouen. Encore un marquis!

Vendredi 19, quelques citoyens du faubourg S.-Antoine s'apperçurent qu'on faisoit sortir de la ville, sur des charrettes, des piques et des barrils; ils les arrêtèrent et les ramenèrent au boulevard S.-Antoine. Là, ils commencèrent à y mettre le feu. M. de la Fayette arriva, fut écouté, applaudi, et tout rentra dans l'ordre. Ces charrettes étoient chargées de pieux, de piquets, de tentes, de barrils à porter de l'eau, que l'administration municipale avoit permis aux entrepreneurs des équipages des troupes d'emmener à S. - Denis et à Choisi, ainsi que les effets, habits et étoffes amenés de S.-Denis ici, et déposés au collége des Quatre Nations.

Nous croyons rendre service à un bon citoyen, victime d'une fausse prévention, en contribuant à augmenter la publicité du décret suivant:

«L'assemblée nationale, après avoir ouï le rap» port d'un membre de son comité des rapports:

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Déclare qu'elle approuve la conduite tenue

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» par le sieur Jérémie Tribert, négociant à Poi» tiers, à raison des achats de bled qu'il a faits par ordre du gouvernement dans le mois de » juillet dernier, pour l'approvisionnement de la » ville de Paris ; le met en conséquence sous la sauve-garde de la loi et du roi; ordonne que » les municipalités lui prêteront main forte et pro»tection pour le libre exercice de son commerce, tant qu'il se conformera aux décrets de l'as» semblée »>.

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La chambre syndicale a fait saisir, par ordre de M. legarde-des-sceaux, des outils propres à fabriquer des caractères, et elle ne veut les rendre au propriétaire que lorsqu'il aura déclaré l'usage qu'il en veut faire. Certes, l'intention n'est pas équivoque; le citoyen à qui les outils appartiennent en yeut faire des caractères, parce que la presse est libre; qu'on ne peut s'en servir sans caractères, et qu'on ne fait pas des caractères sans outils. Ces outils ne sont donc pas plus saisissables que le canif qui sert à tailler sa plume; mais il faut bien que la chambre syndicale vive. On ne conçoit pas comment cette institution, la plus ignoble, la plus vile de toutes les institutions aristocratiques, survit aux autres et à la révolution, Si elle ne s'anéantit pas d'elle-même, nous promettons au premier jour un tableau de ses faits et gestes.

Jugement et exécution du marquis de Faveras.

Dès que les témoins indiqués par la sentence du Châtelet o it été entendus, ainsi que quelques autres qu'on a appelés, tels que M. de Gouvion, majorgénéral, M. Masson, aide de-camp de M. de la Fayette, le marquis de Favera a publié un mémoire dont celui qu'il avoit publié n'étoit que l'extrait. On y trouve cette phrase frappante et énigmatique :

« Une main invisible, je n'en doute pas, se joint à mes accusateurs pour me poursuivre; mais qu'importe!..... Celui qu'on m'a nommé, mon ceil le

suit par-tout. Il est mon accusateur, et je ne m'attends pas à un remords de sa part. . . Un Dieu vengeur prendra ma défense, je l'espère du moins; car jamais, non, jamais des crimes comme les siens ne sont restés impunis ».

Il semble que le sieur de Faveras prévoyoit, en écrivant ceci, le sort qui l'attendoit. Il observa à la fin de son mémoire que le roi ayant promis grace à ceux qui, coupables de complots contre la nation, en feroient l'aveu et nommeroient leurs com-" plices, il ne tiendroit qu'à lui, s'il étoit coupable, d'obtenir sa grace à ce prix, ainsi que messieurs du conité des recherches le lui ont conseillé lorsqu'il a été traduit devant eux. Nous ignorons si ce mémoire a été répandu, et s'il a produit quelque sensat on.

Jeudi 18, les services du Châtelet se sont assemblés vers neuf heures; la lecture de la procédure a duré près de cinq heures. Le procureur du roi a persisté dans ses conclusions à mort. L'accusé a comparu; il a mis dans ses réponses beaucoup de fermeté. Sa contenance étoit assurée. Il s'est exprimé avec chaleur sur ce que l'on refusoit d'entendre les témoins qu'il vouloit produire pour sa justification, et sur ce qu'on admettoit pour témoins ses dénonciateurs. Lorsqu'il a été retiré, Me. Thilorier a plaidé sa cause avec beaucoup de zèle; M. le baron de Cormeré, frère de l'accusé, a pris la parole, et a rappelé tout ce qui tendoit à sa décharge.

Les juges ont été aux voix; la délibération a duré six heures, pendant lesquelles la foule répandue autour du châtelet n'a cessé de demander sa mort; et l'accusé a été déclaré atteint et convaincu d'avoir formé, communiqué à des militaires, banquiers et autres personnes, et tenté de mettre à exécution un projet de contre-révolution en France, qui devoit avoir lieu en rassemblant les mécontens des différentes provinces, en donnant entrée dans le royaume à des troupes étrangères, en gagnant une

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