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dans l'église paroissiale d'Aubervilliers; il vous prie de réfuter les prétendus passages qu'il dit avoir retenus; mais vous avez pensé, sans doute, que celui-là seul qui a signé une pareille lettre doit en être responsable; vous n'avez pas jugé à propos de le croire sur sa parole, ni d'ajouter aucune réflexion à ce qu'il dit. J'espère de votre justice que vous voudrez bien insérer, dans votre numéro prochain, la lettre que je vous adresse aujourd'hui.

Je déclare ici que je suis l'auteur du sermon prononcé le 6 janvier à Aubervilliers; et je suis prêt à soutenir, de la manière la plus formelle, qu'il n'y a dans ce sermon aucune des phrases, aucune des idées citées par l'auteur de la lettre signée Oyon. Le même sermon fut prononcé, en 1788, dans la même église d'Aubervilliers; f'on n'y trouva rien de répréhensible. Les personnes dignes de foi qui l'ont entendu le 6 janvier 1790, en portent aujourd'hui le même jugement.

J'ai l'honneur d'être membre d'un corps respectable qui, dans tous les temps, a été utile à l'état, et s'est distingué par son zèle et son patriotisme. Je fais gloire de partager ses sentimens. Je suis très-parfaitement, Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur, RÉPÉCAUD, prêtre de l'Oratoire de la maison d'Aubervilliers.

A Aubervilliers, ce 26 janvier 1790.

C'est par vous, Monsieur, que les malheurs et l'innocence du sicur Delcrost ont été connus: seul, en même temps que vous tonniez contre ceux qui avoient voulu faire un mal réel à la nation, vous avez élevé la voix en faveur de ce jeune homme qui n'avoit voulu. ni pu lui nuire.

-Recevez-en, au nom de l'humanité, mes plus sincères remercimens.

Je ne l'ai connu que par son infortune, qui m'a paru devoir toucher les cœurs même les moins sensibles.

Infirme, sans grade, sans mission, sans moyens pécuniaires, il est accusé de faire des enrolemens pour l'Es pagne; il sera réputé criminel de lèse-nation, c'est-àdire, dans le sens qu'on attache à ce mot. Jaloux de lui ravir la liberté, et les précieux avantages que son énergie et la protection de son souverain venoient de lui conquérir, si l'on ne se met entre ses accusateurs et lui... Qui n'eût pas cherché à repousser un soupçon aussi injuricux pour son cœur?

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Appellé par lui à cette noble fonction, je l'ai entre pris; le succès n'a pas tout à fait répondu à mon attente. M. le procureur du roi vouloit que, fouetté et mare qué, il passa trente ans de sa vie aux galères. Le Châ→ telet l'a seulement banni pour 9 ans.

Il tondit de ce pré la largeur de sa langue:...

Mais laissons là son jugement. Vous avez pris la peine de rectifier, à son sujet, l'opinion publique; il est satisfait, jusqu'à ce que des momens plus heureux lui permettent de faire revoir u e condamnation que ses juges n'avoient pas droit de. prononcer définitivement.

Il s'agit maintenant de sa position actuelle, laquelle est des plus misérables.

Son défenseur a épuisé tous les moyens que sa fortune lui permettoit de consacrer au secours d'un seul. Ses amis ne le connoissent plus; ses débiteurs, qui jusques-là composoient avec lui, refusent de le payer depuis qu'ils savent qu'il est banni. Un exempt (1) des suisses de Monsieur lui devoit mille livres sur une lettre-dechange de trois mille. Il avoit promis de le payer à la fin du mois de Janvier; à ce terme, il a connu que le sieur Delcrost ne pouvoit être à Paris; d'abord, il a éludé l'échéance; puis a fait offrir la somme de dix écus pour acquit total des mille écus; puis il n'a plus rien voulu payer; puis a nié que la dette fût légitime; puis a répondu que, si on faisoit valoir le titre, il exciperoit de sa minorité, &c.

Je suis persuadé, Monsieur, que les ames nobles, pour qui l'occasion de servir l'humanité est un bienfait de la part de celui qui la procure, vous sauront gré de leur faire connoître la triste situation de notre jeune homme. Ils l'apprendront avec attendrissement de la même bouche dont ils ont déjà entendu proclamer son innocence. Je vous supplie donc, Monsieur, de consacrer quel ques lignes dans vos Révolutions, à exciter la générosité des patriotes qui vous lisent. Un patriote ne peut qu'avoir toutes les vertus. Moi, j'indiquerai aux ames bienfaisantes,

(1) M. le marquis de K***. Le père de ce jeune homme, armateur considéré à Bordeaux, eût acquitté la lettre-de-change; mais il a prétendu que la signature en étoit fausse, parce que son fils y prenoit le titre de marquis. Le provincial! mais quelle fatalité contre Delcrost

que son sort aura touchées, comment elles pourront hú faire parvenir leurs dons.

Je serai, Monsieur, avec la plus juste reconnoissance, et suis en ce moment, avec l'estime la mieux méritée, votre très-obéissant serviteur, PRÉVOST DESFOURNEAUX, avocat, quai d'Anjou, Isle Saint-Louis, N°. 22.

Une lettre, datée de Paris, du 3 de ce mois (signée F. GAMOT, cousine d'un bon député Breton), nous observe que la gloire d'ériger une statue à J. J. R. (1), qui a été proposée par souscription, lui a été enlevée; qu'elle en avoit l'idée avant que M. Bonneau Duchesne l'eût annoncé; elle offre cependant sa souscription, et en propose une seconde pour faire construire, sur un terrein qu'elle suppose que sa majesté fournira, une salle plus ample pour l'assemblée nationale, afin d'y pouvoir admettre plus de bons patriotes, et désire que la statue de Rousseau en soit le premier ornement, étant la seule place digne d'elle.

Une autre lettre, datée du 4 de ce mois, signée D***, en fournissant une souscription de 12 liv. pour l'érection de la statue de J. J., regrette de n'être point fortuné pour ériger à ce grand homme un monament digne de lui. Il propose de le représenter en pied, vêtu comme les anciens philosophes, avec un embleme qui représentat les peuples des quatre parties du monde, désignés par leurs costumes, et auxquels il fut censé présenter son immortel ouvrage du Contrat Social; il pense que l'on pourroit ajouter au socle, les productions de la nature dans ces différentes parties, et principalement figurer les plantes qui faisoient les délices du philosophe sur ses derniers jours.

(1) La multiplicité de nos occupations ne nous permet pas de recevoir les souscrip.ions proposées, N°. 29, page 44, pour élever une statue à J. J. Rousseau; nous avons remis celles qui nous ont été envoyées à M. Ménard de Marsainvilliers, notaire, rue de Seine, faubourg SaintGermain, No. 29, où l'on pourra s'adresser dorénavant pour cet objet. Nous donnerons dans la suite une liste exacte des souscripteurs.

MONSIEUR,

Par Révolutions, j'entends celles que le courage fait naître, et celles qui s'opèrent dans l'opinion. La mort des frères Agasse et leur sépulture en produisent de si extraordinaires, qu'elles m'ont fait faire les réflexions. suivantes.

Le préjugé, ce sentiment qui naît souvent de la haine, est enfin détruit; l'amour du bien et le patriotisme l'a vaincu. D'un côté, le district de Saint-Honoré, décore du rang illustre de citoyen le parent des malheureux frères Agasse; de l'autre, celui de S. André-des-Arcs, joint aux députés des autres districts de Paris, sait, par une pompe funèbre, les rendre à la nature, qui, dans ce moment de deuil, les réclame pour leur rendre les droits qui appartiennent à un coupable prévenu de crime, qui vient de l'expier. Comme il a souffert le châtiment de sa peine, peut-on plus le punir? L'humanité répugnoit à ce sentiment barbare, et il falloit une révolution régénératrice des droits de l'homme pour l'anéantir jusques dans ses racines.

Nations douces et généreuses, célébrez ce grand jour où l'homme plaint son semblable en le punissant; et qui, dans le moment où la faux tranche ses jours, retient son ame pour la rendre pure à l'Eternel.

Consolez-vous, familles éplorées! le temps est venu où les proscriptions, enfans du préjugé, sont évanouies. La sœur ne sera plus couverte de l'opprobre du crime de son frère; elle ne pleurera plus dans sa retraite la perte de son honneur et de sa fortune; son amant ne dédaignera plus de lui faire présent de son cœur ; les autels pourront recevoir les sermens de sa tendresse. Qu'il est beau de se dire : « Je peux rendre à mon frère le calme d'une paix éternelle; je dispose de son » être, quoique divisé, je puis le déposer au milieu des > mânes de ses pères ».

La honte et le désespoir, seules ressources d'une famille désolée, vont enfin disparoître; et, en pardonnant l'erreur, l'ami pourra élever les accens de sa peine auprès de la tombe de son ami!

Fuyez, fiers tyrans de nos ames! vos loix sont trop cruelles; en vain, vos sophismes faux voudroient nous persuader.... Nous n'écoutons que la nature!... J. M. D. un de vos abonnés,

Bastia

Bastia, le 23 janvier 1790.

MONSIEUR,

JE connoissois déjà l'intéressant ouvrage des Révolutions de Paris, et j'admirois depuis long-temps l'impartialité et l'énergie qui président à sa rédaction, lorsque les Prospectus que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser, et qui en annoncent le motif et l'objet, me sont parvenus. Je les ai fait distribuer, tant dans cette capitale que dans les autres bureaux de postes de cette île, avec le plus grand soin, moins assurément pour la remise que vous m'offrez, et que je vous prierois de retenir pour soulager les infortunés de la métropole, s'il y en avoit moins en Corse, que pour propager les principes d'humanité et de philosophie qu'il respire, et vous venger des journalistes privilégiés qui ont refusé de le répandre.

Je me chargerai de vos abonnemens avec plaisir, et je serai doublement flatté chaque fois que j'aurai à vous annoncer un nouveau souscripteur à cet utile journal.

J'ai l'honneur d'être avec l'estime la plus vraie, Monsieur, votre très-humble et très - obéissant serviteur, D'ORANVILLE, directeur-général des postes de la Corse.

Nota. La publication de la présente prouve notre reconnoissance.

Domfront en Basse-Normandie, ce 6 février 1790.

MONSIEUR,

Si le peuple français s'est porté à des excès inouis depuis la convocation des états-généraux, le clergé et la noblesse n'y auroient-ils point donné licu? Je ne veux excuser ni accuser personne; mais qui pourra lire le trait suivant sans être ému d'horreur, de compassion, etc.... M. D.... jeune gentilhomme présentement en semestre dans un de ses châteaux au Bas-Maine, à trois lieues d'ici, s'en alloit faire visite, au commencement de cette année, à un seigneur son voisin. Il entend par hasard, à quelques pas de lui, un jeune paysan de quinze à seize ans, qui chantoit en gardant ses vaches, la chanson du tiers-état. No. 51.

G

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