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Paragraphes extraits des papiers anglais.

The Diary. Parmi les discours que les nouveaux membres de la chambre des pairs ont prononcée à l'ouverture du parlement, celui de lord Falmouth est remarquable : il a cité la révolution arrivée en France, et il en a déduit la preuve de l'excellence de la constitution d'Angleterre, qui rend, dit-il, la nation anglaise non seulement l'objet de l'envie de toutes les autres nations, mais encore celui de leur imitation.

On dit qu'il a été fait une tentative dans la Flandre française, le Cambresis et le Hainaut, pour exciter le peuple à se liguer avec les provinces autrichiennes contre le parti français patriotique; mais ce projet a été entièrement renversé, et on peut le regarder comme le dernier effort du clergé et de la noblesse. Dans aucun lieu de la France il n'existe pas même l'apparence d'une opposition au nouveau systême de gouvernement qui s'établit si heureusement dans ce grand empire.

Nota. Il s'est glissé, dans l'Introduction à la Révolution, une erreur de chronologie que nous nous empressons de rectifier. Ce fut à M. Turgot, et non à M. de Clugny, que Louis XVI confia d'abord ses finances. Le 20 juillet 1774, M. Turgot eut le département de la marine. Il ne le conserva que 35 jours, et passa aux finances, qu'il administra jusqu'en 1776. Cette erreur ne regarde que l'ordre chronologique des ministres, qui intéresse moins que l'esprit de leur administration.

11 y a aussi une faute d'impression dans la note de la page 31: lisez un milliard, au lieu d'un mil

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Ce 6 février 1790, PRUDHOMM E.

De l'Imprimerie des Révolutions de Paris, rue Jacob, F. S. G., N°. 28; et au mois de Mars, rue des Marais, Faubourg Saint-Germain, N°. 20.

RÉVOLUTIONS

DE PARIS,

DÉDIÉES A LA NATION
Et au District des Petits-Augustins.

SECONDE

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ANNÉE

FRANÇAISE,

Les grands ne nous paroissent grands,
Que parce que nous sommes à genoux.
Levons-nous.

« Le comité de police déclare le sieur Prudhomme propriétaire des Révolutions de Paris ».

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DETAILS

Du 6 AU 13 FÉVRIER 1790%

Du Serment Civique.

JEjure d'être fidelle à la nation, à la loi, au roi,

et de maintenir de tout mon pouvoir la constitution décrétée par l'assemblée nationale, et acceptée par le roi ».

Tel est le serment qui a éte prononcé par les représentans de la nation, par les municipaux provin No. 51.

soires, par les colleges de judicature, et par tous les citoyens dans chaque district. Il se prononce dans ce moment par toute la France, où l'on sait, pár instinct, ce que c'est que patrie et liberté, mais où l'on ignore encore ce que c'est que serment

et constitution.

Quoi donc ! cet acte tout à la fois civil et religieux, que l'on regarde comme le complément de la révolution, ne seroit qu'une cérémonie vide de sens, ou une inconséquence dangereuse, et les députés patriotes n'auroient élevé aucune réclamation contre ce serment ou contre sa rédaction? Quelques députés aristocrates auroient soutenu qu'elle étoit vicieuse, et ils auroient raison! Et le bon citoyen, celui qui ne jureroit pas seulement de maintenir la liberté publique, mais qui donneroit pour elle sa fortune et sa vie, se verroit réduit à parler comme ces aristocrates, et exposé à être confondu avec eux par cette portion de ses frères qui ne juge jamais des faits par les inten tions, ni des causes par leurs effets.

Citoyens, nous avons juré sans refléchir, refléchissons après avoir juré; en aucun temps, par aucune raison, dans aucunes circonstances, les nations n'ont eu à se repentir d'avoir refléchi sur tout ce qui touchoit à la liberté; elles se sont presque toujours perdues, au contraire, par des actes d'enthousiasme, par des délibérations précipitées, par des acclamations. Si nos réflexions nous conduisoient à reconnoître que les paroles de ce serment sont en contradiction avec la liberté publique et individuelle, il faudroit s'en tenir à l'attention que nous avons eue en jurant, car je sais bien que nous n'avons pas entendu jurer d'être esclaves.

Le roi venoit d'électriser tous nos représentans par un discours, dont l'objet principal étoit de réunir les divers partis pour les faire marcher vers un même but, lorsque l'honorable M. Goupil de Préfeln fit la motion que les membres de l'assemblée prêtassent, à l'instant méme, uu

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serment qui pût prouver que cette réunion étoit opérée. La proposition acceptée, M. le président propose une formule de serment; elle n'est ni pesée, ni examinée, ni débattue on vouloit prêter serment à l'instant même; et les débats sur la formule entraînoient vers de vastes questions de droit public, qui effrayèrent les uns et qui ne furent pas même apperçues par les

autres.

Le plus grand inconvénient des assemblées politiques, est cette pente qu'elles ont toujours à se laisser aller aux séductions de l'esprit ou du coeur. Celui qui découvre l'erreur qui entraîne la masse des votans, n'ose élever la voix; sa raison est découragée par la certitude qu'il ne sera pas compris, ou même écouté.

Les assemblées politiques de ces froids insulaires, à la sagesse desquelles les nôtres sont encore loin d'atteindre, quoiqu'elles les aient déjà cent fois surpassées dans la théorie, sont tellement en garde contre elles-mêmes, qu'elles délibèrent toujours dans trois séances différentes sur une même motion avant de l'adopter. Elles ont cependant un grand préservatif contre l'erreur, celui de craindre que leurs résolutions ne soient rejettées par une autre chambre, partie intégrante du corps législatif. En repoussant cette institution aristocratique, notre assemblée nationale sembloit avoir. pris avec elle-mème et avec la nation un engagement particulier de dompter le caractère français, et de ne jamais embrasser un parti qu'après une mûre délibération.

Ce fut par une violation de ce devoir que l'assemblée nationale adopta la formule du serment, et qu'elle obligea chacun de ses membres à jurer qu'il maintiendroit la constitution décrétée par elle et acceptée par le roi.

Quelques aristocrates sentirent à l'instant même que cette précipitation leur donnoit des avantages considérables; car tout ce qui peut faire perdre au

sentation absolue, système admirable pour les re présentans, lesquels n'étant assujettis ni à suivre des mandats impératifs, ni à rendre compte à leurs commettans, ni à requérir leur ratification peuvent impunément se vendre à beaux deniers comptans au pouvoir exécutif.

Saisi d'horreur et d'indignation à la vue des entreprises que l'on formoit contre une nation qui n'est point encore éclairée sur ses droits, et qui ne s'éclairera que pour couvrir d'opprobre et accabler de son mépris ceux qui, en profanant le titre respectable de membre du corps législatif, en auront fait, pour toujours, une profession à argent, j'employai tout ce que ma propre raison, l'autorité de Rousseau et la déclaration des droits, me fournirent de moyens pour les faire renoncer à établir la représentation absolue (1). Je vois, par le silence qu'ils ont gardé sur cette dangereuse formule de serment, qu'ils n'ont pas été fachés de voir le peuple couronner leurs travaux, et se charger luimême, sans s'en douter, des fers qu'ils lui avoient préparés.

Dès qu'un serment civique étoit jugé nécessaire ou utile dans la circonstance, la formule devoit être bornée à ces mots : Je jure d'étre fidelle à la nation, à la loi et au roi. S'il falloit jurer de maintenir quelque chose, c'étoit la révolution, puisqu'elle existe, et non pas la constitution, puisqu'elle n'est pas achevée. Il est absurde et ridicule de jurer qu'on maintiendra le quart, la moitié, ou les deux tiers d'une constitution.

Il falloit jurer de maintenir en tout temps le résultat de la volonté générale, ou plutôt, il ne falloit rien jurer. Sommes-nous donc si foibles partisans de la liberté, que nous ayons besoin de nous rassurer contre nous-mêmes par des sermens? ou bien connoissons-nous si peu les hommes gâtés par une

(1) Vide No. 21 depuis la page 2 jusqu'à la page 19.

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