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Le Roi a paru, vers midi, au milieu des Représentans de la Nation, a vecupe la place du Président, qua'a pris la droite de S. M. et le Roi,restant de bout, a exprimé dans un discours touchant l'adhésion la plus franche et la plus formelle à la Constitution.

Bureau des Révolations de Paris, rue Jacob, Faub. Sa G. No 28. Et au mois de Mars, rue des Marais, N 20, même Quartier.

des représentans de la nation; mais mon bonheur et ma gloire ne sont pas moins étroitement liés au succès de vos travaux ».

« Je les ai garantis par une continuelle vigilance, de l'influence funeste que pouvoient avoir sur eux les circonstances malheureuses, au milieu desquelles vous vous trouviez placés ».

S. M. rend compte des contrariétés dont elle a préservé les représentans de la nation; des guerres extérieures; du défaut des subsistances, principalement dans Paris; et elle ajoute: «Je crois le moment arrivé où il importe à l'intérêt de l'état que je m'associe d'une manière encore plus expresse et plus manifeste à l'exécution et à la réussite de tout ce que vous avez concerté pour l'avantage de la France. Je ne puis saisir une plus grande occasion que celle où vous présentez à mon acceptation des décrets destinés à établir dans le royaume une organisation nouvelle, qui doit avoir une influence si importante et si propice sur le bonheur de mes sujets, et sur la prospérité de cet empire ».

« Cette subdivision, dit le roi, après avoir rappelé qu'il a lui-même fait faire l'essai des administrations provinciales, cette subdivision égale et sagement motivée, qui, en affoiblissant les anciennes séparations de province à province, et en établis sant un système général et complet d'équilibre, réunit davantage à un même esprit et à un même intérêt toutes les parties du royaume; cette grande idée, ce salutaire dessein, vous sont entièrement dus; il ne falloit pas moins qu'une réunion de volontés de la part des représentans de la nation; il ne falloit pas moins que leur juste as ceadant sur l'opinion générale pour entreprendre avec confiance un changement d'une si grande importance, et pour vaincre, au nom de la raison, les résistances de l'habitude et des intérêts particuliers ».

« Je favoriserai, je seconderai, par tous les moyens qui sont en mon pouvoir, le succès de cette vaste

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organisation, d'où dépend, à mes yeux, le salut de la France ». (c Le temps fectueux dans la collection des loix qui auront été réformera ce qui pourra rester de dél'ouvrage de cette assemblée; mais toute entreprise qui tendroit à ébranler les principes de la constitution même, qui auroit pour but de les renverser, ou d'en affoiblir l'heureuse influence, ne serviroit qu'à introduire au milieu de nous les maux effrayans de la discorde; et en supposant le succès d'une semblable tentative contre mon peuple et moi, le résultat nous priveroit, sans remplacement, des divers biens dont un nouvel ordre de choses nous offre la perspective ».

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Que par-tout on sache que le monarque et les représentans de la nation sont unis d'un même intérêt et d'un même vou, afin que cette opinion, cette ferme croyance, répandent dans les provinces un esprit de paix et de bonne volonté ».

Le roi invite tous les citoyens qui ont du zèle et des lumières, à prendre part aux subdivisions de l'administration; il demande que nous fassions un effort commun et général.

<< Continuez donc vos travaux, sans autre passion que colle du bien; fixez toujours votre première attention sur le sort du peuple et sur la liberté blique; mais occupez-vous aussi d'adoucir, de calmer toutes défiances, et mettez fin, le plutôt pospusible, aux différentes inquiétudes qui éloignent de la France un si grand nombre de ses citoyens, et dont l'effet contraste avec les loix de sûreté et de liberté que vous voulez établir ».

« Un jour, j'aime à le croire, tous les Français indistinctement reconnoîtront l'avantage de l'entière suppression des différences d'ordre et d'état ». Après avoir récapitulé les avantages que la révolution n'a point enlevés au clergé et à la noblesse, et les pertes qu'elle leur a causées, le roi a ajouté ces paroles sublimes, qui surpassent tout ce que Titus et Antonin out dit de plus beau.

« J'nurois bien aussi des pertes à compter, si, au milieu des plus grands intérets de l'état, je m'arrêtois à des calculs personnels; mais je trouve une compensation qui me suffit, une compensation pleine et entière, dans l'accroissement du bonheur de la nation, et c'est du fond de mon coeur que j'exprime ici ce sentiment ».

« Je défendrai donc, je maintiendrai la liberté constitutionnelle, dont le vœu général, d'accord avec le mien, a consacré les principes. Je ferai davantage, et de concert avec la reine, qui partage tous mes sentimens, je préparerai de bonne heure l'esprit et le cœur de mon fils au nouvel ordre de choses que les circonstances ont amené. Je l'habituerai, dès ses pren.iers ans, à être heureux du bonheur des Francais, et à reconnoltre toujours, malgré le langage des flatteurs, qu'une sage constitution le préservera des dangers de l'inexpérience, et qu'une juste liberté ajoute un nouveau prix aux sentimens d'amour et de fidélité, dont la nation, depuis tant de siècles, donne à ses rois des preuves si puissantes ».

Le roi demande ensuite, non pas pour lui, mais pour le bonheur de la patrie, que l'on s'occupe de l'affermissement du pouvoir exécutif, des finances et des moyens de prévenir les excès auxquels recommence à se livrer, dans quelques provinces, « ce bon peuple qui m'est si cher, et dont on m'assure que je suis aimé, quand on veut me consoler de mes peines. Ah! s'il savoit à quel point je suis malheureux à la nouvelle d'un injuste attentat contre les fortunes, ou d'un acte de violence contre les personnes, peut-être il m'épargneroit cette douloureuse amertume».

« Vous ne pouvez pas tout entreprendre à la fois : aussi je vous invite à réserver pour d'autres temps une partie des biens dont la réunion de vos lumières vous présente le tableau; mais quand vous aurez ajouté à ce que vous avez déjà fait un plan sage et raisonnable pour l'exercice de la justice,

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quand vous aurez assuré les bases d'un équilibre parfait entre les reve us et les dépenses de l'état; enfin quand vous aurez achevé Touvrage de la constitution, vous aurez acquis de grands droits à la reconnoissance publique.

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« Puisse cette journée, où votre monarque vient s'unir à vous de la manière la plus franche et la plus intime, être une époque mémorable dans T'histoire de cet empire. Elle le sera, je l'espère, si mes vœux ardens, si mes instantes exhortations peuvent être un signal de paix et de rapprochement entre vous. Que ceux qui s'éloigneroient encore d'un esprit de concorde, devenu si nécessaire, me fassent le sacrifice de tous les souvenirs qui les affligent; je les payerai par ma reconnoissance et mon affection. Ne professons tous, à compter de ce jour, ne professons tous, je vous en donne l'exemple, qu'une seule opinion, qu'un seul intérêt, คุณ 'une seule volonté, l'attachement à la constitution nouvelle, et le désir ardent de la paix, du bonheur et de la prospérité de la France ».

À

M. le président a exprimé, en peu de mots, tout ce qu'éprouvoient l'assemblée et les spectateurs. Les applaudissemens et les cris de vive le roi ont recommencé à plusieurs reprises. Un membre de la députation, qui avoit été au-devant du roi, et qui l'avoit reconduit, a rapporté que la famille royale étoit venue au-devant de sa majesté, et que la reine avoit dit à la députation: « Je partage tous les sentimens du roi. Voici inon fils, je l'entretiendrai sans cesse des vertus du meilleur des, pères ; je lui apprendrai à chérir et à maintenir la liberté publique ».

Ce discours a été vivement et généralement applaudi; on a voté des remercimens qui seront présentés à la reine par une députation de soixante membres.

Les paroles du roi avoient fait une si vive impression sur tous les membres, que l'on a accueilli avec transport la motion de prononcer le sermene

ivique.

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