Page images
PDF
EPUB

SUPPLÉMENT A LA LETTRE B

BAGETTI (le chevalier Jos.-P.), né à Turin en 1764, fut d'abord destiné a l'état ecclésiastique; mais il céda en suite au penchant qui le portait vers les arts, et il étudia avec ardeur la peinture à l'aquarelle sous le peintre Palmieri. Il présenta un de ses tableaux au roi Victor-Amédée III, qui, satisfait de ses talents, le nomma son dessinateur, et le chargea de professer la topographie à l'école du génie. Après la conquête du Piémont par les Français, en 1798, le général Dupont engagea Bagetti à mettre ses talents au service de la France et à se rendre à Paris. Le ministre de la guerre, Clarke, l'accueillit avec-empressement, l'attacha au dépôt de la guerre avec le grade de capitaine ingénieur géographe, et le chargea de peindre les victoires des armées françaises. Bagetti se mit aussitôt à l'oeuvre, et près de cent aquarelles dues à son pinceau rappellent, au musée de Versailles, les immortelles opérations de nos armées en Italie et en Allemagne, de 1796 à 1805 (*). Bagetti avait en outre composé une immense aquarelle offrant une vue générale de l'Italie, depuis les Alpes jusqu'à Naples. Napoléon, auquel cet admirable travail fut présenté en 1811, donna la croix d'honneur à Bagetti. Mais la restauration traita mal cet artiste; elle le regarda comme un étranger, et le forca de donner sa démission. Bagetti retourna donc à Turin, et continua d'y produire, mais pour la Savoie, d'admirables tableaux. Il mourut en 1831.

BAQUOY (P.-Ch.), né à Paris en 1764, fut élève de son père, Jean Baquoy, graveur lui-même assez distingué. Ses principaux ouvrages sont : la Condumnation de saint Gervais et de saint

(*) Plusieurs artistes, MM. Siméon Fort, Langlois, Gauthier, etc... continuent avec talent cette précieuse collection.

Protais, d'après le Sueur (*); Saint Vincent de Paul recueillant des enfants abandonnés, d'après Monsiau; Fénelon secourant des blessés, d'après Fragonard; Frédéric II visitant Voltaire à Potsdam; le Tasse visité par Montaigne; Napoléon dictant ses Mémoires au jeune Las-Cases. Baquoy a gravé pour la galerie du musée royal de Robillard, la Maladie d'Antiochus, d'après Lairaize, la Mort d'Adonis, d'après le Poussin, et la Diane antique; pour les œuvres de Gessner et pour celles de Voltaire, plusieurs sujets d'après le Barbier et Moreau. Il fut pendant quatorze ans maître de dessin à l'institut de la marine et des colonies, et mourut le 4 février 1829.

BARRE (J. J.), graveur en médailles, né à Paris en 1793, est auteur des médailles du Monument du duc de Berri; de Shakspeare, pour la Galerie universelle; des Victoires et Conquêtes des Français, de 1792 à 1815; de la Mort du prince de Condé; de l'Offrande à Esculape; de l'église de Sainte-Geneviève rendue au culte catholique; du comte de Tournon; du Grand ouvrage de l'Égypte ; du Sacre de Charles X; de la Visite de la famille royale à la Monnaie, en 1834. Il a en outre gravé plusieurs portraits: Boieldieu, Suffren, Gall, Dupaty, Mazois, Desèze, etc. C'est lui qui est chargé de faire la Médaille commémorative des funérailles de Napoléon.

BAUTAIN (Louis-Eugène), professeur de philosophie et doyen de la faculté des lettres de Strasbourg, est né à Paris en 1796. Admis l'école normale après avoir terminé ses classes, il s'y fit remarquer par son zèle pour le travail, par son ap. plication aux choses sérieuses, et pår sa conduite irréprochable. Il obtint au

(*) Cette planche est son chef-d'œuvre.

plus haut degré la confiance de M.RoyerCollard; et M. Cousin, dans ses Fragments philosophiques, le cite, avec MM. Jouffroy et Damiron, au nombre des élèves les plus distingués qui aient suivi ses conférences. Nommé à vingt ans professeur de philosophie au college royal de Strasbourg, M. Bautain fut bientôt après chargé de faire le même cours à l'académie. L'éclat de son talent, la vivacité et l'énergie de sa parole, la variété de ses formes oratoires, le mouvement et l'action puissante de son enseignement, groupèrent autour de lui un nombreux auditoire. M. Bautain se faisait alors remarquer par le libéralisme de ses opinions; plus d'une fois même, son opposition aux idées de la restauration lui attira les persécutions du pouvoir. Cependant, il paraît que ses opinions n'étaient point arrêtées, et qu'il n'avait pas de convictions inėbranlables. Il parcourut l'Allemagne, cherchant partout la vérité, interrogea ses docteurs, dévora leurs livres; mais n'y trouvant point ce qu'il cherchait, il se jeta, au retour de ce pèlerinage scientifique, dans une voie différente. Dès lors (premier mois de 1830), son cours de philosophie fut le développement de la doctrine de l'Évangile; il la présenta dans ses applications à la nature de l'homme et du monde : il chercha à la justifier par l'observation et l'expérience des phénomènes intérieurs et extérieurs de l'humanité, par l'exposition des lois universelles de la création. Le philosophe chrétien alors, pour ouvrir un champ plus vaste aux applications de la science, se livra aux études anatomiques et médicales. Bientôt après, il fut ordonné prêtre par l'évêque de Strasbourg; et, entouré de quelques jeunes gens distingués, hommes du monde, israélites, protestants, qu'il avait ramenés dans le sein de l'Eglise, l commença dans la chaire chrétienne une suite de prédications qui eurent le plus grand succès. Strasbourg, Colmar, Nancy, Paris, ont entendu tour à tour la parole puissante de l'abbé Bautain. Un malheureux diffé

rend, résultat d'une confusion de mots, avait momentanément altéré ses relations avec l'évêque et une partie du clergé de Strasbourg; mais cette épreuve n'a fait que mettre plus en lumière sa soumission à l'autorité du saint-siége. Aussi le souverain pontife, Grégoire XVI, lui a-t-il fait parvenir plus d'une fois des témoignages de son affection. L'abbé Bautain a publié plusieurs écrits qui sont le reflet de son enseignement la Thèse sur la vie, la Morale de l'Évangile comparée à celle des philosophes, la Philosophie du Christianisme, la Réfutation des Paroles d'un Croyant, la Psychologie expérimentale, sont autant de monuments élevés à la science chrétienne. Exposer la doctrine développée et la méthode suivie dans ces écrits, serait excéder les bornes prescrites à cet article. Pour apprécier les œuvres de l'abbé Bautain, il faut les lire, et quiconque les lira avec le goût du vrai, en deviendra plus éclairé et meilleur.

BEAUJEU (Anne de). Voyez ANNE. 7
BEAUVOIR (Claude de). Voyez CHAS-

TELUX.

BÉFORT OU BELFORT, petite ville du département du Haut-Rhin, cédée à la France par le traité de Munster. Le château, appelé la Roche de Béfort, et fortifié par Vauban, est bâti sur un rocher, et date de 1228. Il a été pris et repris plusieurs fois. Le comte de Suze s'en empara en 1636; mais il ne put s'y maintenir longtemps. Béfort est la patrie du lieutenant général Boyer et de l'abbé de la Porte. Pour la conjuration de Béfort, voyez à l'article COLMAR.

BELLANGÉ (Jos.-L.-Hip.), né à Paris en 1800, est élève de Gros, et l'un de nos peintres de batailles les plus distingués; il a exposé, depuis 1822, un grand nombre de tableaux fort remarquables. Nous citerons entre autres. la Bataille de la Moskowa (1822); la Reddition du fort d'Aboukir et le Passage du pont d'Arcole (1824); une Charge de cuirassiers (1827); Napoléon rencontrant Lannes blessé mortellement dans l'ile de Lobau (1831);

T. III. 32 Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

32

le Retour de l'ile d'Elbe et la Prise de ia lunette Saint-Laurent (1834); l'Entrée des Français à Mons en 1792; la Bataille de Fleurus; le Passage du Mincio, en 1800, et le Combat de Landsberg en 1805 (1836); la Bataille de Wagram (1837); un Combat sous Charleroy, en 1794; la Bataille de Loano, et un Épisode de la bataille de Friedland (1838); la Bataille de Hondschoote (1839); enfin la Bataille d'Altenkirchen (1840). La plupart de ces tableaux se trouvent maintenant dans les galeries de Versailles. M. Bellangé, sans marcher sur les traces de Vander-Meulen, comprend comme lui qu'une bataille est un sujet d'ensemble, et doit être traité en conséquence. Il ne se contente pas d'exposer des épisodes, qui ne peuvent donner aucune idée de l'action; il fait assister le spectateur au drame tout entier. Lorsqu'on voit ses Batailles de Wagram et de Hondschoote, on croit assister réellement à ces triomphes de nos armées. M. Bellangé sait en outre donner aux détails une vérité, une expression qui émeuvent profondément. Nous ne connaissons rien, dans ce genre, qui soit au-dessus du Retour de l'ile d'Elbe. M. Bellangé est l'un des artistes les plus remarquables de notre école nationale (voy. BEAUX-ARTS et PEINTURE.)

BELLE (N. Sim.), peintre de portraits, né en 1674, fut reçu membre de l'Académie de peinture en 1703, et mourut en 1734.

Clém.-L.-Marianne BELLE, son fils, naquit à Paris en 1722, et mourut en 1806. Il fut l'élève de Lemoyne, alla passer deux années en Italie, et fut reçu, à son retour, en 1761, membre de l'Académie de peinture, sur son tableau d'Ulysse reconnu par sa nourrice. Il devint ensuite professeur et recteur de cette académie. Il exposa en 1767 l'Archange Michel vainqueur des anges rebelles; en 1771, le Combat de saint Michel; Psyché et l'Amour endormis. On a encore de lui un Christ, qu'il avait fait pour le parlement de Dijon, et la Réparation des saintes hosties, qui se trouve à

Saint-Méry. En 1755, il fut nommé inspecteur de la manufacture des Gobelins, dont il dirigea les travaux pendant cinquante et un ans.

Son fils et son élève, Aug. BElle, né à Paris en 1757, lui fut associé comme inspecteur des Gobelins, et lui succéda en 1806. Pendant la révolution, il sauva cette manufacture, en empêchant d'abord qu'on ne la supprimât, et ensuite en retenant les artistes qui voulaient la quitter, parce qu'ils étaient mal payés. M. Belle est auteur de plusieurs tableaux juste. ment estimés. Nous citerons entre autres Tobie béni par son père; le Mariage de Ruth et Booz; Thésée retrouvant les armes de son père; Périclès et Anaxagore (à la chambre des députés); la Paix (au musée de Rouen); Agar dans le désert (au musée de Tours); Diogène donnant des leçons de philosophie sur une place d'Athènes.

BÉRANGER (Ant.), peintre sur porcelaine et sur verre, est né à Paris en 1785. Élève de l'école spéciale de peinture, M. Béranger s'est formé par l'étude de la nature, de l'antique, et surtout des oeuvres de David. Attaché en 1807 à la manufacture de Sèvres, il peignit sur porcelaine, en 1813, un grand vase sur lequel règne une frise représentant l'Entrée au Musée des objets d'art amenés d'Italie, d'après le dessin de Valois; en 1826, une Copie du portrait de Richardot, d'après Rubens; en 1832, un grand vase dont la frise représente l'Éducation physique des anciens Grecs (de sa composition); en 1834, la Maitresse du Titien; en 1840, un service dit le service des potiers célèbres; sur le plateau, l'artiste a peint Agathocle donnant un festin. Toutes ces compositions sont remarquables par la sagesse et la pureté du dessin. On doit aussi à M. Béranger plusieurs vitraux, parmi lesquels nous citerons un saint Marc et une Allocution de sainte Thérèse à son père (1829); un grand vitrail pour la chapelle du château de Compiègne, d'après le carton de M. Ziegler (1837); l'Assomption de

la Vierge, d'après Prud'hon (1839); la Vierge et Jésus, entourés d'un concert d'anges (1832, donné au roi de Naples). M. Béranger exécute en ce moment un-grand vitrail de sa composition, représentant la Vierge de douleur, et destiné à la chapelle de Dreux. Il a en outre exposé aux salons divers tableaux de genre, entre autres: l'Aumone, la Séduction, l'Abandon, la Leçon de musique, le Sommeil de Jésus, les Suites d'une faute, etc. Ce dernier tableau lui a valu une médaille d'or.

BERRUER (P.), sculpteur, reçu membre de l'Académie en 1770, et profes seur en 1785, est auteur d'un assez grand nombre d'ouvrages de mérite. Il exposa, en 1771, une statue de la Fidélité, sainte Hélène, pour l'église de Montreuil-lez-Versailles, et le projet du mausolée du comte de Harcourt; en 1773, le modèle du bas-relief de l'école de médecine, pour la façade de la place; ce beau morceau exécuté par Berruer, de 1773 à 1775, représente la chirurgie, sous l'emblème de la Santé, accompagnée de la Prudence, de la Vigilance et d'un Génie qui présente à Louis XV le plan du nouveau bâtiment. Auprès du roi se tiennent Minerve et la Générosité; le reste du bas-relief est rempli par des groupes de malades et de blessés. Le bas-relief de la façade sur la cour, représentant la Théorie et la Pratique qui se jurent d'être inséparables, est aussi de Berruer. Cet artiste exposa en outre, en 1775, trois statues représentant Melpomène, Polymnie et Therpsicore, pour le théâtre de Bordeaux, et le buste de Roettiers; en 1779, la statue de d'Aguesseau; en 1781, la Force, statue colossale pour le Palais de Justice; et le buste de Destouches pour la Comédie-Française; en 1785, le projet d'un cénotaphe élevé par une société de patriotes aux officiers français morts pendant la guerre d'Amérique, et le buste du peintre de Machi; en 1787, les bustes de Hue et de Gresset; en 1789, la Foi et la Charité, bas-relief pour la façade de l'église de SaintBarthélemy; en 1793, un monument

[ocr errors]

destiné à rappeler les premieres expériences aérostatiques, et qui devait être placé aux Tuileries. Les auteurs de la Biographie universelle, si prodigues de détails pour certains hommes de peu de valeur, n'ont point consacré d'article à Berruer, qui fut cependant l'un de nos artistes les plus distingués dans le siècle dernier.

BERTIN (Fr. Édouard), peintre de paysages, né à Paris en 1797; il a exposé, en 1827, un paysage qui représentait Cimabué trouvant Giotto occupé à dessiner les chèvres qu'il garde; en 1831, une vue de Civitella et de Terni; en 1833, une vue de la forêt de Nettuno; en 1836, deux vues prises du mont Lavernia; en 1837, le Christ au mont des Oliviers, et une vue de Viterbe; en 1839, uue vue des carrières de la Cervara.

BERTIN (Jean-Victor), peintre de paysages historiques, né à Paris le 20 mars 1775. Cet artiste habile, élève de Valenciennes, est aujourd'hui le chef de notre école de paysages; parmi ses élèves, nous nommerons Michallon, Témouf, Cognet, Boisselier, etc. Il a commencé à exposer en 1798. Il mit áu salon, cette année, Aristide recevant les députations de la Grèce. Parmi ses nombreuses productions qui ont enrichi tous nos salons depuis cette époque, nous citerons : Une Fête au dieu Pan; une Offrande à Vénus; la Vue de la ville de Phénéos et du temple de Minerve, qui a obtenu un prix d'encouragement; l'Arrivée de Napoléon à Etlingen et sa réception par le prince de Bade; Cicéron à son retour d'exil, ‘accueilli par tous les habitants des lieux où il passe, et une Vue de Népi, sur la route de Rome, qui décore le palais de Trianon; enfin, un grand nombre de vues des environs de Rome, de Naples et de Florence, de Grèce, de Suisse, d'Espagne, de Judée, toutes enrichies de figures rappelant des traits d'histoire ou de mythologie.

[ocr errors]

BIAGRASSO (affaire de). — Après le mauvais succès du blocus de Milan en 1523, l'amiral Bonnivet, forcé de prendre ses quartiers d'hiver, envoya son ar

[blocks in formation]

Sur ces entrefaites, Prosper Colonne, vieillard infirme, qui commandait l'arinée ennemie, mourut et fut remplacé par Lannoy, vice-roi de Naples, sous les ordres duquel vinrent se ranger le connétable de Bourbon, Pescaire, et François Sforza, duc de Milan.

Tandis que Bonnivet envoyait Bayard occuper Rebecco (février 1524), et s'exposait ainsi à éprouver un échec que de meilleures dispositions auraient pu éviter, les alliés recevaient des renforts considérables, et prenaient la résolution de passer le Tésin pour s'emparer des places situées au delà de ce fleuve, couper les vivres aux Français, et les enfermer entre le Tésin et Milan. Ils effectuèrent en effet ce mouvement (2 mars 1524), et s'emparèrent de Gambalo. L'amiral craignit alors de perdre Vigevano et le reste de la Lomeline; il passa aussi à la hâte le Tésin, plaça son avant-garde autour de Vigevano et son corps de bataille à Mortaro. Ce poste était encore avantageux, et l'armée pouvait s'y maintenir quelque temps sans courir le danger d'être affamée; les vivres lui arrivaient du Montferrat, du Vercellois et du Novarèse, pays avec les quels elle avait conservé des communications.

Mais, au lieu d'accepter la bataille que Bonnivet leur présenta sans succès deux jours de suìté, les alliés s'emparèrent de Sartino, vers le confluent du Pô et de la Sésia, puis remontant cette rivière, ils se rendirent maîtres de Vercelli. Les Français se trouvèrent alors réduits aux vivres que leur fournissait le Novarèse, pays épuisé depuis longtemps, et les chemins par lesquels ils pouvaient regagner la France étaient à peu près coupés. Il restait cependant encore une espérance à l'amiral six mille Suisses, soutenus par quatre cents hommes d'armes, arrivaient du côté d'Ivrée. Ils devaient

[ocr errors]

passer la Sésia au-dessus de Vercelli, et joindre Bonnivet à Novarre. Six mille Grisons s'avançaient d'un autre côté vers le Bergamasque, et devaient opérer à Lodi leur jonction avec le prince Bozzolo qui les y attendait. De là ils devaient faire une diversion au delà de Milan, pour y faire revenir les confédérés, tandis que Bonnivet, renforcé par les Suisses, reprendrait l'offensive.

Les confédérés, instruits de la marche des Suisses et des Grisons, s'attachèrent à entraver leur jonction; leur armée se plaça entre Novarre et la Sésia, et se tint prête à en disputer le passage aux Suisses, tandis qu'un détachement considérable, traversant le Tésin, allait harceler les Grisons, et les forçait à regagner leurs montagnes. Ce résultat obtenu, Jean de Médicis, qui commandait ce détachement, revint sur le Tésin, et réussit à détruire le pont de bateaux que Bonnivet avait fait établir près de Buffarola. Les alliés s'emparèrent alors de Biagrasso; mais ils y trouvèrent la peste qui avait commencé à s'y manifester, et qui, portée par eux à Milan, y fit périr en moins d'un mois plus de cinquante mille ha• bitants.

Le camp français ne fut pas à l'abri de ce fléau, qui vint aggraver de la manière la plus fâcheuse la déplorable situa tion de l'armée qui commençait à souf frir cruellement de la famine; et, d'un autre côté, le débordement de la Sésia sur la rive où se trouvaient les Suisses, fournit à ces derniers un prétexte pour ne point passer la rivière. S'ils n'avaient pu, en se joignant à Bonnivet, le mettre en état de se maintenir dans le Milanais, ils auraient du moins assuré la retraite de l'armée. Mais en vain l'amiral les sollicita-t-il de passer la rivière; ils prétendirent qu'en ne leur envoyant pas à Ivrée les hommes d'armes qui devaient les soutenir, il les avait dégagés de toute obligation, et ils se retirèrent. Ce malheur en amena un autre; lorsque les Suisses qui étaient dans le camp français virent leurs compatriotes s'éloigner, ils se débandèrent et coururent les rejoindre.

« PreviousContinue »