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et il força le roi de Tunis à renvoyer libres les chrétiens qui étaient devenus ses captifs, et à se reconnaître tributaire des Génois. Quelques années après son retour en France, il ne vit point sans douleur les querelles intestines qui divisaient non seulement la famille royale, mais encore tout le royaume. Il chercha en vain à réconcilier ceux que la haine et le meurtre avaient désunis, mais il ne put y réussir. On connaissait si bien les louables intentions du duc de Bourbon, que sa mort, arrivée en 1410, au moment où la guerre civile allait éclater, causa une véritable douleur à tous ceux qui souhaitaient la paix et désiraient sincèrement le bien de la France. On peut citer, comme chose glorieuse pour sa mémoire, les paroles que, suivant un narrateur contemporain, prononcèrent les gens du peuple lorsqu'ils virent passer son convoi : « Ah! ah! mort, tu nous a óté en ce jour notre soutien, celui qui nous gardait et nous défendait dé toutes oppressions; c'était notre prince, notre confort, notre duc, le plus prud'homme et de la meilleure vie et conscience qu'on pût

trouver. »

son

Après sa mort, Jean Ier, fils, succéda à tous ses titres et apanages. Il ne chercha point, comme Louis II, son père, à mettre fin aux discordes civiles par des moyens de conciliation. Loin de là, il devint chef de parti, et se déclara le défenseur et le soutien de la faction d'Orléans. A la bataille d'Azincourt (1415), il fut de ceux qui compromirent par leur imprudence le salut de la France. Il fut fait prisonnier dans cette désastreuse journée, et conduit en Angleterre, où il mourut en 1433. Louis, son troisième fils, fut la tige de la famille de Montpensier (*). L'aîné, Charles Ier, qui fut son successeur,contribua puissamment, par son courage, à replacer Charles VII sur le trône que lui avaient ravi le duc de Bourgogne et les Anglais. Nous devons ajouter qu'il fut un des principaux négociateurs du traité d'Arras,

(*) Voyez MONTPENSIER (famille de).

qui devait mettre fin aux malheurs de l'invasion étrangère.

Jean II, son fils, lui succéda en 1456. Il s'était distingué, lorsqu'il n'était encore que comte de Clermont, dans les derniers combats que la France eut à soutenir contre les Anglais. Après la mort de Charles VII, il se révolta contre Louis XI, et entra dans la ligue du bien public. A l'avénement de Charles VIII, on le retrouve encore à la tête des factieux. Il mourut en 1488, et ne laissa point d'enfants légitimes. Ses apanages devaient appartenir à son frère puîné, Charles de Bourbon, cardinal et archevêque de Lyon; mais un autre frère de Jean, Pierre, sire de Beaujeu, s'empara de tous les fiefs de la maison de Bourbon.

Pierre II, sire de Beaujeu, est plus connu dans l'histoire par les vertus et les rares qualités de sa femme que par son propre mérite. Il ne fut le tuteur du jeune roi Charles VIII, et ne prit quelque part aux affaires, que parce qu'il avait épousé la fille de Louis XI (*). Il mourut en 1503, ne laissant de son mariage qu'une fille, Susanne, qui porta dans la branche de Montpensier tous les titres et tous les domaines de la maison de Bourbon.

Ce fut en 1505 que Charles de Montpensier devint duc de Bourbon par son mariage avec Susanne. Il fut dès lors le seigneur le plus riche et le plus puissant de France. Il se distingua dans les guerres que fit le roi Louis XII. Sous François Ier, il reçut l'épée de connétable, se distingua de nouveau à la bataille de Marignan et dans les guerres du Milanais, dont il fut nommé gouverneur. Mais bientôt le roi fut ef frayé de la puissance du duc de Bour bon, et il lui enleva peu à peu, sous divers prétextes, une grande partie de ses apanages. Charles, exaspéré par les mauvais traitements dont il était l'objet, résolut d'écouter les propositions qui lui étaient faites par Charles-Quint et par le roi d'Angleterre. Il était déjà hors de France, lorsque François Ier

(*) Voyez ANNE de Beaujeu, t. I, p. 256.

a

lui fit redemander l'épée de connétable, et l'Ordre dont il l'avait décoré. « Quant à l'épée de connétable, lui fit-il répondre, le roi me l'a ôtée à Valen«< ciennes, lorsqu'il confia à M. d'Alen çon l'avant-garde qui m'appartenait; « pour ce qui est de l'Ordre, je l'ai « laissé à Chantelle, derrière mon che« vet. » La fuite du connétable de Bourbon fut un grand malheur pour la France; elle empêcha François 1er de passer en Italie, et le força d'y envoyer Famiral de Bonnivet, qui n'y éprouva que des revers. Bourbon, vainqueur de ce général, le poursuivit jusqu'en Provence, et vint l'assiéger dans Marseille, dont heureusement il fut forcé de lever le siége. Mais il eut le malheur de contribuer au gain de la bataille de Pavie, et suivit en Espagne François, devenu prisonnier de Charles - Quint, non pour veiller à ses intérêts, mais pour être compris dans le traité. Trompé dans ses espérances, et dissimulant son dépit, il retourna à la tête de cette armée qui avait fait trembler l'Italie. Ne pouvant plus suffire à la paye de ses soldats, il les mena au siége de Rome, dont il leur promit le pillage; mais il fut frappé d'un coup mortel en montant le premier à la brèche, le 6 mai 1537. Il n'avait que 38 ans. Les événements qui remplirent les dernières années de sa vie, et ceux auxquels il prit une part active, ont été racontés ailleurs avec plus de détails, et nous renvoyons ici nos lecteurs à la partie de nos ANNALES qui traite des guerres d'Italie, et aux articles qui ont été consacrés dans ce dictionnaire aux rois Louis XII et François Ier.

En 1527, après la mort du connétable, Charles, duc de Vendôme, devint le chef de la maison de Bourbon. C'est ici, qu'après avoir vu l'extinction de la branche aînée de la famille, nous deVons parler en quelques mots des branches collatérales.

En 1342, comme nous l'avons dit plus haut, Jacques, troisième fils de Louis Ier, devint comte de la Marche, en vertu du partage qu'il fit avec le duc Pierre, son frère. Jacques mourut les armes à la main, en combattant

les grandes compagnies qui allaient porter le pillage et la dévastation dans les provinces du midi de la France. Il eut pour successeur au comté de la Marche, Jean de Bourbon. L'héritier de Jean (1393) fut Jacques II, qui mourut en 1438. Il laissa ses domaines aux mains de son gendre, Bernard d'Armagnac. Le comté de la Marche revint plus tard à la branche aînée (*). Louis XI le donna, en 1477, à Pierre de Bourbon, sire de Beaujeu.

Le comté de Vendôme passa à la maison de Bourbon en 1374 (**). Ce fut Jean de Bourbon, comte de la Marche, qui en prit possession en vertu du mariage qu'il avait contracté avec Catherine, sœur du dernier comte Bouchard VII (***). Jean de Bourbon eut plusieurs enfants. Jacques, l'aîné, eut le comté de la Marche, et le second, Louis, le comté de Vendôme. Louis ne prit possession de son héritage qu'après la mort de sa mère, qui arriva en 1412. Il fut fait prisonnier à la bataille d'Azincourt. Lorsqu'il fut délivré de sa prison, il s'empressa d'accourir auprès du roi Charles VII pour l'aider à reconquérir sur les Anglais son trône et la France. Mais après le traité d'Arras, il prit part toutes les révoltes des seigneurs contre le pouvoir royal. Il mourut en 1446, et Jean II, son fils, lui succéda. Après Jean II, ce fut Fran çois qui hérita, en 1478, du comté de Vendôme. Celui-ci mourut à l'âge de vingt-cinq ans, en 1495. Il laissait un fils, appelé Charles, qui prit possession de tous ses domaines. Charles de Bourbon fut le premier duc de Vendôme. Ce fut en effet en sa faveur que François 1er érigea le comté en duché, au mois de février de l'année 1515. Il se distingua dans les guerres d'Italie par son courage, et dans les conseils du roi par sa grande sagesse. En 1527, il réclama en vain les biens du connétable de Bourbon, qui furent réunis alors au domaine de la couronne.Tou

(*) Voy. l'article MARCHE (maison de la). (**) Voyez l'Art de vérifier les dates. (***) Voyez l'art. VENDOME (maison de).

tefois, par la mort du connétable, le duc de Vendôme devint le chef de la maison de Bourbon. Il mourut en 1537. Charles avait eu plusieurs enfants. Voici les noms de ceux qui lui survécurent Antoine de Bourbon, son successeur au duché de Vendôme, et père de Henri IV; le comte d'Enghien, vainqueur à Cerisoles, qui mourut en 1546; Charles, cardinal, qui fut créé roi par la ligue, en 1589, sous le nom de Charles X; Jean, comte de Soissons, et Louis, qui fut le premier de la famille des Condé, d'où sortit plus tard celle de Conti. (Voyez la partie des ANNALES consacrée aux événements du seizième siècle, et notamment aux guerres de religion; voyez aussi, dans ce Dictionnaire, les articles CERISOles, Condé, Conti, ENGHIEN, LIGUE, etc.)

Comme nous l'avons dit, Antoine de Bourbon succéda à son père, dans ses titres et domaines, en l'année 1537. Il épousa à Moulins, en 1548, la fameuse Jeanne d'Albret. En 1555, il devint roi de Navarre. Au commencement du règne de Charles IX, il disputa la régence à Catherine de Médicis. Mais dans ces temps de troubles, le roi de Navarre n'était pas l'ennemi le plus redoutable de la cour. Catherine de Médicis, qui connaissait son caractère faible et irrésolu, lui céda plusieurs fois dans le gouvernement de l'État, au moins en apparence, une assez grande part d'autorité. Il s'était déclaré l'ennemi ardent des calvinistes lorsqu'il fut tué, en 1562, au siége de Rouen (*). L'épitaphe que lui firent les huguenots, comme on disait alors, nous apprend que sa mort arriva d'une manière imprévue et tout à fait bizarre :

Amis François, le prince iei gissant
Vécut sans gloire et mourut en pissant (**).

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Antoine de Bourbon laissait un fils qui devait, à la fin du seizième siècle, acquérir une grande célébrité, et remplacer les Valois sur le trône de France.

Depuis son avénement au trône, la famille royale de Bourbon s'est divisée en deux branches, dont la cadette, celle d'Orléans (voyez ORLÉANS), possède actuellement la couronne. La branche aînée, expulsée une troisième fois, en 1830, du sol de la patrie, expie maintenant à l'étranger les fautes des derniers princes qu'elle nous a donnés. Les souvenirs qu'elle a laissés sont déjà assez loin de nous pour que nous puissions juger, sans prévention et sans haine, le bien et le mal qu'elle a fait à notre pays. Mais nous ne devons point ici nous livrer à cette appréciation qui trouvera sa place ailleurs. Contentons-nous de dire que la France est trop jalouse de toutes ses gloires pour envelopper dans un même arrêt de réprobation les bons et les mauvais princes, les hommes qui l'ont rendue grande et puissante, et ceux qui ont cherché à l'amoindrir et à l'humilier. Si elle n'a point perdu la mémoire des maux que les Bourbons de notre âge lui ont fait souffrir, elle n'en revendique pas moins,avec un légitime orgueil,comme ses dignes enfants, les hommes illustres de cette maison qui, dans les siècles passés, l'ont aimée sincèrement et ont prodigué pour elle leur sanget leur vie. Certes, elle ne saurait, sans ingratitude, effacer de ses annales le nom d'une famille qui lui a donné, au moyen âge, Pierre, duc de Bourbon, qui se fit tuer à Poitiers; Louis, son fils, l'ami de du Guesclin, qui consacra la première partie de sa longue existence à combattre les Anglais, et la seconde à prévenir les maux de la guerre civile; Charles, un des principaux négociateurs de la paix d'Arras; le comte d'Enghien, vainqueur à Cerisoles, et, dans des temps plus modernes, Henri IV, le grand Condé et Louis XIV.

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TABLEAUX GÉNÉALOGIQUES DE LA MAISON DE BOURBON *.

I. Première branche des Bourbons issus de la famille Capétienne.

1° ROBERT, comte de Clermont, 6e fils de St. Louis, +7 février 1317, ép. Béatrix de Bourgogne.

2° LOUIS fer, + 1341, ép. Marie de Jean de Clermont, + 1316, épouse Hainaut.

Marguerite, ép.
Jean, comte de
Namur.

Les noms entre () sont ceux des enfants naturels.

marquis de Malause.

tige des

T. III. 14 Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

14

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Louis le Bon, 3° fils de Jean Ier, +
1486; ép. 1°, en 1426, Jeanne, com-
tesse de Clermont; 2°. en 1442,
Gabrielle de la Tour.

III. Branche des comtes de Bourbon-Montpensier.

GILBERT, + 1496, Jean, † jeune. Gabrielle ép.,

ép., 1481, Claire
de Gonzague.

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en 1485, Louis de
la Trémoille, t
en 1514.

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2 jumeaux, morts jeunes.

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