Page images
PDF
EPUB

Nous avions laiffé voir à l'Infulaire ardent

L'emblême de fes trois royaumes,

Dans les trois pointes du Trident.

Le moment est venu : tu faifis cet instant
Sartine, & des efprits tu ranimes la feve.
Un corps nouveau d'édifices flotans

[ocr errors]

A ta voix, fur nos bords, magiquement s'acheve: Pour nous, fur les deux mers, un plus beau jour fe leve;

Et nos vaiffeaux indépendans,

Vogueront déformais fous d'autres Miltiades,
Et ne pourront plus, dans nos rades,
Etre enchaînés que par les vents.

Où font ces vains efprits, dont l'indifcrete audace
Prétendoit qu'à ce pofte où l'on te voit monté,
La voile d'un vaiffeau devroit t'avoir porté ?
Le Sage eft ce qu'il veut, & s'inftruit par fa place..
Tel fut le grand Colbert. A ce fublime emploi,
D'une autre sphere élevé comme toi,
Toujours égal à fa fortune,.

Il foutint, d'un bras éprouvé,

Le fardeau qu'une main commune

Auroit à peine soulevé.

Toi qui, du code maritime,

Viens d'effacer, par d'heureux changemens,

La rouille que le tems imprime

Aux plus utiles monumens:
C'eft fur l'autel de la Patrie,
Qu'inhabile à la flatterie,
Je te préfente un pur encens..

Un autre, en un plus long ouvrage,

Errant de rivage en rivage,

Eût chanté, de nos ports, les honneurs renaiffans,
Eût couronné de fleurs l'ancre de l'espérance,
Eût peint la liberté, le front ceint de lauriers,
Attachant de fes mains la corne d'abondance,
Aux poupes des vaiffeaux guerriers :
Moi, préfageant les jours propices,
Qu'amenent de tes foins les prudentes prémices,
J'ai craint de retarder tes travaux vigilans;
Et j'ai mefuré mes accens,

Non fur le prix de tes fervices,
Mais fur celui de tes momens.

Puiffe, de la paix floriffante
Les rameaux être confervés,
Sous la fauve-garde impofante,
De nos pavillons relevés!

Puiffe, l'heureux Trident, où notre espoir se fonde,
Ne jamais faire ombrage aux peuples inquiets,
Et devenir plutôt, fur les plaines de l'Onde,
Un contre-poids, qu'un fceptre en la main des
François !

Par M. LE MIERRE.

É PIGRAM ME. CEr Auteur fi connu, Monfieur de Boniface,

Ayant enfin fini deux Odes à la glace;

Court chez un Gentilhomme, & d'un ton doucereux,

Le preffe de juger la meilleure des deux.

Mon cher, dit celui-ci, pareil choix m'embarraffe;
Vous-même affurément le ferez beaucoup mieux.
Non, répond notre Auteur, mon goût fera le vôtre,
Et, fans perdre d'inftans, la premiere il lui lit:
Le Gentilhomme alors, l'interrompt & lui dit,
N'achevez pas, Monfieur, j'aime beaucoup mieux
l'autre.

AUTRE A UN AVOCAT.

EN

N plaidant une Cause, un jour Maître Chopin
Fondoit fon Droit fur la Coutume.

L'avez-vous jamais lue, ami, dit un Robin?
L'Avocat infulté protefte, aboie, écume,
Et du doigt montrant fon cerveau;

La Coutume, Meffieurs, elle est là, je vous jure:
Oh! j'en connois la reliure,

Dit un plaifant, elle eft en veau.

Par M. A. L.....

VERS

A Madame la Princeffe DE MONACO

CHAQUE

HAQUE Divinité jadis eut fon partage : Junon eut la grandeur, le rang, la majesté;

Minerve les talens; & Vénus la beauté.

A la Reine du Ciel chacun rendit hommage;
Tout baiffa devant elle un front refpectueux.
Par mille dons rares & précieux,
Minerve des efprits entraina le fuffrage;
Vénus, er fouriant, emporta tous les cœurs;
Zéphir, pour elle, oublia Flore;

Mars oublia Bellone, Apollon les neuf Sœurs;
Et cette Déeffe eut encore

Plus d'Amans que d'Adorateurs.

Ainfi la Fable, en fes rians inenfonges,

Embelliffoit la vérité:

Mais pourtant la réalité

L'emporte aujourd'hui fur les fonges
De la crédule antiquité.

Aujourd'hui la beauté, les talens, la noblesse,

Dans un même fujet réunis,
Offrent à nos regards furpris,
Vénus en habits de Princeffe,
Pallas fous les traits de Cypris.
La grandeur & la bienfaisance
Annoncent toujours fa préfence,
Avec l'amour & le plaifir;
Et toujours marchent fur fes traces
La Raifon à côté des Graces,
Et le refpect près du defir.

Dans ce portrait, peu digne d'elle,
Monaco ne verra que l'ombre de fes traits;
C'est le fort de tous fes portraits

D'être au-deffous de leur modele.

Par M. DREUX.

LA FEMME SAVANTE.

LA prude Eglé, favante fanatique,

Se nourriffoit des bons Auteurs anciens,
Et de leurs mots farciffoit tous les fiens;
Si qu'une nuit, rapporte la chronique,
Elle éveilla fon mai trop dormeur,
En lui criant d'une voie héroïque :

[ocr errors]

Tu dors Brutus, & Rome eft fans vengeur!"

Par M. P***.

LE LION MOURANT.

FABLE.

LE Roi des animaux, accablé par les ans,

Voyoit de fes sujets fa caverne remplie:

On juge bien qu'en dignes courtisans,

Ils prodiguoient la flatterie.

Un Renard près de lui s'écrioit :,, Dieux puiffans! Aux dépens de mes jours prolongez fes années. “ Emu de ces regrets touchants,

[ocr errors]
[ocr errors]

Le moribond leur dit :

[ocr errors]
[ocr errors][merged small]

Il faut céder aux deftinées,

Vos hurlemens ne me guériront pas.

[ocr errors]

99.
Mais je fais un remede à la douleur profond

,, Que vous caufera mon trépas;

n

Escortez-moi dans l'autre monde,

[ocr errors]
« PreviousContinue »