& d'échapper ainfi au trouble, aux di tions qui agitoient ma patrie. Que de jours nébuleux ont encore curci cette troifième année de la liber Que de haines elle a vu naître ! De co bien d'injustices elle a été fouillée! Q de projets cruels elle a enfantés ! Peupl malheureux, vous ne faites, dans le cours vos destinées, que changer de maux. Jama vous ne favez vous repofer fur le bonheu Vos paífions qui vous purifieroient, fi elle étoient généreuses, ne font fouvent que vous plonger plus avant dans la corruption. Déjà l'intrigue, les baffes jalouûes ont pénétré dans les dernières claffes du peuple. Les vices des grands font devenus les vices de la multitude. La France femble être, dans ce moment, un théâtre immenfe, fur lequel toute l'europe attache fes regards; un drame dont les actes fe fuccèdent, s'y joue depuis près de trois ans, & on en ignore encore & l'intrigue & le dénoue ment. A l'inftant où j'écris, des fcènes heureuses viennent de se passer: c'est l'adhéfion du monarque à une conftitution fur laquelle la nation a fondé l'espoir de fon bonheur; c'est le retour de l'affection du peuple pour fon roi & pour la compagne chérie de fes tribulations & de fa joie. Quel changement fubit dans l'existence de ce prince, que nous avons eu la douleur de voir humilié! Comme fon trône est raffermi ; comme il eft fort de l'amour des françois ! Législateurs qui allez fuccéder à la plus impofante des assemblées qui ait paru depuis la création de la monarchie, gardez-vous de vouloir ébranler cette autorité épurée, confolidée par la loi; elle vou écraferoit de tout le respect que lui port la nation. Vos prédéceffeurs avoient le peuple pour eux vous l'auriez contre vous, vous ofiez changer les limites qui féparent vos pouvoirs de ceux du monarque. Tant qu'il fera dans la loi, il fera plus puiffant que vous; mais s'il avoit le malheur de s'en écarter, vous deviendriez plus puiffans que lui. Représentans passagers du peuple, ne vous faites point illufion, & ne vous croyez pas au-deffus de fon représentant perpétuel. La nation, qui domine fur tout ce qu'elle comprend dans fon fein, puifqu'elle eft la fource de toutes les autorités, vous en a confié une diftincte: celle de faire des réglemens effentiels à fa gloire, à fon bon heur. Quelle belle tâche à remplir! Comme l'idée d'une femblable miffion doit enflam& en bannir tout fentiment mervos cœurs, vulgaire ! Il ne faut pas vous le diffimuler: l'efprit de cenfure va écouter tous vos discours, fuivre vos travaux, épier tous vos projets. Vous ne devez pas vous attendre à ces · excès d'enthousiasme qui ont animé vos prédéceffeurs; les obstacles font abattus, on ne vous demande plus d'efforts généreux, on n'exige de vous que de marcher d'un pas ferme dans le sentier de la loi; vous n'avez rien d'héroïque à produire, mais ce qui vaut encore mieux, vous avez des choses fages à exécuter. Ayez donc l'attitude qui convient à votre nouvelle mission. Ne préfumez pas trop de vos lumières, ne vous enflez pas de votre patriotifme paffé; c'est le mérité de tant d'autres qui ne font pas parmi vous! Songez fans ceffe au compte que vous aurez rendre à la nation de l'emploi de deux années, pendant lefquelles vous aurez été chargés, non d'étendre fes droits, mais de faire valoir ceux qu'elle s'eft réservés. Rappelez-vous ce qu'étoient & ce que font devenus vos prédéceffeurs. Combien d'entr'eux font arrivés avec un fentiment exagéré de leurs forces, & n'ont fait preuve que de vanité, d'ignorance & de foibleffe! D'autres, mettant tout leur bonheur toute leur gloire à recueillir les applaudiffemens de quelques mercenaires, fe font tellement exaltés dans leurs idées populaires, qu'ils fe font perdus dans le vague du délire. On a vu des hommes dont la vie n'étoit marquée par aucunes vertus publiques, par aucun acte de bienfaifance, imiter l'accent de la fensibilité |