par cette clarté naturelle répandue fur toutes les fociétés, ne diffèrent pas beaucoup des réformes qui viennent de purifier notre conftitution; cependant ils n'ont excité aucune fenfation; les regards de l'europe ne fe font pas tournés avec inquiétude fur les grifons. Les potentats n'ont pas cru leurs trones ébranlés, leurs états en périls, parce que des montagnards revenoient aux idées équitables dont l'ignorance les avoit écartés.

Chaque ligue eft divifée en grandes jurisdictions qu'on appelle hautes juftices où grandes communautés ; celles-ci font partagées en fimples juftices ou communes. Ces petites communautés se donifent un chef, défigné fous le nom d'Ammann, & une douzaine de juges qui prononcent dans les caufes civiles & fur les délits les moins graves; c'eft beaucoup de juges pour de petites "communautés, & pour de petits délits.

Le chef de la grande juftice s'appelle Landam mann; il eft chargé de veiller aux intérêts particuliers de fa communauté, il préfide dans les jugemens des caufes civiles & criminelles.

Tousles emplois doivent être confirmés annuellement dans l'affemblée de la commune. On délit bère dans ces affemblées fur toutes les propofitions qui intéreffent la confédération des trois ligues.

Eorfqu'il s'élève une difficulté entre deux-communautés, la plus voiline doit en être l'arbitres

fila difficulté ne peut être terminée par cet arbitrage, elle est portée à la diète générale de la ligue qui forme le tribunal suprême.

La diète chez les grifons, ne se tient pas comme celle des treize cantons dans le même lieu, ni n'eft préfidée par le même député d'un feul canton; elle fe convoque alternativement dans l'une des trois ligues, & eft présidée par le chef de la ligue où elle fe raffemble. L'affemblée complète réunit foixante-fix fuffrages.

A la fin des feffions qui durent ordinairement trois semaines, un comité composé des trois chefs & de deux députés de chaque ligue rédige les actes, expédie les conclufions, tant fur les objets terminés que fur ceux qui doivent faire la matière d'une nouvelle délibération.

Le chancelier de chaque ligue en adresse ensuite des doubles aux communautés qui ont droit de députation.

Les grifons ont auffi des fujets; ce font les habitans de quelques provinces qu'ils ont conquises fur le duc de Milan; elles font gouvernées par des -magiftrats que nomment les ligues. Des fyndics envoyés par la diète, vont tous les deux ans dans ces provinces, pour entendre les plaintes portées par les habitans contre ces magiftrats, & files fyndics ne rendent pas juftice, on a le droit d'appeler de leur jugement à la diète.

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On voit que ces trois ligues font trois principa les démocraties divifées en petites communautés, qui font elles-mêmes autant de démocraties fubal ternes. Leur gouvernement n'eft point varié comme celui des treize cantons.

L'indépendance des grifons a été reconnue & garantie par le traité de Weftphalie.

Les trois ligues peuvent mettre cinquante mille hommes fous les armes, en réuniffant toutes leurs milices, mais elles n'ont pas à beaucoup près befoin de toutes ces forces, tant qu'elles ne voudront que 'défendre leur liberté ; la nature les a •protégés par des rochers inacceffibles & des défilés impénétrables à la valeur & à l'efprit de consquêre, China al Just orariob in

Ceux qui comptent pour tout l'avantage de participer à la fouveraineté de leur pays, de n'être fujets à aucun impôt, doivent le trouver heureux dans un féjour où l'on ne connoît ni le pouvoir de -Farbitraire, ni la cupidité du fifc. Mais la liberté. ⠀re sly montre-t-elle pas fous des dehors trop auftères? Faut-t-il s'étonner fi plufieurs de ceux auxquels elle vend fi chèrement fes faveurs, préfèrent d'habiter des contrées où fes traits s'adouciffent, & où fes formes font plus riantes? -L'homme eft fouvent un enfant auquel il faut -faire une forte violence pour le rendre heureux. Les grifons ne payent point d'impôts, il est vrai,

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mais auffi l'état manque de fonds pour des ouvrages publics, pour les chemins; il n'a point de magafins, point de provifions de blé fi néceffaires dans un pays où la terre en produit fi peu.

Ceux-là font véritablement libres dont la volon té est éclairée, qui fentent que la vie étant une longue route que les générations ont à traverfet fucceffivement, en atrachent les tonces, y fement des Heurs, font germer fut fes bords toutes les productions que la mture offre à l'induftrie, en multiplient les perspectives, & y établiffent des répos agréables qui chatment l'ennui du voyage. Le tribut que le citoyen paye à la chose publique, fe convertit en joufflances pour lui, lorfqu'il eft bien administré; il embellit sa patrie, il y anime les afts, il en écarte les calamités, il Toulage lesmiseres humaines, & lui en dérobe le Ipecade.

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Peuple de la terre, ne voulez-vous plus payet d'impôts? renoncez donc à tous les agrémens de la vie, télignez vous à n'avoit pour Toutes que des fentiers pénibles, pour habitations que des cabanes, pour nourritures qué des alimens fans apprêts, pour fpectacles que des danfes groffières, pour fûreté que votre misère, pour foulagemens dans vos maladies que la mort. Bientôt toutes les lumières de la raifon perfectionnée s'éteindront au milieu de vous, vos enfans feront libres

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comme les animaux des forêts, mais ils ne tarderont pas à devenir auffi brutes & auffi fauvages.

Quittons ces alliés de la Suiffe qui font auffi les nôtres, puifque dans nos traités, ils nous permettent de recruter un régiment dans leur fein & de lever quelques compagnies agrégées à celles de nos gardes-Suiffes.

Nous allons pénétrer dans le haut Valais qui, à la faveur des remparts dont il eft environné & du courage de fes habitans, jouit de la fouveraineté & de l'indépendance.

Le haut Valais renferme dans fon sein sept républiques qui fe gouvernent toutes démocratiquement, fi l'on en excepte celle de Sion, qui eft aristocratique.

Chacun de ces diftricts que l'on appelle impro prement Dizain, eft compofé de plufieurs paroif ses; il a fa justice particulière, & pour premier magistrat, un maire ou châtelain b oluvo i La diète du Valais fe tient deux fois l'anà Sion, Elle eft préfidée par l'évêque,, & convoquée par un chef que l'on nomme capitaine du pays. Quel que foit le nombre des députés, on n'y compte que neuf fuffrages qui font ceux des fept dizains, celui de l'évêque & celui du capitaine.

C'eft à la majorité de ces fuffrages, qu'on décide de la paix ou de la guerre, des traités d'alliance; qu'on juge toutes les caufes portées à la diète par