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vation de tous les avantages qui nous sont assurés par le serment inaugural de Votre Majesté.

»De révoquer, en conséquence, les édits portant atteinte à notre constitution et à nos droits.

»De rétablir en Flandre un conseil d'appellation, où les fidèles sujets de cette province puissent obtenir droit et justice par des juges instruits dans leurs lois et coutumes.

» D'assurer la conservation des abbayes, chapitres et communautés ecclésiastiques et religieuses; de pourvoir d'abbés réguliers les maisons sans chef, ainsi qu'il a toujours été fait, et de ne pas en établir de commandataires..

» Dé ne plus supprimer de maisons religieuses, et de confier aux états l'administration de celles qui ont subi ce sort en Flandre.

» De conserver aux magistrats des villes et châtellenies respectives l'administration de la police et des deniers publics. » D'ordonner que tous commissaires départis seront soumis à la constitution du pays et à l'état, sans pouvoir empiéter en aucune manière sur les droits et priviléges appartenant aux magistrats.

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» De conserver à la jurisdiction ordinaire la tutelle des mineurs.....

» De conserver la députation des états et leurs assemblées dans la capitale de la province sur le pied antérieur, en leur conservant aussi l'administration des deniers publics.

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» Nous supplions enfin, en cas que quelque innovation fût jugée nécessaire, de ne pas l'introduire sans le concours des états, qui, s'il en arrivait autrement, ne pourraient s'abstenir, le pacte inaugural à la main, de réclamer et de protester contre toutes les infractions qui en résulteraient.

L'agitation fit de rapides progrès quand on eut reconnu que la ferme volonté de l'empereur était de n'avoir point égard à ces représentations. Des corps de volontaires se formèrent dans plusieurs provinces, et quelques états refu sant les subsides au gouvernement semblaient ainsi disposés,

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à se mettre en hostilité ouverte. Les gouverneurs généraux (c'étaient alors le duc de Saxe-Teschen et l'archiduchesse Marie-Christine, mère de Joseph) se virent bientôt forcés, par l'effervescence générale, à déclarer aux états leur intention de rétablir provisoirement les anciennes institutions, par une lettre datée du 28 mai 1787, et qui commençait en ces termes : « Très-révérends, révérends pères en Dieu, » nobles chers et bien-aimés. Ayant reçu et examiné les représentations que vous nous avez adressées le 15 de ce » mois, nous les avons portées à la connaissance de l'em» pereur,..... en proposant à Sa Majesté les moyens les plus » conformes au vœu de la nation, bien certains que vous » reposant sur nos soins et nos sentimens, comme sur ce » que nous avons déclaré et vous déclarons encore par la présente, vous attendrez avec autant de confiance que de tranquillité la résolution que l'éloignement actuel de Sa » Majesté doit nécessairement retarder. »>

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Il n'en fut pas comme les sérénissimes gouverneurs l'avaient espéré. Le lendemain, une vaste insurrection éclata à Bruxelles. Une multitude innombrable armée, et portant le lion belgique sur la poitrine, entoure le palais des princes et repousse les gardes. Déjà un membre de l'assemblée des états a prononcé le mot de république; le gouvernement croit alors devoir adhérer au vou public si violemment exprimé, et il déclare solennellement que toutes innovations sont et demeurent supprimées, et que les anciennes institutions sont partout rétablies. Le calme renaît alors, et l'empereur, obligé de soumettre ses impérieuses volontés à l'énergie de ce peuple, consent à tout après avoir obtenu

de vaines excuses.

On peut présumer qu'en des temps plus reculés, les troubles eussent été terminés après ce triomphe du vœu populaire, car ce qui caractérise surtout le peuple dont nous esquissons l'histoire, c'est une sorte de retenue jusque dans les actes les plus violens; mais l'esprit qui allait ébranler

tous les trones de l'Europe avait déjà fait de rapides progrès dans ce pays limitrophe de la France. Là aussi on ne rêvait qu'indépendance, et l'on s'indignait d'avoir pour souverain un monarque étranger. Le triomphe que la liberté venait d'obtenir n'avait fait qu'enflammer davantage les têtes exaltées par la pensée d'un entier affranchissement. II ne fallait donc qu'une étincelle pour produire un nouvel incendie.

Joseph avait cédé, mais en conservant l'espoir que ses volontés recevraient plus tard leur accomplissement. Il y travaillait donc sourdement avec cette opiniâtreté qui le caractérisait. C'était surtout par l'instruction de la génération nouvelle qu'il espérait en venir à ses fins, de sorte qu'il créait en divers lieux des instituts, où des maîtres nouveaux enseignaient à la jeunesse de nouvelles doctrines. Il s'établit entre ces écoles et celles de l'antique et célèbre université de Louvain une rivalité qui tourna tout à l'avantage des dernières, parce qu'il suffisait que les autres fussent de création impériale pour qu'elles fussent vues avec déplaisir. L'empereur, qui n'aimait pas cette université depuis les derniers troubles où elle avait eu une influence marquée chercha dès-lors à la rabaisser en attaquant ses prérogatives la jeunesse prit fait et cause; une nouvelle agitation se manifesta. Des subsides demandés par l'empereur furent refusés par les états du Hainaut et du Brabant. Sa colère ne connut plus alors de bornes. Il cassa les états et le conseil souverain, abolit la joyeuse entrée, et révoqua même l'amnistie qu'il avait précédemment accordée. Plusieurs personnes furent arrêtées.

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On croit qu'alors fut formellement arrêté le projet de soustraire les provinces belgiques à la domination autrichienne, par tous les hommes de ce pays auxquels on pouvait donner à cette époque la dénomination de patriotes.

La situation politique de ces provinces changea alors totalement. Les premiers troubles avaient été dirigés en

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faveur de l'aristocratie et du sacerdoce contre des innovations révolutionnaires; maintenant les esprits se trouvaient entraînés par d'autres personnages que l'empereur, vers des innovations plus révolutionnaires encore. Mais il était naturel que les mains plébéïennes qui les offraient en changeassent la nature aux yeux d'un peuple peu éclairé, et qu'il renversât, guidé par eux, la constitution pour laquelle il s'était armé une année avant. Ces fluctuations rapides dont on retrouve des exemples dans l'histoire de toutes les sociétés, méritent d'être remarquées, sig, sunlu tenax enflor Dès-lors, toutefois, par une conséquence nécessaire, il y eut une division entre les patriotes : une portion ne voulut pas aller en avant, et garda ses positions. Les hommes qui se rattachaient à cette faction voulaient simplement une réforme constitutive et administrative; tout le reste eut par-dessus tout en vue l'indépendance absolue du pays. Les premiers, moins éloignés du joug de l'Autriche, devinrent le parti aristocratique, quand les autres, faibles émules de la France, eurent fait la faute de vouloir être le parti républicain, Tels furent les caractères principaux de cette révolution. Il faut bien comprendre, au surplus, que la presque totalité des Belges se trouva partagée entre ces deux seules factions; car la cour impériale ne pouvait avoir un parti. Les premiers avaient pour chefs l'avocat Vonk et le duc d'Aremberg; les seconds étaient dirigés par un autre avocat nommé Van-der-Noot, et par le pénitencier Van-Eupen. Van-der-Noot, dit M. de Ségur (1), avocat sans lumières," intrigant sans génie, mais orateur verbeux et hardi, ins»trument docile du prêtre Van-Eupen, hypocrite profond » et politique adroit, enflamma les esprits au nom de la religion et de la liberté. »

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Une conspiration se forma, et les deux partis y entrèrent d'abord également. Il paraît que le plan en fut arrêté par

(1) Tableau politique, tome I.

لقصيدة

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dix personnes seulement, au nombre desquelles se trouvaient Van-Der-Noot. Chacune de ces dix personnes dut simplement engager dix autres conspirateurs, et ainsi de suite; quand on jugea qu'il y avait un assez grand nombre d'associés, on prit les armes en plusieurs endroits à la fois pour chasser les Autrichiens (1).

Une politique habile commanda de laisser d'abord toute l'influence aux modérés. Ce fut donc dans le parti de Vonk que fut choisi le général des corps fédérés pour l'indépen dance; un colonel nommé Van-Der-Mersch reçut ce titre. Il eut de rapides succès. Les Autrichiens furent successivement obligés d'évacuer toutes les places. Van-Der-Noot fit, le 18 décembre 1789, une entrée triomphale à Anvers, et, le 26 du même mois, l'empereur Joseph II fut déclaré par les états déchu de la souveraineté, pour avoir violé la joyeuse entrée. L'exemple du Brabant fut imité par les autres provinces.

Une assemblée de députés de toutes les provinces belgiques s'étant formée à Bruxelles, signa, le 11 janvier 1790, un acte par lequel ces provinces se confédéraient sous le titre d'Etats-Belgiques-Unis. Des députés de ces provinces formaient par cette constitution un congrès souverain; mais chacune conservait son indépendance, ainsi que l'exercice du pouvoir législatif. L'existence de cette république ne fut pas longue; des intrigues étrangères et des fautes intérieures la renversèrent au bout d'une année; après avoir éprouvé une réaction, suite des divisions que nous avons exposées plus haut, ce pays ne se sentit pas assez fort pour maintenir sa liberté. Le congrès traita avec l'empereur Léopold, qui venait de succéder à Joseph II. Cet empereur s'engagea à gouverner d'après les anciennes constitutions du pays, et à annuler tout ce que son prédécesseur y avait fait de contraire. Il accorda une amnistie. On déposa suc

(1) Denina. rivoluzioni del imperio, etc.

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