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Je ne reconnois plus les enfans des neuf Sœurs 3
Du plus fameux des lâches raviffeurs
Ils ont choifi la lyre foible & molle,
Et leurs petits vers corrupteurs,
Bleffant la décence & les mœurs,
Ont quelque Hélene pour idôle.
La gloire pour eux fans appas.
Eft fans doute un être frivole ;
La gloire n'eft jamais où la vertu n'eft pas.

Par M. BRet.

EPIGRAMME contre une Dame affez jolie, mais fans efprit, qui appuyoit sa main fur la tête de M. l'Abbé DE LAT..... connu par fes poéfies charmantes.

PAR

AR fon efprit, comme par la figure; La jeune Eglé brille à la fois;

Car à préfent, je vous le jare,

Elle en a jufqu'au bout des doigts:

JOREL DE SAINT-BRICE, Garde di
Roi, Compagnie de Beauvau.

LE RETOUR DU PRINTEMPS *.

IDYLLE.

Un jour plus beau, plus pur, lạit fur notre

hémisphère.

Le foleil a paru, les aquilons fougueux
Sont rentrés dans le fond de leurs cachots affreux;
Et les neiges ont fui dans le fein de la terre

Pour le dérober à fes feux.

Déja commence à naître une faison plus douce; Le triste hiver n'est plus : voyez croître la mousse Où tant d'amans feront heureux.

Tout le tair; zéphir seul murmure; La craintive Dryade a mis fin à fes pleurs : Les champs, fe couvrent de verdure,

Et les arbres déja font couronnés de fleurs. C'est le réveil de la nature.

Sur le bord d'un ruiffeau, dont l'onde claire &

pure

Réfléchit à la fois mille objets enchanteurs, Flore, avec un fouris, détache fa ceinture, Et fon volage époux vient ravir les faveurs. Sur le gâfon naiffant les Grâces demi-nues, L'Amour, les Plaifirs féducteurs,

Vénus, les Jeux, les Ris, des Nymphes ingénues;

Imité de l'ode d'Horace

diffugere nives, &c

D'un pied léger danfent en choeurs.

Quel spectacle riant ! qu'il a pour moi de charmes !
Quels momens ! qu'ils ont de douceurs!
pleurs du fentiment!.. délicieufes larmes!
Vous effacez tous mes malheurs.
Coulez, coulez, la fource en est chérie.

Charmes heureux, charmes puiflans,
Fortifiez mon âme abattue & Alétrie;
Régnez à jamais fur mes fens.

S'il eft peu de plaifirs folides,

Pour une âme fenfible, il eft d'heureux inftans s
Il eft des plaifirs purs, délicats, mais rapides:
C'est le zéphir, c'eft Flore & les charmes nailfans.
Tout n'eft ici qu'illufion, mensonge;

Tour n'eft qu'erreur, & la vie eft un fonge.
Heureux encor le mortel qu'il féduit!..
Voyez les faifons les plus belles....
Devant l'été le printemps fuit,
L'automne vient, l'hiver le fuit.

Jouiffons; le temps a des ailes.

Mais l'aftre de la nuit, par fon rapide cours

Ramène des faifons nouvelles :

Et nous, foibles humains, nous mourons pour

toujours!

Ufons des derniers traits d'une foible lumière ; Pourfuivons le bonheur fur l'aile des plaifirs

Si nous tombons dans la carrière,

Si nos efforts font vains; que les rendres defirs, Que l'espérance encor ferme notre paupière. Par M. DROBECQ.

A TOI

QUATRAIN.

VOIR à les côtés une époufe fidèle, De toutes les vertus le plus parfait modèle ; C'est un bien précieux, & plus rare que l'or. Tout le trouve à Paris; cherchiez-y ce tréfor. Par M. DESV AUX DU MOUSTIERS, Garde du Corps, Compagnie de Noailles.

ELGARROTE* masbiendado, y Alcalde de Zalamea. Le Tourniquet bien appli qué, & le Juge de Zalamea, comédie de CALDERON.

CETTE

ETTE fingulière comédie a un fondement hiftorique, & le fait qui y a donné lieu eft très-réel. Elle peint, avec une vérité frappante, les mœurs & les préjugés des perfonnages qui y font introduits. On y voit au naturel le caractère d'un brave

* Garrote fignifie carcan. C'est un genre de fupplice particulier qui n'eft pas très-cruel, parce qu'il est très-court. On fait affeoir le patient far une chaife, on lui met au cou'un carcan, au devant duquel il y a intérieurement un bouton qui avance fur le noeud de la gorge. Avec un tourniquet on ferre le carcan, & le patient eft étranglé fans douleur & fur le champ.

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& franc guerrier qui commande un corps de troupe, la licence que fe promet fouvent un Officier fubalterne avec les gens du peuple, les mifères du Soldat, les abus qui les augmentent, la gaieté qui le confole, l'efprit de libertinage & les tours de fubtilité qui lui font trouver des charmes dans ce pénible efclavage. Mais, ce qui intéreffe le plus dans ce tableau, ce font les fentimens élevés & la conduite ferme & hardie d'un fimple laboureur qui venge avec une intrépidité héroïque fon honneur offenfé, fans être retenu par aucun égard ni aucune crainte.

La fcène s'ouvre par une marche de foldats. Il y en a un qui fe diftingue particulièrement par fes murmures, auxquels toute la troupe applaudit. Patience, lui dit un camarade, toutes nos fatigues vont s'oublier dès que nous ferons au gîte. De quoi cela me foulagera-t il, reprend le raisonneur, fi je créve avant d'y arriver? & quand j'y arriverois en vie, Dieu fair encore fi on nous y logera. N'avons nous pas nos conducteurs auxquels les Mayeurs & Syndics vont propofer de nous faire paffer outre en offrant quelque rafraîchif fement? On leur répondra d'abord que cela eft impoffible, & que la troupe eft rendue; mais files manans ont de l'argent, d'un feul mot, marche, on nous fera obéir

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