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dans la fcène III de cet acte, & que nous tranfcritons ici.

LÉONORE.

Suivez l'amour qui vous appelle.

ISABELLE à OCTAVE.

Il enchaîne nos cœurs de fes noeuds les plus beaux; LEONORE.

Que votre ardeur foit éternelle.

ISABELLE & OCTAV E.

Que notre ardeur foit éternelle,
Et nos plaifirs toujours nouveaux.

Il n'eft pas étonnant que les détails charmans dont cet ouvrage eft rempli aient féduit M. Dauvergne à la lecture, & il est très-excufable de s'être aveuglé fur fes défauts; mais il y a tout lieu d'efpérer que les beautés de la mufique, plus admirée de jour en jour, répareront fuffisamment les torts du Poëte."

Depuis qu'on joue cet opéra, Mile Rofalie a quitté le rôle de Spinette qu'elle a chanté avec autant d'agrément & de lége reté, qu'elle a mis de fineffe & de vérité dans celui de Léonore, où elle a remplacé Mlle Beauménil qui a été forcée de quitter

par

par une indifpofition qui l'empêche encore de reparoître.

Mile Ritter a remplacé Mlle Rofaliedans le rôle de Spinette, & n'a point démenti le fuccès qu'elle a eu lors de fon début.

Mlle Dubois, à la feconde repréfentation, a été remplacée par Mlle Duplan dans le rôle d'Ifménide; & M. Larrivée par MM. Durand & Caffagnade dans celuž de Zerbin.

Mlle Duranci chante maintenant, avec beaucoup de fuccès, le rôle d'Isabelle que Mde l'Arrivée a quitté pour s'occuper de celui d'Alcimadure, dont on répéte l'opéra, traduit en françois par M. de Mondonville, auteur de la mufique, & que l'on compte donner mardi7 de ce mois, pour la pre

mière fois.

COMÉDIE FRANÇOISE. Le famedi 7 mai, on donna la première représentation de Beverlei, tragédie bourgeoife, imitée de l'Anglois, en cinq actes & en vers libres; par M. Saurin, de l'Académie Françoife.

Nous nous difpofions à donner une idée

I

de cette pièce affez étendue pour mettre en évidence une partie des beautés qu'on y admire & qui juftifient tout l'éclat de fon fuccès; lorfque nous avons appris que cet ouvrage étoit fous preffe, & paroîtroit au premier jour. Nous dirons donc feulement, en attendant un extrait détaillé, que peu d'ouvrages dramatiques ont produit autant d'effet que celui-ci fur l'âme des fpectateurs; que la pièce eft extrêmement bien rendue; & que M. Molle, qui y joue le principal rôle, y donne des preuves d'intelligence & de force, qui furpaffent les idées que les connoiffeurs mêmes avoient pu concevoir du degré de perfection dont l'art uni au plus beau naturel, peut être fufceptible.

Le vendredi 27, on joua pour la première fois, la Gageure imprévue, Comédie en un acte & en profe, de M. Sédaine, qui a été fort applaudie, dont le fuccès augmente encore à mesure que les beautés en font mieux fenties, & dont on fe propofe de parler plus amplement dans le prochain Mercure.

*

LETTRE à MM. D. D.

V ous avez raison, Monfieur, de vous plaindre de l'inadvertance qui m'eft échappée, lorfque j'ai parlé de la pièce du Valet des deux Maîtres, imitée de Goldoni. Je favois que M. François l'avoit faite en fociété avec vous, je fais même à présent quels font les détails qui vous appartiennent & ceux qu'il a droit de réclamer. Vous n'avez pas à vous plaindre de votre part, Monfieur; & depuis que vous m'avez confié votre manufcrit, je crois plus fermement encore que je ne l'avois penfé, que le fuccès de cette pièce ne dépend que de quelques légères corrections. Le refus des Comédiens ne doit pas vous décourager; ils font loin de prétendre à l'infaillibilité, & je les ai vus fouvent reprendre avec le plus grand intérêt des pièces qu'ils avoient jugées d'abord avec trop de précipitation, J'ai vu le public lui-même fe conduire à peu près ainfi, & applaudir dans un rems ce qu'il avoit négligé dans un autre. Habent fua fata libelli.

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Vous avez trop de talens, Monfieur, pour ne pas voir toute les reffources

du fujet que vous avez traité, & pour facrifier la gloire que vous pouvez en attendre. Je voudrois avoir débuté comme

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J'ai lu le petit volume de poéfie que vous avez fait auffi en fociété avec M. François. J'ignore ce qui eft de lui, & ce qui eft de vous; mais j'ai été très-content de l'épître aux Rois conquérans, de celle qui eft adreffée à M. Piron, de celle d'un père à fon fils fur les voyages, & enfin de l'héroide de Servilie à Brutus. L'élégie fur la mort de Monfeigneur le Dauphin, est remplie de nobleffe & de fentiment. Voilà, Monfieur, ce qui me paroît, dans ce recueil, annoncer les plus heureuses difpofitions. Si je fuis tombé, par hafard, fur quelques pièces dont vous foyez l'auteur, je vous en fais mon compliment, & j'en fais un à votre province * qui conferve toujours le double avantage de fournir à la France plus d'excellens efprits qu'aucune autre, & d'avoir des héros pour Gouverneurs,

J'ai l'honneur d'être, &c.

A Argenteuil, ce 8 mai 1768.

* La Bourgogne.

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