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Seigneur, notre Dieu, & Dieu de nos pères! humblement profternés devant le tribunal fuprême de tes graces, nous te conjurons de ne pas permettre que l'efpérance qui commence à renaître dans nos cœurs, foit fruftrée : rends notre Reine à nos vœux ardens, comble le Roi notre maître & toute la famille royale de joie, & de fatisfaction; tu rétabliras le calme dans l'efprit confterné de tous leurs fujets.

C'est alors, Seigneur, c'eft alors que tes ferviteurs, dans des tranfports d'allegreffe, t'adrefferont des cantiques de jubilation & d'actions de graces: c'eft alors qu'ils s'écrieront, pénétrés de la plus vive reconnoiffance: Nations, louez toutes le Seigneur peuples louez le tous; car fa miféricorde eft confirmée fur nous, & fa vérité exiftera éternellement (3). Amen. (3) Pleaume 116.

LE CHEMIN DE L'IMMORTALITÉ.

POUR

A PHILIS.

OUR arriver au temple de mémoire Il eft, dit-on, cent différens chemins. Au champ de Mars l'un peut à pleines mains Cueillir lauriers plantés par la Victoire; L'autre, tranquille au fond d'un cabinet, Gonflé d'étude, & fayant comme un livre, Par des écrits où fon nom doit revivre, Trouve la gloire en vuidant fon corner. Tel du génie entrevoit la lumière, Qui tout à coup, lancé dans la carrière, Perce la foule, attire les regards, Et dans ce temple où la gloire l'appelle, Digne rival de Lyfippe ou d'Apelle * Préfente un front couronné par les arts. Tel, excité par les chants de Voltaire, Marche à grands pas dans le facré Vallon; Tel autre enfin, dédaignant Apollon, Et tous les corps du monde fublunaire, Suit, dans les cieux,,Descartes & Nevvton.

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Le premier célèbre dans la fculpture, le fecond dans la peinture. Ils vivoient du temps Alexandre; & ce n'étoit qu'à eux feuls qu'il étoit permis de représenter ce grand homme,

Avec tranfport j'admire leur audace ;
De leur talent je connois tout le prix:
Mais qu'il eft peu de ces fameux efprits!
Combien d'auteurs rampent fur le Parnaffe!
Que d'écrivains morts avec leurs écrits!
Que de héros, fous la tombe endormis,
Dont on ignore & le nom & la race!
Pour moi, du fort qui crains même disgrace,
Je veux marcher par un autre fentier.
Myrthe fleuri vaut bien fanglant laurier.
Oh, fi ta main daigne en orner ma tête,
Belle Philis! fier de cette conquête,
Je vais jouir de ta célébrité;

Mon nom des temps ne craindra plus l'injure.
Se voir au rang de tes amans compté,
C'est avoir pris la route la plus fûre
Pour parvenir à l'immortalité.

Par M. le B... D...

L'AMOUR BIENFAISANT.

A Mlle BABET R***.

L'AMOUR, fatigué, se reposoit dans un bois tout près de ce temple charmant * où un auteur célèbre nous a conduits par des routes jonchées de rofes. Il avoit quitté fon arc & laiffoit en paix les hommes, parce qu'il n'avoit plus de force pour lancer des traits; il avoit les cheveux épars fon bandeau étoit levé, il n'étoit plus ce Dieu qui commande en maître à toute la nature; ce n'étoit plus l'Amour, c'étoit un enfant qui n'en avoit que la beauté.

Il voulut dormir; fon cœur, bleffé des mêmes traits qui font fentir fon pouvoir, fe refufoit à cette douceur; & l'image de fa Pfyché, toujours préfente, lui envioit un inftant de fommeil.

L'Amour pofféde cette délicateffe dans les fentimens que nous ne pouvons pas fentir; il fe livra tout entier à Pfyché: le fommeil difparut devant une idée qui lui étoit fi chère.

De quel droit, difoit-il, commandé-ję aux humains? la feule Pfyché peut don Le temple de Gnide.

ner des fers: me voilà au rang de ceux que j'ai bleffés. Pfyché devient la fouveraine des cœurs; qu'il m'eft doux de mettre mon empire à fes pieds! Je n'ai connu toute ma puissance que du moment que je l'ai vue; je répandois le bonheur & le plaifir fur la terre: & j'étois le feul dans la nature à ne pas goûter d'une volupté que je favois fi bien faire fentir. La force que je mettrai dans mes fentimens me vengera du temps & de mon cœur. Je ne veux être l'Amour que pour aimer avec toute l'ardeur que je fais infpirer.

Que les hommes font heureux d'avoir leur part d'une volupté que je voudrois toute renfermer dans mon cœur ! je le mettrois aux pieds de celle que j'aime; il feroit confumé, il ne pourroit contenir tant de feu.

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Hier, mon plaifir étoit de rendre mes chaînes pefantes; les cris & le défespoir des amans me payoient de ma tyrannie, Je commence un nouveau règne aujourd'hui la tendre union de deux cœurs, leurs fentimens réciproques, feront le prix de ma douceur. Les hommes connoîtront la félicité; ils devront leur bonheur à Psyché, ils lui éleveront des autels, & je ferai adoré,

L'Amour fe leva après ces mots; il grava

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