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continuelles ont dû opérer, je ne dis pas fur le cuir, mais même dans l'intérieur des animaux; & la gale eft peut-être de toutes les maladies occafionnées par l'arrêt de l'infenfible tranfpiration, celle qui eft la moins à redouter, pourvu qu'elle foit combattue par un traitement méthodique.

De mauvais fourages, des foins mal fanés, qui ont été mouillés, qui font poudreux, qui ont été vafés & fermés fans avoir acquis un certain degré de ficcité; des grains corrompus, des eaux croupiffantes porteront dans les liqueurs une véritable perverfion, & donneront lieu à une infinité de maux dont le plus à craindre ne fera pas celui qui naîtra de l'obftacle que pourront rencontrer les particules hétérogènes trop épaiffes qui ne pourront enfiler les pores cutanés, &c.

La difetre des alimens laiffant la machine toujours en perte & privée de toutes réparations, le fang eft dépouillé & dénué de fes parties balfamiques, il eft furchargé de molécules terreftres & groflières, il s'épaiflit de plus en plus, il ne peut en mêine temps que contracter une grande acrimonie, & telle eft l'origine très-fréquente des maladies les plus rebelles de la peau.

Les fignes diagnoftiques de la gale

étant les mêmes dans l'épidémie que dans l'individu particulier, font une grande démangeaifon, la chûte du poil & de l'épiderme à l'endroit où l'animal fe frotte, la rudeffe & l'inégalité de la peau, des puftules plus ou moins groffes & plus ou moins multipliées. Cette maladie fe montre indifféremment fur toutes les parties du corps, fur la tête, le garot, fur l'épine, fur les jambes, fur la queue; elle eft affez communément dans la crinière, où elle eft appellée roux vieux. Les parties qui y font les moins expofées font celles qui font les plus charnues.

En ce qui concerne le prognoftic, dans la circonftance préfente, j'imagine que cette maladie en général ne doit avoir aucun caractère de malignité d'après l'idée que j'ai conçue de fa caufe, que j'attribue aux variations des temps qui ont régné tout l'hyver.

Ainfi, le traitement fimple & peu difpendieux que je vais décrire fuffira pour triompher du fléau.

La première attention eft de féparer les animaux fains des malades; le feul & le meilleur moyen d'éviter la contagion est de la fuir. Les animaux doivent être au fon & à l'eau blanche.

Ouvrez la jugulaire de chaque malade

& tirez deux livres de fang; on ne répé tera point cette opération, à moins que quelques autres accidens furvenus ne l'exigent. Faites prendre tous les jours, en trois fois à chaque fujer, le breuvage fuivant: prenez feuilles d'ofeilles, de laitue, d'alleluya, d'endive, de chacune de ces feuilles une poignée; faites bouillir, pendant un quart d'heure, dans eau commune, quatre livres, coulez, donnez en trois dofes à l'animal.

Outre ces breuvages, donnez trois lavemens émolliens par jour à chaque malade. Prenez feuilles de mauve & de guimauve, de chacune une poignée, fautes bouillir, pendant une demi heue, dans eau commune, trois livres, coulez ajoutez à la colature une once de miel commun, donnez pour un lavement Ces lavemens & les breuvages feront continués quatre jours de fuite. Le cinquième on mettra les animaux à l'ufage du bol fuivant : prenez gomme de gayac, aquila alba, de chacun deux gros, fleurs de foufre quatre gros, Syrop de fumeterre ou miel commun fuffiJante quantité pour former un ou deux bols que vous ferez prendre tous les matins à jeun avec une livre de décoction de racine de patience; continuez ainfi quatre jours de fuite, remettez les malades à l'ufage

des délayans trois jours; ce temps expiré, yous les mettrez de nouveaux aux bols ci-deffus preferits, & vous les continuerez fix jours, ce qui terminera le traite

ment interne.

Venons aux topiques ou aux médicamens locaux, que l'on doit également mettre en ufage, en donnant ces remèdes intérieurs.

On bouchonnera & broffera très-exactement tous les malades deux fois par jour. On les lavera, dans les endroits galeux, avec du lait chaud, ce qui affouplira les tégumens & les fera plus facilement prêter à l'évacuation de l'humeur pforique; une partie de ce lait qui entre & pénétre dans les vaiffeaux cutanés enveloppera les fels

& en amortira l'activité.

- Tous les malades doivent être tenus dans un lieu chaud; on ne les expofera point à l'air froid qui crifperoit & refferreroit les vaiffeaux cutanés, répercuteroit l'humeur dans l'intérieur des fujets, ce qui feroit périr les malades indubitablement: c'est certe rentrée d'humeur que nous appellons méiaftafe Ces lotions de lait feront continuées les fix premiers jours, On fera enfuite des frictions avec l'onguent mercuriel fur tous les endroits ga

leux; mais, fuppofant qu'il y eût beaucoup de ces endroits galeux, on doit être très-réfervé fur l'emploi de cet onguent, qui produit les mêmes inconvéniens dans Panimal que dans l'homme, & qui porte également fes effets fur les glandes falivaires. La dofe, pour chaque friction, eft de deux gros de cet onguent. Je fuppofe qu'un de ces animaux ait de la gale partout le corps; vous ferez les premières frictions fur la tête, enfuite à l'encoulure, fur le dos, & ainfi fucceffivement jufqu'aux extrêmités; mais n'oubliez point les endroits galeux. Un des fignes non équivoques que la gale fe guérit, eft la foupleffe de la peau, la reproduction des poils à la place de ceux qui font tombés : enfin l'animal ne témoigne aucunes démangeaifons.

On continuera les frictions mercurielles jufques à parfaite guérifon on peut en diminuer la dofe & l'augmenter felon les tempéramens des sujets. Il est bon de dire que fi, malgré toutes les précautions, le mercure fe portoit fur la bouche des animaux, il faut fufpendre fur le champ les frictio ns, laver tous les endroits frictionnés avec de l'eau de fon chaude, pour-en ôter le mercure, donner trois lavemens

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