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mis par la bouche de ses saints prophètes, qui ont été dès le commencement, de nous sauver de nos' ennemis et de la main de tous ceux qui nous haïssent, en faisant miséricorde à nos pères et se souvenant de sa sainte alliance. Voilà le serment qu'il a juré à Abraham notre père : il a juré qu'il se donnerait à nous ', afin qu'après nous avoir délivrés de la main de nos ennemis, nous le servions sans crainte, dans la sainteté, dans la justice et en sa présence tous les jours de notre vie.

« Et toi, enfant, tu seras appelé le prophète du Très-Haut ; car tu iras devant la face du Seigneur pour préparer sa voie, et pour donner la science du salut à son peuple, et la rémission des péchés par les entrailles de la miséricorde de notre Dieu, qui, se levant dans le ciel, nous a visités; et qui a éclairé ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort, pour diriger nos pas dans la voie de la paix.» (Isaïe, IX, 2, XLII, 7.)

« Or, l'enfant croissait et se fortifiait en esprit; et il demeura dans le désert jusqu'au jour de sa manifestation en Israël. (S. Luc, 1. 57-80.) »

Suivant d'anciennes traditions, dont une se trouve consignée dans Pierre, évêque d'Alexandrie, qui souffrit le martyre dans cette ville, l'an 310, Elisabeth se serait réfugiée dans le désert avec son fils, pour se soustraire à la fureur d'Hérode, qui cherchait à le faire mourir, parce qu'il avait entendu parler de sa naissance miraculeuse, et des grandes espérances qu'il faisait concevoir comme précurseur du Messie, qu'il persécutait comme étant le « roi nouveau-né des Juifs.» (S. Matth. xxII.) Il semble en effet résulter des paroles de saint Luc, que Jean Baptiste s'était retiré dans le désert, étant encore fort jeune.

1 Il est à remarquer, dit Grotius, que dans ce peu de mots on retrouve le sens des noms qui ont été donnés, non sans une disposition divine, à l'enfant et à ses parents, « Car, « faire miséricorde, » explique le nom de Jean (le privilégié); « se souvenir, » le nom de Zacharie (souvenir de Dieu) ; et « le serment » le nom d'Elisabeth (serment de Dieu). ( Hugo, Grot., Annot, in nov. Testam,, ad Luc, 1, 73.)

CHAPITRE VI.

« Livre de la génération de Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham. Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, Jacob engendra Juda et ses frères. Juda engendra de Thamar Pharès et Zara, Pharès engendra Esron, Esron engendra Aram, Aram engendra Aminadab, Aminadab engendra Naasson, Naasson engendra Salmon, Salmon engendra Booz de Rahab, Booz engendra Obed de Ruth, Obed engendra Jessé, Jessé engendra le roi David, le roi David engendra Salomon, de la femme qui avait été à Urie; Salomon engendra Roboam, Roboam engendra Abias, Abias engendra Asa, Asa engendra Josaphat, Josaphat engendra Joram, Joram engendra Ozias, Ozias engendra Joatham, Joatham engendra Achaz, Achaz engendra Ezéchias, Ezéchias engendra Manassès, Manassès engendra Amon, Amon engendra Josias, Josias engendra Jéchonias et ses frères, vers le temps de la transmigration de Babylone, et après la transmigration de Babylone, Jéchonias engendra Salathiel, Salathiel engendra Zorobabel, Zorobabel engendra Abiud, Abiud engendra Eliacim, Eliacim engendra Azor, Azor engendra Sadoc, Sadoc engendra Achim, Achim engendra Eliud, Eliud engendra Eleazar, Eleazar engendra Mathan, Mathan engendra Jacob, et Jacob engendra Joseph, époux de Marie, de qui est né Jésus, qui est appelé Christ. Toutes les générations, depuis Abraham jusqu'à David, sont donc quatorze générations, et depuis David jusqu'à la transmigration de Babylone quatorze générations, et depuis la transmigration de Babylone jusqu'à Jésus-Christ, quatorze générations '. (S. Matth., I., 1−17.) »

1 Quatorze générations, c'est-à-dire celles qui sont nommées. Il était d'usage, chez les Hébreux, d'en omettre quelques unes des moins connues, ou pour d'autres motifs. C'est ainsi qu'on croit qu'on a exclu d'ici les trois rois, Ochosias, Joas et Amasias, à cause de leur impiété et de la prédiction d'Elie contre Achab, roi d'Israël, parce qu'ils descendaient de ce dernier par Athalie, sa fille; Achab, sur les descendants mâles duquel s'est littéralement accomplie la prédiction, de même qu'elle n'avait

CHAPITRE VII.

Or voici quelle fut la génération de Jésus-Christ, lorsque Marie, sa mère, eut été fiancée à Joseph. Avant d'être ensemble, il se trouva qu'elle avait conçu du Saint-Esprit; et, parce que Joseph, son mari, était un homme juste, et qu'il ne voulait pas l'exposer à la honte, il résolut de la renvoyer en secret. Or, comme il était dans cette pensée, voilà que l'ange du Seigneur lui apparut dans son sommeil, en disant : Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre Marie pour ton épouse; car ce qui est né en elle est du SaintEsprit. Elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus, parce que lui-même délivrera son peuple de ses péchés. Et tout cela fut fait pour accomplir ce que le Seigneur avait dit par le prophète : (Is., VII, 14.) Voilà qu'une vierge concevra, et elle enfantera un fils, et il sera appelé Emmanuel, c'est-à-dire Dieu avec nous. Joseph donc, sortant du sommeil, fit ce que l'ange du Sei

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littéralement aussi désigné que les descendants mâles. (Rois, III, xx, 1.) Ainsi les crimes d'Achab auraient été punis en ses descendants, par Athalie, « jusqu'à la troisième et quatrième génération, » en ce sens que leurs noms auraient été rayés de la généalogie du Messie. (Exode,

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On suppose, avec raison, qu'un copiste aura négligé de transcrire exactement le passage où Josias est nommé, et qu'il devrait y avoir : « Josias engendra Joachim et ses frères; Joachim engendra Jéchonias, au temps de la transmigration de Babylone. » Nous connaissons des frères de Joachim, mais non de Jéchonias. Et ce n'est que par ce moyen qu'on retrouve bien les trois fois quatorze générations. La troisième série des quatorze générations commence par Jéchonias.

1 « Pour accomplir, » Manière de parler qui revient souvent dans le nouveau Testament, pour faire entendre que les événements que Dien faisait annoncer par ses prophètes sont arrivés à point nommé. Le mot grec ina ne signifie pas toujours pour que, il veut dire aussi en sorte que. Grotius dit à ce sujet : Vox ina sæpe non finem agentis, sed solam sui consequentiam significat, ut Rom. v, 20; Luc, XIV, 10, et alibi crebrò.

gneur lui avait ordonné, et prit Marie pour son épouse. Et il ne l'avait pas connue 1 quand elle enfanta son fils premier-né, et il lui donna le nom de Jésus. »>

« Et il ne l'avait pas connue, » etc. Hébraïsme fréquent dans les écrivains du nouveau Testament, et qui doit nous surprendre d'autant moins de la part de saint Matthieu, que son Évangile avait été originairement écrit en hébreu. D'après ce langage, les mots jusqu'à ce que ne bornent pas toujours le temps d'une circonstance au détail cité, mais ils vont au-delà. Ainsi, quand Dieu dit à Jacob dans son rêve : « Je ne te laisserai point jusqu'à ce que j'aie accompli tout ce que j'ai dit» ( Gen., XXVIII, 15), son intention n'était pas assurément de lui faire entendre qu'il l'abandonnerait après. De même on n'expliquera pas ce passage du Psaume: « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite, jusqu'à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marche-pied (Ps. Cix, I), comme si le Fils de Dieu devait jamais cesser d'ètre assis à la droite de son Père.

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Cet usage de la particule hébraïque, que les Grecs expriment par cós, les Latins par donec, et nous par jusque, par la raison que nous ne savons, comme eux, comment la rendre mieux, est très-familier aux savants juifs. C'est pourquoi leurs rabbins, afin de détruire l'avantage que nous donne sur eux la célèbre prédiction de Jacob, interprètent le passage : « Jusqu'à ce que vienne celui à qui appartient le sceptre » de cette manière : « Le sceptre ne sortira pas de Juda,» même lorsque celui à qui il appartient sera arrivé. (Gen., XLIX, 10. ) La tradition unanime des Saints Pères, et la nature même des choses, ont déterminé les meilleurs interprètes protestants à s'accorder sur ce point avec la croyance de notre Église. Tous les Chrétiens appellent la mère de Notre-Seigneur la Vierge Marie, convaincus qu'ils sont qu'ayant conçu du Saint Esprit, la mère du Fils de Dieu ne pouvait être, dans le sens du mot propre, l'épouse d'un mortel, ni cesser jamais d'être vierge. (Voyez Hug. Grotius, la note sur la Bible calviniste de Martin, in-4°; Ernesti, dans son Lexicon grec, au mot eos; Hug. Grotius, Annot. ad nov. Test. ad Matth., 1, 25.)

CHAPITRE VIII.

« Il advint en ces jours-là, qu'il parut un édit de César-Auguste pour le dénombrement des habitants de la terre. Ce premier dé-nombrement fut fait par Cyrinus, gouverneur de Syrie . Et tous allaient se faire inserire, chacun en sa ville. Or, Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, en la cité de David, qui est appelée Bethleem, parce qu'il était de la maison et de la famille de David, pour être inscrit avee Marie son épouse, laquelle était enceinte. Et comme ils étaient là, il arriva que les jours de l'enfantement furent accomplis, et elle enfanta son fils premier

1 Suivant Josèphe, les Juifs n'ont commencé à payer le tribut aux Romains que lorsque Archélaüs, fils d'Hérode, eut été envoyé en exil par Auguste, et la Judée comprise dans le gouvernement de la Syrie. Ce tribut était levé par Sulpicius Quirinus, que Josèphe ( Ant. jud., 17 et 13, 5) et saint Luc appellent Kirénus, d'après les Grecs. Cela eut lieu dix ou douze ans avant la naissance de Jésus-Christ.

Il n'est pas probable que Josèphe se soit trompé sur ce point. La contradiction apparente entre lui et saint Luc peut être expliquée de deux manières. Le mot grec apographé signifie proprement le registre qui servait au cens romain. Tout père de famille devait, sous peine de perdre sa liberté, déclarer son nom, son âge, les noms et âges de sa femme, de ses enfants, de ses affranchis et de ses esclaves, sa demeure et ses moyens d'existence, et devait payer un impôt en proportion de ces données. Nous lisons dans Suétone qu'Auguste fit faire trois fois le cens. Comme il favorisait beaucoup Hérode, il n'est pas vraisemblable qu'il eût voulu contrister ce vieillard, si près de sa fin, par un impôt levé sur ses sujets. Mais il était très-naturel qu'il fit faire, comme souverain protecteur, le recensement des personnes, etc... Par conséquent les paroles de l'évangéliste peuvent avoir ce sens : « Il arriva qu'il parut un édit de César Auguste pour le dénombrement des habitants de la terre. Mais ce dénombrement, c'est-à-dire le paiement de l'impôt, fut fait, en Judée, quand Quirinus fut gouverneur de Syrie. » (Voyez Prideaux, Sims. Chron. catho., Histoire univ. 9, et d'autres.)

D'autres expliquent ces paroles: Auté é apographé proté egeneto ége

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