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il y avoit 29 voiles, en y comprenant les navires de transport, d'approvifionnemens, &c.

Le 19 du mois dernier, à 9 heures du foir, il y eut dans le quartier d'Aher-Capi, un incendie effrayant, qui, quoique le tems fût calme, dura 17 heures. Le feu a porté fes ravages vers les plus beaux quartiers de cette ville, & a réduit en cendres 2 mille maifons, parmi lesquelles on compte 500 palais appartenans aux principaux) Turcs ou à des miniftres étrangers, qui ont été obligés de fe retirer à leurs maifons de campagne.

Le prix des denrées & furtout de la viande augmente confidérablement en cette capitale ; & comme depuis plus de 2 mois, il n'eft pas tombé une goutte de pluie, on commence auffi à manquer d'eau. Les cîternes font épuifées, & les prairies defféchées comme au mois d'Août; mais nous avons la confolation d'être délivrés de la pefte.

La Porte a reçu de Smyrne des lettres datées du 24 Avril, qui contiennent les détails suivans.

Il y a trois mois qu'un navire anglois, nommé l'Aucona-Pacquet, capitaine Hall, qui avoit chargé ici quelques marchandifes, en appareilla pour Londres; mais voulant doubler jufqu'à trois fois le cap Carabournau, il en fur toujours empêché par l'avis qu'on lui donna qu'il s'y trouvoit des frégates françoifes, de forte qu'il revint mouiller fous le canon du château. La nation françoise s'imaginant qu'il reftoit dans ces eaux pour y faire quelques prifes, réfolut d'armer pendant la nuit un de fes navires pour courir fur l'Anglois; & elle choifit pour cet effet, la Confiance en Dieu, dit le Gironde, capitaine Baude qui partit la même nuit. L'Anglois, qui avoit jetté l'ancre au Long-Isle, devant Ourla, entre le château d'eau & le cap Carabournau, s'étant apperçu à tems du danger dont il étoit menacé, prit le parti de rentrer dans la rade. Le François voyant qu'il avoit manqué fon coup, ne crut pas devoir revenir ici, & il continua fa route avec un chargement qu'il avoit pris ici pour Tunis. L'Anglois n'ayant plus rien à craindre, remit à la voile pour fe rendre pareillement à fa deftination. Le capitaine Baude arriva ici le 2 de ce mois, de retour de Tunis

La nation françoise fut de nouveau alarmée en voyant arriver ici le 12 de ce mois, une prife françoife, chafgée de morues & de favon, que le navire marchand anglois le Tartar, capitaine Smith, avoit faite à la hauteur de Candie; cependant, fur l'avis qu'elle avoit reçu que le Sr. Smith étoit parti depuis quelques mois de Londres pour cette échelle avec une cargaifon eftimée à la valeur de 350 mille écus au lion, & qu'il s'étoit féparé de fa prife entre Mételin & Scio, elle réfolut d'armer de nouveau le navire la Confiance en Dieu, dit le Gironde; ce qui fe fit la nuit très-fecrétement, avec les équipages & canons de plufieurs navires, dans l'intention de prendre celui du capitaine Smith, qui n'avoit à bord que 18 hommes. Le navire françois, qui avoit un équipage de 120 hommes, 24 canons & une grande quantité d'armes à feu, partit d'ici à minuit, par un vent de terre, avec toute fa poudre dans la chambre du capitaine & fur le pont. Son deffein étoit de l'arranger, & de mettre tout en ordre dès qu'il auroit paffé le château; mais pour fon malheur, il n'eut pas plutôt paffé le château; qu'il vit arriver le capitaine Smith; & craignant qu'il ne lui échappât en fe rendant fous le château, d'autant plus que le vent avoit pris le deffus, il Pattaqua fur le champ. Le bruit de l'artillerie attira fur le rivage & fur les galeries des maisons un monde infini qui fut témoin du combat. Ce fpectacle fut d'abord affez agréable; mais au bout d'une heure il devint fort tragique. Le feu prit à la poudre du vaiffeau françois, qui fauta. Le capitaine Smith & deux navires de Ragufe, qui arrivoient fur ces entrefaites, mirent leurs chaloupes & leurs canots en mer pour tâcher de fecourir l'équipage. De 120 qui fe trouvoient à bord, on n'en put fauver que 70, parmi lefquels it s'en trouvoit 46 griévement bleffés & brûlés, qui furent transportés à l'hôpital françois, & dont la plupart font déjà morts. Il paroît que les Turcs ne font pas contens que ce combat fe foit donné fous le canon du château & qu'un pareil armement fe foit fait dans leur rade; & l'on apprend que l'affaire a été envoyée à Conftantinople. Après cette action, peu s'en fallut que le quartier des Francs ne devint le théatre d'un fanglant combat. Les capitaines & matelots François infulterent les Anglois, qui fe défendirent; d'autres prirent part à leur querelle; ce qui caufa beaucoup de défordre & commença à donner des inquiétudes. Le 16, les chefs de la régence & des navires étran gers prirent le conful hollandois d'employer fes bons

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des. Aujourd'hui, le crétaire de légation, ginale des traités. baffadeur de France concouru par fa mécre cet empire & cece, pour reconnoître ance, lui, envoie pr les marques de l'ormagnifique tabatiere de fuperbes pelletefeul diamant; ces téon de S. M. I. font évaLes préfens que l'impé-feigneur, à la fultane veau-né, au grand-vifir font eftimés 300 mille Thier qui fera chargé de ination, avec la ratificaConclu entre les deux coupoint oublié M. de StacConftantinople, auquel de mille payfans.

EDE.

Juin.) Le 23 du mois derpour Carlfcron, où S. M. revue de toute l'efcadre la voile. Au nombre des vaift, il y a le Vafa, de 60 un nouveau plan, & qui tous ceux qui feront confrépond à tout ce qu'on a our en juger, le contre-amibarqué avec le colonel Chapchef, le major Klint & Tecond. Les frégates chargées

offices pour appaifer le foulevement, & il le fit avec tant de fuccès, qu'il parvint à calmer les efprits.

Cette malheureufe affaire coûte déjà plus de 30 mille écus au lion à la nation françoife, dont 5 navires richement chargés, venant & allant à Marseille, ont été pris par les Anglois. Il y a encore dans notre rade 12 navires marchands françois, chargés depuis trois mois, qui ne peuvent partir faute de convoi; ce qui gêne beaucoup le commerce en général.

On affure que M. Guy de Villeneuve, qui remplit par interim la place de conful de France, n'a point autorifé l'entreprise de la polacre françoise; il lui avoit, à la vérité, accordé une lettre de marque pour la courfe, mais uniquement pour protéger la navigation françoife dans ces mers.

RUSSIE.

PETERSBOURG ( le 26 Mai. ). L'impératrice a nommé confeillers intimes le comte de Stackelberg, fon ambaffadeur à Warfovie, & le prince de Gallitzin, qui a le même caractere à La- Haye. M. de Mouffin Poufchkin, fon envoyé à Londres, paffe à Stockholm, à la place de M. de Simolin, qui le releve en Angleterre. M. de Sacken retourne à la cour de Danemarck, & le jeune prince Bielofelski eft nommé envoyé à Drefde, à la place du prince fon frere, mort à Marfeille.

La fanté de la grande - ducheffe & celle du prince Conftantin Paulowitz font dans l'état le plus fatisfifant. La naiffance de S. A. I. a été notifiée à la nation par un manifefte de S. M. I., daté du 14 de ce mois. Ce ne fut le 16 que la cérémonie du baptême eut lieu. On chanta le Te Deum dans toutes les églifes, au bruit de 301 coups de canon & au fon de toutes les cloches. Le foir toute la ville fut illuminée.

que

Le 22, le prince Lobanow apporta la premiere nouvelle de la conclufion de la paix en Allemagne; l'impératrice lui donna, à cette occafion,

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