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faire connoître. M. de la Brive, âgé de 45 ans, vouloit époufer une demoiselle majeure, fille d'un avocat ; fa mere refufoit fon confentement, en demandant à faire preuve qu'il étoit impuiffant, & qu'ainfi il fût décidé que les enfans qui pourroient naître de ce mariage ne feroient abfolument que des étrangers à la famille de fon fils. Le puîné, encore plus ardent à foutenir cette oppofition, s'étoit armé de piftolets pour empêcher qu'on ne parvint à faire des femmations refpectueufes à fa mere de la part de fon aîné. Celuici s'étant fait autorifer par les juges du préfidial d'Angers à prendre main-forte, l'autre recruta des amis pour réfifter aux notaires efcortés de la maréchauffée. Il y eut des coups de fufils tirés de part & d'autre, & plufieurs perfonnes furent bleffées. Les officiers de juftice drefferent un procès-verbal de rebellion, & l'appel de la procédure eft à la tournelle. Néanmoins l'accufé d'impuiffance obtint une fentence du préfidial, qui lui donnoit acte de tout ce qu'il avoit fait pour réitérer les fommations refpectueufes, & ordonnoit qu'il feroit paffé outre à la célébration de fon mariage; fur l'appel au parlement, les moyens d'oppofition ont été trouvés indécens de la part de la mere, & odieux de la part du fre re; & fans rien prononcer contre lui, attendu la pourfuite de la procédure extraordinaire, la fentence des premiers juges, pour célébrer le mariage, a été confirmée.

Le parlement de Befançon a obtenu des lettres-patentes qu'il a enregistrées dans le courant. de Mai, portant défenfes d'établir des brafferies dans aucune ville de Franche-Comté, & il est prebable que les villages n'en font pas exceptés. C'étoit, dit-on, le vœu de la province, auquel le prince de Montbarey s'eft prêté.

Le prince Bariatinsky, miniftre plénipotentiai

re de Ruffie, a reçu dernierement un exprès de fa cour, avec ordre de témoigner au roi la reconnoiffance de fa fouveraine pour les bons offices que S. M. T. Chrét. a employés avec fuccès, afin d'aplanir les différends qui fubfiftoient entre la Ruffie & la Porte; d'y ajouter les affurances de fon amitié & de fon defir de voir la bonne intelligence établie de plus en plus entre S. M, Imp. & le roi T. Chrét., & de demander en mê me tems qu'il plaife à S. M. de permettre au comte de Saint-Prieft, fon ambaffadeur à Conftantinople, dont la conduite pendant les négociations a donné une entiere fatisfaction à l'impératrice, d'accepter l'ordre de Saint-André, avec d'autres marques de l'eftime de l'impératrice, tant pour lui que pour la comteffe fon époufe. Le prince Bariatinski s'eft acquitté de cette commiffion le 25 du mois dernier, dans une conférence qu'il a eue avec les comtes de Maurepas & de Vergennes. Cette déclaration a été fort agréa ble au roi, qui a confenti à la demande de l'impératrice de Ruffie.

On dit que le roi de Pruffe a écrit au roi qu'il veut avoir le plaifir de le voir à Verfailles : on ajoute que ce fouverain viendra incognito, ac compagné feulement du plus grand général de fon royaume, & des chefs de fon confeil, de fa légiflation, de fes finances, &c., c'eft-à-dire qu'il viendra feul. Ce fera un fpectacle rare de voir un roi couronné fi fouvent des mains de la victoire, & qui a fixé pendant 40 ans les regards de tour te l'Europe, comme il fixera à jamais ceux de la poftérité, venir cimenter les liens d'une étroite amitié avec un jeune prince que fa haute fagef fe a déjà élevé au rang glorieux de pacificateur de l'Europe, & qui s'eft formé dans l'art de fe faire refpecter par fes voifins, en cultivant affi dument celui de fe faire adorer de fes peuples.

du tour de rôle

, pour

Mme. Denis eft parvenue à faire jouer, hors l'anniverfaire de Voltaire, la derniere tragédie qu'il a faite, & qui a été l'une des caufes de fa mort; c'eft Agathocle, tyran de Syracufe. La premiere représentation en a été donnée le 31 Mai, aux comédiens françois, où étoit une affluence prodigieufe de monde. Elle a été applaudie avec transport: il y a des vers fuperbes; mais on convient affez généralement que c'eft une des plus foibles pieces de ce grand poëte. Sa verve avoit alors 83 ans.

Un officier du corps royal du génie propofe d'établir un nouveau canal de jonction entre la Méditerranée, par le Phône, la Saône, le Doux, PII, riviere d'Alface, & le Rhin. Suivant le plan de cet habile ingénieur, ce canal pafferoit à Dôle, qu'il habite. S'il pouvoit fe réalifer, il feroit de la plus grande utilité au commerce de la France, & diminueroit beaucoup celui de la Hollande, au profit de la nation.

M. Franklin, à l'imitation de M. de Sartine, vient d'écrire une lettre circulaire à tous les capitaines commandans des vaiffeaux armés naviguant avec commiffion du congrès des Etats-Unis de l'Amérique, pour les prévenir que le capitaine Cook n'étant parti d'Angleterre que dans l'objet de faire des découvertes utiles à toutes les nations, ils doivent, s'ils le rencontrent, le traiter non en ennemi, mais avec toute la politesse & tout l'amour poffibles, ainfi que fon équipage, en leur donnant, comme aux amis communs du genre humain, tous les fecours dont ils pourront avoir befoin; « en ce faifant, vous fatisferez, leur dit M. Franklin non-feulement à la générofité de vos propres fentimens, mais auffi il n'y a aucun doute que vous n'obteniez l'approbation du congrès & de vos autres propriétaires américains ».

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Par les lettres de Breft, on fçavoit déjà que depuis le 31 Mai, le comte d'Orvilliers couchoit à bord de fon vaiffeau; mais on vient d'apprendre par un courier arrivé de ce port, que l'armée navale que ce général commande, elt fortie de la rade le 3 de ce mois, depuis midi jufqu'au foir. Auffi-tôt on a répandu dans cette capitale les particularités fuivantes.

Le 4, la flotte a appareillé de la baye de Bertome, faifant voile au fud. Elle eft infiniment mieux fournie, mieux équipée, mieux approvisionnée que l'année derniere, & il y a cinq mille hommes d'infanterie pour le fervice de l'artillerie. Il n'eft pas pollible de voir une flotte plus brillante. Avant le départ, MM. de Monteil, Hector & Beauffet ont été faits chefs d'efcadre. M. de la Touche-Treville a reçu le cordon rouge. M. de Guichen a été élevé au grade de lieutenant-général, & l'on croit que le comte d'Orvilliers eit fait maréchal de France. Il eft du moins certain qu'on lui a donné des gardes, & qu'on a fait dorer fon appartement à bord. En partant, il a reçu un paquet qu'il ne doit ouvrir qu'à une certaine hauteur. On croit qu'il y trouvera fon brevet de maréchal de France. L'opinion générale eft que l'Espagne se joint à la France contre l'Angleterre. La flotte paroit n'avoir fait voile au fud que pour aller au-devant de l'efcadre efpagnole, qui doit être déjà fortie du Ferrol. Tout femble allurer cette réunion. Les nouveaux chefs d'efcadre doivent, dit-on, faire la campagne en qualité de capitaines, afin d'éviter les frais d'autant de capitaines de pavillon; & l'on croit que, quoique toutes ces diftinctions foient méritées, on a devancé le moment de les accorder, parce que tous les officiers qui en font décorés, vont fe trouver avec les officiers de la flotte espagnole.

On affure auffi que le comte d'Orvilliers avant de partir de Versailles, a reçu la permiffion abfolue de difpofer des forces navales qui lui font confiées, de la maniere qu'il jugera la plus avantageufe, de forte qu'il pourra donner un libre effor à fes talens. Cette confiance de la part du miniftere a reçu l'approbation générale, & l'on fonde les plus grandes espérances fur P'habileté de ce général.

On donne pour exacte la lifte fuivante de la flotte fortie de Breft.

VAISSEAUX DE LIGNE. La Bretagne, de 110 canons, vaiffeau amiral de la premiere divifion, monté par le comte d'Orvilliers, commandant en chef de la flotte; M. du Pleffis-Pargo, capitaine de pavillon: la ville de Paris, de 106 canons vaiffeau amiral de la feconde divifion, M. de Guichen, chef d'efcadre; M. de Boades, capitaine de pavillon; la Couronne, de 86, vaiffeau amiral de la troifieme divifion, M. de la Touche-Tréville, chef d'efcadre; M. de Rays, capitaine de pavillon; l'Augufle, de 84, le vicomte de Rochechouart, chef d'efcadre, M. de Charité, capitaine de pavillon; le St. Efprit, de 84, le chevalier de Ternay, chef d'efcadre; M. de Medine, capitaine de pavillon; le Neptune, de 80, M. d'Hector; le Glorieux, de 74, M. de Beauffet; le Conquérant, de 74, M. de Monteil, (tous trois chefs d'efcadre, mais n'ayant fur la flotte que la qualité de capitaine); le Scipion, de 74, le comte de Chérizey, le Palmier, de 74, le chevalier de Réals; l'Intrépide, de 74, M. de Châteauvert ; le Zodia que, de 74, M. de la Porte Vezins; le Deftin, de 74, le chevalier de Scillans; l'Hercule, de 74, le comte d'Amblimont; le Pluton, de 74, M. Deftouches; l'Adif, de 74, M. de Baraudin; le Citoyen, de 74, le marquis de Nieul; le BienAimé, de 74, M, d'Aubenton; le Caton, de 64,

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