De cet infame scélérat,
Par qui l'obscurité de Brive, Pour tenir la Gaule captive, Achète le triumvirat?
Duc, que nul opprobre ne touche', Et qui, pour l'exemple du temps, Méritais mieux qu'Horn et Cartouche D'expier tes vols éclatants,
Un nouvel arrêt te menace D'envoyer ton ombre tenace Porter ton tribut au nocher, Où d'Argenson, près de Sisyphe, Attend le secours de ta griffe Pour rouler le même rocher.
Revenez briller dans nos places, Héros indignement chassés, Plus célèbres par vos disgraces Que par vos triomphes passés. D'Aguesseau, hate ton hommage; Villeroy, que, malgré ton age, Ton zele redouble tes pas; Noailles, à ce jeune Auguste Rends un ami sincère et juste Qu'Antoine ne méritait pas.
Nouvelle reine de Palmyre, Époux, domestiques, enfants, Moderne Longin' que j'admire, Montrez-lui vos fers triomphants.
1 Le duc de Bourbon.
2 La duchesse du Maine.
3 Le duc du Maine.
4 Le cardinal de Polignac.
Roi, voilà ceux que tu dois croire; Sans eux, ton pouvoir ni ta gloire Ne sauraient bien se rétablir; Par eux tu puniras l'offense Qui dans une éternelle enfance A voulu te faire vieillir.
Romps le charme qui t'environne, Tire-toi d'un piége mortel;
Brise un joug qui mit ta couronne Dans la famille de Martel.
Que ton bras, formidable aux crimes, Vienne achever ce que mes rimes Ont eu l'honneur de commencer, Et d'avoir comme aigles légères Porté les foudres messagères De celles que tu dois lancer.
Alors Thèbes, Troie et Mycène, Vous cesserez de vous vanter
Que mon luth, amant de la scène, N'eut que vos crimes à chanter. L'ambition et la vengeance, Filles d'une longue régence, Qui surpassèrent vos horreurs, Sans remuer vos cimetières Fourniront assez de matières A mes poétiques fureurs.
Enfin la mort de Capanée Sert d'exemple aux ambitieux, Et la foudre de Salmonée Cède à celle qui part des cieux. Qui veut trop s'élever trébuche; Le crime dans sa propre embûche Se trouve souvent abattu,
Et Clothos, à nos vœux propice, Le pousse dans le précipice
Dont il menaçait la vertu.
Que vois-je? à peine son pied touche Le sombre bord du Phlégéton,
Que pour son trône et pour sa couche Je vois les frayeurs de Pluton; Je vois sur la rive infernale Pygmalion, Sardanapale, Ravis de pouvoir l'embrasser; Et Cacus, Sysiphe et Tantale Donner à cette ombre royale La gloire de les surpasser.
Biblis n'est plus tant occupée A faire un ruisseau de ses pleurs; Phedre, Jocaste et Pélopée N'ont plus ni remords ni douleurs. Des sanguinaires Danaïdes
Et des lascives Propétides Les hommages lui sont rendus;
Et sa fille, qui les amène,
Lui promet un plus grand domaine
Que les États qu'il a perdus.
Chez toi vois descendre la guerre, Pluton, on va te mettre aux fers. Il n'a pu régner sur la terre, Il régnera dans les enfers.
Crains pour ton honneur, chaste reine; Ce que vit autrefois la Seine,
Le Styx le verra sur ses bords;
Tu seras en butte à sa flamme;
Tout cède aux transports de son âme : Sa passion vit chez les morts.
Prince, rends ton règne célèbre Sur le rivage souterrain,
Sans craindre que la Seine et l'Èbre Regrettent un tel souverain. Contents que leurs deux monarchies Soient heureusement affranchies De tes exécrables projets, Ils te verront sans jalousie Par les lois de la frénésie Gouverner tes nouveaux sujets!
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