Page images
PDF
EPUB

durant huit jours que la fête fut solennisée. Il maria en même temps ses deux filles et sa nièce, de sorte que la fête fut commune pour ces quatre nouveaux mariages et pour les conviés en très-grand nombre, où il y eut une chère entière et une profusion extraordinaire de toutes sortes de mets en gras et en maigre, de vins et de liqueurs pour flatter le goût et pour exciter l'appétit des uns et des autres, avec une symphonie de toutes sortes d'instruments accompagnés de voix des plus habiles musiciens et musiciennes, pour charmer les oreilles et pour exciter à la danse, où chacun des conviés et des nouveaux mariés se distingua.

- Le 25, le Roi quitta le deuil pour la mort de l'infant don Philippe, troisième fils du premier lit du roi d'Espagne, et le reprit en même temps pour celle de l'Impératrice douairière, troisième femme du feu empereur Léopold Io 2, pour six semaines seulement, quoique l'envoyé de l'empereur Charles VI régnant eut insisté fortement que la cour de France devait le porter durant six mois, comme l'Empereur et la cour de Vienne l'avaient porté un pareil temps pour la mort du feu roi Louis XIV.

Il paraît à propos de rapporter en cet endroit ce que milord Stairs, ambassadeur d'Angleterre, avait dit quelques jours auparavant au sujet de la conversion de M. Law,

L'une d'entre elles épousa Peirenc de Moras, maître des requêtes, mort en novembre 1732, laissant trois enfants issus de cette union; mademoiselle de Moras, dont l'enlèvement fit tant de bruit quelques années plus tard, était sa fille. Ce Fargès, qui avait été soldat avant de s'enrichir dans les fournitures des armées, avait aussi un fils, Fargès de Polisy, avocat du Roi au Châtelet de Paris, qui ayant acheté en janvier 1723 une charge de conseiller au Parlement de Paris, fut refusé par le Parlement et obligé de se contenter d'être simplement maître des requêtes. (Voyez Barbier, janvier 1723.)

Éléonor-Madeleine-Thérèse de Neubourg, née le 6 jan

vier 1655.

des billets de banque et de la recherche des espèces d'or et d'argent ordonnée par l'arrêt du conseil d'État du 27 février. Ce milord disait donc à ce sujet : « On ne peut plus douter présentement de la catholicité de M. Law, après qu'il ́a si bien prouvé la transsubstantiation et qu'il prend même le parti de l'Inquisition pour établir parfaitement l'un et l'autre en France, où cependant l'on a toujours rejeté ce dernier tribunal. » Voulant dire, par cette dernière allusion, que M. Law avait changé les espèces d'or et d'argent monnayées en billets de banque, et qu'il en avait fait ordonner la recherche en général sans aucune exception de personne.

Le 27 de février, le sieur Sérival, l'un des principaux commis de la Banque royale, mourut subitement et laissa une succession de deux millions. On disait que lorsqu'il était entré en excercice à la Banque en 1719, il n'avait que cinq cents livres de rente pour tout bien.

Le 29, avant le jour, un agioteur s'avisa d'afficher un écrit à la petite porte de la Banque, du côté de la rue Neuve des Petits-Champs, au coin de la rue de Richelieu, par lequel il avertissait le public que la Banque avait fixé le prix des actions à neuf cent cinquante livres pour cent chacune, lorsque le jour précédent elles n'étaient sur la place qu'à six cent trente livres, dans le but d'essayer de s'indemniser de ce qu'il avait perdu. Quelques agioteurs ayant lu cette affiche sur les huit heures du matin, coururent à la rue Quincampoix, où le bruit s'en étant bientôt répandu, les actions montèrent au taux que l'inconnu avait affiché; celui-ci ne manqua pas d'en profiter et de vendre les siennes sur ce pied. Mais cette augmentation diminua de telle sorte, que l'après-dinée elles se trouvèrent à sept cent vingt livres, et sur le soir à six cent trente, parce que la supercherie ayant été annoncée aux directeurs de la Banque, l'ordre fut donné d'en désabuser les négociants de la place et d'en rechercher l'auteur.

Le 27, on fit partir six cents jeunes gens des deux sexes tirés des hôpitaux de Paris, et on leur fit prendre le chemin de Rouen pour y être embarqués jusqu'à la Rochelle, et de là être transportés au Mississipi. Les garçons marchaient à pied enchaînés deux à deux, et les filles étaient dans des charrettes. Cette troupe était suivie de huit carrosses remplis de jeunes gens bien vêtus, dont quelques-uns étaient galonnés d'or et d'argent. Et tous étaient escortés par une trentaine d'archers bien

armés.

Le même jour, madame la princesse de Modène, après avoir essayé la rougeole, se trouva avec une grosse fièvre que l'on disait maligne; son départ était pourtant fixé au 15 de mars.

M. le duc de Chartres et mademoiselle de Beaujolais ou de Montpensier furent aussi fort malades en même temps de la fièvre et de la rougeole.

-Ce fut pour cette raison que le conseil de Régence ne s'était pas tenu le 25, aux Tuileries, en présence du Roi, de crainte que Sa Majesté ne contractat le mauvais air du Palais-Royal, si M. le Régent avait paru au palais des Tuileries.

[ocr errors]

Comme le roi d'Espagne avait consenti aux articles du traité de la quadruple alliance conclu à Londres et à La Haye en 1717 et en 1718, et comme il ne restait que quelques points peu importants à régler pour la conclusion de la paix avec Sa Majesté Catholique, que l'on regardait comme faite, la plupart des officiers commencèrent alors à se défaire de leurs équipages; on ne fit même marcher en Navarre et en Roussillon que les recrues nécessaires pour rétablir les régiments qui devaient y rester en garnison. Les troupes qui avaient passé l'hiver en Alsace et dans la Franche-Comté curent ordre d'y rester pour aller en Catalogne, où elles étaient destinées.

2

1

M. l'archevêque de Rouen et les évêques de Bayonne et de Clermont furent nommés commissaires pour assister aux conférences qui se tenaient depuis quelque temps au Palais-Royal, en présence de M. le Régent et de M. le cardinal de Rohan, alternativement, où sc trouvaient plusieurs prélats et plusieurs docteurs en théologie des deux partis, parmi lesquels se trouvait M. de Targny, afin de pouvoir accommoder et terminer l'affaire de la constitution Unigenitus, qui durait depuis tant d'années.

- On assurait alors que l'archevéché de Cambrai était réservé pour M. l'abbé Dubois, secrétaire d'État, et que l'on n'attendait que le retour d'un courrier dépêché à Rome, avec la permission et l'agrément du Pape, pour que cet abbé füt admis à l'ordre de la prêtrise, pour être en état de remplir dignement ce siége archiepiscopal, qui a le titre de duc et de prince de l'Empire et qui rapporte quarante mille écus par an.

Le 1o jour de mars 1720, on surprit au lit le sieur Perrinet, l'un des directeurs de la Banque et de la Compagnie des Indes, ci-devant fermier général, et plusieurs des principaux commis de la Banque, accusés de malversations, et on les conduisit au For-l'Évêque.

- Le 29 du mois passé, on publia un arrêt du conseil d'État, rendu le 27, qui ordonnait qu'en exécution de celui du 25 1° qu'aucune personne, de quelque état et condition qu'elle füt, même aucune communauté ecclésiastique séculière ou régulière, ne pourrait garder plus de cinq cents livres en espèces, à peine de confiscation de ce qui serait trouvé d'excédant, et de dix mille livres d'amende; à l'exception néanmoins des trésoriers de Sa Majesté et des entrepreneurs de manufactures et d'autres commerçants qui pourraient en avoir une plus grande

1 Armand Bazin de Bezons, ancien archevêque de Bordeaux. André Dreuillet.

quantité, suivant les permissions par écrit qui leur en devaient être accordées par le contrôleur général des finances à Paris, et dans les provinces par les intendants et commissaires départis; 2° il était fait défense sous les mêmes peines à toutes personnes sans exception et auxdites communautés ecclésiatiques d'avoir en leur possession aucune matière d'or et d'argent, à la réserve des marchands, orfévres et joailliers et autres dont la profession est d'employer lesdites matières, qui en pourraient avoir la quantité qui serait réglée par les permissions qui devaient leur être accordées par écrit; 3° il était enjoint à tous officiers de justice, sur la réquisition des directeurs de la Compagnie des Indes ou de leurs préposés, de se transporter dans les maisons, communautés ecclésiastiques séculières et régulières, lieux privilégiés et non privilégiés, sans exception même dans les palais et maisons royales, pour y faire des visites, saisir et confisquer ce qui se serait trouvé d'espèces au-dessus de cinq cents livres et de matières d'or et d'argent au delà de ce qui aurait été permis de garder, dont la confiscation en entier devait être aux dénonciateurs; 4° il était fait défense à toute personne de faire aucun payement de cent livres et audessus, autrement qu'en billets de banque, à peine de trois mille livres d'amende; le tout à commencer au premier jour de mars de ladite année 1720 pour Paris, et au 15 du même mois pour la province.

-Le 29 du mois précédent, on publia à son de trompe et à cri public, dans tous les carrefours ordinaires de cette ville de Paris, une ordonnance du Roi par laquelle il était dit qu'en conséquence de l'article 3° du traité conclu à La Haye le 4 de janvier 1717, entre Sa Majesté, le roi de la Grande-Bretagne et les États Généraux des Provinces-Unies, et du 4 article du traité conclu à Londres le 2 août 1718 entre Sa Majesté, l'Empereur et le roi d'Angleterre, pa 1 lesquels articles il était porté que le Roi ne donnerait

« PreviousContinue »