>> comme on doit la servir; tout péril qu'on ose >> affronter, n'est plus redoutable ». Les Polonais, excités par le discours et surtout par l'exemple de leur souverain, fondirent sur l'ennemi et remportèrent une victoire complète. Casimir mourut en 1194. Ses vertus ont rendu sa mémoire chère à ses peuples. Quelques historiens ont pensé qu'il avait été empoisonné par les agens de Miécislaw. Celui-ci renouvella toutes ses intrigues lors de l'élection du successeur de son frère, mais ce fut en vain. Lesko, surnommé le Blanc, fils de Casimir, fut élu pour lui succéder. L'ambitieux Miécislaw, malgré l'élection de son neveu, ne perdit pas l'espoir de parvenir à s'emparer d'une couronne qu'un enfant allait porter sous la tutelle d'une femme. Il intrigua donc, et parvint enfin à faire déposer Lesko; mais il ne jouit pas long-temps du pouvoir suprême qu'il avait tant envié, il mourut en 1202, et Ladislas III, son fils, succéda à sa couronne; mais ce jeune prince, qui avait autant de générosité que son père avait montré de perfidie, et qui d'ailleurs préférait une vie paisible aux embarras du gouvernement, remit avec joie la couronne à son cousin Lesko, que Miécislaw avait fait déposer. Après un règne florissant, mais qui dura trop peu pour la prospérité de la Pologne, Lesko fut assassiné en 1227 par les satellites du comte de Suantopelk, gouverneur de la Pomeranie orientale, et qui, désirant devenir souverain de son gouvernement, s'était déclaré en état de révolte, en refusant de payer au trésor de la couronne une somme de mille marcs qu'il devait y verser chaque année. Boleslas v (*), âgé seulement de sept ans, succéda à Lesko, son père. Conrad, duc de Moravie, oncle du jeune prince, et Henri-le-Barbu, duc de Silesie, se disputèrent la régence, et causèrent une guerre civile. Cette guerre fut terminée par les soins d'Hedwige, femme de Henri, qui, pour rétablir la paix, obtint de son mari qu'il céderait ses prétentions à la régence. Par suite de cette cession, Conrad fut déclaré seul régent. Les Prussiens ravagèrent la Pologne et particulièrement la province de Culm; ils pénétrèrent jusque sur les frontières du duché de Mazovie. Le duc Conrad n'avait pu conserver qu'une seule (*) Boleslas v fut surnommé le Chaste, parce qu'ayant épousé Cunégonde, fille de Béla, roi de Hongrie, qui était une des plus belles femmes de son temps, l'un et l'autre firent un vœu de chasteté qu'ils gardèrent fidèlement. place forte, la ville de Ploczko; il appela à son secours les chevaliers de l'ordre teutonique (*). (*) L'ordre teutonique prit naissance pendant le siége de Saint-Jean-d'Acre, dont les Sarrasins s'étaient emparés en 1188: échec cruel, qui obligea Baudoin, roi de Jérusalem, d'implorer les secours de tous les princes chrétiens. Ce siége meurtrier dura une année entière, pendant laquelle les maladies firent périr encore plus d'assiégeans que le fer de l'ennemi. Cinq citoyens de Bremen et trois de Lubeck, touchés des maux des Allemands, leurs compatriotes, entreprirent de les soulager. Ils enlevèrent les voiles de leurs vaisseaux, et en formèrent des espèces de tentes, sous lesquelles ils reçurent tous les malades et blessés de l'armée, auxquels ils administrèrent les plus utiles secours. Cette charité obtint bientôt les louanges qu'elle méritait, et les encouragemens nécessaires pour fonder des hôpitaux dans Saint-Jean-d'Acre, après la prise de la ville, et ensuite dans Jérusalem, avec une église sous l'invocation de la Vierge. Ce nouvel ordre fut confirmé en 1191, par une bulle du pape Célestin III, sous le titre de Frères Hospitaliers de la Vierge, et il eut, pour premier grand-maître, Henri Waelpot. Ces chevaliers, soumis à la règle de SaintAugustin, prirent l'habit blanc, avec la croix noire : ils étaient au nombre de vingt-quatre, et sept prêtres qui avaient le droit de célébrer la messe en cuirasse et l'épée au côté. On prétend qu'ils devaient alors coucher sur la dure, et se laisser croître la barbe; mais ils dégénérèrent beaucoup de leur austérité sous le règne de l'empereur Frédéric II, à qui ils rendirent d'importans services, et qui leur accorda de grands priviléges. Herman de Salza, grand-maître de l'ordre, traita avec Conrad des conditions qu'ils mirent à leurs services. Le duc régent leur donna d'abord le château de Dobrzyn et ses dépendances, pour y fonder un établissement : quelque temps après il leur céda le territoire de Culm, et tout le pays situé entre la Vistule, la Moesa et la Drweneza (*), aux conditions de les lui restituer lors des partages des conquêtes à faire sur les Prussiens, et avec la clause expresse, que, loin d'entreprendre jamais rien de contraire aux intérêts de la Pologne, ils seraient dans tous les temps prêts à défendre ce royaume contre ses ennemis. (*) Il s'élève ici une grande difficulté qu'aucun historien, réellement impartial, n'a encore osé résoudre. Il s'agit de savoir si cette donation a été faite à perpétuité, ou seulement pour un temps limité. Les uns avancent que la première donation ne portait qu'une aliénation de vingt années; mais que Conrad, sollicité par Henri-le-Barbu, duc de Silésie, céda aux chevaliers, en toute propriété, les terres dont ils n'avaient que la jouissance. D'autres rapportent un titre, daté de Kruswick, en 1230, qui dit expressément : « Que >> Culm, ses droits et dépendances, sont donnés irrévoca>> blement à l'hôpital de Sainte-Marie de l'ordre teutoni>> que, et aux frères de cette maison. » Les chevaliers conservent un, diplôme de l'empereur Frédéric II, qui leur confirme la possession de Culm et des conquêtes faites et à faire sur les idolâtres de Prusse. Le règne de Boleslas fut rempli de guerres sanglantes contre les Tatars (*), les Russes et les Lithuaniens. Son cousin Leszko, dit le Noir, lui succéda, et ce prince eut constamment à combattre, comme son prédécesseur, les Russes, les Tatars et les Lithuaniens. A la mort de Leszko, en 1289, s'élevèrent de sanglantes disputes relativement à l'élection de son successeur; ces querelles se terminèrent par le choix d'un puissant seigneur polonais nom (*) Les Tatars, qui firent si souvent des courses sur les terres de la république, sont ceux qui habitent la Crimée, presqu'île située au nord de la Mer Noire. « On reconnaît >>> dans les Tatars, dit l'abbé Coyer, les traits et les mœurs >> des Scythes. Ils sont trapus, larges des épaules; ont le >> cou fort court, la tête grosse, la face plate et presque > ronde; des yeux de porc, le nez écrasé, le teint olivatre, >> les cheveux rudes et noirs; peu de barbe..... Les armes >> dont les Scythes se servaient, les Tatars les ont; la flè>> che, le javelot, le cimeterre et la façon de combattre; >> jamais à pied, toujours à cheval. Chaque Tatar a, au » moins, trois chevaux; et, si celui qu'il monte est fatigué » ou blessé, il s'élance sur un autre sans interrompre sa >> course. Il a eu soin de lui couper le cartilage qui sépare >> les naseaux, afin de lui procurer une respiration plus fa>> cile. Vingt, trente lieues sans débrider, n'excèdent ni le >> cavalier, ni le cheval, et tous deux vivent de peu. La > boisson du Tatar, c'est de l'eau pure, ou, par délices, du >> lait fermenté; sa nourriture, de la farine de millet ou de |